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 Les plus beaux poèmes

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Le rosier
   
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Le rosier  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Pasiphae a écrit:


Quelques-uns de mes poèmes préférés, tous des poèmes traduits !

Dans le fleuve d'Héraclite, poisson pêche poisson ... merci de ce partage, c'était magnifique.

Sur la notion de traduction en littérature, mes convictions profondes sur le sujet ont bien changé, comme quoi, oui, je me suis mainte fois baigné dans ce fleuve ... pendant longtemps, je me suis figuré qu'un texte ne pouvait bien s'apprécier que dans la langue de la personne qui l'avait écrit. Ce qui m'a amené à nager longtemps dans les eaux troubles mexicaines de Carlos Fuentes. Mais un jour, désireux de découvrir Virginia Woolf, c'est en ouvrant Orlando que mes certitudes ont commencé à vaciller...

Et j'aime bien cette notion d'écriture bicéphale. Pour avoir travaillé avec six traductrices et traducteurs, j'ai apprécié, en tant qu'auteur, ce travail de créativité intense, de parties enjouées, d'immersion dans la langue de l'autre, dans ses beautés et ses contraintes. Ce voyage eut quelque chose de merveilleux.
https://linktr.ee/fdoillon
 
alyssasco
   
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alyssasco  /  Homme invisible


L'un de mes poèmes favoris :

La chevelure

Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir !

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.

J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l'ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève !
Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :

Un port retentissant où mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
Dans ce noir océan où l'autre est enfermé ;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé !

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
De l'huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?
 
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pobil  /  Pour qui sonne Lestat


Apollinaire quand tu avais la tête fendue par un obus
et le cœur fendu par une orange
aujourd'hui encore ciel et terre
stupeur et espoir fixe
mon regard aussi roule dans un panier d'oranges
l'illusion est mon lot une fontaine et mon sang
romance contre des mondes étroits
et pour un amour roulant dans ses branches
que d'amours éclatés dans le sol funéraire
nous sommes ensemble seuls dans la vague éthérée
l'ombre translucide nous enfuit

Marie Uguay
 
Pasiphae
   
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   Pensée du jour  :  nique la miette
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Pasiphae  /  Truquage geniphasien


Très beau merci pour cette découverte !
 
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Invité  /  Invité


Oui c'est très beau !
 
Leah-B
   
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Leah-B  /  Blanchisseur de campagnes




Un classique, le Cimetière Marin, de Paul Valery (1927)


Courons à l'onde en rejaillir vivant...


Spoiler:

 
Urkeuse
   
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Urkeuse  /  Tentatrice chauve


Il a sûrement déjà été posté, mais au cas où, "Lady Lazarus" de Sylvia Plath.

Spoiler:
 
Pattrice
   
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Pattrice  /  Effleure du mal


 
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Invité  /  Invité


Quelques extraits des recueils de Ile Eniger




Elle sait les manques, les chemins à rebrousse jeunesse, les miroirs perfides, les carrefours, l’embuscade des sillons, tous les fléchissements. Elle sait les traîtrises d’automne, la lumière crue, la lumière nue qui appelle le corps par son âge. Elle sait l’inconfiance malgré la violence des désirs. Alors, elle voile la chute, protège l’intime, cherche la distance. Elle masque la peur, marche et sait qu’elle ne court plus. La cruauté naturelle ne laisse aucun doute, la route est plus courte. Pourtant, elle y boit toujours le soleil d’un trait. Encore son pas réunit l’eau et le galet. Doit-elle dire je quand elle parle d’elle ? A les voir se chercher, je me dis qu’il faut du temps pour joindre les deux bouts d’une femme.

Extrait de "L'inconfiance" de Ile Eniger





Elle a aux yeux l'escarpée des pierrailles, les lilas de tombée de jour, l'herbe qui blesse, le froid des matins. Elle a la chaleur du rêve, l'aile du geste. Elle est de châtaigne et d'ortie, de feu et de terres. Elle serre la visite du moindre, ouvre les mains, souffle et le brouillon de la journée commence. Elle relaie les heures, distrait le silence, boit le café à la bouilloire de midi, et, jusqu'au soir, vérifie sa verticale. On ne tombe jamais que de soi. L'arbre est patient, pas elle qui veut tout et maintenant. Elle a aux yeux l'enfance d'une interrogation: tu m'aimes?

Extrait de "il n'y aura pas d'hiver sans tango, mon amour" de Ile Eniger





Pose tes mains sur moi, mais pose-les vraiment.
Que je n'aie plus besoin d'images de mémoire
pour le goût de ton sel.

Donne encore à ma peau
cette patine de l'intérieur des mas,
quand le blanc du soleil mange le ciel plus marine que bleu.
Pose tes mains,
fais l'eau, l'aride et le sauvage.
Que les vignes redressent, belles et dures.
Et ne me parle pas de choses et de mots qui ne sont
que de choses, de mots.
Donne l'élan, plus fort que le Mistral,
et renverse le lit où seule je t'écris .

Parle-moi des odeurs, des phrases de passage,
des nuits profondes
où s'enfoncent les ongles et les étoiles.
Encore, encore, sois-moi cette caresse longue

Pose tes mains sur moi, mais pose les vraiment,
que je n'aie plus à parler au silence,
cette douleur de porte
refermée sur mes doigts.

Extrait de "Celle qui passe" de Ile Eniger




On ne meurt pas
Du non-amour
Les gestes se referment
Les regards s'éteignent
On pleure le soleil
On silence le cri
Au puits
On empierre l'injure
On crée des mots de sable
Où s'enfonce le cœur.

Extrait de "La parole gelée" de Ile Eniger
 
Pèlerine
   
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Pèlerine  /  Effleure du mal


Les plus beaux poèmes - Page 6 Img_9617
 
Sarashina
   
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Sarashina  /  Effleure du mal


Quelques poèmes soufis de Rûmî  (1207-1273)
(traduction française, la langue originale étant le persan) :

Un amour est venu, qui a éclipsé tous les amours.
Je me suis consumé, et mes cendres sont devenues vie.
De nouveau, mes cendres par désir de ta brûlure
Sont revenues et ont revêtu mille nouveaux visages.


***
Bien que dans l’amour il faille avancer pas à pas,
Seul est un pas véritable celui qui vient de l’éternité.
Dans la demeure de la non-existence,
On peut avoir beaucoup d’existences.
Ouvre les yeux : partout est la non-existence.
 
Daphné
   
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Daphné  /  Petit chose


Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Démons et merveilles
Vents et marées
Et toi
Comme une algue doucement caressée par le vent
Dans les sables du lit tu remues en rêvant
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Mais dans tes yeux entrouverts
Deux petites vagues sont restées
Démons et merveilles
Vents et marées
Deux petites vagues pour me noyer.


Jacques Prévert.
 
lefou
   
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lefou  /  Magicien d'Oz


Un homme qui s’aimait sans avoir de rivaux,
Passait dans son esprit pour le plus beau du monde.
Il accusait toujours les miroirs d’être faux,
Vivant plus que content dans son erreur profonde.
Afin de le guérir, le sort officieux
Présentait partout à ses yeux
Les Conseillers muets dont se servent nos Dames ;
Miroirs dans les logis, miroirs chez les Marchands,
Miroirs aux poches des galants,
Miroirs aux ceintures des femmes.
Que fait notre Narcisse ? Il se va confiner
Aux lieux les plus cachés qu’il peut s’imaginer,
N’osant plus des miroirs éprouver l’aventure :
Mais un canal formé par une source pure
Se trouve en ces lieux écartés.
Il s’y voit, il se fâche ; et ses yeux irrités
Pensent apercevoir une chimère vaine.
Il fait tout ce qu’il peut pour éviter cette eau.
Mais quoi, le canal est si beau,
Qu’il ne le quitte qu’avec peine.
On voit bien où je veux venir.
Je parle à tous ; et cette erreur extrême
Est un mal que chacun se plaît d’entretenir.
Notre âme c’est cet Homme amoureux de lui-même.
Tant de Miroirs ce sont les sottises d’autrui ;
Miroirs de nos défauts les Peintres légitimes.
Et quant au Canal, c’est celui
Que chacun sait, le Livre des Maximes.
 
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   Pensée du jour  :  Je suis ignorant de ce que j'ignore
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pehache  /  Guère épais


https://www.youtube.com/watch?v=CUPuZzPaFJM

Vaduz
(y'a un moment où le disque est rayé, après ça reprend normalement)
 
Fedora
   
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Fedora  /  Pour qui sonne Lestat


PRÉSENTE ABSENCE

Le crépuscule tombait lentement à AI-‘Arîsh. Les rayons de
soleil enlaçaient sans se presser les branches des palmiers
émerveillés par la couleur de feu qui s’en dégageait lentement,
très lentement, pour aller teinter les vagues de la mer, soumises
de toute éternité à ce marivaudage. Elles nous saluaient d'une
brise estivale, comme un éventail dans les mains d'un ange.
Quand arriverons-nous à Gaza ? as-tu dit à ton ami préoccupé
par la braise de son narguilé. Quand tombera la nuit, a-t-il
répondu. Tu as rétorqué : Je veux la voir de tous mes sens. Il a
souri : La patrie est plus belle la nuit. Profite du crépuscule sur
la mer d'Al-‘Arîsh, tu ne verras pas la mer là-bas comme ici...
Elle est, là-bas, colonisée. Puis il reprit : La patrie est plus belle
la nuit, alors, patience ! Tu as remis ton carnet dans ta sacoche
et tu l'as refermée après y avoir enfoui tes sentiments. Que
ressens-tu ? t’a dit Yasser. Tu as répondu : Le chemin a épuisé
mes sentiments et mes attentes... Je ne ressens rien et n'attends
rien. C’est mieux ainsi, a-t-il dit.
Nous sommes entrés, ou plutôt nous nous sommes infiltrés
dans Gaza dans le noir. Je t'ai laissé marcher devant moi et j’ai
porté ton ombre à ta place. Tu ne pouvais la protéger d'une
chute sur la dure réalité. Je t’ai vu cacher ton visage pour
échapper aux caméras qui avaient hâte d'y saisir l'ivresse du
retour et d'entendre tes invectives de l’exil, préparées par
avance. Tu as dit : je ne suis pas arrivé. Je suis là mais je ne
suis pas revenu. Tu n’as menti à personne ni à toi-même. Il n’y
avait rien à célébrer et Gaza ne s’était pas encore relevée. Les
ruines laissées par l’occupation te hantaient. Il te fallait rêver
pour que la mer, dans ta langue, ne fuie pas les pécheurs. Dans
cette nuit entrecoupée de barrages, de colonies et de miradors,
on a besoin d'une nouvelle géographie pour connaître la
frontière qui sépare un pas d’un autre et l’interdit de l’autorisé.
C’est aussi difficile que de distinguer l'ambigu de ce qui ne
l’est pas dans les accords d'Oslo.
À la fin de la nuit, tu eus besoin d'un tranquillisant pour dormir
et, au réveil, d'un long moment pour te convaincre que tu étais
bien à Gaza que tu as aussi tôt dénommée : ville de malheur et de
vigueur. Dans la chaleur de midi, tu t’es rendu avec des amis dans
les camps de réfugiés. Vous marchiez péniblement dans les ruelles
et tu avais honte de toi-même en pensant à l’eau et à la propreté.
Tu ne pouvais croire, tu n’avais jamais cru, que la misère était une
condition nécessaire pour réaffirmer et pérenniser le droit au
retour. Mais tu t’es souvenu de ce qu’il fallait oublier : la conscience
universelle. Tu as alors maudit les théories du progrès et du sens de
l'Histoire qui pourrait ramener l'humanité aux cavernes. Pour
demeurer réaliste, tu t'es interdit le sérum de l'optimisme et de
l'enthousiasme, les compensant par un cachet hypotenseur. Tu t’es
dit : Si je pensais à autre chose, ce serait comme si je jetais ma
conscience aux chats.
Tu te demandes : Y a-t-il un génie, juriste ou linguiste
suffisamment malin pour élaborer un traité de paix et de bon
voisinage entre un palais et une masure, un geôlier et un
prisonnier ? Tu marches dans les ruelles, honteux de tout : de
tes habits bien repassés, de l'esthétique de la poésie, de
l'abstraction de la musique, de ton passeport qui te permet de
voyager partout. Tu as mal à ta conscience. Puis tu reviens à
Gaza, chez ceux qui regardent de haut les camps et les réfugiés,
qui ont peur aussi de ceux qui rentrent, et tu ne sais plus dans
quel Gaza tu te trouves. Tu dis :
Je suis venu, mais je ne suis pas arrivé.
Je suis là, mais je ne suis pas revenu !

MAHMOUD DARWICH trad Farouk Mardam-Bey et Elias Sanbar
 

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