Jumelles

puits de lumière en ascenseur
touche la vague depuis le coeur

du nombril jusqu’à l’étoile
parle le langage qui dévoile

main dans la main yeux fermés
selon les lunes toujours grillées

à la guerre comme au tambour
récitant le vers au clairon sourd

chantant le dernier mot de cuivre
dans leur musée des ombres vives

ni tout à fait pareilles ni tout à fait
différentes sous le voile des fées

à défaire les journées pour rien
puis tricoter l’heure qui revient

les veines branchées sur la fibre
les cheveux décoiffés revibrent

la jeunesse en rang ou en sang
oreilles percées jusqu’au tympan

si elles s’agitent sur un baladeur
quand elles partagent un même coeur

main dans la main quand ça finit
deux fleurs sauvages reposent ici

Randonnée

sept huit lieues à vol
d'aventure
lâcher prise sous les vents
qui font rouler
sacs rations dés à coudre
cheminer de feux en forêts
feux de joie récompense
monnaie sonnante
trébuchante avec point de destin

huit ou neufs lieues encore
à trouver une piste
l'indice qui finira
avec la pizza froide
ananas anchois boulgour
de quoi revigorer
le mana du groupe
encore des forces un bouillon
se battre négocier sauver
un prince en péril
de quoi rouvrir une bouteille

neufs lieues bientôt dix
courant la plaine priant un panthéon
de dieux schtroumpfesques
tout commencera bientôt
bientôt à la dixième
dans une taverne mal fagotée
dans une tour mal piégée
dans un palais mal isolé
à songer dans la marche
que même des PNJ statiques

demandent un peu d'amour
et de quoi nourrir leurs familles

Laurent traînait les pieds en suivant le groupe de randonneurs. Il s’était mis à l’arrière avec quelques mètres de distance pour tenter furtivement de sortir son téléphone portable. Quitte à marcher encore une heure, autant en profiter pour tenter de capturer des Pokémon sur l’application Pokémon Go.
Manque de chance, l’endroit était tellement paumé que l’application ne détectait même pas de chemin, ne le localisant nulle part.
“Laurent !”
Sa mère le rejoignit et lui arracha le précieux objet.
“Lâche ça et lève un peu le nez bon sang, on va arriver devant le château de Bannes.”
“J’men fous m’man, laisse moi tranquille !”
“Ça suffit ! Tu as toute la semaine à la fac pour faire ton geek écervelé, alors aujourd’hui tu fais ce que je te dis. Viens avec moi devant, la guide va commencer ses explications.”
Elle le prit par la manche et l’attira en tête de file. En effet, le groupe arrivait tout juste devant le château. La jeune femme commença ses explications avec passion, galvanisée par les visages impressionnés de son public devant la beauté de l’édifice. Laurent n’en écouta pas une miette. Il jeta un coup d’oeil au château, certes plutôt joli quoique standard par rapport aux autres de la région. En tout cas, la vieille pierre ne l’intéressait pas du tout. Après avoir regardé les toitures des tours, son regard s’accrocha à un oiseau qui s’envolait puis à un nuage qui avait la forme d’une abeille. Il se moquait bien des remarques de sa mère concernant sa passion pour le virtuel. Lui savait bien que les clichés avaient la peau dure et ne cherchait pas à changer le regard des autres. Il ne racontait pas ses promenades en forêt avec son chat en laisse, ses soirées jeux de rôle remplies de fou rire, ses longues nuits d’insomnie devant des vidéos et séries historiques. Son monde l’appartenait.

Passeport

Après avoir ouvert
le rhum à la douane chinoise
il fallait bien le boire

le proposer au personnel
qui gardait mon passeport
jeunes flics de salle d'
aéroport ou disons ce péplum
qu'est celui de Beijing
ô petit alcool de rose...

après une nuit de rêves partis
en randonnée à suivre
les colombes au-dessus d'Oulan
Bator le rhum réveille le rhum
résonne jusqu'à parler
ce langage universel

entre les fauteuils conduire au
goulot laissant songer les files
de circulation des vols internes
qu'un passeport explique
le français mieux qu'un ministre

premier contact avec l'empire
fallait bien arroser ça
le passeport trinquant avec les autres

À la jumelle
et au képi

“Mais bon sang ! Je suis persuadé que je l’avais mis là !”
Il retournait toute la maison de fond en comble sous le regard désabusé de son chat. Archie, cadre supérieur d’une des plus grosses sociétés d'investissement françaises, était actuellement à quatre pattes en train de zieuter sous le canapé. Le matou, allongé sur la table en verre les pattes sous le ventre, observait l’action avec des yeux épuisés. Ce remue-ménage occupait bien son après-midi.
L’homme se redressa, une main sur les hanches et l’autre sur le front. Essoufflé, il repassait toute la journée de la veille dans sa mémoire pour tenter de trouver ce qu’il cherchait.
“Roland est venu m’apporter le dossier, je lui ai offert un café, puis il est reparti. J’ai pris une douche, j’ai fait mon skin care et j’ai commencé à faire ma valise.”
Il plissa les yeux, arrivant au moment-clé de sa soirée passée.
“J’ai ensuite pris mes papiers et je les ai posés… sur la table.”
Il se précipita vers le chat et le chassa d'un geste de la main. Il scruta chaque centimètres carré comme s’il était soudain doté du pouvoir de voir les choses invisibles. Le chat ronfla, vexé d’être dérangé.
“Tu veux pas m’aider toi, con de chat ?”
Vu son langage, l’animal leva les yeux au ciel et entreprit de se lécher les coussinets. Archie se doutait bien que son compagnon poilu n’allait pas offrir ses services. Il se remit donc à farfouiller, s’attaquant à présent à la cuisine.
Au bout d’un moment, Archie s’assit par terre et croisa les jambes. Le désespoir s’était installé. C’est alors que l’animal descendit de la table pour le rejoindre.
“Si je rate l’avion ce soir, je suis mort. Je peux pas tout perdre juste parce que je suis pas foutu de mettre la main sur…”
“Ton passeport oui”.
Le chat lui avait répondu avec un naturel déconcertant. Archie écarquilla les yeux.
“Mais je sais où il est moi, ton précieux carnet marron”
Archie ne répondait toujours pas, ne sachant s’il avait perdu la boule ou s’il n’était pas en train de rêver.
“Bon alors, tu le veux ?” continua le chat.
Voyant que son maître ne répondait toujours pas, le chat se mit en mouvement.
“Mais avant de te le rendre, permet moi de t’exposer mon avis sur le dossier Smith et les répercussions dont tu n’as, visiblement, pas bien mesuré les conséquences. Vois-tu… Archie ?”
Se retournant, le chat poussa un soupir. Son maître s’était évanoui.

“Marche ou crève !” avait dit le sergent. “Marche et crève” aurait été plus approprié. Nous étions encore une cinquantaine dans le groupe, mais au fur et à mesure que les kilomètres s'enchaînaient, la longue file s’étirait. Je ne voyais plus Marc. On s'étaient enrôlés tous les deux, fiers comme des paons, en se disant qu'on ramèneraient assez d’histoires épatantes pour faire tomber toutes le filles du village dans nos bras. Seule Maggy m'intéressait mais Marc était plutôt beau gosse et en quête d'une certaine réputation.
On marchait donc, tous silencieux, tentant de suivre le rythme du sergent devant. Je le talonnais de près et je pouvais entendre son souffle rauque.
“Sergent, il serait judicieux de faire une pause, nous sommes trop étalés et c'est risqué pour les gars derrière…” pour Marc, finissais-je dans ma tête.
“Marche soldat, pour l'amour de Dieu marche”.
Il avait la voix déformé par l'épuisement.
“Sergent, nous allons…”
“Ferme ta gueule et marche !”
Le sergent se retourna brutalement et m'attrapa par le col. Il avait les yeux rouges d'un homme au bord de la crise cardiaque. Sa moustache frémissait de terreur.
“S'ils nous rattrapent, on est tous morts, tu comprends ça ? On DOIT avancer.”
Au-dessus de nos têtes, des sifflements caractéristiques se firent entendre. Certains de mes camarades levèrent les yeux et pointèrent du doigt les nuages.
“Allemands ! Allemands ! Cachez vous !”
“Courrez !” Rugit le sergent
Marc ne s'en sortirait pas. Nombre d'entre nous prirent leur jambes à leur cou, mais d'autres s’applatirent dans les fourrées. Le terrain n'était pas assez chargé, nous ne pourrions pas tous nous dissimuler. Il suffisait d'un qui se fasse repérer pour que toute la bande soit localisée. Il n'était plus temps de réfléchir. Je fis volte face et courut vers la queue de la file. Dans la cohue générale, je criais le nom de mon ami. Je l'aperçus au loin et fonçai sur lui. A une trentaine de mètres, un obus percuta le sol et je fus projeté en arrière. Les tympans brisés, je n'entendais plus qu'un sifflement persistant.
“Marc…” murmurai-je
Sous l'effet du choc, ne sachant si j'étais encore entier ou blessé, je me laissai tomber dans les pommes. Pas de Maggy, pas de succès pour Marc. On aurait dû le savoir, on aurait dû s'en douter.

Marche

encore une marche
à franchir

pour gagner un niveau
prendre cette hauteur
admirer le point de vue
s’élever au-dessus
des villes du débat de l’
écran qui roule du sang
sous des pneus de mots

pour grandir se grandir
tenir ses deux mains crispées
quand elle apprend à marcher
pour épanouir un peu plus
encore le tournesol qui pousse
autour de ses yeux sa couronne
qui s'épaissit de pétales

encore une marche
petite à passer

on vantera les étapes, je lui dirai
des escales des gares des ami.es
à visiter chaque jour à aimer
autant qu’une promenade
nécessaire comme elle si belle
comme elle va comme elle rit

ma petite marche de joie qui rêve
sans doute d’être déjà grande
si grande qu’un jour j’espère
ne plus me hisser à sa hauteur

Soleil

Il fuite un peu
ton soleil mûri
pendu à l’arbre
laisse percer
son jus d’astre
ses corps goutte
gamins on allait
le cueillir au frais
auprès de ces mots
orée lisière feuillus
à fuiter le soleil
entre nos mains
trouées de vase
des rigoles rayons
petits défis d’or
à l’heure où sonne
la retraite du vent

Il s’égare et porte
en lui tout un ruis-
-seau de murmures
pavé couché au bas
de notre grande face
bleue agitée flacon
de formol secoué
s’il fuite toujours là
et là ce soleil flairé
s’il traîne la patte
ses pinceaux de fer
rouge qui s’abattent
à l’horizon maturé

vois-tu il asphérise
des inquiétudes au
large des conquêtes
change le disque ici
on s’assombrit fuis
donc avec macération
au creux des crèmes
de nuits bien blanches

Ce devait être ma troisième tasse de café du matin. Pour les biscuits, j'avais perdu le compte mais le paquet était presque vide. Debout dans la cuisine, je regardais le soleil se lever à l’est, au pied des éoliennes. Une nouvelle journée s'annonçait. A la maison, personne n'était encore réveillé. Mon mari dormait profondément et mes chiens n'avaient pas encore couiné pour sortir du bureau, là où se trouvaient leur panier.
Le silence du matin était le plus réparateur, le plus précieux. Il attendait que les bruits quotidiens le remplissent. En sirotant ma boisson chaude, je laissais mes sombres pensées m'envahir. Le stress de la journée se réveillait doucement au creux de mon estomac. D'ici quelques dizaines de minutes, il faudrait plonger dans la cohue des habitudes, allumer les écrans et se noyer jusqu'au soir. Il n'était plus possible de s’extirper de cette mêlée générale. Sous peine de crever la bouche ouverte. Je jetai un coup d'oeil rapide sur la table : ma plaquette de médicaments était presque vide.
Le soleil se levait, le coq se mit à chanter et j'entendis des bruits de couettes. J'avalai ma dernière gorgée et sortit mon application “habits tracker” ainsi que l'agenda Google. Tout était planifié, inutile de brancher le cerveau. La lumière agressive de mon smartphone finit de me réveiller totalement. Avec un sourire, je cochais la première case de ma liste “morning routine” nommée “5 minutes pour moi”. La case devint verte avec un smiley heureux. Le soleil était le seul témoin de ce moment. Lui seul entendait mes hurlements de détresse intérieurs, voyait mes larmes. Il était mon seul compagnon dans ma lutte contre le naufrage. La porte de la chambre s'ouvrit et le mercredi put enfin démarrer.

Nomade

avec ce métier
de délesteur de bagages
j’ouvrais de grandes portes
un saloon salon de thé
des pow-wow en boucle
à chaque lampée

à grandir au cuivre
du soleil et des plumes
que les clans forgent secrète-
-ment recette des femmes méde-
-cines dont les cils peints
rejoignent de grandes géomé-
-tries sacrées

avec ce métier
de prothésiste d’ailes
littéraires si tu veux,
musicales si tu sens,
le réconfort d’une terre et du sable
où ma fille câline l’origine du rire,

avec ce métier il y a des dépôts
dans des casiers de pêches
offertes pourtant,
luxuriantes pourtant,
des casiers qui attendent sur le quai
des crustacés au marché itinérant
qui opère entre les guerres
les dunes et les pickups puisqu’ici

avec ce métier
de vendeur d’armes, en vers
libraire du chaos, peut-être
à faire l’élevage du désastre
dans les cours d’école
à regarder passer les canons
dessous les roues des cargos
chargés jusqu’au bas-ventre de ces
furies de fracas concassés

avec ce métier d’architecte du silence
j’ai cru pouvoir agiter les tambours
jouer mon sol ma mer et mes heures
d’enfance fabuleuse passée
à chercher l’eau de mes déserts
ailleurs, qu’entre les gouffres et ma peau
ailleurs, vers où le pied s’accroche

Ils prirent la route à l’aube. Le chaman leur avait préconisé de ne pas attendre que le soleil ne soit trop haut. Il avait souvent raison. Les paquetages prêts, les chevaux furent attelés et le peuple Shaé prit la direction du sud, en suivant le cours d’eau du Ruisseau Maeya. Leur route devait être sans encombre. Le Conseil des Hommes devait avoir lieu à la tombée de la nuit le jour suivant, lorsque la Lune serait pleine. Il ne fallait pas être en retard. Sur le trajet, le chef restait silencieux, perdu dans ses pensées. Il sentait que quelque chose d’inhabituel allait avoir lieu durant cette réunion des peuples nomades. Il pressentait un terrible événement. D’ailleurs, le chaman de la tribu lui avait dit que quelque chose brouillait ses visions.
“Ran’Ya, dame des songes, est restée bien mystérieuse ces derniers jours. Elle n’est jamais aussi silencieuse. Des heures sombres nous guettent.”
Le chef écoutait sagement son chaman. Il leur avait prédit de nombreux hivers vigoureux et avait sauvé bon nombre d’enfants malades. Les dieux de la Nature lui avait confié des dons rares et précieux.
Au bout de quelques heures de chevauchées, il ordonna une halte pour laisser les bêtes paître et boire au ruisseau. Il en profita pour s’éloigner et observer son peuple. Depuis plus de vingt ans qu’il était chef, son rôle avait toujours été de les protéger et de les guider. Mais plus ils s’approchaient du lieu de rendez-vous sacré, plus le doute s’immiscait en lui. Et s’ils couraient à une mort certaine ? Le chaman se trompait rarement. Mais être absent du Conseil était l’un des pires sacrilèges, ce qui condamnait également son peuple. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait perdu.
“Ran’ya, murmura-t-il, guide-moi”

En-cas

deux poèmes-entre
eux s'étirent du silence mâché
comme gomme

s'interpellent bras levés
ou d'accolades répétés ravivent
l'inspiration dit formes

distinguée d'éloquence
petit goûter l'air de rien de rien
dire entre-ondées

confisant le prochain trait
tenu dans le silence qui trahit
à l'heure son goûter

Romuald attendait le métro. Il était dans la file n°17, soit la prochaine à prendre le transport souterrain. Il en passait un toutes les 7 minutes et il fallait bien faire attention à l'ordre de passage. Il tenait d'un côté sa mallette de travail et de l'autre un en-cas. En descendant dans les profondeurs de la ville pour atteindre la station de métro, un nouveau kiosque avait attiré son attention. Fraîchement installé, le vendeur vantait les mérites d'une nouvelle barre énergétique idéale pour les “travailleurs acharnés”
_ vous souhaitez rester svelte tout en impressionnant votre manager ? Vous souhaitez décupler votre attention au travail et améliorer votre proactivité ? Ne cherchez plus ! Ceci est révolutionnaire !
Il avait été e d'abord méfiant, mais devant son air dubitatif, le vendeur avait enchaîné :
_ non, il ne s'agit pas de l’énième barre calorique et healphy monsieur, nous parlons ici de vitamines qui ciblent directement vos carences pour les atténuer. Et en fonction de vos émotions, il vous donnera ce que vous voulez !
Romuald avait déjà entendu parler du chewing gum qui s'adaptait aux goûts du mâcheur. Ce pourrait-il que les industriels aient trouvé le moyen d'interagir non plus avec les 5 sens, mais également la psychologie du consommateur ?
En tout cas, cela le rendait curieux. Il passa la moitié de sa journée de travail à rêvasser de cette barre miraculeuse. À dix heures, il se décida enfin à y toucher.
Elle avait un aspect chocolaté attirant. Le croquant lui rappelait les chocolats de Pâques, cependant la saveur était tout autre. Quelque chose s'éveilla en lui lorsqu'il déglutit. Un affreux goût de café froid lui envahit la langue alors qu'il avait l'impression de boire du thé glacé. Alors qu'il était parfaitement calme habituellement, une colère noire s'empara de lui. Au même moment, son collègue commercial entra dans son bureau. Sans réfléchir, Romuald attrapa un stylo et lui sauta à la gorge. Le malheureux n'eut pas le temps de répliquer.

A distance

Je commençais le chant
comme un vieil air de campagne
de mon pays l’hémicycle du Mont
où la mer disparaît si loin
avalée par l’horizon aspirée par
ces îles petites, légères, petits points
sur l’oeil du large

« à neuf miles de nulle part »
marcher avec cet air dans les bottes
cet air dans le sac dans les couverts dans
ce qui fait
avancer
à cette distance, « à huit miles de nulle part »
il y avait la même odeur
de vase trempée de roucoulement d’eau
presque les mêmes bulles qui font signe
à la surface de la grande marée
toujours bavarde

à sept miles de nulle part
chanter son pays de flaques son pays qui
craque sans arrêt d’orages et ses parquets
et ses légumes de sable qui sonnent
« à six miles de nulle part »
ils se sont tous donnés le mot
puisque nous ne sommes jamais éloignés
de nos jardins couverts d’embruns
de nos moussus souvenirs d’automne

à cinq miles de nulle part
ce sont des voix qui martèlent la route
une nuit de danses une nuit normale portée
par tout le pays qui voyage dans le sac
des oreilles à la gorge
à quatre miles il y a des rythmes de pluie
des cordes à la place d’animaux surgis

et la chaîne, bras dessus bras dessous
doigts enlacés, va de mon hémicycle natal
jusqu’au bois d’une cheminée qui continuera
de chanter longtemps après mon retour