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 Du fameux mythe de l'auteur inconnu

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Azaby
   
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Azaby  /  Tentatrice chauve


Azharoth a écrit:
Azaby a écrit:
Je pense qu'il est important dans ce débat de préciser que le réseau professionnel est différent du piston.

Je ne sais pas trop où tu situes la différence, parce que dans mon monde, faire jouer son réseau pour obtenir un résultat, ça s'appelle du piston. Non pas que je te le reproche, tout le monde en ferait autant à ta place, mais j'avoue être perplexe quant à ton message.

La différence est extrêmement simple : j'ai commencé sans rien. J'ai été une primo-romancière absolument lambda, qui a soumis par la voie classique et fait ses premières parutions de façon tout à fait banale. L'élément déclencheur d'être "repérée" n'est pas survenu lors de ma première parution, et la réaction en chaîne qui a lancé ma petite carrière n'a été possible que parce que mes travaux précédents ont posé de bonnes conditions.

Le piston te fait entrer dans un milieu par une porte dérobée. Le réseau se construit sur la base de ton travail, pas d'une relation que tu as à la base.

Cette dimension "réseau" peut avoir l'air injuste (et elle l'est sûrement à bien des égards, défavorisant les moins entreprenants, les plus introvertis...), mais elle est une part intégrante du monde de l'édition et du monde pro de façon générale.

L'avantage, c'est qu'elle permet aux auteurs qui essaient de se lancer d'envisager une ascension dans le milieu, car tout ne se résume pas à la chance. J'ai la chance d'être en contact avec la plupart des éditeurs des grosses maisons d'imaginaire (ce qui ne me permet pas pour autant d'être publiée chez eux, malheureusement drunken ), et quand une structure cherche à se diversifier, créer une collection, un label, ou tenter une parution un peu différente de leurs habitudes... ils font attention aux auteur/ices qu'ils recrutent. Avoir "un nom" (ce qui ne signifie pas être connu(e), juste avoir déjà été entraperçu(e) en salon, sur les réseaux...) permet de fonder une confiance et de faciliter une signature !
 
Caius Pertinax
   
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Caius Pertinax  /  Tycho l'homoncule


Azaby a écrit:
Le piston te fait entrer dans un milieu par une porte dérobée. Le réseau se construit sur la base de ton travail, pas d'une relation que tu as à la base.

Je comprends l'idée. Mais je ne pense pas qu'il existe une frontière aussi nette entre un "piston" purement exogène et un "réseau" qui devrait tout à son investissement personnel. Je vois plutôt un continuum, un dégradé subtil qui court du noir au blanc en passant par toutes les nuances de gris.

Même dans le cas supposément simple de Jojo-le-fils-de-l'éditeur, rien ne dit que la publication est gagnée d'avance. Après tout, le papa de Jojo n'a pas envie de publier n'importe quoi et de ruiner la réputation de sa ME ; ses employés ont aussi un peu d'amour-propre et ne veulent pas admettre trop facilement que leur jugement doit s'effacer devant des questions de lignage. Donc le manuscrit de Jojo ne sera pas publié automatiquement, oh non ! Mais il sera placé en haut de la pile. Et puis, consciemment ou non, le service des manuscrits le lira avec un peu plus d'attention, ne serait-ce que pour avoir quelques arguments à opposer au patron s'il était finalement refusé. En fin de compte, toutes choses égales par ailleurs, Jojo aura plus de chances d'être lu, et il sera lu avec davantage de bienveillance : ses chances seront accrues, mais en toute bonne foi il croira avoir gagné sa place comme tout le monde.

De même, quand Zaza-l'autrice-en-herbe court de salon en salon pour rencontrer des gens, pitcher son livre et se faire connaître, elle consacre du temps et de l'énergie à bâtir un escalier qui la mènera peu à peu dans la lumière. Mais gravir l'escalier est quand même plus facile quand on part de la dixième marche plutôt que de la première. Il se trouve que Zaza connaît bien le monde du livre, parce qu'elle a fait un stage chez un éditeur, et que son camarade de promo Bubu organise un salon du livre dans son patelin. Et puis, Zaza est une vraie passionnée qui anime sa propre chaîne YouTube, où en toute sincérité elle a dit le plus grand bien du dernier roman de Gigi-l'autrice-qui-monte ; pleine de reconnaissance, Gigi se sentira un peu obligée de parler de Zaza à son nouvel éditeur, même si elle n'a pas lu son manuscrit. Alors, oui, Zaza n'a pas ménagé ses efforts, elle a tout fait pour être visible et reconnue, mais dans l'histoire elle a quand même bénéficié de coups de pouce qui n'ont pas grand-chose à voir avec ses réalisations littéraires.

Cette espèce de twilight zone qui s'étend entre piston et réseau, est-ce vraiment condamnable ? Après tout, c'est ainsi que fonctionnent beaucoup de milieux professionnels (et le mien ne fait pas exception). Quitte à s'adjoindre les services de quelqu'un, pour une prestation ponctuelle comme pour un recrutement durable, autant se renseigner et questionner son entourage : ce sera toujours plus fiable que de croire sur paroles les déclarations du candidat sur son CV ou sa plaquette commerciale. Souvent, cet effet réseau permet de dissiper les brouillards du mensonge et de dégotter le vrai bon candidat ; parfois, hélas, l'effet contraire se produit, et on recrute par mégarde un très beau parleur qui n'a jamais réalisé grand-chose d'autre que son très beau réseau relationnel.

Mais il y a, pour moi, une énorme différence entre le marché de l'emploi et le service des manuscrits : dans le premier cas, on juge des individus au travers de leurs réalisations passées ; dans le second, c'est un texte qu'on juge, et il porte sa valeur en lui-même. Le service des manuscrits peut juger de la valeur du texte en le lisant : il n'est nul besoin de savoir s'il a été pondu par Jojo ou par Zaza pour en percevoir les qualités et les défauts. Il n'est nul besoin de demander à Bubu ou Gigi ce qu'ils en pensent, puisque le texte est là, sous les yeux de l'éditeur, et qu'à la fin c'est bien ce texte-là qui sera publié ou pas.

A moins, bien sûr, que la ME envisage son travail comme le recrutement de jeunes auteurs (dont on espère qu'ils pondront plein de bons textes par la suite) plutôt que comme la publication de textes au cas par cas. C'est un peu comme ça que certains éditeurs présentent leur relation à la nouveauté. Et après tout, ils font bien ce qu'ils veulent ; mais dans ces conditions, il serait plus honnête de l'assumer complètement et de fermer leur service des manuscrits, qui ne sert alors que de façade.
 
Azaby
   
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Azaby  /  Tentatrice chauve


Je suis plus ou moins d'accord avec l'ensemble de ton post. De toute façon, lorsqu'on est auteur et qu'on veut (ou qu'on rêve de) se professionnaliser, il faut accepter l'injustice de ce milieu. Et très honnêtement, parmi les injustices, réelles ou ressenties, du monde de l'édition, celle du piston n'est clairement pas la plus douloureuse à digérer, à mon sens !

Il est également vrai que le parallèle avec le reste du monde professionnel a ses limites, notre activité s'approche souvent plus du mercenariat qu'autre chose. Mais tout de même, je pense important de rappeler que c'est une activité qui génère de l'argent, donc qui a une dimension professionnelle même si on ne se conçoit pas comme pro au début de sa carrière.

J'aimerais juste rebondir sur ce dernier point :

Citation :
A moins, bien sûr, que la ME envisage son travail comme le recrutement de jeunes auteurs (dont on espère qu'ils pondront plein de bons textes par la suite) plutôt que comme la publication de textes au cas par cas. C'est un peu comme ça que certains éditeurs présentent leur relation à la nouveauté. Et après tout, ils font bien ce qu'ils veulent ; mais dans ces conditions, il serait plus honnête de l'assumer complètement et de fermer leur service des manuscrits, qui ne sert alors que de façade.

Le service de manuscrits n'est jamais une façade. Ça n'a aucun intérêt pour une ME de le garder ouvert, ou de simuler qu'il le soit. À moins que la maison soit mal gérée et que la com' soit aux fraises (ce qui est déjà un drapeau rouge en soi), une ME qui ne veut pas sélectionner de manuscrits de façon spontanée... ferme tout simplement ses soumissions. Ou ne les ouvre carrément pas.

Si un service manuscrit est ouvert, c'est qu'il y a une chance pour celles et ceux qui y soumettent. Personnellement je ne fonctionne plus comme ça depuis un moment, mais c'est ce qui m'a lancée et qui lance chaque année des dizaines de romanciers débutants.
 
Caius Pertinax
   
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Caius Pertinax  /  Tycho l'homoncule


Azaby a écrit:
Le service de manuscrits n'est jamais une façade. Ça n'a aucun intérêt pour une ME de le garder ouvert, ou de simuler qu'il le soit. À moins que la maison soit mal gérée et que la com' soit aux fraises (ce qui est déjà un drapeau rouge en soi), une ME qui ne veut pas sélectionner de manuscrits de façon spontanée... ferme tout simplement ses soumissions. Ou ne les ouvre carrément pas.

J'aimerais le croire. Vraiment.

Mais je connais au moins deux exemples d'éditeurs qui clament ouvertement et sans honte qu'ils ne publient jamais le moindre texte issu de leur service des manuscrits : la Volte (voir l'interview ici, c'est édifiant) et Denoël / Folio SF (sous l'égide de P. Godbillon).

Une fois encore, les éditeurs font ce qu'ils veulent, ils ne doivent rien à personne. Mais pourquoi payer des gens à tenir un service des manuscrits si le patron répète régulièrement qu'il ne sert à rien ? C'est une vraie question, hein, je n'ai pas la réponse.
 
Azaby
   
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Azaby  /  Tentatrice chauve


Je n'ai pas que de bons échos des maisons que tu cites, et ça ne m'étonne pas plus que ça.

Pour moi, c'est une erreur de gestion majeure. La plupart des ME dans le milieu où je travaille (YA, Imaginaire, jeunesse) ont une régulation bien plus saine de leur comité de lecture. Heureusement que tous les gros éditeurs ne sont pas comme ça ! Je crois effectivement qu'on pourrait trouver d'autres contre-exemples comme ceux-ci, mais ce n'est pas représentatif du monde édito dans son ensemble.

Dans la plupart des cas, les manuscrits sont lus en comité. Avant d'avoir la chance de pouvoir m'en passer, j'ai écumé les comités de lecture pendant de longues années sur mes premiers romans. Il arrivait régulièrement une réponse un peu aboutie, qui traduisait a minima une lecture du début du manuscrit.

Après, comme je disais, on ne peut naviguer sereinement dans le monde éditorial si on n'accepte pas ses nombreuses injustices...

 
Anna Soa
   
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Etredanslesiecle a écrit:

Si l’on veut être honnête, il faut blesser du monde, là. La quasi-totalité des manuscrits que reçoit une des dix premières ME (soit en réputation, soit en poids sur le marché comme vous voulez) consistent en un amas de textes imbuvables, sans queue ni tête, des textes qui sont écrits dans toutes les couleurs, truffés de fautes, et la syntaxe n’en parlons pas. Parfois aussi, quand le texte est potentiellement intéressant, soit le style, soit l’intrigue, soit le sujet péche, et c’est ce qui élimine la poignée de manuscrits potables. C’est facile de cracher sur les grandes ME quand on s’est fait gentiment mettre à la porte pour ce genre de raisons.

Je ne vois pas en quoi le point de vu de Etredanslesiecle peut être vu comme étant celui d'un troll. J'ai discuté avec plusieurs éditeurs et producteurs dans le cinéma et le documentaire, le constat est sans appel : plus de 98% des textes/dossiers reçus ne sont pas aboutis, ou pour le dire plus crûment, nuls. Et un éditeur ou un producteur, dans la majorité des cas, ne prendra pas un risque financier incertain si le travail de réécriture est trop grand et si l'auteur a du mal à accepter les critiques. Ce qui est un peu logique, je bosse dans la vidéo, je reçois des candidatures de cadreurs vidéo, si les images sont floues et qu'elles tremblent, je ne vais pas prendre le candidat pour le former jusqu'à ce qu'il soit au point, je vais prendre le candidat qui sait faire une mise au point et utiliser un trépied.

Mais attention, ce n'est pas parce qu'un texte est nul qu'il le sera définitivement, et ça ne veut surtout pas dire que l'auteur est nul. Heureusement qu'il y a des possibilités de s'améliorer, mais il faut aussi accepter que lorsqu'on envoie notre texte, où on a mis tout notre coeur et toute notre âme, toute notre sueur et toutes nos larmes, à une trentaine de ME d'un coup, et qu'on reçoit 30 refus, ça veut peut-être dire qu'il n'était pas si bon que ça et que c'était un peu trop tôt de l'envoyer tel quel, et qu'il faudra le travailler encore et encore.
 
Kal'
   
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Kal'  /  Der grüne Fennek


Sinon sur la question du piston y'a aussi une chose qui n'a pas été évoquée, concernant les gens fils/frère/potes de gens déjà dans le milieu : les compétences héritées.

On est nombreux à savoir, ici, qu'on envoie pas n'importe quoi à un éditeur et quels genre de livres vont trouver preneurs. A connaitre le "niveau" attendu, à savoir qu'on fait pas n'importe quoi avec la longueur qu'on envoie.

Un fils d'éditeur, à moins qu'il n'ait eu 0 conversation avec papa (ou maman éditrice) sait qu'un livre envoyé à un éditeur répond à des normes, à un genre, entre dans une case. C'est quelqu'un qui dans son milieu familial a été formé aux codes du milieu que il ou elle veut atteindre. Et c'est pareil pour Zaza, Zaza sait probablement qu'on envoie pas un pavé de 300 000 mots multi genres à un éditeur quand est pas connu, Zaza elle va sans doute faire un truc bien calibré pour que ça passe.

Vous avez une vidéo intéressante de Adam Bros sur le sujet (pour le cinéma et la musique) : ici !

Ensuite, pour les auteurs établis qui "ont du réseau"... un auteur qui a publié 6, 7 bouquins, est censé savoir comment calibrer un livre pour l'envoyer à l'éditeurice, connaitre les codes, et être un minimum digne de confiance. Outre le réseau, il y a aussi clairement des compétences, un CV. Sur les autres emplois on est pas choqués qu'un ingénieur avec 10 ans d'expérience se vende mieux qu'un primo qui n'a jamais bossé.

Alors certes, on est pas employé par notre éditeur, mais je ne trouve pas la comparaison inutile.
 
Anna Soa
   
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Anna Soa  /  Barge de Radetzky


Kal' a écrit:


Un fils d'éditeur, à moins qu'il n'ait eu 0 conversation avec papa (ou maman éditrice) sait qu'un livre envoyé à un éditeur répond à des normes, à un genre, entre dans une case. C'est quelqu'un qui dans son milieu familial a été formé aux codes du milieu que il ou elle veut atteindre. Et c'est pareil pour Zaza, Zaza sait probablement qu'on envoie pas un pavé de 300 000 mots multi genres à un éditeur quand est pas connu, Zaza elle va sans doute faire un truc bien calibré pour que ça passe.


C'est très juste cette histoire de "compétences héritées", je ne la défends pas, mais je comprends. Ce que je trouve intéressant c'est que la vision qu'on en a change en fonction de la profession. Si c'est plutôt mal vu d'être un fils de dans les professions artistiques (cinéma, littérature, musique), quand il s'agit de l'artisanat, c'est plutôt un gage de qualité : "Boulanger de père en fils depuis 1830", ça fait vendre des baguettes et ça rassure le client. Dans le cinéma, J'imagine que le fait que des aides publiques (type CNC) soient distribuées aux mêmes cercles doit faire grincer des dents, tout comme les prix littéraires reviennent souvent aux mêmes ME. Mais au niveau de l'envoi d'un premier roman, je suis peut-être naïve, mais je pense que ce qui joue c'est avant tout la qualité du texte et rien d'autre.
 
Jimilie Croquette
   
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Jimilie Croquette  /  De l'Importance d'être Constamment Là


Je vous lis, mais j'ai l'impression qu'on enfonce des portes ouvertes.

Mes nièces qui vivent dans les Alpes sont "naturellement" douées en ski et font du biathlon en compétition. Est-ce une injustice par rapport à mes filles qui sont citadines en région parisienne et qui ne vont pas au ski ? Non, c'est la vie, le cadre familial, la culture familiale. C'est pas mal ou bien, injuste ou pas injuste.

Big Flo et Oli ont percé très jeunes dans la musique, et ils se sont faits "tous seuls" mais leur père était déjà musicien et ils ont grandi au milieu de concerts et d'instruments de musique. Juliette Armanet pareil.

Si t'habites en bord de mer, statistiquement tu seras plus prompt à faire de la voile.

Si tu grandis dans une famille de lecteurs, avec des livres partout, une carte de bibli, des virées shopping à la librairie, bah tu seras peut-être plus spontanément écrivain que champion de cyclisme.

Les compétences héritées, ça ne me semble pas sujet à débattre. On est tous les héritiers de quelque part, notre bagage social et culturel. Pour certains, gagnants à la lotterie de la naissance, ils sont nés petit fils de Monsieur Gallimard. D'autres, pas de bol, ils sont nés dans une zone abandonnée d'un bassin minier. Ça ne veut pas dire que l'enfant des terrils ne sera pas le prochain Goncourt, mais pour lui, la marche sera plus haute.
J'ai envie de dire, c'est la vie, ça. C'est du déterminisme social, ça ne fait pas tout (et encore heureux), mais ça joue.
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Kal'
   
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Kal'  /  Der grüne Fennek


Ce que je veux dire par là c'est que ce qui est perçu comme du pur piston n'en est pas forcément, et que si les gens avec des connexions dans l'édition entrent plus facilement, c'est pas forcément par que X ou Y leur a fait une faveur.
 
Aconitum
   
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Aconitum  /  Tapage au bout de la nuit


Caius Pertinax a écrit:

J'aimerais le croire. Vraiment.

Mais je connais au moins deux exemples d'éditeurs qui clament ouvertement et sans honte qu'ils ne publient jamais le moindre texte issu de leur service des manuscrits : la Volte (voir l'interview ici, c'est édifiant) et Denoël / Folio SF (sous l'égide de P. Godbillon).

Une fois encore, les éditeurs font ce qu'ils veulent, ils ne doivent rien à personne. Mais pourquoi payer des gens à tenir un service des manuscrits si le patron répète régulièrement qu'il ne sert à rien ? C'est une vraie question, hein, je n'ai pas la réponse.

Tu vois, ça ça ne me choque pas particulièrement, Caius Pertinax. C'est toute la nuance pour moi entre :"Je n'ai jamais rien publié venant de mon service manuscrits." et "Je n'ai jamais rien LU venant de mon service manuscrits. On a une boîte mail mais on ne la consulte jamais et tout va en corbeille automatiquement." Pour la Volte, il dit clairement qu'il les consulte de temps à autre quand il a le temps (soit lui, soit par l'intermédiaire d'autres gens).

Autant si les éditeurs (ou les gens en charge du service) en question ne consultaient JAMAIS cette fameuse boîte, je me dirais : "Bah oui, ça sert à rien d'ouvrir les soumissions alors." Autant là ils te disent qu'ils n'ont jamais rien reçu d'assez convainquant (selon leur point de vue) de la part d'inconnus pour publier un texte soumis de cette façon. Du coup j'ai envie de te répondre : Bah on ne peut pas vraiment le leur reprocher ?

Ce n'est pas un signe d'immoralité profonde pour moi que de vouloir exclusivement publier des coups de coeur, surtout quand tu vois que La Volte a des goûts vraiment ULTRA spécifiques en matière de textes. Et forcément, une fois qu'ils ont leurs auteurs stars qui correspondent 100% à leurs goûts, ça rend les choses beaucoup plus difficiles pour l'immense quantité d'auteurs soumissionnaires qui a écrit quelque chose de différent. Pas nécessairement moins bon, mais différent. On en revient au fameux refus par ligne édito.

Edit : Tout ça pour dire : ils consultent quand ils ont le temps parce qu'ils n'ont pas abandonné l'idée d'un jour publier quelqu'un comme ça, mais pour le moment aucun texte ne les a intéressés.
 
Radischat
   
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Radischat  /  Dr. Danielle Jackson


On oublie, dans le tas, de parler des clauses de préférence qui peuvent jouer avec les auteurices d'une maison : primo-édité ou non, on peut être contractuellement obligé de soumettre ses prochains romans, de x ou y genre, à la ou les maisons dans lesquelles on est publié. L'éditeur a un droit sur vos prochaines créations, si elles entrent dans sa ligne éditoriale. Il ne s'agit en aucun cas d'une garantie ; les éditeurs peuvent refuser, et dans ce cas le manuscrit est libre d'être publié ailleurs ensuite. Mais, ça montre bien qu'une fois signés, les maisons vont d'abord aller regarder chez les auteurices qu'ils ont en stock. C'est sans compter les commandes qu'une maison peut passer avec ses auteurices.

Les clauses de préférence en sont par contre pas très appréciées, car très limitantes et parfois abusives, selon comment elle est écrite : on vous conseillera, ici et ailleurs, de la négocier, soit pour la retirer du contrat, soit pour en restreindre le périmètre.
 
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Azaby a écrit:


La différence est extrêmement simple : j'ai commencé sans rien. J'ai été une primo-romancière absolument lambda, qui a soumis par la voie classique et fait ses premières parutions de façon tout à fait banale. L'élément déclencheur d'être "repérée" n'est pas survenu lors de ma première parution, et la réaction en chaîne qui a lancé ma petite carrière n'a été possible que parce que mes travaux précédents ont posé de bonnes conditions.

Le piston te fait entrer dans un milieu par une porte dérobée. Le réseau se construit sur la base de ton travail, pas d'une relation que tu as à la base.

J'ai surtout l'impression que tu joues avec les mots pour te dédouaner. Ce n'est pas parce que tu n'as pas bénéficié de l'influence d'un réseau à un moment T que profiter de ton réseau plus tard une fois qu'il est développé n'est pas du piston. Cela n'enlève rien à ton mérite quoiqu'il en soit, tu as su te faire ta place, mais je pense qu'il est nécessaire de dire les choses telles qu'elles sont.

Etant quand même du genre à me demander si je n'ai pas tort quand on me contredit, je suis allé chercher la définition sur le robert, qui soutient parfaitement ce que je dis :

"Définition de pistonner​​​ verbe transitif
Appuyer, protéger (un candidat à une place). ➙ recommander."

Il n'y a pas de notion d'avoir fait ses preuves au préalable ou pas, jouer de ses contacts pour obtenir une place, c'est du piston, point barre. Encore une fois ce n'est pas comme si je te le reprochais, tu sembles ne pas vouloir être cataloguée en ce sens, il n'y a aucune honte à avoir (je vais me répéter mais celui qui prétendrait qu'il n'en ferait pas autant s'il le pouvait est un menteur...). Tu as fait ton trou, tu n'as pas volé ta réussite, là n'est pas la question. Mais il faut reconnaître les choses pour ce qu'elles sont.
 
Ranish Kadjah
   
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Ranish Kadjah  /  Pippin le Bref


Azaby a écrit:
Ce n'est pas parce que tu n'as pas bénéficié de l'influence d'un réseau à un moment T que profiter de ton réseau plus tard une fois qu'il est développé n'est pas du piston. Cela n'enlève rien à ton mérite quoiqu'il en soit, tu as su te faire ta place, mais je pense qu'il est nécessaire de dire les choses telles qu'elles sont.

Il n'y a pas de notion d'avoir fait ses preuves au préalable ou pas, jouer de ses contacts pour obtenir une place, c'est du piston, point barre.


Votre désaccord porte surtout sur la connotation plus ou moins péjorative du "piston" (une pure imposture // le simple fait de se faire recommander). Et c'est vrai qu'aujd le mot piston est lié au fait d'être un imposteur, en plus d'avoir bénéficié d'un soutien pour entrer qlq part.

Mais la question qu'on se pose tous avec ce topic dans l'ensemble, c'est :

La capacité à travailler à nouer des contacts, à communiquer, à s'introduire dans le monde de l'édition, est-elle une compétence d'écrivain ? Ou est-ce une compétence de manager ?

Et donc,
1) Est-ce qu'un écrivain doit se plier aux exigences du monde de l'édition, et léchouiller des bottes ; ou tout faire pour rester intègre, même si ça doit lui prendre 10 ans pour être publié sans contacts ?
2) Et inévitablement, autre question : les contacts, les "pistons", etc., sont-ils une atteinte à l'intégrité, ou une part inhérente au job ? (là vraiment y a plein plein de cas de figures, et tout n'est pas toujours sombre)


J'ajouterai un avis perso, lié au fait que je n'aie jamais publié :
- Si un écrivain veut être publié, alors il veut entrer dans une logique commerciale. Donc, se plier aux règles commerciales, en plus des règles littéraires. Donc, accepter que le monde du commerce joue sur sa publication.
- Si un écrivain n'a pas envie de se plier à tout ça, rien ne le force à vouloir être publié. On peut écrire des livres magnifiques et y trouver un sens profond, sans pour autant les vendre. Et si on a quand même envie de partager ses romans à des amis, on peut même les faire fabriquer sans trop de peine... Et esquiver tout le reste.



Encore une fois, je crois que mon point de vue est très lié au fait que je n'aie jamais été publié, donc, pour l'instant, l'écriture a gardé ce côté libre et gratuit chez moi.


Dernière édition par Ranish Kadjah le Dim 28 Juil 2024 - 13:08, édité 1 fois
 
Radischat
   
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Pourquoi se faire des contacts c'est vu directement comme lécher des botte et se plier, ça non plus je comprends pas.
 

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