Les pauvres gardes...

Ils avaient pas mangé depuis un moment, ça se voyait dans leur regard et même dans leur vivacité.

Ils ont bien voulu venir boire l'apéro, bon un a pris trois bouteilles, l'autre roulait des yeux, enfin bon je n'ai pas eu le temps d'étudier leur psychologie plus longtemps ; j'avais pas essayé le silencieux, ah c'est vrai, le vendeur avait raison, c'est super agréable, très maniable et très précis : ils sont tombés directement.

Ça a fait : pchi pchi et c'était fini. Non mais oh !

Après j'avoue que je savais pas quoi en faire de ces gros bêta, c'est pas Papi et Sandro, ni même le voisin, j'allais pas non plus les veiller ; alors j'ai eu l'idée de les remettre dans le couloir et j'ai pris soin de leur placer leurs fusils en main, ah j'adore la mise en scène ! C'est une passion en vrai ! Et puis j'ai cassé une bouteille, puis une autre, j'ai crié : "gnagnagna", en faisant des voix différentes : " non ! C'est à moi ! La mienne ! Non, c'est pas vrai ! La mienne !" Et j'ai tiré, avec leur fusils, c'est le gros qui a commencé puis après le moustachu, je crois qu'il se vengeait, parce que l'autre il se moquait de lui souvent, enfin je crois... 

Puis, enfin j'ai cru pouvoir aller prendre une douche mais j'ai pas pu, il n'y avait plus d'eau, ah le karma des fois...

J'ai l'impression que personne n'a ramassé les gardes...

Mais le plus bizarre, c'est que j'ai l'impression que le concierge loge à mon étage désormais, il me semble l'avoir reconnu parler : il y a eu quelques visites, des femmes il me semble.
Puis je pense que c'est Diaz qui vient de monter, voir la docteur certainement.

Plus de trompette aussi, ça aussi c'est bizarre mais ça m'étonne pas qu'on lui ait tapé sur les doigts.

La milice n'a pas d'heures fixes, je leur ai fait un petit signe hier, c'est étrange cette situation, on attend, on attend quoi, que quelqu'un tire ?

Allez ce soir je descends réparer mes bêtises ! Sacha voyons ! 

***

En bas, rien n'a bougé, c'est pas joli joli, puis sans eau, ça va pas être follichon.

Déjà il faut bricoler, parce que c'est bien joli, une porte clouée mais si un feu se déclare ou même un vieux devient fou, nous on veut pouvoir sortir !
Alors barricader c'est bien mais un truc fonctionnel, merci, on est pas tous accroc au canapé.

Pauvres gardes, faut que je les mette au moins dans un drap.

En remontant chez moi, je jette un coup d'œil dehors, et j'aperçois la milice, alors je leur fais un petit signe insistant et leur pointe la porte du doigt. Ah je vais me faire des amis, ils sont cinq ! Vite je prends les draps et descend.

"J'ai un souci, leur dis-je, j'en ai deux là, il faut les sortir parce que ça va sentir."

Ils jettent un coup d'œil dans l'ouverture. Et entrent sans parler.

"Pas besoin des draps, dit un, la charette par contre oui."

Puis un autre se met à parler d'un coronel, il me demande s'il a besoin de quelque chose. Heureusement que je réfléchis vite, alors je m'apprête à frapper à la porte de la conciergerie quand quelqu'un m'attrape le bras.

"Non, laissez-le, laissez-le réfléchir encore."

Mais à quoi, je ne pousse la conversation, ça se passe trop bien pour tout gâcher. 

Seulement deux sont entrés et les autres discutent déhors au sujet des bouteilles de la charette. Alors pour conclure l'affaire je leur dis :
"Allez on sort le mescal, prenez-en et prenez-en soin mais surtout sortez-moi les, Angel commence à être écœuré. Merci. Je reprends le poste ! Bonne tournée à vous !"