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 Rejet du féminisme : causes ?

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Le Chat du Rabbin a écrit:
Et Séléné: en fait ce que tu décris ressemble de loin à ce que les féministes appellent la charge mentale, en fait même quand les tâches ménagères sont reparties dans le couple, on observe que c'est encore à la femme de gérer l'organisation de celles ci, sans quoi l'homme se contente bien souvent de faire bêtement des actions simples sans chercher à voir plus loin que ça, de fait l'inégalité reste constante et la répartition des taches n'est qu'une façade. Si la femme demande à l'homme de s'occuper de la lessive il va faire une lessive et laisser le linge moisir dans le tambour... Le fait que les bacs à linge sale débordent ne semblant pas le préoccuper plus que ça parce qu'il 's'en bat les couilles'. Du coup son aide aura été d'une utilité discutable parce que du coup la responsabilité d'évaluer le nombre de lessives à faire, la nécessité de les organiser dans la semaine, reste à la charge de la femme, ce qui est lourd car elle a le sentiment de penser pour deux. Et d'ailleurs ce n'est pas un sentiment: c'est un fait, elle pense pour tout le monde dans le logis et pour observer ce phénomène dans ma famille j'imagine que c'est un enfer - mais bon, quand tous les gamins et le mari ont l'habitude de compter systématiquement sur la même personne, dur dur de casser ça sans heurts brutaux...
Heu Shocked Qu'est-ce que c'est que ça Shocked C'est un moule pour tous ? :/ J'aurais aussi pu citer Séléné.C et y aller à coup d'anecdotes personnelles moi aussi, et elles seraient allées à l'encontre de ces clichés. Alors oui, "selon des sondages", peut-être que les femmes restent encore celles qui font un maximum de tâches ménagères, sûrement que c'est agaçant et qu'il faut se battre contre ça. Mais personnellement je fais la cuisine, le repassage, la vaisselle, la lessive, les courses, et je fais tout ça bien. Essayez de ménager les gens normaux dans vos discours un peu :/ "Même quand la charge est répartie dans le couple, le mec fait ça mal" : eh bien non.
 
Séléné.C
   
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Séléné.C  /  La femme qui tomba amoureuse de la lune


Je n'ai pas dit que c'était un cas général, ni que tous les problèmes se concentrent au sein des  mêmes couples.
Et heureusement, que ça ne l'est pas.



Et oui, Akë, tu peux citer des anecdotes. Ce ne serait qu'équitable.
J'ajouterai que la femme n'est pas toujours innocente dans l'attitude des hommes.
Quand une femme traite son fils comme un petit trésor précieux et sa fille comme née dans un monde ayant déjà connu le féminisme, elle fabrique le machisme.
Ca n'existe pas ? Vous êtes sûrs ?
Cela aussi, j'en connais. Cela non plus n'est pas universel. Et là aussi, tant mieux.


Excusez. Mais je n'ai pas participé jusqu'ici parce que ce topic me semble typique de ceux où on va devoir se justifier sans arrêt. Je m'en tiens là.
Pensez ce que vous voudrez.


Dernière édition par Séléné.C le Dim 14 Mai 2017 - 14:28, édité 1 fois
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C'est bien pour ça que j'ai cité Le Chat du Rabbin et pas toi. Je ne t'ai évoquée que pour les anecdotes. Sa dernière phrase est clairement une généralité ! [EDIT : enfin la dernière que j'ai citée plutôt Very Happy Niveau anecdotes ben déjà je connais plus de messieurs qui cuisinent que de dames — et ils le font franchement bien !]
 
Mahendra Singh Dhoni
   
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Akëdysséril a écrit:
C'est bien pour ça que j'ai cité Le Chat du Rabbin et pas toi. Je ne t'ai évoquée que pour les anecdotes. Sa dernière phrase est clairement une généralité ! [EDIT : enfin la dernière que j'ai citée plutôt Very Happy Niveau anecdotes ben déjà je connais plus de messieurs qui cuisinent que de dames — et ils le font franchement bien !]


Je comprends mal ta protestation ? Il est évoqué une loi qui part d'un exemple concret...La loi n'en serait pas moins valide sans l'exemple. Du coup ? Personne ne parle de toi, quoi, du coup pourquoi ton immixtion, non en tant qu'interlocuteur, mais sujet social ?
 
Le Chat du Rabbin
   
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Msd Aké parlait à moi inutile de t'en mêler.

Aké: en fait excuse moi, j'aurais du préciser que ce n'était pas forcément une généralité. Mais ça reste un phénomène qu'on observe souvent
 
Kid
   
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Ok on va arrêter les prises à parti et essayer de remettre cette conversation sur les rails de la courtoisie et de la fécondité intellectuelle :flower: :flower: :flower: :flower: :flower:

Merci bisous !!!
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Je crois qu'il y a, sur ce topic, un léger flou dans l'objet du débat: Judie, reprend-moi si je me trompe, mais il me semble qu'en dehors de ton opinion personnelle que tu as évoquée à plusieurs reprise, tu énonçait surtout les raisons du rejet du féminisme, càd ce qui fait peur aux gens qui rejettent le féminisme, sans forcément amener le débat sur: est-ce que ces raisons sont justifiées?
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Le Chat du Rabbin a écrit:
Msd Aké parlait à moi inutile de t'en mêler.

Aké: en fait excuse moi, j'aurais du préciser que ce n'était pas forcément une généralité. Mais ça reste un phénomène qu'on observe souvent


Je ne vois pas ce que ça change.
Si un type te répond dans un espace commun en disant "les arabes ça pue". Je me sens légitime pour questionner ses motivations. Il pourra ensuite m'expliquer qu'il citait Jacques Chirac pour s'en moquer.
 
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Je me suis expliqué par MP avec Le Chat du Rabbin, sachant que personne n'avait de mauvaise intention sur le sujet. Je ne sais pas bien quoi te répondre Mahendra, car je ne comprends pas ton incompréhension, donc je vais essayer de reformuler ça autrement : j'ai vu une généralisation aux hommes dans la formulation du Chat du Rabbin, je suis un homme, j'ai réagi, ça n'allait pas plus loin !
 
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Le Chat du Rabbin a écrit:
Bon je devrais pas utiliser ce compte pour ça mais tant pis: je voulais juste dire que j'ai beaucoup d'admiration pour l'intervention très fine et intelligente de Judie qui répond merveilleusement bien à la question initiale de ce sujet.

C'est très gentil. J'espère pourtant que l'on lira davantage de gens s'opposant au féminisme en bloc. Si rien ne les en dissuade, ils nous donneront leurs raisons sans détours ; sinon, nous sommes réduits à leur imaginer un état d'esprit, pour le combattre ensuite, et rien n'est moins honnête dans une discussion.

Le Chat du Rabbin a écrit:
Le seul point sur lequel je serais en désaccord est peut être la question de la parité que tu ressens comme forcée (à juste titre d'ailleurs). Mais je pense qu'un passage par une phase de parité à marche forcée est nécessaire pour qu'on observe d'ici plusieurs année un véritable changement des mentalités.

Je n'aime pas la parité, ni la discrimination positive en général. J'ai donné mon ressenti tout personnel sur le sujet. Certains féministes sont, à l'inverse, des partisans de la discrimination positive et de la parité, dans l'idée de rétablir l'équilibre de la représentation des sexes. Je ne supporte pas que mon identité sexuelle ait un impact sur ma sélection, positif ou négatif. Que l'on nous laisse démontrer nos capacités sur un pied d'égalité. D'ailleurs, si l'on adopte mon point de vue et que l'on tente d'effacer le nom, le sexe, la photographie, l'âge et l'origine, et d'autres critères simplement non pertinents dans l'évaluation d'un niveau de qualification, chaque fois que la chose est possible, on résout toutes les discriminations susceptibles d'influencer la sélection, non seulement la discrimination des femmes, laquelle est réelle à l'embauche dans le privé (diminution des chances d'être embauchée de 37 % en moyenne), mais aussi des gens suspectés, d'après leur prénom, d'être d'origine étrangère (diminution des chances d'être embauchés de 64 %), des gens jugés trop âgés parce qu'ils ont dépassé la cinquantaine (diminution des chances d'être embauchés de 68 %). Les chiffres sont tirés d'une étude du Conservatoire des inégalités.

Je ne veux ni devoir ma place à mon identité sexuelle, ni à mon nom, ni à mon âge. À mon sens, si les femmes sont choisies non pour leur compétence, mais pour leur sexe, elles représenteront très mal la diversité des sexes dans leurs fonctions. Je ne veux pas non plus que l'on mette en concurrence les soi-disant minorités, en attribuant deux fauteuils aux femmes, deux fauteuils aux handicapés physiques, deux fauteuils aux gens issus de l'immigration nord-africaine et deux fauteuils aux transsexuels, avec, ô miracle !, une handicapée d'origine asiatique, qui nous permet de remplir nos quotas, super ! Si huit femmes sont meilleures, je prends les huit femmes. Si huit individus d'origine étrangère sont meilleurs, je les prends sans m'attarder sur leur aspect physique et leur religion, pourvu qu'ils soient compétents, parlent la langue en laquelle ils vont travailler, maîtrisent leurs sujets. Si une handicapée est la plus compétente, j'aménage en conséquence le lieu de travail, dans la mesure du nécessaire. Et si huit hommes blancs sont les plus compétents, je les prends, selon mon principe de sélection dans lequel le nom, le sexe, l'âge, l'origine et caetera n'apparaissent pas sur le dossier. C'est l'égalité dans l'accès à l'éducation qu'il faut travailler, de mon point de vue, et non la distribution de laissez-passez, qui renforcent l'inefficacité d'un service et, surtout, tendent à admettre une incapacité de la femme, de l'immigré, de l'homme âgé, à se hisser au niveau de qualification requis. Bref, la visibilité de la femme dans certaines sphères ne vaut pas, pour moi, le refus d'un combat loyal. On n'est jamais fière d'un succès seulement à moitié mérité.

Pasiphae a écrit:
Judie, j'ai l'impression que mise à part la première cause que tu analyses et qui est très répandue (sur-médiatisation des mouvements les plus extrêmes, et qui vivent justement de et pour cette sur-médiatisation), tu ne parles au fond que de détails, très peu représentatifs des causes profondes du rejet, mis à part dans de tout petits cercles universitaires (et j'ai même l'impression que tu parles des justifications a posteriori que se donnent les gens qui rejettent le féminisme dans ces milieux, plus que des causes réelles, inavouables).

Je ne peux pas m'opposer à une impression, mais la mienne est différente. J'ai beaucoup plus rencontré de gens sachant distinguer les mouvements spectaculaires du fond du féministe, et refusant tout échange en public sur le sujet, à cause de l'agressivité d'un certain nombre d'interlocuteurs (la troisième cause),  que de gens se limitant à la condamnation desdits mouvements spectaculaires (la première cause). Critiquer les Femen n'est pas rare, et pourtant tous les critiques sont loin d'être d'ardents défenseurs de l'inégalité salariale et de l'excision. Leur rejet du féminisme est donc le fruit d'une généralisation, mais sans qu'elle les empêche de partager d'autres aspects du féminisme.

Enfin le rejet du féminisme est, davantage encore, en tout cas dans ma propre expérience, une réaction face à l'intrusion d'une doctrine dans la sphère privée, qui prétend transformer les habitudes sociales les plus quotidiennes, jusqu'à réformer les mentalités. J'ai entendu un bon nombre de réflexions, du je cuisine si je veux !, au on est libre chez soi, quand même !, et jusqu'à des remarques sur les rapports souhaités de domination dans les pratiques sexuelles. C'est pourquoi j'évoquais le bio-pouvoir. Foucault met en avant la transformation du vieux pouvoir juridique, à la fin du dix-huitième, en bio-pouvoir. Le vieux pouvoir juridique n'étendait pas son emprise sur le gouvernement des masses biologiques, ni sur la sphère intime. En mutant, le pouvoir rentre dans la sphère intime, et même mentale. À la loi succède la norme et au châtiment succède le contrôle. On a compris la pertinence du concept foucaldien du bio-pouvoir sur la bourgeoisie du dix-neuvième et du vingtième, en étudiant ses comportements les plus privés. Après une phase de libération, non seulement sexuelle, il y aurait une tentation d'édicter un nouveau discours normatif féministe, et d'exercer un contrôle social féministe, en fliquant les pensées et les arrières-pensées, et les comportements les plus privés. Je pense que cette forme de rejet du féminisme (ma cinquième cause) est également beaucoup plus profonde et répandue que ne l'est le rejet d'un mouvement très spectaculaire et médiatisé, car cet aspect du féminisme menace beaucoup plus les habitudes sociales qu'un coup ponctuel.

Pasiphae a écrit:
(enfin, peut-être que ton dernier point est intéressant aussi, même si je l'aurais formulé sans passer par la psychanalyse : même les féministes ont des habitudes de pensée, des représentations, dont il est douloureux de s'extirper)

Je m'y intéresse en particulier. Il touche à l'écriture et, de la Parque de Valéry jusqu'à l'Hérodiade de Mallarmé, en passant par Hadaly chez Villiers, j'aime étudier les visages de l'idéal féminin. Je les suspecte d'être une clef dans la hiérarchisation des valeurs, dans la représentation du monde et des rôles sociaux.

Je ne vois pas où j'ai suggéré qu'il n'y avait ni habitudes de pensée, ni représentations carcérales chez les féministes. Je ne le pense pas non plus, d'ailleurs.

Mâra a écrit:
Je crois qu'il y a, sur ce topic, un léger flou dans l'objet du débat: Judie, reprend-moi si je me trompe, mais il me semble qu'en dehors de ton opinion personnelle que tu as évoquée à plusieurs reprise, tu énonçait surtout les raisons du rejet du féminisme, càd ce qui fait peur aux gens qui rejettent le féminisme, sans forcément amener le débat sur: est-ce que ces raisons sont justifiées?

J'ai lu tout le débat avant d'y participer. Je suis d'accord : il y a un flou sur le sujet. Le message initial ne demande pas spécialement de défendre le féminisme. Il part du principe qu'il y a accord sur la dignité de la femme et invite à s'interroger sur les raisons du rejet du féminisme, en dépit de cet accord. C'est ce que j'ai voulu faire, en invitant très peu ma conception du féminisme, et en laissant toute la place aux motifs du rejet qu'il peut susciter.

Comme je l'ai dit, j'estime qu'il y a de l'intérêt à examiner les raisons de ce rejet, pour réfléchir sur notre conception du féminisme et répondre aux blocages. Certains motifs de rejet découlent très clairement d'une généralisation, d'une erreur de raisonnement, de la perpétuation d'une habitude ; en revanche, à mon sens, certaines critiques sont très intéressantes. J'ai tenté d'en tirer ce qui pouvait servir.
 
Mahendra Singh Dhoni
   
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Judie a écrit:

Je n'aime pas la parité, ni la discrimination positive en général. J'ai donné mon ressenti tout personnel sur le sujet. Certains féministes sont, à l'inverse, des partisans de la discrimination positive et de la parité, dans l'idée de rétablir l'équilibre de la représentation des sexes. Je ne supporte pas que mon identité sexuelle ait un impact sur ma sélection, positif ou négatif.  etc etc etc

C'est un argument de "bon-sens". Comme s'il y avait un égalité, là, flottant dans l'air et dont nous pouvions nous saisir. La discrimination positive c'est reconnaître, justement, que l'égalité est un idéal et pas une réalité présente ; que par conséquent nous devons, dans ce présent non-idéal, mettre en place des ajustements. Il est évident que -dans la plupart des cas- un noir est parti de plus loin qu'un blanc. A subi le racisme, le soupçon, a du faire davantage pour que sa compétence soit reconnue à l'égale de celle d'un blanc. Ca ne veut pas dire qu'il n'existe pas des noirs privilégiés socialement et des blancs issus de CSP- ayant du fournir des efforts surhumains. La loi, hélas, ne peut pas traiter les situations extrêmement particulières, et c'est cruel, et ça donne un sentiment d'injustice. Il s'agit de la même chose en matière de parité, il faut corriger là où on peut corriger. Ce qui n'est pas, évidemment, un renoncement à la suppression des causes de cette inégalité. Mais soyons un peu juste quoi. Et cessons de parler d'un monde qui n'existe pas, où les compétences sont les mêmes pour tous et tous sont partis du même point (et il ne s'agit pas ici de discuter les différences de QI sur lesquelles l'institution ne peut rien ; seulement appréhender finement les critères de sélection et les différencier lorsque les situations sont différentes).

Ce qui est paradoxal c'est l'exemple que tu cites...La parité permet de forcer l'employeur tant que les causes ne sont pas résolues. Et oui, peut-être qu'une femme un peu moins compétente qu'un homme sera recrutée. Et c'est n'est pas une tragédie. On ne me fera par ailleurs pas croire que seules 5% des femmes sont capables d'occuper les postes de dirigeantes. Qu'ici une loi paritaire permettrait l'expression de toutes les qualités d'un individu. Qu'il ne faut pas sous-estimer le poids des représentations, lorsque le masculin est neutre, lorsque le masculin occupe certaines places dont les femmes sont privées ; une auto-censure se met en place (il n'y a qu'à voir la selection des cursus dans le supérieur) et cette même règle s'est longtemps appliquée aux racisés qui partaient toujours du principe "qu'ils ne pouvaient pas". Ne sous-estimons pas en tout les causes sociales et l'impact des représentations. Cessons de nous penser esprit pur libre de toute détermination ; nous interagissons en permanence avec notre environnement et celui nous agit, nous change. 

Et toujours tu appréhendes Foucault bizarrement. Est-ce que tu l'as lu ? Je le dis vraiment sans aucune malice. La libération sexuelle dont tu parles, Foucault explique pendant tout le premier tome d'histoire de la sexualité qu'elle n'a pas eu lieu de la même façon que "l'époque victorienne" n'a pas été une censure de la pulsion. Il montre que ce sont les discours du pouvoir sur le sexe qui module la conception que se font les individus de la sexualité ; que l'on en a TOUJOURS parlé fut-ce pour prétendre n'en pas parler. 
Pareil sur le bio-pouvoir tu en proposes une lecture limitée qui omet, toujours, la notion de pouvoir. Qui doit passer nécessairement par une institution légitime.ée. Qu'il s'agisse de l'Eglise ou de l'Etat, qui aboutit, comme tu le dis à une discipline des corps et des pratiques. Ce que Foucault appelle la subjectivation politique ; la façon dont l'individu se détermine politiquement dans un espace social en répétant le discours du pouvoir "nous sommes un Etat jeune en pleine constitution ; nous ne sommes pas prêts pour la démocratie" qui règne par exemple dans les Etats du Golfe auxquels toute une jeune génération d'anthropologues fr consacrent leurs études.


Le problème, encore une fois, c'est que tu ne conçois le discours féministe que hors-sol. Pas du tout inscrit dans un contexte global. Ton opinion du bio-pouvoir le démontre bien, tu le traites comme le discours institué ; alors qu'il s'agit d'un contre-discours ; d'une volonté de concurrencer le discours hégémonique. a partir de ce point là nous pourrions discuter. S'agit-il de le subvertir pour occuper à sa place la position hégémonique ? Ou bien s'agit-il d'une modalité des luttes sociales qui doivent, par nécessité, intensifier le bruit de leur lutte sans quoi elle est inaudible et cantonnée aux laboratoires de quelques excentriques ? 

Et bien entendu qu'il y a des individus fanatisés, plus capables de répondre autrement que par des termes cristallisés. Des mots qui "jugent" et qui "excluent". Ceux-là ne sont représentants de rien, symptôme de tout. Mais ne diffèrent en rien de tous ceux qui armés de leurs gros bons sens promènent leurs représentations dans la vie de tous les jours. Causant des dommages bien plus importants, puisqu'ils sont la majorité. Mais il faut toujours illustrer s'il faut éclaircir. Ce sont ceux qui disent que la femme est ceci et l'homme cela. Que les taches sont réparties afin de convenir aux propriétés physiques de chacun. Qu'être mère c'est inné. Tous ceux répétant sans cesse "c'est comme ça" ou bien mieux "quand même". 

Tu as une lecture...très peu orthodoxe de Foucault. Je te conseille cet article https://methodos.revues.org/131 (l'intérêt de cet article est de donner une grande lisibilité au concept de bio-pouvoir puisqu'il confronte la conception qu'en font deux auteurs ; la vision disons restreinte et modernite de Foucault et celle extensive et intemporelle d'Agamben ; ce donne donc par ce mouvement dialectique une facilité de lecture)


Dernière édition par Mahendra Singh Dhoni le Dim 14 Mai 2017 - 17:31, édité 1 fois
 
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Citation :
Enfin le rejet du féminisme est, davantage encore, en tout cas dans ma propre expérience, une réaction face à l'intrusion d'une doctrine dans la sphère privée, qui prétend transformer les habitudes sociales les plus quotidiennes, jusqu'à réformer les mentalités. J

Je ne pense pas que le concept de "biopouvoir" soit très pertinent ici: le biopouvoir désigne des techniques de pouvoir s'appliquant aux corps biologiques et à la vie; je ne vois pas trop en quoi le féminisme pourrait être lié à ça.

Je pense que le féminisme génère plutôt, en plus d'un projet politique, une idéologie, c'est à dire un ensemble de croyances et valeurs, qui effectivement valorisent certains comportements dans la sphère privée et de fait poussent les gens à les adopter.

Le point aveugle de la dénonciation du féminisme comme "idéologie" c'est qu'elle masque le fait que le patriarcat est une idéologie, l'idéologie dominante, et que la "sphère privée" est déjà pleine de cette idéologie. Celle-ci est seulement moins imperceptible parce qu'elle est dominante. (voir les analyses très connues de Gramci sur l'idéologie)

Ce pourquoi les concepts de "totalitarisme" ou "biopouvoir" au sens large - pouvoir s'exerçant sur la sphère privée, sont en l’occurrence problématiques, dans la mesure où ils font croire qu'il existerait naturellement un état  neutre, pré-idéologique, naturel et bon, de la sphère privée, que l'idéologie féministe envahirait.

Il est plus juste de dire qu'une idéologie en remplace une autre, ce que personne ne conteste.


Dernière édition par Holopherne le Dim 14 Mai 2017 - 17:00, édité 1 fois
 
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Je comprends très bien l'argument de fierté de Judie. En tant que fille, si je réussis quelque-part, je veux savoir que c'est parce que je le mérite, mais alors entièrement, pas qu'on m'a fait une fleur pour compenser une inégalité (quand bien même c'est moi qui subit l'inégalité). Comment être fière de soi, sinon? Et comment demander à d'autres d'être fiers de nous?
Par contre j'ai conscience que je devrai, dans la société actuelle, fournir des efforts supérieurs. C'est pourquoi j'apprécie l'idée du CV neutre. Ca me semble une meilleure solution. Même si cela n'est pas toujours applicable.
Il n'y a pas de solution parfaite mais, bien qu'il soit encore et encore très énervant de constater les énormes inégalités de représentation des hommes et des femmes, j'en tape cinq à Judie pour sa conception de l'honneur et je la partage avec elle.
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edit : ce topic est tellement actif qu'on ne sait plus à qui on répond ; je m'adressais à Judie

Je ne disais pas que tu n'avais pas suggéré qu'il y ait des habitudes de pensée chez les féministes, mais que ce que tu formalisais de manière psychanalytique correspondait à ce que moi j'appelle représentations (et qui passent effectivement en partie par la littérature, les arts, l'Histoire). Je vois certains parents féministes essayer par exemple de choisir pour leurs jeunes enfants des livres dans lesquels les rôles genrés ne sont pas "traditionnels". Et c'est ce que j'essaie de faire, à mon niveau, lorsque je forme les corpus de textes à faire étudier à mes élèves. Nous étudions les 1001 nuits avec ma classe de 5e : c'est génial ! Shéhérazade se distingue par son intelligence et sa culture savante, Morgiane, dans Ali Baba, est la véritable héroïne du conte grâce à sa ruse... Cela nous permet d'aborder à la fois les motifs traditionnels et leur détournement.

(je réponds dans le désordre)

Nos impressions divergent peut-être parce que nous ne parlons pas des mêmes milieux sociaux. Dans ma famille, le féminisme contemporain se résume (à peu près) aux Femen ; ils connaissent un peu les mouvements féministes qui ont permis d'obtenir le droit de vote des femmes au XXe siècle, et fantasment un âge d'or du féminisme (raisonnable, qui ne se battait pas pour des vétilles). Aborder le féminisme avec eux, c'est se heurter à des résistances vraiment primaires, spontanées ; ils ne se figurent même pas ce dont tu parles comme d'une intrusion dans la sphère privée.
Donc nous ne pouvons pas discuter de ça puisque nous ne parlons pas des mêmes publics.

(Et je ne pense pas que le féminisme dispose aujourd'hui d'assez de pouvoir pour prétendre s'immiscer dans la vie privée des couples et des familles ; à la rigueur, certaines femmes peuvent peut-être s'appuyer sur des parutions / des arguments féministes, du fait de leur légitimité, pour revendiquer un meilleur partage des tâches dans leur couple, mais ces choses ne sont pas imposées de l'extérieur, elles sont plutôt utilisées et revendiquées par un élément du couple – ce qui peut agacer les hommes !)
 
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Il serait très intéressant de comparer nos visions du féminisme avec le milieu dans lequel nous évoluons, l'éducation de nos parents, celle qu'ils nous ont transmise, la situation de nos proches...
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 Rejet du féminisme : causes ?

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