Voilà qui confirme ce que j'ai toujours pensé. Cette situation est bien triste, pour ne pas dire agaçante. Nombre de livres qui connaissent un succès ne sont pas choisis pour leur qualité, mais parce que leur auteur fait partie du Petit Cercle comme je le nomme. Pour les autres, hé bien il ne reste que les miettes. A nous de vendre quelques-unes de ces miettes en salon et lors des séances de dédicace, en espérant un jour taper dans l'œil d'un membre du Petit Cercle. Comme le dit Caliria, tout est question de moment, de personne et de chance. A right men at the right place, at the right moment comme le dit l'adage. C'est un peu comme gagner au loto. Beaucoup de combinaisons, mais très peu de gagnants...

Hello,
Topic très onteressant.
Pour le coup, je trouve le système de sélection de manuscrit assez incroyable chez Hachette Romans (et je ne dis pas ça parce que j'y suis, juste que j'ai pu poser la question à quasi tous les nouveaux auteurs qui y sont publiés et faire mes stats...) : il y a effectivement peu d'auteurs publiés via la poste (même si il y en a) et quelques uns publiés par le réseau, mais la plupart sont recrutés via Wattpad, démarchés après AE, certains sont pris via les concours (comme moi), d'autres ont été rappelés plus de deux ans après un envoi par la poste qui avait été refusé initialement... Bref un système très variés ou, finalement, le contact n'a pas une si grande importance.

Mais j'ai effectivement l'impression que c'est pas un système si répandu que ça chez les grosses ME

C'est intéressant de savoir que c'est plus efficace de se faire voir sur Wattpad ou en AE que d'envoyer son manuscrit… En gros, ils utilisent Wattpad ou l'AE comme comité de lecture gratuit pour voir ce qui va fonctionner ou pas et être sûrs de leur coup, quoi (en tout cas c'est l'effet que ça me fait).

Slayer a écrit:

Voilà qui confirme ce que j'ai toujours pensé. Cette situation est bien triste, pour ne pas dire agaçante. Nombre de livres qui connaissent un succès ne sont pas choisis pour leur qualité, mais parce que leur auteur fait partie du Petit Cercle comme je le nomme. Pour les autres, hé bien il ne reste que les miettes. A nous de vendre quelques-unes de ces miettes en salon et lors des séances de dédicace, en espérant un jour taper dans l'œil d'un membre du Petit Cercle. Comme le dit Caliria, tout est question de moment, de personne et de chance. A right men at the right place, at the right moment comme le dit l'adage. C'est un peu comme gagner au loto. Beaucoup de combinaisons, mais très peu de gagnants...

Etrangement, je ne partage pas vraiment cette opinion.
Je veux dire... je ne suis ni surprise ni scandalisée.

Un baby-auteur/ une baby-autrice c'est un risque financier, et les ME sont des business.
Lire des milliers de manuscrits prend un temps fou (et donc coûte de l'argent) ; miser sur les valeurs sûres qui rapporteront, c'est la sécurité. Et puis un ou deux créneaux pour les débutants, sur un miracle sait-on jamais. (du coup : pour la pèche aux débutants, faire un concours annuel encadre direct les envois, garantit un certain marketing autour du ou de la lauréat·e, et économise le temps du comité de lecture).

Bref, je ne suis ni surprise ni scandalisée, juste pragmatique, je suppose.

Elopez a écrit:

faire un concours annuel encadre direct les envois, garantit un certain marketing autour du ou de la lauréat·e

Exactement ! Et marketing valable même sur le moyen-terme pour les sorties suivantes (avec dans la bio en quatrième un truc du genre : "Michèle Dupont, lauréate du Prix BiduleChouette en 2018, signe son troisième roman blablabla"). Un petit bandeau rouge autour du bouquin pour attirer l'œil et hop, c'est dans la boîte ! (Ceci dit maintenant il y a des bandeaux rouges pour tout et n'importe quoi et il faut savoir que le cerveau a du mal avec les motifs qui se répète : au bout du troisième, il lâche l'affaire : et j'ai expérimenté ça c'est très étrange : j'ai vu un étal avec que des bouquins à bandeau rouge, j'ai dû me forcer pour remarquer que c'était pas plusieurs exemplaires du même livre. Puis maintenant ils font des bandeaux juste pour écrire "nouveauté !" donc bon... bref c'est un autre sujet.)

Alors en terme de bandeau WTF, le pire que j'ai vu était celui-ci :

OSEF l'auteur, maintenant on promeut le mec qui a optionné le livre ...

C'est quoi "optionner" un livre ?

Prendre une option (le réserver quoi, personne d'autre peut bosser dessus) pour en faire un scénario de film ou série.

Aaaah... Et on promeut ça ?!

Déjà, des bandeaux dans tous les sens, ça m'interroge : est-ce que les ventes sont à ce point en baisse qu'il faut du bandeau ? Ou est-ce qu'on est tellement dans une société de l'événement, que même les livres doivent être vendus comme des perles rares et des occasions à pas manquer ? Mais en plus promouvoir l'option… ça fait genre le livre on s'en fout, y aura un film, c'est mieux ! Lisez le livre du film qui existe pas encore ! C'est… très bizarre.

Bon,

J'étais sur Paname en début de semaine, l'occasion de tirer les vers du nez aux intéressés.

Eh bien tous les témoignages se rejoignent : si tu veux devenir un auteur, sois déjà un auteur. (Dans le monde du cheval on dit "Si tu veux être millionnaire, commence par être milliardaire")

Sont publiés dans les jolies ME des bords de Seine uniquement ceux qui sont "déjà". Quand on creuse un peu, on peut voir des parcours a priori variés : journalisme etc. Mais comme ce que mon premier contact m'avait laissé entendre : il y a 0 places pour les anonymes.

Après, est-ce que les ME plus larges (Hachette...) laissent plus de place aux Wattpadiens, etc. ? Pour des publics plus jeunes, plus orientés RS ? Perso, je pense que oui, mais je n'ai pas plus d'infos.

J'ai parlé un peu des concours (vite fait, hein, je voulais pas monopoliser l'attention) et je n'ai pas eu trop d'infos. Sur le principe, je rejoins ma copine Elo : un concours, ça "cadre" et ça fait parler... Vive les concours ahah.

Chez Delamain, je suis tombée là-dessus :


J'ai feuilleté, parce que je trouvais le titre assez "décalé" (pour rester polie) avec l'idée que je me fais de la collection Blanche de Gallimard. ça et le bandeau Premier Roman... C'était le moment de mettre mes nouveaux savoirs à l'épreuve.

Spoil : "Mon pauvre lapin", c'est un petit mecqueton qui raconte son histoire de jeune blanc privilégié. Sa douleur de ne pas avoir obtenu le permis de conduire du premier coup etc. On souffre avec lui, vraiment (Ou on a envie de l'envoyer récurer des chiottes dans le fin fond du 92, à voir). Je ne peux pas dire que la plume est foncièrement mauvaise tant j'ai vu pire, mais dans les faits, il n'y a rien d'extraordinaire, des "on était" en veux tu, en voilà, etc. J'ai eu le sentiment de lire le journal de n'importe qui. C'est comme la soupe en brique, tu mets un parfum que tout le monde aime et ça glisse tout seul. Sauf que la soupe en brique, ça se sert pas dans les gastronomiques. Quant à savoir pourquoi "Mon pauvre lapin" est passé devant 5999 manuscrits...

Je vous laisse, je vais coucher avec un éditeur et je reviens.

Ça me donne pas envie de le lire. Le ouin-ouin de cismec blanc, ça occupe déjà 90% de la production littéraire nationale... et une place annuelle d'auteur débutant., donc.

Sinon coucher c'est bien, ça détend. Je recommande !  
Si tu peux joindre l'utile à l'agréable, ne te prive pas !  

Leah a écrit:

Je vous laisse, je vais coucher avec un éditeur et je reviens.

Merci beaucoup pour ton enquête en tout cas, c'est super cool que tu partages avec nous ! (Bizarrement, ça me rassure finalement haha, je me dis qu'à l'impossible nul n'est tenu, donc plus de pression !)

Je me suis rappelée d'une connaissance (qui était dans la même classe que moi il y a plus de dix ans, donc très vague connaissance) qui a été effectivement publiée par une de ces grandes ME du quartier latin, en passant par le service manuscrit. Mais, chose marrante, son nom de famille est le même qu'un écrivain célèbre, et l'une des premières questions qu'il lui ont posé c'est si elle était justement la fille de cet écrivain (entre son nom + le fait qu'elle habitait à Paris + l'âge qui collait - je me demande même s'il n'y avait pas autre chose, comme le prénom qui était le même, mais ça date donc plus très sûre - peut-être que cela semblait vraiment probable à la ME). Du coup, maintenant, je me demande si cette confusion n'avait pas grandement aidé son manuscrit à sortir de la pile des anonymes (sans du tout remettre en cause la qualité de sa prose, plutôt dans le sens le petit coup de chance qui ne fait pas de mal à un déjà bon manuscrit qui, sinon, serait peut-être resté sans réponse).

"son nom de famille est le même qu'un écrivain célèbre,"

Ça marche si c'est celui d'une grande marque de prêt à porter, comme le mien?

Un petit Chanel ou Saint-Laurent, ça ne peut pas faire de mal moi je dis.

Pas mal comme pseudo " Saint Laurent de Chanel"!
Ça devrait marcher!
Et si en plus on couche...