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 Les plus beaux poèmes

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Seb
   
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Seb  /  Effleure du mal


I love you

La peau du monde - René Daumal

Je vis et je vais m’interrogeant de la vie,
et l’image méconnaissable de moi-même,
ce monde d’air, de roc, de maisons, de lumières,
de millions de visages sans lois, sans voix
ce cuivre, ce bois verni, ces souffles, ces cris,
tournent, couleurs à fleur de peau,
formes touchées, mangées, où suis-je ?

       (non, non, ce n’est pas une devinette,
       hélas, ce n’est pas une devinette,
       que ce soit ici ou ailleurs
       je ne me reconnais plus.)

Ordre si fragile de la géométrie,
ne me prodigue plus les consolations de ton cœur de fer.
Ces jours, je vais dans les couleurs et les sons mêlés,
et je vois la nuit dans les plus vives lumières,
monde, monstrueux fantôme,
ton jour est la plus vide des nuits.
Une voix dit : où suis-je ? qui suis-je ??

Est-ce ma voix dans ce désert ?
La surface de chaque chose
est tendue par la nuit qui la gonfle,
– Oh ! cette nuit en voiles de soleil !
Oui, cette parole dans la bulle d’illusion,
cette parole perdue,
ce n’est jamais que la mienne.
 
Bulle
   
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Bulle  /  Homme invisible


J'en aurais dit autant pour If, de Kipling. Mais je lui préfère Souchon, aussi par mesquinerie, je me permets de vous proposez du Larkin. Je tiens à remercier chaudement la plume qui à déposé le Sonnet en yx.
Puis sans raison, il y aura du Vian

Sunny Prestatyn

Come To Sunny Prestatyn
Laughed the girl on the poster,
Kneeling up on the sand  
In tautened white satin.  
Behind her, a hunk of coast, a
Hotel with palms
Seemed to expand from her thighs and  
Spread breast-lifting arms.

She was slapped up one day in March.  
A couple of weeks, and her face
Was snaggle-toothed and boss-eyed;  
Huge tits and a fissured crotch
Were scored well in, and the space  
Between her legs held scrawls
That set her fairly astride
A tuberous cock and balls

Autographed Titch Thomas, while  
Someone had used a knife
Or something to stab right through  
The moustached lips of her smile.  
She was too good for this life.  
Very soon, a great transverse tear  
Left only a hand and some blue.  
Now Fight Cancer is there.

Philip Larkin

J'voudrais pas crever

Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles

Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres

Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne

Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algues
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula

Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux

Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir


Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche


Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort.

Vian.
(Avec quelque liberté sur les strophes pour aérer le texte pour les yeux du lecteurs)
https://soundcloud.com/pattibulles?utm_source=clipboard&utm_
 
Seb
   
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Seb  /  Effleure du mal


la ville semblait si sombre
comme si j'avais plongé dans une des milles nervures
électriques d'un immense système vaguement
dysfonctionnel

sur les trottoirs passantes passants passaient
régulièrement comme des engrenages
plus ou moins bien
huilés
la ville semblait si sombre

et je me souvenais pressentais qu'on était
dans une version dysfonctionnelle de la réalité

et je cherchais je fis tous les efforts du monde
de ce monde clopinant pour chercher et trouver
le mot de passe pour passer de l'autre côté

ou au moins pour passer ailleurs

c'était Jefferson Airplaine
quelque chose se brisa et je basculais

Antoinenagual
 
benjamin(walter)
   
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benjamin(walter)  /  Homme invisible


JEUNESSE

Jeunesse qui t'élances
Dans le fatras des mondes
Ne te défais pas à chaque ombre
Ne te courbe pas sous chaque fardeau

Que tes larmes irriguent
Plutôt qu'elles ne te rongent

Garde-toi des mots qui se dégradent
Garde-toi du feu qui pâlit

Ne laisse pas découdre tes songes
Ni réduire ton regard

Jeunesse         entends-moi
Tu ne rêves pas en vain.

Andrée Chedid, Tant de corps et tant d'âme, 1984-1991
 
MCJ
   
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MCJ  /  Pour qui sonne Lestat


Mon préféré c'est de Louis Aragon " Que la vie en vaut la peine"

C'est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midis d'incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes.

II y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l'aube première
II y aura toujours l'eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n'est le passant.

Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu'à qui voudra m'entendre à qui je parle ici
N'ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle.
 
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Invité  /  Invité


L'un des poèmes que j'aime le plus c'est Pirata de Sophia de Mello Breyner Andresen. Voilà la version originale en portugais :

Pirata

Sou o único homem a bordo do meu barco.
Os outros são monstros que não falam,
Tigres e ursos que amarrei aos remos,
E o meu desprezo reina sobre o mar.

Gosto de uivar no vento com os mastros

E de me abrir na brisa com as velas,

E há momentos que são quase esquecimento
Numa doçura imensa de regresso.

A minha pátria é onde o vento passa,
A minha amada é onde os roseirais dão flor,
O meu desejo é o rastro que ficou das aves,
E nunca acordo deste sonho e nunca durmo.


Et voilà la traduction en français des dernières strophes, qu'on peut lire en exergue du roman L'Accordeur de Silences de Mia Couto :

Et il est des moments de quasi-oubli
Dans une immense douceur de retour.

Ma patrie est là où le vent passe,
Mon aimée est là où les roseraies fleurissent,
Mon désir est la trace laissée par les oiseaux,
Et jamais je ne m’éveille de ce rêve et jamais je ne dors.
 
Constantine
   
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Constantine  /  Pour qui sonne Lestat


Une lecture de Robert Desnos, qui remonte mais me vient naturellement en tête en voyant ce topic :

Les espaces du sommeil

Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles
du monde et la grandeur et le tragique et le charme.
Les forêts s’y heurtent confusément
avec des créatures de légende cachées dans les fourrés.
Il y a toi.

Dans la nuit il y a le pas du promeneur
et celui de l’assassin et celui du sergent de ville
et la lumière du réverbère
et celle de la lanterne du chiffonnier.
Il y a toi.

Dans la nuit passent les trains et les bateaux
et le mirage des pays où il fait jour.
Les derniers souffles du crépuscule
et les premiers frissons de l’aube.
Il y a toi.

Un air de piano, un éclat de voix.
Une porte claque. Un horloge.
Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels.
Mais encore moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse.
Il y a toi l’immolée, toi que j’attends.

Parfois d’étranges figures naissent
à l’instant du sommeil et disparaissent.
Quand je ferme les yeux,
des floraisons phosphorescentes apparaissent
et se fanent et renaissent comme des feux d’artifice charnus.
Des pays inconnus que je parcours en compagnie de créatures.
Il y a toi sans doute, ô belle et discrète espionne.

Et l’âme palpable de l’étendue.
Et les parfums du ciel et des étoiles
et le chant du coq d’il y a 2,000 ans
et le cri du paon dans des parcs en flamme et des baisers.

Des mains qui se serrent sinistrement dans une lumière blafarde
et des essieux qui grincent sur des routes médusantes.
Il y a toi sans doute que je ne connais pas,
que je connais au contraire.

Mais qui, présente dans mes rêves,
t’obstines à s’y laisser deviner sans y paraître.
Toi qui restes insaisissable
dans la réalité et dans le rêve.

Toi qui m’appartiens de par ma volonté
de te posséder en illusion
mais qui n’approches ton visage du mien
que mes yeux clos aussi bien au rêve qu’à la réalité.

Toi qu’en dépit d’un rhétorique facile
où le flot meurt sur les plages,
où la corneille vole dans des usines en ruines,
où le bois pourrit en craquant sous un soleil de plomb.

Toi qui es à la base de mes rêves
et qui secoues mon esprit plein de métamorphoses
et qui me laisses ton gant quand je baise ta main.
Dans la nuit il y a les étoiles
et le mouvement ténébreux de la mer,
des fleuves, des forêts, des villes, des herbes,
des poumons de millions et millions d’êtres.

Dans la nuit il y a les merveilles du mondes.
Dans la nuit il n’y a pas d’anges gardiens
mais il y a le sommeil.
Dans la nuit il y a toi.

Dans le jour aussi.
 
Moïra
   
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Moïra  /  Autostoppeur galactique


Je ne connaissais pas ce poème de Desnos, mais I love you
 
Constantine
   
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Constantine  /  Pour qui sonne Lestat


À peu près tout de Nadia Tuéni, introuvable en librairie malheureusement (mais des éditions numériques existent). Je la relis en boucle, je pioche, je m’inspire sans même m’en apercevoir. Ici deux poèmes de son recueil Poèmes pour une histoire, paru en 1972.

Les plus beaux poèmes - Page 8 Img_1811
Les plus beaux poèmes - Page 8 Img_1812

Et :

Les plus beaux poèmes - Page 8 Img_1810
 
Nakyh
   
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Nakyh  /  Petit chose


Pour toi mon amour – Jacques Prévert

Je suis allé au marché aux oiseaux
Et j’ai acheté des oiseaux
Pour toi
Mon amour

Je suis allé au marché aux fleurs
Et j’ai acheté des fleurs
Pour toi
Mon amour

Je suis allé au marché à la ferraille
Et j’ai acheté des chaînes
De lourdes chaînes
Pour toi
Mon amour

Et puis je suis allé au marché aux esclaves
Et je t’ai cherchée
Mais je ne t’ai pas trouvée
Mon amour.
 
maxine_delabarre
   
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maxine_delabarre  /  Petit chose


Un poème de Roberto Juarroz découvert il y a peu que j'aime énormément :

Un lugar solo se entraga
A quien se haya sentido solo en él
Una ciudad, un bosque o la nada

Tal vez ocurra lo mismo
con todas las cosas
y sea necesario haberse sentido solo en algo
para poder conternerlo

La solded previa en lo que se ama
es la unica condition imprescindible,
la unica premisa valida para el amor

***

un lieu ne se livre
qu'à celui qui s'y est senti seul.
Une ville, une forêt ou le néant.

Peut-être en va-t-il de même
de toutes les choses
et est-il nécessaire de s'être senti seul en quelque chose
pour pouvoir le contenir.

La solitude préalable dans ce qu'on aime
est la seule condition indispensable,
la seule prémisse valable de l'amour.
 
Seb
   
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Seb  /  Effleure du mal


LE MONDE DE BÉBÉ

Ah ! si je pouvais pénétrer jusqu’au centre même du monde de mon Bébé pour m’y choisir une paisible retraite !

Je sais que ce monde a des étoiles qui causent avec lui, un azur qui descend jusqu’à son visage et l’amuse de ses arcs-en-ciel et de ses nuages bizarres.

Ceux qui prétendent être muets et semblent incapables de faire un mouvement, se glissent en secret vers sa fenêtre pour lui conter des histoires et lui offrir des plateaux remplis de jouets aux couleurs brillantes.

Ah ! si je pouvais cheminer sur les routes qui traversent l’esprit de Bébé et les suivre plus loin, plus loin, au delà de toutes limites !

Là où des messagers sans message passent et repassent entre les États de rois sans histoire, là où la raison fait des cerfs-volants de ses lois et les lâche dans l’espace, là où la vérité libère les faits de leurs entraves.

Rabîndranâth Tagore
 
Ysra
   
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Ysra  /  Roland curieux


LIBERTE

La peau minérale des tyrans emmaillote l'espace
Multiplie ses écailles sur les cités avares de portes sur les bouches plâtrées

Pourtant

plus nue que l'herbe

et grosse de printemps

La
Vie

Trame sans fin la débâcle des idoles
Ranime l'éclat de l'eau sur les fleuves de sang



Pourtant

plus aiguë que la foudre

La
Vie

Tranche les nœuds de la peur
Condamne les nuits en arme


Et nomme

à faire frémir de douceur toutes nos clairières inavouées
Nomme la parole ouverte
Respire déjà en chacun.

Andrée Chedid
 

 Les plus beaux poèmes

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