Bonjour à tous. Je reviens vers vous pour vous tenir au courant des pratiques de Kiro.
Donc, jeudi matin, je reçois un mail de ladite maison d'édition, plus précisément de l'attachée de promotion, qui souhaite un rendez-vous téléphonique avec moi pour la promo de mon roman.

D'un côté, je me suis dit qu'ils étaient quand même un peu gonflés de penser promotion alors que les pré-commandes n'ont toujours pas été honorées; d'un autre côté, naïvement, je me suis dit que s'ils voulaient parler promotion, ça voulait dire qu'ils avaient enfin une date de sortie fixée.

Après trois tentatives téléphoniques infructueuses (et donc autant de messages vocaux laissés), je tombe sur l'auteure du mail. Elle me fait d'abord son laïus sur le fait qu'eut égard à ses qualités, mon ouvrage avait été pré-selectionné pour être édité plus rapidement et bénéficier d'une promo adaptée. Puis, vient la question qui tue : Où en êtes-vous dans le processus d'édition de votre livre?
Réponse : Sa publication a été ajournée par trois fois, et je n'ai toujours pas à ce jour de directeur d'ouvrage.
Question : Vous êtes en contact avec qui?
Réponse : Personne. Ni par mail, ni par téléphone. Savez-vous à quelle date paraîtra mon roman, parce que les personnes l'ayant pré-commandées commencent sérieusement s'impatienter?
Question : Non, je n'en sais rien, je ne m'occupe pas de ça. Vous êtes encore loin du BAT alors! Mais si vous faîtes une commande "auteur" en vue de la promotion (salons, évènement), procédé que je ne cautionne pas mais désormais incontournable, je peux accélérer les choses et tout peut aller très vite. Sinon, votre ouvrage ne sera pas prioritaire...
Je lui ai répondu que je ne pouvais pas payer quoi que ce soit, d'autant plus que les précommandes n'ont toujours pas été honorées. J'ai ajouté que j'étais sous contrat avec d'autres maisons d'édition pour d'autres récits et que mes relations avec elles étaient toutes autres.
Réponse : Je sais...

En clair, la nana prétend n'avoir aucun pouvoir, ne rien savoir, ne cautionne pas les pratiques de son employeur, mais se désintéresse de mon cas puisque je ne réponds pas favorablement à son "chantage" (faire une commande "auteur" pour rester sur le dessus de la pile, sinon c'est les oubliettes). C'est purement et simplement du compte d'auteur déguisé!

Dire que je suis pieds et poings liés avec eux...

Bah il te suffit d'attendre un peu. Si la société coule, il est fort probable que tu récupères tes droits. (Par contre les gens qui ont pré commandé risquent de faire un peu la tête)

heu... non : s'ils ne respectent pas leurs obligations*, tu peux déchirer le contrat qui te lie. A vérifier mais l'exception d'inexécution* semble opportune dans ton cas. M'enfin, à ta place je ferai comme si je n'avais rien signé : tu ne risques strictement rien étant donné la situation (tu n'es pas Marc Lévy et eux ne sont pas Gallimard)

Kiro résilie très facilement les contrats, Aventador. Il y a même un formulaire tout prêt qu'ils proposent à ceux qui le demandent. Je l'ai fait sans problème il y a quelques semaines. Par contre, tu auras du mal à honorer tes précommandes. Il faut que tu contactes le mandataire (avocat Mtre Rafoni) en demandant à être inscrit sur la liste des créanciers, et que tu évalues le montant de ce qu'ils te doivent. Et pour tes pré-acheteurs, le mieux est que tu les informes du préjudice et qu'ils intentent une action auprès de UFC-Que Choisir, en plus de se signaler également auprès du mandataire.

Aventador a écrit:

"si vous faîtes une commande "auteur" en vue de la promotion (salons, évènement), procédé que je ne cautionne pas mais désormais incontournable, je peux accélérer les choses et tout peut aller très vite. Sinon, votre ouvrage ne sera pas prioritaire..."

En clair, la nana prétend n'avoir aucun pouvoir, ne rien savoir, ne cautionne pas les pratiques de son employeur, mais se désintéresse de mon cas puisque je ne réponds pas favorablement à son "chantage" (faire une commande "auteur" pour rester sur le dessus de la pile, sinon c'est les oubliettes). C'est purement et simplement du compte d'auteur déguisé!

Dire que je suis pieds et poings liés avec eux...

Tu as raison, c'est du chantage, j'ajouterais de la vente forcée! Je ne sais même pas si c'est légal, j'en doute...

Tu n'as dès lors plus aucune obligation envers cet éditeur qui ne respecte pas ses engagements et le contrat est de ce fait nul et non avenu.

Envoie-leur une lettre recommandée, expose-y tes briefs et précise que tu ne te considères plus lié à eux à partir de cette date.
S'ils te relancent, menace-les de porter plainte, ça les fera réfléchir. Mais comme le dit Molly, il ne devrait pas y avoir de problème...Kiro a l'habitude de résilier des contrats autant que de les signer, apparemment!

Pour porter plainte, il faut des preuves écrites (et pas par mail).

monilet a écrit:

Pour porter plainte, il faut des preuves écrites (et pas par mail).

Faux.

L’article 1316-1 du Code civil dispose que « l’écrit sous forme électronique est admis en preuve au même titre que l’écrit sur support papier, sous réserve que puisse être dûment identifiée la personne dont il émane et qu‘il soit établi et conservé dans les conditions de nature à en garantir l’intégrité ».


« La preuve littérale, ou principe écrit, résulte d'une suite de lettres, de caractères de chiffres ou de tous autres signes ou symboles dotés d'une signification intelligible, quels que soient leur support et leurs modalités de transmission ».

confirmé par la Cour de cassation et ce, en plusieurs chambres (sociales, civiles et criminelles).

a ceux qui rétorqueraient que le principe du secret des correspondances s'y oppose (après tout, lors de mon examen d'entrée à l'école du barreau, épreuve de droit pénal, la cour avait tranché en faveur du menteur malgré un enregistrement qui démontait toute argumentation de son avocat, au motif que l'enregistrement vocal ,'avait pas été effectué avec son consentement, comme quoi les choses évoluent) :

« aucune disposition légale ne permet aux juges répressifs d'écarter les moyens de preuve produits par les parties au seul motif qu'ils auraient été obtenus de façon illicite ou déloyale, il leur appartient seulement d'en apprécier la valeur probante après les avoir soumis à la discussion contradictoire » (Cass. crim., 13 oct. 2004).

s’agissant des SMS un récent arrêt de la chambre sociale de la Cour de cassation vient de juger que l'utilisation d'un SMS comme mode de preuve est un procédé loyal recevable, par opposition à l'enregistrement d'une conversation téléphonique privée effectuée à l'insu de son auteur, car ce dernier ne peut ignorer que les messages sont enregistrés par l'appareil récepteur (Cass. soc., 23 mai 2007).

la seule difficulté à défendre cette preuve en est d'abord la charge et la fiabilité.

Heureusement que le courriel est un moyen de preuve étant donné qu'on n'échange quasiment plus que par ce biais.

Les juges ne sont pas forcément au courant , d'où procédures multiples à prévoir parfois.
J'ai eu connaissance d'un cas encore en février.

C'est un peu court, monsieur Monilet. De toute façon, c'est à l'avocat de rappeler la jurisprudence. Quant à l'e-mail comme moyen de preuve, il a récemment été admis au profit de mon entreprise par un jugement en date du 19 fevrier dernier où j'étais partie et je ne crois pas que mon avocate ait eu bon de rappeler sa valeur dans ses conclusions.

Enfin : faut arrêter avec Kiro de se la jouer, c'est une PME en fin de vie alors les engagements auprès d'eux valent pas tripette. Surtout si l'état est créancier.

J'ai réussi à avoir la coordinatrice éditoriale de Kiro au téléphone ce matin. Ils ont approximativement trois mois de retard par rapport à la dernière date de parution donnée (avril). Mais c'est très approximatif et ça dépend de leurs finances. En revanche, elle non plus ne cautionne pas les commandes "auteurs" et ne voit pas pourquoi elle les ferait passer en priorité (sauf "grosse commande" qui financerait l'édition). Je lui ai souligné que Kiro avait contractuellement un an à compter d'octobre 2012 pour publier mon roman, et qu'au-delà je serais en droit de rompre le contrat. Ce qu'elle a confirmé. Je lui ai alors demandé ce qu'il adviendrait des pré-commandes encaissées. Elle m'a stipulé que Kiro serait tenu de les rembourser en intégralité si, pour une raison ou pour une autre, mon livre ne pouvait pas paraître. A suivre donc...

Bon ben voilà, la nouvelle est tombée sur ma boîte mail cet après-midi :

"Bonjour,

Le tribunal du commerce d'Aix-en-Provence a rendu sa décision: les Éditions Kirographaires sont mises en liquidation judiciaire sans maintien d'activité.
L'équipe Kirographaires tenait à vous en informer.

Les publications en attente sont par conséquent annulées.

Chacun des auteurs, publié ou non, se verra restituer ses droits.

La liquidation de l'entreprise sera assurée par Me Dominique RAFONI, mandataire: 7, rue Joseph d'Arbaud - 13100 Aix-en-Provence (04.42.21.31.28)
C'est donc l'étude de Me RAFONI qui se chargera du respect de la loi sur la propriété intellectuelle dans la restitution des droits aux auteurs.

Ne pouvant compter sur la direction pour assumer son devoir de communication, l'équipe doit prendre sur elle de le faire.
Nous tenons à exprimer nos regrets à tous les auteurs quant à l'issue de cette procédure et l'attente dans laquelle vous vous êtes trouvés.

En souhaitant bonne chance à tous dans la recherche d'un autre éditeur."

Et maintenant, on fait quoi?

À la recherche d'un autre éditeur

Ben là franchement, je n'ai plus envie. Il n'y a qu'en toi et Booxmaker que j'ai encore confiance. Je suis dégoûté.

Après un compte d'auteur, j'ai presque signé avec un escroc (jugé comme tel). J'ai perdu un an et demi de mon temps, je me suis « retirée » du marché éditorial pendant plusieurs années.
Tu as deux éditeurs sur qui tu peux faire confiance, donc rien n'est perdu, ne sois pas aussi dégoûté. On sort tous déçus de ces situations, mais on s'en sort.
:-)

Un auteur peut être déçu, trahi par un éditeur, c'est très moche. Un éditeur peut l'être aussi par un auteur.
Chacune des parties qui se sent franche et honnête se retrouve parfois dans une telle situation.
C'est moche, c'est hélas comme ça.