Je n’arrivais pas à me souvenir de la dernière fois où j’avais joué du violon. C’était peut-être à un repas de famille pour impressionner ou toute seule dans ma chambre pour voir si j’avais encore les réflexes. Honnêtement, c’était bien trop loin pour m’en souvenir. Aussi quand je rouvris la boîte et me saisis de l'instrument, j’eus l’impression de le découvrir pour la première fois. Certes l’objet avait grandement souffert des affres du temps, mais il avait toujours ce je-ne-sais-quoi d‘envoûtant qui m’avait fait craquer la première fois. Je m'en souviens comme si c'était hier. J’accompagnais mon père chez un luthier pour qu’il fasse réparer son accordéon. Là, pendant qu’il discutait avec le vendeur qui était son aussi son ami d’enfance, je déambulai dans les allées, admirant les différents instruments. Pianos, guitares, flûtes, clarinettes mais aussi batteries de toute forme et de toute taille. Mon regard s’était attardé sur un violon dans une vitrine. Il était magnifique. Mon père arrivant derrière moi me demanda tout simplement si je voulais essayer de faire de la musique. Je ne savais pas encore, à ce moment-là, à quel point cette passion allait accaparer toute mon adolescence. Je ne comptais plus les heures passées au conservatoire, en solfège et des différentes représentations dans les théâtres du département. Le violon que je tenais dans mes mains était mon tout premier. Il a vu mes exploits, mes fiertés mais aussi mes larmes. Il représentait une partie toute entière de ma vie, que je gardais jalousement cachée dans une boîte.
Je l’installai sur mon épaule et mimai le mouvement de l’archer. Il me semblait que mes doigts couraient sur le manche comme à l’époque. Peut-être n’avais-je pas perdu les mécaniques. Mais j’avais aussi l’impression d’être fausse. Car je n’étais plus la même personne qu’à l'époque. Mon violon appartenait à mon ancienne vie et devait garder sa place parmi les souvenirs.

Une vieille expression dit : Chassez le naturel, il revient au galop. A vrai dire, j’aime beaucoup cette phrase. La dernière fois que j’ai passé autant de temps sur un document word, c’était à la fac. J’en ai gardé une dextérité dont je ne suis pas peu fière ! En même temps, en licence de droit, t’avais intérêt à taper vite sur ton clavier. Si je mets de côté les études, j’ai également noirci des pages numériques pour un forum RPG sur lequel j’étais très productive. Je rêve de retrouver ces écrits. Finalement, l'écriture a toujours fait partie de ma vie. Et même si parfois je doute, j’ai honte même, je n’ai jamais vraiment arrêté. Ecrire, c’est mon repère. Je me retrouve face à mon écran, mon clavier et je laisse mes doigts sautiller dans tous les sens. J’en ai besoin. En fait c’est un peu comme si j’étais devant mon miroir et que je sondais les abymes de mon existence. Alors que le miroir de la salle de bains, c’est juste pour voir si je suis regardable physiquement. Bref, écrire c’est une activité dont je ne peux me défaire. Aussi, je brise le quatrième mur sur ce dernier texte d’Inktober pour me féliciter mon ce travail qui n’a vraiment pas été facile. Mais quand je fais glisser la molette, je me rends compte du chemin parcouru. ce fut inspirant, excitant, énervant. J’ai lutté contre mon vieux démon qu’est la régularité, c’était un combat à couteaux tirés vraiment ! Mais l’écriture est mon repère, et ce rendez-vous quasi quotidien me l’a rappelé sans cesse. Ce challenge m’a rappelé que, si je ne suis pas grand chose sur cette planète, au moins j’écris des trucs. Et ça me permet de savoir où je suis, qui je suis. Je suis L., et j’écris.