Plus je le regarde et plus je le trouve beau. De cette beauté rose et grotesque qu’ont les cochons de campagne. Franchement. Je ne pouvais plus me regarder dans le miroir. Cette soirée me revigore.
Paco prend la main de Jacquetot pour le faire danser. Jacquetot, en se levant, manque de trébucher. Dans l’aventure, il perd un chausson.
Cette valse me fait du bien. La peau douce et blême de ce garçon est impeccable. Pas une croute. À son âge, déjà, mon visage était en ruine. Je le lui dis. Il s’en amuse, dans un rire maigre et maladif, tombe dans mes bras.
— Paco, j’ai quelque chose à vous dire. Croyez-moi, ce n’est pas facile. Savez-vous, pour l’histoire de Mr. Armando, j’ai dit qu’il avait planqué de la charcuterie dans la cave. En vérité, ce n’était pas lui. J’ai dit que c’était lui pour ne pas être mal vu du concierge. Comprenez, il y a 20 ans que je suis dans l’immeuble, mon ami le concierge ne m’aurait jamais pardonné. Jamais. C’est un homme d’une grande rigueur et pas du tout fantaisiste comme vous. Je vous le dis comme on s’affranchit d’un secret minable, un secret qui n’a rien d’enfantin, un secret qui pourrit dans les intestins, qui s’enracine aux viscères. Vous aimez les viscères ? Promettez-moi de ne rien dire. Mr. Armando est persuadé que. Mr. Armando me ferait vivre un enfer, il ne me laisserait pas tranquille, il irait me dénoncer. Je ne veux pas être dénoncé. Gardez-ça pour vous, que nous soyons bons amis, c’est tout ce qui m’importe. Cette révélation fera office de gage.
Devant cet aveu, Paco s'interrompt net.