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 Pourquoi la fantasy française se vend mal ?

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Mika
   
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Mika  /  Tentatrice chauve


Bonjour à tous,

Depuis que je me suis mise à écrire de la fantasy (de façon sérieuse disons car j'ai commencé à l'école primaire Pourquoi la fantasy française se vend mal ?  1f605 !), j'ai commencé à m'intéresser à la production française en fantasy. Et de façon intéressante, remarquons que je ne la connaissais pas avant.

Je lis pourtant de la fantasy depuis toute petite et j'ai l'impression que ce genre ne s'est jamais aussi bien porté que de nos jours. Quand on voit les récentes sorties de films, séries, BDs et jeux vidéos à grand succès, on peut aisément affirmer que la fantasy occupe une très grande place dans l'industrie du divertissement (et dans nos petits cœurs !). ...Mais pas la fantasy française !

Depuis que j'ai remarqué ça, je me pose pleins de questions. Pourquoi, en tant qu'amateur de fantasy en France, je ne lis que des auteurs étrangers et surtout anglo-saxons ? Pourquoi les auteurs français sont-ils méconnus de tous ? Pourquoi la part de la fantasy dans les critiques et articles littéraires n'est que de 0.3% par rapport aux autres livres ? Pourquoi la majorité des maisons d'édition française se tournent uniquement vers le YA et maintenant vers la romantasy (et souvent romantasy YA) ? Pourquoi le paysage de la fantasy n'est-il pas aussi diversifié dans le roman français comparés aux romans anglo-saxons, aux films, aux séries, aux jeux vidéos et (pour citer la production nationale), aux BDs franco-belges ?

J'en discute souvent en IRL avec des amis et connaissances et ce week-end, j'ai trouvé par hasard cet article paru dans Le Point, en 2019 mais qui à mon sens reste toujours d'actualité.

Je trouve qu'il résume vraiment bien les discussions que j'ai eu à ce sujet en IRL et je me permets donc de le partager avec vous, afin de connaître votre opinion à ce sujet.

L'article entier est ici : Pourquoi la fantasy française se vend mal ? Le Point 2019

Je vais essayer d'en résumer les grands points plus bas, désolé pour le pavé.

Voici le début :

Je cite : "La fantasy ne s'est jamais aussi bien portée, à en juger le triomphe de Game of Thrones avec ses records d'audience et ses 85 millions d'exemplaires vendus (dont 4 millions dans l'Hexagone). Autrefois cantonnée à un cercle de connaisseurs, elle jouit désormais d'une popularité mondiale et prend toujours plus de place en librairie et sur les écrans (À la croisée des mondes cette année, La Roue du temps et la série dérivée du Seigneur des anneaux très bientôt...). Mais ce succès croissant ne semble pas bénéficier à la production nationale. « La plupart des gens ne sont pas capables de citer un seul titre français », regrette l'universitaire Anne Besson, qui a dirigé le Dictionnaire de la fantasy. Alors qu'ils dévorent les bouquins de George R. R. Martin, Robin Hobb, David Eddings ou encore Terry Pratchett, les Français méconnaissent leurs propres auteurs. On sait bien que « nul n'est prophète en son pays », mais tout de même, comment expliquer qu'aucun roman de fantasy française ne soit parvenu à dépasser les 100 000 exemplaires ces dix dernières années  ?"

1) Première piste : dans ce domaine, la France a eu cinquante ans de retard par rapport aux Anglo-Saxons.

2) En 2000 se fait un basculement du public vers la fantasy jeunesse, expliqué par plusieurs facteurs (selon l'article) :

- Dans les années 2000 se produit un émiettement de la production fantasy française. De nouvelles maisons d'édition se lancent pour le meilleur et pour le pire. Selon l'article : « Il y a eu une inflation à cette époque qui a été au service de la quantité et non de la qualité »

- L'arrivée massive en France de romans jeunesses /YA anglo-saxons, comme Harry Potter, avec des moyens publicitaires conséquents

3) On en arrive au troisième point, le manque de communication de la part des éditeurs français comparés aux Anglo-saxons.

Je cite « Aucun éditeur français de fantasy n'a pour l'instant de budget marketing de 100 000 ou 50 000 euros. Quand on dispose de 10 000 euros pour faire un lancement, c'est inespéré. »
Pour plus de détail, lire l'article plus haut.

4) Les romans français sont peu ou pas traduits :

« Problème connexe à la toute-puissance du marché anglophone : comme il se suffit à lui-même, il ne va pas chercher ailleurs. »

« Si on fait des romans trop originaux, les Anglo-Saxons ont peur que ça ne se vende pas. Et, sinon, ils estiment avoir déjà tout chez eux », résume la directrice des Imaginales Stéphanie Nicot.

5) Le manque de considération des médias généralistes

« La fantasy ne représente que 10 % des articles consacrés aux littératures de l'imaginaire (lesquels ne représentent que 3 % des articles toutes littératures confondues). »

> Donc 0.3 % (!!) des articles littéraires et critiques !  Shocked

6) Le nom lui-même de "fantasy" est-il le bon ?

Je cite : "Et si le terme « fantasy » n'était lui-même pas le bon, s'interroge de son côté l'écrivain Fabien Cerutti, qui milite pour que l'on utilise plus souvent l'expression « médiéval-fantastique ». « J'ai l'impression que le grand public ne fait pas directement le lien entre Game of Thrones et le terme fantasy."

Mon avis : C'est assez vrai, j'ai remarqué ça sur le forum ici notamment.

7) L'absence d'adaptation télévisée ou cinématographique de romans français de fantasy pèse également dans la balance.

On avait un fil de discussion JE à ce sujet si je me souviens bien, la conclusion étant que le cinéma français boudait la fantasy/SF et que c'était fort triste.

Je cite encore un exemple de l'article : "« Avant que The Witcher (écrit par le Polonais Andrzej Sapkowski) ne soit adapté, je vendais 7 000 livres », se souvient [l'éditeur] Stephane Marsan. « J'en suis à plus de 650 000 maintenant. »

8 ) Et enfin le dernier point qui va peut-être faire mal à certains d'entre vous, donc je ne paraphrase pas mais je cite directement l'article : "Enfin, ne nous voilons pas la face, il y a aussi, à l'évidence, la question de la qualité. La fantasy française a de bonnes plumes, mais ne compte, à l'heure actuelle, que très peu d'écrivains exceptionnels. "

Et enfin, je cite la fin de l'article : "D'après Stéphanie Nicot [directrice des Imaginales en 2019] : « Il y a une paresse des lecteurs qui préfèrent prendre un livre anglo-saxon médiocre plutôt que de chercher un bon titre français. Et une paresse de certains gros éditeurs qui préfèrent acheter des titres à l'étranger plutôt que de dénicher des auteurs chez nous. » Pourtant, quand il est consenti, l'effort se révèle payant, en témoigne le succès de Jean-Philippe Jaworski, découvert par Les Moutons électriques. Son Gagner la guerre s'est écoulé à plus de 60 000 exemplaires et lui vaut une renommée croissante auprès des lecteurs. Cerise sur le gâteau, sa saga celte des Rois du monde pourrait même connaître une adaptation télévisée : l'auteur vient de signer pour une saison en huit épisodes de 52 minutes avec En voiture Simone Productions. Rien n'est perdu  !"

Je rejoins personnellement assez ce point après avoir fait un tour d'horizon de la fantasy française au cours de ces deux dernières années. Je n'ai eu aucun coups de coeur, à part pour les romans de Jaworski qui devient donc mon auteur de fantasy française actuelle préféré, et de loin. Mais aussi beaucoup de lectures un peu laborieuses, des livres que j'ai abandonnés et que je ne reprendrais pas en main, que ce soit lié au style ou au manque d'originalité des tropes, de l'intrigue ou des personnages.


Et vous, qu'en pensez-vous ?

Est-ce que vous voyez ou connaissez d'autres raisons ?
 
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C'est le fonds qui sort systématiquement le moins en section adultes dans les diverses bibliothèques ou j'ai pu travailler. Il n'y a que quelques auteurs qui effectivement intéressent (et encore) mais les gens ne lisent pas de fantasy comme ils pourraient lire/choisir un roman en "découvrant". Ça a du mal à être une lecture pour le plaisir. Jsp si c la faute des auteur.e.s qui essayent d'imiter Tolkien avec un style lourd et ronflant ou bien qui tryhard une écriture ampoulée pour faire genre que l'intrigue est aussi profonde que le trône de fer, ou si tout simplement la fantasy est devenue mieux consommée à travers d'autres médium dans les pratiques culturelles des gens.

Par contre en jeunesse/ado c toujours aussi populaire.
https://letombeaudespaquerettes.wordpress.com/
 
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j'ai l'impression que ça doit pas être simple de répondre.
Mais :  
Est-ce que la fantasy allemande ou italienne, se vendent bien ?
Est-ce qu'il n'y a pas non plus coté USA un biais du survivant, c'est à dire 3 auteurs qui se vendent bien, contre des milliers qui galèrent ?
Est-ce que le savoir faire des USA en matière de "distraction", plus les machines de guerres commerciale qu'ils peuvent mettre en place, ne fait pas que de toute façon, coté fiction (tout confondu) ils écoulent plus de volume que les autres ?
Pour le point 8, je me méfie, car qu'est ce que ça veut dire un auteur exceptionnel ? Si on l'est est-ce que ça suffit pour vendre des millions d'exemplaire ?
https://julesallea92.wixsite.com/image En ligne
 
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Je rejoins Jdoo sur cette méfiance, d'autant que certains best-sellers anglo-saxons ne sont pas si extraordinaires et originaux que cela.
Si je donne des exemples je vais me faire lyncher alors diplomatiquement je vais laisser ça en suspens rendeer
 
Joyo
   
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N'étant pas expert en fantasy, il faut prendre ce que je dis sans trop de sérieux.

Si j'ai bien compris,et pour faire court, la fantasy est liée à des contes et des légendes. Si c'est pas ça du tout, corrigez-moi.

Je me demande si ça fait partie de la culture française. Il y a aussi des contes et des légendes en France (surtout en Bretagne ou alors datant des Gaulois, il me semble, mais ce n'est qu'une impression perso), sauf que je n'en connais pas de célèbres. Pour le peu que je connaisse de la fantasy, ça fait très britannique comme ambiance.

Rien n'empêche d'écrire de la fantasy made in France, mais ça risque de moins bien passer, en France comme à l'étranger car ce n'est pas l'idée qu'on se fait de ce pays. Ou alors, il faudrait écrire de la fantasy avec des druides et des menhirs (si ce n'est déjà fait).

Qu'en est-il de la fantasy dans les autres pays (hors GB et France) ?

Pour revenir à la définition, je lis de tout sur le Net, y compris sur Wikipédia. Ils disent que Little Nemo est de la fantasy, je suis moyennement convaincu. Ou alors la BD Philémon l'est aussi. Les définitions, c'est parfois l'auberge espagnole.

 
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Citation :
Je rejoins personnellement assez ce point après avoir fait un tour d'horizon de la fantasy française au cours de ces deux dernières années. Je n'ai eu aucun coups de coeur, à part pour les romans de Jaworski qui devient donc mon auteur de fantasy française actuelle préféré, et de loin. Mais aussi beaucoup de lectures un peu laborieuses, des livres que j'ai abandonnés et que je ne reprendrais pas en main, que ce soit lié au style ou au manque d'originalité des tropes, de l'intrigue ou des personnages.
C'est marrant, ça résume mon sentiment aujourd'hui avec la fantasy anglosaxonne, où je n'ai plus eu de coups de cœur depuis... des années. A l'inverse, je trouve que la fantasy française est dynamique, originale, et se porte aujourd'hui beaucoup mieux qu'il y a cinq ou dix ans.

Citation :
Est-ce qu'il n'y a pas non plus coté USA un biais du survivant, c'est à dire 3 auteurs qui se vendent bien, contre des milliers qui galèrent ?
C'est aussi énormément ça, à mon humble avis. Il y a des milliers de romans US publiés chaque dont nous n'entendrons jamais parler car, justement, ils n'ont pas fonctionnés ou ne sont pas poussés par leurs ME. Ce qui donne cette fausse impression que leurs écrivains sont meilleurs que les nôtres, alors que nous ne recevons qu’un échantillon extrêmement limité.

Pour la différence entre la fantasy française et la fantasy anglosaxonne, il y a tous les éléments cités par l’article, mais, de mon sentiment très subjectif, pendant longtemps nous avons souffert d’une position française un peu élitiste qui privilégie la forme sur le fond, le style sur l’intrigue. Je me souviens il y a 5/10 ans lire des sorties extrêmement travaillées sur la forme, avec même des jeux sur le langage intelligents et sophistiqués… mais sans réelle intrigue, sans investissement émotionnel. Ce type de roman a un public, bien sûr, et cela fonctionne dans un cercle de niche.

A l’inverse, l’approche anglo-saxonne est bien plus concentrée sur l’intrigue et l’arc de leurs personnages. Ils « apprennent » à écrire en suivant différentes règles techniques de storytelling dont on entend jamais parler en France (littéralement : des astuces que j’ai lu dans plein de livres ou blogs américains ne sont évoquées nulle part sur le web francophone), voire même qu’on méprise.

Bref, cela créait une différence (encore une fois, à mon avis) entre une littérature de l’imaginaire formellement travaillée en France, mais qui ne créait pas cet engagement émotionnel général comme certains gros succès anglosaxons savaient faire. (ce sont des généralités auxquelles répondent plein d’exceptions)

Ceci étant dit, je trouve que cette distinction n’est plus tellement vraie aujourd’hui. D’abord car les anglosaxons, je trouve, sont embourbés en ce moment dans une crise de l’originalité, où, d’un point de vue très personnel, je ne retrouve plus des romans aussi frappants qu’avant. Il n’y a qu’à comparer les nominations aux Hugos cette année à celles de 2019/2020 par exemple.

Ensuite car je trouve que nous avons rattrapé en partie ce retard « technique » que nous avions, et que de nombreuses (peut-être plus petites, certes) ME françaises publient ces romans qui sont plus portés sur l’intrigue et les arcs des personnages, sans toujours que cela ne se fasse au détriment de l’écriture comme on pourrait le croire. Je ne trouve pas que nos sorties soient moins qualitatives qu’aux US : c’est comme aux US, il y a une masse de tout, mais je pense sincèrement qu’on peut trouver des choses à son gout en France aujourd’hui. Je trouve aussi que nos sorties sont plus originales et plus intéressantes, aujourd’hui, que celles outre-Atlantique. Après, cela n’est peut-être qu’une vision subjective qui dépend de mes gouts personnels. Mais je n’aurais pas fait cette réponse il y a 5/10 ans.

Après, oui, la Fantasy en France reste un genre de niche avec un public de niche. Laughing
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fabiend
   
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Pour répondre à la question originelle : c'est parce qu'on a beaucoup, beaucoup de mal avec l'imaginaire en France. Tout ce qui relève de l'imaginaire est suspect et méprisé. On a le même problème avec la SF française, et le même problème de manière plus générale au cinéma et à la télé, où l'on est incapable de faire des films de SF ou de fantasy qui ne soient pas des parodies (les sketchs de 3mn genre Kaamelott ça ça va, on maîtrise).

Joyo a écrit:
Si j'ai bien compris,et pour faire court, la fantasy est liée à des contes et des légendes. Si c'est pas ça du tout, corrigez-moi.

Pas forcément, mais en partie, oui. C'est une bonne première approche, disons.

Citation :
Il y a aussi des contes et des légendes en France (surtout en Bretagne ou alors datant des Gaulois, il me semble, mais ce n'est qu'une impression perso), sauf que je n'en connais pas de célèbres.

Je suis sûr que tu connais au moins le petit chaperon rouge (dont la trace la plus ancienne est française), Barbe Bleue (qui est inspiré d'un fait divers médiéval) et le petit poucet (pareil, l'histoire a des origines multiples, mais sous ce nom elle est française si ma mémoire est bonne). Et tu as aussi sans doute entendu parler de Gargantua (qui n'est pas qu'un roman de Rabelais même s'il a popularisé le personnage) et du roman de Renart (tellement célèbre qu'il a donné son nom moderne au goupil).[/quote] Tu as aussi dû entendre parler de la quête du graal. Eh oui, même si la légende arthurienne est d'origine anglaise, la table ronde et le graal sont des inventions françaises (merci Chrétien de Troyes).

On a une tradition orale énorme en France.

Citation :
Pour revenir à la définition, je lis de tout sur le Net, y compris sur Wikipédia. Ils disent que Little Nemo est de la fantasy, je suis moyennement convaincu. Ou alors la BD Philémon l'est aussi. Les définitions, c'est parfois l'auberge espagnole.

Il y a plusieurs définitions, et la définition anglo-saxonne est beaucoup plus vaste que la nôtre. La définition anglo-saxonne c'est "toute histoire qui inclut du surnaturel / de la magie". Les histoires avec des animaux qui parlent peuvent rentrer dans la définition. Philémon aussi.

En France, on a exclu le fantastique du champ de la fantasy, ce qui rend le genre plus difficile à appréhender, surtout quand après on dit "on devrait appeler la fantasy médiéval fantastique" (ce qui est complètement absurde, j'y reviendrai) pour bien simplifier les choses. Une définition purement francophone du genre que j'ai lue pour différencier SF / fantasy / fantastique c'est : imagine que tu as un chat qui parle.

Si le chat parle suite à des manipulations génétiques ou suite à un appareil qui permet de convertir les signaux cérébraux du chat en paroles -> SF (puisque l'explication est scientifique ou au moins pseudo-scientifique).

Si le chat parle et c'est un peu flippant parce qu'on sait tous que les chats ne parlent pas, est-ce que je suis en train de devenir fou ? Est-ce pire que ça ? -> fantastique (une disruption dans le monde normal).

Et si le chat parle parce que tout le monde sait que dans ce monde les chats parlent et les licornes vomissent des arc-en-ciel -> fantasy.

Et justement...

Citation :
Et si le terme « fantasy » n'était lui-même pas le bon, s'interroge de son côté l'écrivain Fabien Cerutti, qui milite pour que l'on utilise plus souvent l'expression « médiéval-fantastique ». « J'ai l'impression que le grand public ne fait pas directement le lien entre Game of Thrones et le terme fantasy."

Non, car justement le médiéval fantastique, ce n'est qu'une petite facette de la fantasy. Harry Potter ce n'est pas du médiéval-fantastique mais c'est évidemment de la fantasy. Idem avec "Buffy contre les vampires", c'est indiscutablement de la fantasy (urbaine), certainement pas du médiéval fantastique. Idem encore avec des romans de Neil Gaiman comme Neverwhere ou American Gods.

Et je pense que justement le genre souffre d'être trop étroitement lié au sous-genre "histoire qui se passe dans un moyen-âge fantasmé avec des mages et des dragons", alors que ce n'en est qu'une petite partie (et une partie qui ne m'intéresse pas du tout, ce qui est d'autant plus frustrant).
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Sujet intéressant est ambitieux s'il en est.

Article a écrit:
Enfin, ne nous voilons pas la face, il y a aussi, à l'évidence, la question de la qualité. La fantasy française a de bonnes plumes, mais ne compte, à l'heure actuelle, que très peu d'écrivains exceptionnels.
Je vais faire une totologie mais c'est la nature de l'exceptionnel que d'être rare. Qu’espère l'auteur, que l'exceptionnel devienne monnaie courante ?

Je ne pense pas qu'on manque de bons auteurs de fantasy en France: Jaworski, Estelle Faye, tous les amateurs connaissent ces auteurs. Je me rends au salon des imaginales tous les ans et c'est pour moi une bonne façon de découvrir des auteurs français moins connus.

L'élément limitant à une meilleure reconnaissance de la Fantasy française, c'est selon moi leur adaptation audio-visuelle. A titre personnel je n'aurais jamais connu Game of Thrones si l'oeuvre n'avait jamais été adaptée en série, pareille pour The Witcher et son pendant vidéo-ludique. Idem pour plein d'oeuvres moins connues qui ont été adaptées en série netflix et que j'ai découvert par ce biais. Si je me trouve dans ce cas là, j'imagine que c'est le cas pour plein de gens également même si ce propos est à prendre avec des pincettes car c'est toujours délicat de faire de son cas personnel une généralité.

Bref pour moi cette bataille rejoint Mika ton autre combat pour le développement d'une fantasy française au cinéma.
 
Azaby
   
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Je n'ai pas l'impression que la fantasy se vende plus mal que les autres genres de l'Imaginaire en France (j'ai même l'impression qu'elle se vend mieux que la plupart d'entre eux).


La plupart (si ce n'est la totalité ?) des auteurs pros que je connais et qui alignent des dizaines de milliers de vente sont des auteurs de fantasy.

Je pense en revanche que la France (par héritage culturel ?) ne reconnaît pas encore la valeur de son patrimoine en fantasy. Je ne sais pas comment ça se passe à l'étranger mais chez nous, il y a une vraie scission entre les littératures de l'Imaginaire et la litté blanche. Et j'admets en revanche qu'il y a de grosses difficultés à exporter ces genres.

J'ai un ami édité en blanche chez de gros éditeurs qui ne se rend même pas compte de ça. Un jour il m'a sorti un commentaire comme "je ne comprends pas pourquoi la littérature se vend mal" (sous-entendu, la littérature blanche, par opposition aux "autres" littératures qui n'en sont pas vraiment).

En salon, ce mépris-là crève les yeux. Je soupçonne que ce dédain soit lié à la difficulté qu'a la SFFF française à s'exporter, peut-être que la poussée des mastodontes éditoriaux en la matière n'est pas suffisante.

Parce qu'il y a de la SFFF non anglophone qui explose et s'exporte, allant jusqu'aux séries Netflix au succès planétaire. Je ne sais pas exactement d'où vient le souci avec la France, mais je soupçonne qu'il y ait quelque chose de culturel. Même nos auteurs qui s'exportent sont marketés en littérature blanche et pas en littérature de l'Imaginaire. Bernard Werber, par exemple, bien que ses récits soient de la SF pur jus dans beaucoup de cas, ne fréquente pas des masses ses collègues de SFFF en salon  Laughing
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Citation :
Parce qu'il y a de la SFFF non anglophone qui explose et s'exporte, allant jusqu'aux séries Netflix au succès planétaire.
Pour l'exportation à ce niveau (Netflix et j'imagine en langue anglaise), à part le Witcher, tu penses à quoi ? Car pour moi l'écrasante majorité de la production en langue anglaise n'est pas traduite, mais bien originellement en anglais. Et d'ailleurs, on a quand même Christelle Dabos qui s'est exportée en langue anglaise et qui fonctionne très très bien, tout en étant l'une des rares traduites tout court en anglais, toutes langues confondues. Bon, pas encore sur Netflix, certes Very Happy

En dehors de l'anglais (comme langue cible ou originelle), je n'ai pas l'impression que la SFFF française ait plus de difficultés qu'une autre à s’exporter. On est pas mal traduits en Italie il me semble, par exemple. Mais peut-être suis-je ignorante de certaines autres réalités.
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Azaby a écrit:
. Bernard Werber, par exemple, bien que ses récits soient de la SF pur jus dans beaucoup de cas, ne fréquente pas des masses ses collègues de SFFF en salon  Laughing

Bonjour à tous, je rebondirais juste là dessus, je dois avouer que je ne connais pas du tout sa production des 15 dernières années, mais au début ce qu’il faisait c’était qu’il « vulgarisait » des idées de SF déjà hyper répandue, pour un public qui ne lisait jamais de SF et donc trouvait ça novateur et génial. Certains d’entres vous sont probablement trop jeunes mais il y a eu une « hype » werber dans les années 90-2000 ou littéralement des gens qui n’aimaient pas lire ni la littérature en soit, ne lisaient que du werber. Il avait un style très simple et facile d’accès, et vulgarisait des idées de SF inconnu du grand public. Donc pour les vrais amateurs de SF à l’époque, c’était du réchauffé bof et en plus non assumé. Un exemple, il a écrit « demain les chats » et a ensuite déclaré qu’il n’avait jamais entendu parler de l’ultra classique « demain les chiens » quand une journaliste lui a demandé si son titre était un clin d’oeil à celui là.  Donc on peut comprendre aisément que bernard werber et le monde français de la SF ne s’entendent pas bien.

edit : pcke bernard werber je pense par peur d’être catalogué SF, sous genre pour la littérature française, n’a jamais déclaré ni reconnu ( tout au moins à l’époque) écrire de la SF, c’étaient plutôt des sortes de contes philosophiques si je ne me trompe pas, des paraboles.
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Page de Bâtons a écrit:
Citation :
Parce qu'il y a de la SFFF non anglophone qui explose et s'exporte, allant jusqu'aux séries Netflix au succès planétaire.
Pour l'exportation à ce niveau (Netflix et j'imagine en langue anglaise), à part le Witcher, tu penses à quoi ? Car pour moi l'écrasante majorité de la production en langue anglaise n'est pas traduite, mais bien originellement en anglais. Et d'ailleurs, on a quand même Christelle Dabos qui s'est exportée en langue anglaise et qui fonctionne très très bien, tout en étant l'une des rares traduites tout court en anglais, toutes langues confondues. Bon, pas encore sur Netflix, certes Very Happy

En dehors de l'anglais (comme langue cible ou originelle), je n'ai pas l'impression que la SFFF française ait plus de difficultés qu'une autre à s’exporter. On est pas mal traduits en Italie il me semble, par exemple. Mais peut-être suis-je ignorante de certaines autres réalités.

En SF y a "Le problème à 3 corps", en langue chinoise initialement.

Hors Netflix, mais en JV à succès il y a eu la série "Métro", post-apo russe.

Anne Robillard a aussi eu énormément de succès en langue française, même si elle est québecoise !

Ce sont les principaux exemples que je connais mais je suis sûre qu'il y en a plein d'autres aha Laughing





@CalédoniaRob je suis d'accord avec toi, ceci dit ça ne change rien au fait que Werber écrive (entre autres) de la SF mais qu'il ne soit pourtant jamais catalogué comme tel, notamment pour des raisons marketing !
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CalédoniaRob
   
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Azaby a écrit:


@CalédoniaRob je suis d'accord avec toi, ceci dit ça ne change rien au fait que Werber écrive (entre autres) de la SF mais qu'il ne soit pourtant jamais catalogué comme tel, notamment pour des raisons marketing !

Oui, d’ailleurs pour en revenir au sujet, si un français pouvait écrire une grande saga de fantasy qui serait un mega succès, je pense que ça pourrait être bernard werber. Il a une méga base de lecteurs, il est dans les bons papiers des journaux de « l’inteligentsia » qui n’aiment pas les genres de l’imaginaire, et il a déjà écrit des sagas à succès.
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Radischat
   
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Je ne pense pas que la fantasy française se vende mal, (on en parle, de la science-fiction, en France ?); par contre, comparer les deux, qui ne jouent même pas dans la même cour et qui se crachent dessus, c'est ça qui fait mal. On a de nombreux titres français qui se vendent super bien en France, sauf qu'ils ne sont pas placardés et annoncés partout comme en Amérique, et qu'ils sont aussi rarement estampillés made in France s'ils peuvent l'éviter—alors qu’ils pourraient, ce serait cool. Puis, une fois dans les librairies, il faut faire des coudes avec une concurrence féroce qui a tout pour elle : les traductions, belles, omniprésentes, et qui elles ont tout compris niveau graphisme. Donc c'est compliqué, de se mettre en avant, parfois. 
 
J'ai presque envie de dire que souvent, lire de la SFFF française, quand t'en as envie, c'est un travail de passionné·es. Un peu comme aller aux brocantes, faut s'y connaitre, faut aller fouiller un peu. Connaitre quelqu'un, qui connait quelqu'un, qui connait l'auteur·ice, dont le livre va sortir bientôt et-ça-va-être-génial. C'est annoncé sur Instagram ou Facebook, ou Tiktok, et si tu ne sais pas où avoir l'info, tu la manqueras sûrement. Mais... justement, ça rameute. Ça marche. Des petites, moyennes et grandes maisons gagnent leurs lettres d'or de "bonne SFFF" grâce à ces communautés très actives de lecteur·ices. Les livres de fantasy fr gagnent très vite en popularité dès qu'on parle d'eux—incroyable mais vrai. Et quand on regarde un peu les résultats du OP All Stars de l’Imaginaire (ebook soldés, maisons françaises toutes confondues), y’a pas mal de french pipoul, ça fait plaisir.
 
 
Nos maisons, même grandes, n'ont pas la même portée ni même la même envie de s'exporter et de se diversifier en mille adaptations. On vient tout juste en France de se mettre à l'audiobook. Les opportunités de se faire adapter à l'écran en SFFF française est quasi-nulle. Déjà, moins de paillettes dans les yeux, moins de promesses. Mais pourquoi ? Parce que la fantasy, elle est américaine, sinon elle est nulle— non en fait elle est surtout pas française. Y'a plein d'autres pays qui font de la très bonne SFFF, coucou la Turquie, le Brésil et la Corée du Sud.
 
L'imaginaire de l'écran et de la page se nourrissent entre eux, et donc, cette bataille est perdue pour le moment. Je pense qu'on se croit trop sérieux et trop comique à la fois pour faire de la vraie, grosse bonne fantasy qui claque à l'écran et (un peu radin au niveau prod...et un peu rouillé niveau acting) — et ce manque se traduit sur la page aussi : l’Imaginaire, la fantasy française est vue comme une triste copie anglo-saxonne, de facto de facto inauthentique et maladroite, chez certain·es ? D'où sa mauvaise réputation de wannabe. Alors autant lire les traductions des originaux. Avec ça s’ajoute un vrai mépris pour la littérature imaginaire jamais assez sérieuse ou solennelle. Après, je dis peut-être n’importe quoi (j'essaye d'entrer dans la tête de gens qui ne trouvent pas d'intérêt à la fantasy et c'est très dur pour moi, Radischat Fantasy Jr.) 
Qui de l’œuf mépris ou de la poule se-vend-pas est arrivé·e le premier ? Je ne sais pas. Pourtant en France on a du merveilleux satyrique depuis longtemps, ça devrait compter comme de la fantasy sérieuse. Bref. Quelque part, des gens lisent de la fantasy française et se rallient pour l’acheter ; et quand elle fait mouche, elle le fait très bien. Juste, on n'en parle pas. On ne le voit pas. Faut juste…participer à sa promotion, quand on tombe dessus.


Citation :
ARTICLE L132-2 DU CPI : "Ne constitue pas un contrat d'édition, au sens de l'article L. 132-1, le contrat dit à compte d'auteur."


Pourquoi la fantasy française se vend mal ?  Capture_decran_2021-10-24_a_18.21.26
 
Jdoo
   
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j'ai trouvé des chiffres (de 2017 mais j'imagine que ça doit rester globalement stable)
dans l'ensemble des livres vendus en France, la SF/fantasy/terreur/merveilleux (tout est collé dans le même item tellement c'est pas beaucoup) ça représentait 1,1%
et en littérature ce qui se vend le mieux c'est le contemporains (littérature blanche)  12,1 %
la littérature dans son ensemble représentait 22,7%

(si je me suis pas trompé, car j'ai lu rapidos)

https://www.sne.fr/app/uploads/2018/07/RS18_BatWEBSignet.pdf

Donc la fantasy, c'est tout de même pas bésef (ni même la SF d’ailleurs), après ça ne prend pas en compte les livres prêtés, empruntés en bibli, les e-book etc, mais ça doit marquer une tendance.
https://julesallea92.wixsite.com/image En ligne
 

 Pourquoi la fantasy française se vend mal ?

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