[Le dattier du patio]

Je me demande depuis quand existe ce dattier. A l'époque d'Esperanza Covarrubias, à en croire la photographie que m'a remise Tia, il y en avait au moins trois (ce n'est pas très clair, mais si l'un se dresse entier dans son dos, on aperçoit quelques palmes en haut à gauche de la photographie, et quelques autres en bas à droite). J'ai décidé, sans demander son autorisation au vieux schnoque qui nous sert de "concierge", de placer sous le dattier la reproduction d'un tableau de la peintresse, pour créer une sorte d'autel. Il faut dire qu'une colonie d'artistes légèrement décérébrée habite l'Immeuble et que, en temps d'inondation, ils n'ont plus d'autre vision de l'art que les gribouillis dont ils enduisent les murs...

- C'est pas possib' d'être aussi paresseux...

Pendant que personne ne passe, le Riviera de service s'occupe des grenouilles du patio. J'avais promis au petit machin qui passe son temps ici que je les prendrai avec moi en cas de problème. La fontaine ne coule plus, on va commencer à tirer des dattes dans quelques temps, après on passera aux cuisses des bestioles ; il faut bien les accueillir ailleurs. Dans mes toilettes par exemple. Je demanderai au voisin les siennes quand le besoin se fera sentir.  

J'espère qu'elles aiment les haricots rouges et le maïs en boîte  ; ce sont les conserves que je ne mange pas. Puis faut que je réfléchisse à leur donner des noms, à moins que le gosse l'ait déjà fait. J'en profite pour laisser un mot sur le cadre de la peinture, écrit de mon autre main pour brouiller les pistes.

Citation :

Le concierge parle portugais comme une vache espagnole !

appart 101

Je remonte avec les grenouilles. Je me demande comment ça vit, exactement, ces bestioles. Le voisin devrait savoir. Lui ou son oncle Miguel.

- Calme-toi, Bérénice-Andréa, on est bientôt arrivé...

Y'en a déjà une qui coasse les couilles de tout le monde à bord. La pénible de la bande, sans doute. Je sais ce que c'est.