Bonjour!

Je suis étudiante en métiers du livre et j'ai eu l'occasion de travailler auprès de plusieurs maisons d'éditions, notamment au service de manuscrits.
Par ailleurs, mon premier roman a été publié en octobre dernier dans le cadre de la Fondation Laure Nobels, un prix belge qui récompense de jeunes auteurs.

En me basant sur ces expériences, voici ce que je peux dire à propos du fonctionnement d'un service de manuscrit (rien de très nouveau pour ceux qui sont bien renseignés, mais c'est toujours bon de le rappeler)

-Les maisons d'éditions sont tout simplement envahies de manuscrits, avec des effectifs de plus en plus réduits pour les traiter. Résultat: le premier tri est très rapide et se fait sur le simple mail ou la lettre qui accompagne le texte. Si les premiers chapitres ne sont pas accrocheurs, beaucoup de maisons d'édition n'iront pas plus loin?

-Assurez-vous de bien correspondre à la ligne éditoriale de la maison. Sinon, vous perdez votre temps

-N'écrivez pas pour plaire au public. Ecrivez avant tout quelque chose qui vous touche et qui vous plaît. Lorsqu'un texte paraît trop commercial, il a peu de chance.

-Les textes plus longs et les sagas engagent l'éditeur a plus de risques et il se montrera très prudent. Surtout si vous êtes jeunes: il peut craindre que vos goûts changent et que vous n'alliez pas jusqu'au bout du travail.

-Le texte sera souvent retravaillé par l'éditeur, mais la majeure partie du travail doit être fait avant. En effet, les effectifs sont réduits et les impératifs financiers ne permettent pas toujours de travailler durant plusieurs mois. Plus le travail à fournir est important, plus l'éditeur va hésiter. Faites donc vous bien relire avant!

-Attention avec les autobiographies. Cela expose de nouveau l'éditeur a des risques qu'il ne sera pas toujours prêt à encourir.

-Traquez les clichés. Certes, de grands auteurs peuvent se le permettre, mais pour un premier roman, les éditeurs sont très critiques. Attention donc aux romans qui commencent par un premier jour d'école, l'approche d'une épreuve initiatique, les personnages trop monolithiques, ...

-Retravaillez absolument les dialogues. Un tri important s'opère sur cette base.

-Soignez la mise en page. Cela met plus de chance de votre côté. S'il y a des consignes, respectez-les.

-Plus il y a d'illustrations, plus le coût de fabrication est élevé (surtout si elles nécessitent de la couleur)

-Les textes écrits par des mineurs sont malheureusement rarement lus, pour des questions juridiques

-Si vous avez publié un premier roman à compte d'auteur, ne le mentionner pas. Cela donne souvent l'impression que le roman a été refusé à plusieurs endroits (ce qui est parfois totalement faux)

-Les résumés trop longs ne sont pas toujours lus. De même, les récits venant intervenir de trop nombreux personnages sont parfois trop difficiles à parcourir en lecture rapide.

-Travaillez bien la fin. Personnellement, je la lisais toujours pour me faire une idée du fil conducteur


Voilà quelques éléments. Bien sûr, il ne s'agit pas d'une science exacte, chaque éditeur possède sa propre méthode et vous ne devez pas plus vous conformer à leur goût qu'à ceux du public

Mais quels sont ces éléments, du coup, Fleur-de-Lyss ? Rien ne s'est affiché.

Effectivement, on ne voit rien.
On attend impatiemment la suite !

Je crois que le premier élément, c'est que ce sont les éditeurs qui manient le mieux l'art du suspense

s.tupido a écrit:

Je crois que le premier élément, c'est que ce sont les éditeurs qui manient le mieux l'art du suspense

Effectivement, la pression monte

Je veux bien savoir les éléments aussi

Eh vous, oui ! vous qui attendez ! Eh bien je vais vous le dire.

Le secret qu'aucun éditeur ne souhaite divulguer est révélé dans le spoiler ci-joint.

Award du topic useless as fuck

Problème d'affichage! Bizarre, chez moi tout s'affichait correctement. C'est modifié

Il y a aussi des genres et ceux-ci ne sont décidément pas vendeurs: ainsi le genre fantastique.
Pour avoir mélangé les 2, thriller et fantastique, je pense que je me suis vu refusé d'emblée par des maisons d'édition. La SF marche en France et même très bien, sans doute dû au fait que Jules Verne, un auteur français, en est le père. Le fantastique ne marche pas en France comme m'a dit un éditeur dans un commentaire quand même élogieux, les mélanges encore moins car inclassables selon leurs normes.
Enormément de gens écrivent et envoient des textes aux maisons d'édition: ça c'est vrai. D'où un tri très sélectif sur des critères qui peuvent paraître bizarres sinon méprisants pour les auteurs mais qu'y faire ? Ils seraient obligés d'engager beaucoup plus  de monde s'ils voulaient faire une lecture relativement complète de tous les manuscrits.
Je me suis vu refuser mon roman une fois car l'éditeur m'a simplement dit "nous cherchons quelque chose de distrayant". Donc "Au revoir là-haut" ou Houellebecq ou Nothomb à mon avis auraient eu du mal !
Aussi un certain manque de ... je sais pas quoi! Une équipe de journalistes littéraires ont envoyé une fois des manuscrits peu connus mais d'auteurs très connus comme Gide, Rimbaud, Valéry et d'autres.
On leur a retourné leurs manuscrits et celui qui avait envoyé du Rimbaud a vu une annotation dans la marge de son texte: "style un peu lourd".
Véridique !

"Rimbaud n'est plus aussi moderne qu'il y a 150 ans". No shit Sherlock...

Shub a écrit:

Il y a aussi des genres et ceux-ci ne sont décidément pas vendeurs: ainsi le genre fantastique.
Pour avoir mélangé les 2, thriller et fantastique, je pense que je me suis vu refusé d'emblée par des maisons d'édition.

Pas d'accord. Le fantastique (thriller ou non) trouve encore preneur...
Bon nombre de maisons en publient.

Ouais bon, rien de nouveau en fait. Faut travailler son manuscrit et correspondre à la ligne éditoriale. Youhou, quelle révélation de ouf.

Pour la SFFF,le mieux est vraiment de cibler des maisons d'éditions spécialisées. Il y a un public demandeur, mais les traductions d'auteurs anglophones fournissent déjà beaucoup de textes aux maisons d'édition et la quantité de textes écrits dans ces genres est vraiment extraordinaire. J'en lisais plus d'une vingtaine chaque semaine et il difficile de se démarquer face à cette montagne de romans.
De plus, je recoupe ce que j'ai dit plus haut, mais en SFFF on se voit proposer beaucoup de sagas et de textes relativement longs, qui représentent un risque plus important pour l'éditeur, donc les comités de lecture se montrent parfois assez frileux... :/

Ahava-brumes a écrit:

Ouais bon, rien de nouveau en fait. Faut travailler son manuscrit et correspondre à la ligne éditoriale. Youhou, quelle révélation de ouf.

J'ai annoncé d'emblée que ceux qui se sont bien renseignés n'apprendraient pas grand-chose. Mais pour avoir traité plus de 600 manuscrits, j'ai bien vu que cela n'est pas clair pour tous malheureusement. La plupart des manuscrits sont refusés en moins de cinq minutes.