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 Les plus beaux poèmes

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Aquae
   
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Aquae  /  Amazone du Dehors


De rivières, Vanessa Bell

à mes filles avortées
celles aux jambes graciles
vous charrierez dans vos poches
des bombes écarlates
déposerez au pied des montagnes
les couleurs de vos songes
veillez veillez encore
il existe des âges
pour chacun de vos ongles arrachés

*

à mes filles
je lègue peau de chagrin
mon corps faillible

j'ai porté ce qui pouvait

*

que puis-je encore
vous offrir un chant où vous immoler
un battement chaud une vie
de vos robes je trancherai les cheveux
de vos jambes les chevilles

debout je porterai mes filles
au fond des lacs

*

vous nagerez la nuit venue
à flanc de bateaux marchands
il fera froid pas assez pour le dire
une distance supplémentaire entre vous
et vous seules

*

j’aimerais que fouiller la terre soit un métier possible
que nommer mes filles
perce mes chairs

*

pour nous contenir
nous devrons trouver
la terre fendre chauffer
la roche jusqu’à incandescence
comme toutes les femmes
dont nous sommes faites
 
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Orties a écrit:
À neuve

Je veux sortir de ma main,
de ces deux yeux qui me regardent dans la glace.
De ma jambe droite,
de ma jambe gauche,
de tout le reste.

Catégoriquement j'exige
d'être ailleurs.
Extatiquement, j'exige d'être autrement.
Je veux me faire à neuve,
moi-même me faire à neuve.

Je ne suis pas tenue de vivre,
mais dois moi-même me faire
à neuve.



Sourire trempé

J'ai trouvé en moi une force,
aucun homme ne me la reprendra.
Un homme
est remplaçable.
J'ai payé cette leçon
au prix qu'elle mérite.

Je suis passée par un bain de feu,
comme à merveille
trempe le feu.
J'en suis sortie
le sourire trempé.
Je n'aurai plus à demander
de me poser une main sur la tête.
Je m'appuierai
moi-même.

Je suis fermée telle une cité Moyenâgeuse,
au pont-levis levé.
Vous pouvez bien tuer la ville,
personne n'entrera.



Intestin

Vois dans la glace, voyons ensemble.
Ça, c'est mon corps à nu.
Il paraît que tu l'aimes,
je n'ai moi pas de motif.
Qui m'a liée, moi à mon corps ?
Pourquoi dois-je avec lui
mourir ?
J'ai le droit de savoir où passe la frontière
entre nous.
Où suis-je, moi, moi seule ?

Ventre, suis-je dans le ventre ? Les intestins ?
La cavité du sexe ? Un doigt de pied ?
On dit : dans le cerveau. Que je ne vois pas.
Sors-moi mon cerveau du crâne. J'ai le droit
de me voir. Ne ris pas.
Tu dis : macabre ?

Ce n'est pas moi qui fis
mon corps.
J'use les vieilles frusques de famille.
Cerveau de l'un, fruit du hasard, cheveux
de grand-mère, nez
fabriqué en partant de nez morts.
Pourquoi suis-je liée à ça,
pourquoi liée à toi qui aimes
mon genou, qu'ai-je à voir
avec mon genou ?
Sûrement,
je n'aurais pas choisi ce modèle.

Je vous laisse ensemble,
mon genou et toi.
Ne fais pas la tête, c'est tout mon corps que je te laisse
pour t'amuser.
Moi je m'en vais.
Pas de place ici pour moi
dans ce charnel aveugle qui attend
de pourrir.

Je vais filer, courir à perdre haleine
jusqu'à moi-même
je me chercherai moi
courant
comme une folle
jusqu'au dernier souffle.

Il faut se dépêcher avant que vienne
la mort. Alors,
come un chien à la chaîne
j'aurai à revenir
dans mon corps qui souffre à en crier.
Célébrer la dernière
criarde cérémonie du corps.

Vaincue par le corps,
anéantie pour cause de corps,
je me ferai rein défaillant,
ou gangrène de l'intestin.
Et finirai dans l'opprobre.

Et avec moi finira l'univers
réduit
à un rein défaillant
et une gangrène d'intestin.

Anna Swirszczynska

C’est magnifique.
 
plouf
   
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plouf  /  Crime et boniment


Tout ce qui n'est pas réellement présent dans le coeur ne relève pas du haiku. Santoka
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Malgré mes yeux chargés de frontières, de villes,
Et d’étranges maisons sans volets pour rêver,
Suis-je allé bien plus loin que cette chambre basse
Où le jardin venait en sabots de bois lent
Raconter ses semis, son herbe et ses bourgeons
Le long des chats secrets enroulés sur eux-mêmes ?
Tout était déjà là serré par un fleurage
Insensible aux saisons,
L’édredon de feu roux avait longtemps couvé
Les naissances, les morts et les poussins hâtifs,
L’homme avait déjà fait ici ses plus profonds voyages.

André Henry
Les murs originels
 
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Loubna a écrit:
Malgré mes yeux chargés de frontières, de villes,
Et d’étranges maisons sans volets pour rêver,
Suis-je allé bien plus loin que cette chambre basse
Où le jardin venait en sabots de bois lent
Raconter ses semis, son herbe et ses bourgeons
Le long des chats secrets enroulés sur eux-mêmes ?
Tout était déjà là serré par un fleurage
Insensible aux saisons,
L’édredon de feu roux avait longtemps couvé
Les naissances, les morts et les poussins hâtifs,
L’homme avait déjà fait ici ses plus profonds voyages.

André Henry
Les murs originels

Magnifique !
 
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I love you I love you
 
plouf
   
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plouf  /  Crime et boniment


en ce moment je correspond avec un coréen, il m'a envoyé ce matin ce texte d'une poétesse coréenne. J'imagine qu'il l'a lui même traduit en anglais.

Some write poems on paper;
Some write poems on people's hearts;
Some write poems on an empty trackless sky.
I write my poems
on December snow.
When the snow melts,
the poems dissolve.

Ryu Shiva
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bijou
   
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bijou  /  Tapage au bout de la nuit



De ta faiblesse, domine !

L'être qui inspire m'a dit :
Je suis celui qui tremble.
Je suis celui qui rompt,
Qui glisse, qui rampe.
Je suis celui qui rend.
L'être qui transporte m'a dit :
Je suis celui qui cesse,
Celui qui ôte, celui qui lâche.
Eh bien! et toi?
Et toi pareil, pourquoi te méconnais-tu?

Je m'assieds en juge,
Je m'accroupis en vache,
Je pénètre en père,
J'enfante en mère.
Et toi, qu'attends-tu ?

Ton égout traverse la
Royale
Demeure.
Six mille lames de mots tu as en ta bouche.
Faible, dis-tu.
Qui est faible, traversant les quatre mondes ?

Je suis l'oiseau.
Tu es l'oiseau.

Je suis la flèche empennée des plumes de

l'oiseau.
Je vole.
Tu voles.
Je vogue.
Tu vogues.
Nous voguons entre les mâchoires du ciel et
de la
Terre.
Je romps
Je plie
Je coule

Je m'appuie sur les coups que l'on me porte
Je gratte
J'obstrue
J'obnubile

Je fais rétrograder la marche des vivants
Et toi, qui en misère as abondance
Et toi,

Par ta soif, du moins, tu es soleil, Épervier de ta faiblesse, domine !
Regarde :

Je fais tournoyer la femme
Je lynche le vieillard
J'enivre la racine
Je galope dans le troupeau de girafes
Je suis le guerrier parachuté
Je suis l'oreille quand il y a du bruit
Je trompe, je traverse
Je n'ai pas de nom
Mon nom est de gaspiller les noms
Je suis le vent dans le vent.

Je suis celui qui enfanta les dieux
Dans mon bassin ils ont été créés
De mon bassin ils ont été chassés.

Je ruine
Je démets
Je disloque
M'écoutant, le fils arrache les testicules du

Père
Je dégrade
Je renverse
Je renverse
La tête dans ses tarots mes chiens dévorent
la cartomancienne.

Henri Michaux
 
GonzagueG
   
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GonzagueG  /  Pippin le Bref


C'est un fort beau poème.
 
Mâra
   
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Mâra  /  Mérou


Ólmir villikettir spurninganna
reynast betur við ljóðvegagerð
en þægar skepnur
kokhraustrar vissu
- Sigurdur Palsson

Chats sauvages furieux des questions
s'avèrent meilleurs en construisant les sentiers de poésie
que les sages créatures
de la certitude hautaine
- Traduction Régis Boyer
https://www.stopennui.net
 
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Invité  /  Invité


Magnifique langue, magnifique poème. Je me sens forcé de mettre cet extrait de la Völuspa :

Geyr nú Garmr mjök fyr Gnipahelli,
festr mun slitna, en freki renna;
fjölð veit ek fræða, fram sé ek lengra
um ragna rök römm sigtíva.

En français :

Garm hurle affreusement devant Gnipahall.
Les chaînes vont se briser, le loup s'échappera :
Elle prévoit beaucoup, la prophétesse : Je vois de loin
Le crépuscule des grandeurs, la lutte des dieux combattants.
 
bijou
   
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bijou  /  Tapage au bout de la nuit


Il a plu
L'heure est un oeil immense
En elle nous marchons comme des reflets
le fleuve de la musique
entre dans mon sang.
Si je dis : corps il répond : vent.
Si je dis : terre, il répond : où ?

S'ouvre, fleur double, le monde :
tristesse d'être venu,
joie d'être ici.

Je marche perdu en mon propre centre



Octavio Paz. Concert dans le Jardin
 
plouf
   
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plouf  /  Crime et boniment


Nous attribuons généralement à nos idées sur l’inconnu la couleur de nos conceptions sur le connu : si nous appelons la mort un sommeil, c’est qu’elle ressemble, du dehors, à un sommeil ; si nous appelons la mort une vie nouvelle, c’est qu’elle paraît être une chose différente de la vie. C’est grâce à ces petits malentendus avec le réel que nous construisons nos croyances, nos espoirs – et nous vivons de croûtes de pain baptisées gâteaux, comme font les enfants pauvres qui jouent à être heureux.
Mais il en va ainsi de la vie entière ; tout au moins de ce système de vie particulier qu’on appelle, en général, civilisation. La civilisation consiste à donner à quelque chose un nom qui ne lui convient pas, et à rêver ensuite sur le résultat. Et le nom, qui est faux, et le rêve, qui est vrai, créent réellement une réalité nouvelle. L’objet devient réellement différent, parce que nous l’avons, nous, rendu différent. Nous manufacturons des réalités.


Pessoa
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PlumeSombre
   
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   Localisation  :  Lausanne
   Pensée du jour  :  As I die, I hope I will be gazing inwardly at that glorious patch of sun, gleaming on an old oak floor, a window of light opening into the deep reality of life eternal...
   Date d'inscription  :  17/05/2017
    
                         
PlumeSombre  /  Tentatrice chauve


REQUIESCAT

(Oscar Wilde, pour sa sœur défunte)



TREAD lightly, she is near
Under the snow,
Speak gently, she can hear
The daisies grow.


All her bright golden hair
Tarnished with rust,
She that was young and fair
Fallen to dust.


Lily-like, white as snow,
She hardly knew
She was a woman, so
Sweetly she grew.


Coffin-board, heavy stone,
Lie on her breast,
I vex my heart alone
She is at rest.


Peace, Peace, she cannot hear
Lyre or sonnet,
All my life's buried here,
Heap earth upon it.

****

(In french...)

Marche doucement, elle est là
Dessous la neige encore,
Et peut entendre - parle bas -
La marguerite éclore.


Ses cheveux brillants comme l'or
Sont de rouilles ternis,
Elle si jeune et belle alors
En poussière a fini.


Comme la neige ou le lys blanc,
À peine savait-elle
Qu'elle était une femme, tant
Sa vie fut douce et belle.


Cercueil de bois, dalle de pierre,
Sur sa poitrine enclose ;
Mon cœur s'afflige solitaire,
Tandis qu'elle repose.


Silence, elle ne peut entendre
Ni lyre ni sonnet,
Ma vie est ici, en sol tendre
Enterrée à jamais.
 
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Des poèmes issues de l'anthologie Femmes poètes du monde arabe présentée par Maram al-Masri (je pourrais en poster plein tant elle est superbe !) :

Suzanne Alaywan (trad. Maram al-Masri) a écrit:
Beauté blessée

Rien dans la chute de la pluie ne m’étonne
comme si c’était à chaque fois
la première fois

Ce qui m’arrête
dans les visages des statues souriant aux passants

Ce qui me prend de moi
comme un pas

Ce qui me prend
pour un chemin

Ce qui me fait éveiller
pour que je rêve

Ce qui connaît tout de moi
Sauf moi

Ce dont j’ai peur
c’est de l’espoir, peut-être

Ce qui pousse les rivières
loin d’elles

Ce qui fait l’honnêteté des oiseaux morts
ce qui fait de ma solitude des fantômes

Ce qui peut toucher le plafond
entre lune et pluie
l’impossible

Ce qui fait partir le train plus loin
des barreaux

Ce qui ressemble au chant
et au pardon

Ce qui pousse le petit caillou
vers sa petite vie
Et il s’en va vers les rivages
d’une mer qui fait des signes d’adieu
et les baleines

Ce qui fait honte au marteau
et aux épouvantails
qui font peur aux oiseaux

Ce qui me dénude jusqu’aux larmes

Ce que je voudrais dire
sans que me coupe la séparation

Ce qu’il y a dans les paroles
de l’incapacité de parler

Ce qui illumine la Terre
comme une étoile

Ton sourire cassé

Ce qui est au-delà de la description
et du supportable

Sabah Zouein a écrit:
Et puis, quand le soleil

C’est elle qui refermait sa main
 sur un tas de lumière
la main qu’elle n’avait jamais refermée sur rien.
Ou bien elle a attrapé le soleil d’une main,
   et au creux de l’autre main,
elle a planté des oiseaux
 des étoiles et des noms.

Aujourd’hui la main se dissipe,
elle disparaît dans l’illusion
du lieu
dans l’illusion du sens,
et elle n’est pas la parole vive,
elle n’est pas la pérennité du mot,
elle n’est pas non plus la profondeur du ciel.

Qu’il est bleu le soleil.
Hier, qu’il était bleu le soleil.

Mon visage doré
s’est reflété dans la lueur du miroir,
dans son horreur,
l’horreur de la distance.

Il te suffisait
de me voir
passer par hasard.
Nous suffit le hasard de nos matins.

Ou bien j’ouvre la fenêtre qui donne
sur ton ombre,
et sur certaines de nos peurs.

Quant à la mort elle ne vient pas.
Cette mort semblable à notre fin
fuyant devant nous.
Il nous fallait plutôt tourner,
entre deux temps,
tourner autour de notre fin.

J’ai passé hier ma main
sur la couleur du ciel,
ou, comme si je n’étais jamais passée
dans tous ces instants,
comme si je m’effaçais
tellement j’ai été.

Ma main n’a pas cueilli
les fruits des jardins,
je n’ai pas cueilli la pomme,
ni les lettres qui étaient
jetées sur ma route.

Quant à la pomme, elle n’est pas tombée,
et l’encre est devenue plus noire.
Combien ai-je écrit dans les ténèbres de la langue.

J'en posterai d'autres plus tard.
 

 Les plus beaux poèmes

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