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 Rejet du féminisme : causes ?

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Lo.mel
   
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Lo.mel  /  Troll hunter un jour, troll hunter toujours


Peut-être que pour mieux entrer en empathie avec cette cause, quand on est un homme, il faut faire le parallèle avec une cause qui nous concerne directement.

En tant que jeune de province rurale bossant (avec des classes vraiment laborieuses) pour trois sous dans une PME d'un secteur sinistré complètement dépendante des politiques publiques, quand un(e) journaliste parisien(ne) bourgeois(e) vient m'expliquer pourquoi Macron est formidable/"moins pire" et que je devrais voter pour lui en s'indignant à la haine des médias, ça me donne des envies de meurtre, des envies de le tirer par l'oreille et de lui dire "passe une année dans ma vie, dans leur vie et quand tu auras pris du plomb dans la tête, on en reparlera, coco" .

Donc oui, effectivement, sur la situation des femmes, c'est aux femmes de trancher.
Fermer le dialogue à coup de "tu es un homme", c'est pas terrible, frustrant, peut-être contre productif, mais on n'a pas forcément le temps, l'énergie ni l'envie de toujours se justifier. Il ne faut pas retourner le problème.


Dernière édition par Lo.mel le Sam 13 Mai 2017 - 22:32, édité 1 fois
 
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Invité  /  Invité


C'est donc bien une histoire de domination au final. Je ne croyais pas à cet argument là, je le trouvais trop basique, mais une des raisons du rejet du féminisme est peut-être simplement un refus de laisser le crachoir, pour une fois.
 
Deuxdetens
   
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Deuxdetens  /  Barge de Radetzky


Intéressant exercice Mâra, cela dit pour l'Homme je vois vraiment l'espèce, un truc tout poilu quoi Very Happy, mais sinon pour le reste je vois le truc oui. N'étant pas représentatif, des études bien renseignées m'intéresseraient quand même plus.

Sinon Fabre je crois comprendre la domination intrinsèque à celui qui émet le discours, peu importe comment, même si je déplore cette mise à l'écart de fait (parce que, et je crois l'avoir vu passer, si on s'engage c'est un peu faire preuve de masochisme, ce qui n'est guère attrayant) regrettable d'un point de vue purement stratégique (puisque ça ne facilite pas le recrutement (des hommes s'entend, ça je peux le dire sans dominer)). Mais donc voilà, comme Lo.mel.

Vite fait sur un point au dessus, me semble que la parité obligatoire n'est pas une fin en soi mais plus un moyen de rééquilibrage le temps que les représentations changent et qu'on laisse faire à nouveau. (l'éventuelle frustration n'étant que temporaire) (par contre, égalité des chances Laughing )
 
Silence écrit
   
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Silence écrit  /  Péril 666


Deuxdetens a écrit:
Autre remarque, dans les langues où il existe un pronom neutre séparé, est-ce que cela s'est traduit par des effets tangibles sur la question ?

Oui. Il y a quelques années, des statistiques ont été faites sur les langues plus ou moins genrées. Il s'est avéré que, dans les entreprises internationales à langues peu genrées (celles où existent un pronom neutre par exemple, comme l'anglais), une large part des chefs d'entreprise et des cadres supérieurs, jusqu'à 50%, étaient des femmes. Dans les langues très genrées (comme l'espagnol ou le français), cette proportion est réduite à moins de 5%.

Oui, ce combat aussi a son importance.
http://silenceecrit.wordpress.com
 
Judie
   
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Judie  /  Pippin le Bref


Bonjour !

C'est toujours intéressant de s'interroger sur les motivations du rejet d'un corpus d'idées que l'on défend de bon cœur. Soit tout n'est pas à jeter dans les critiques, si bien que l'on peut perfectionner notre approche, en réfléchissant sur les failles, soit l'on met le doigt sur le blocage de l'autre, et l'on découvre, en adoptant son point de vue un bref instant, pourquoi ce qui va de soi pour nous semble en contradiction avec les valeurs de l'autre.

Je passe en revue les formes prises par le rejet du féminisme, en me basant sur ma propre expérience. La première est un sentiment de répulsion, de l'ordre de l'instinctif, ressenti devant les spectacles de l'excès, joués au nom du féminisme. En février 2013, quand huit militantes féministes s'étaient écrié Plus de pape ! et Nous croyons en l'homosexualité ! dans Notre-Dame en découvrant leurs seins, cet instinct de rejet s'est exprimé. Certains se sont montrés solidaires des vigiles, qui furent condamnés pour leur intervention, d'autres se scandalisaient de la dégradation des dorures d'une cloche et du choix du lieu. Dans l'esprit des moindres connaisseurs du féminisme, en considérant les spectacles semblables à celui-ci, la réduction du féminisme à un seul mouvement sectaire, exhibitionniste et intolérant se fait sans doute assez vite.

J'ai aussi entendu une dénonciation de l'hypocrisie féministe, en lien avec le thème de la concurrence victimaire. On dresse un portrait de l'oppresseur, le mâle blanc, riche et beau, qui incarne le patriarcat colonialiste, et voilà qu'un homme dont la peau n'est pas blanche est l'auteur d'une agression contre une femme, et qu'il n'est pas dénoncé comme un agresseur ! Ce rejet-là s'est bien vu lors des agressions sexuelles du Nouvel An 2016, à Cologne et dans onze autres villes d'Allemagne. Des voix ont dit que l'on tentait de minimiser les faits, pour ne pas sembler remettre en question le portrait du méchant, qu'il y avait là une tolérance impardonnable. Je me souviens du tweet de Clémentine Autain : entre avril et sept 1945, environ 2 millions d'Allemandes ont été violées par des soldats. la faute à l'islam ? Le féminisme est apparu comme un mouvement idéologique en faveur de la destruction du mâle blanc, riche et beau, mais pas sans doute en faveur de la femme, et prêt à toutes les compromissions, tous les aveuglements sur la réalité, pour retenir la distribution des rôles susdite.

Un troisième rejet tient dans le refus de l'échange doctrinal, les conversations sur le terrain de la doctrine entraînant de la brouille et de l'agressivité. Je me souviens, à la faculté, d'avoir rencontré des gens qui fuyaient devant tout échange sur les sujets dits sociétaux, parmi lesquels le féminisme et le mariage pour tous. Je me souviens d'avoir fui moi-même, à l'occasion. Il faut avoir vraiment confiance en son cercle de discussion, pour penser que l'on pourra aborder le sujet tranquillement, développer son argumentaire et sa démonstration, écouter le discours de l'autre et tirer de tout cela un bienfait, pour finalement se dire, en rentrant chez soi, cela n'a pas été du temps perdu ! Si les gens se refusent à en parler, parce qu'ils craignent, peut-être à raison, de voir leur discours simplifié, caricaturé, sinon criminalisé, ils n'en forment pas pour cela un gang de frotteurs du métro ; on trouve un tel rejet chez les hommes, mais aussi chez les femmes.

Dans un certain milieu, une quatrième forme de rejet du féminisme est dépendante d'une vision des sciences humaines. J'ai une amie historienne : elle m'expliquait qu'il y avait une désapprobation devant l'évolution des gender studies. Michelle Perrot, une pionnière dans l'écriture de l'histoire des femmes, se désole ainsi devant le militantisme empreignant le travail de l'historien, la culture de l'entre-soi des historiennes se faisant dénonciatrices, sur un mode anachronique. Mon amie, qui avait tenté de m'apprendre le grec, malheureusement sans succès, m'avait rapporté qu'une étudiante entendait faire un mémoire sur l'usage du mot grec signifiant divinité, au lieu de déesse, dans la poésie homérique, afin d'en tirer la conséquence d'une neutralisation du féminin. En réalité, l'hexamètre dactylique est inadapté pour porter l'alternance de brèves et de longues du mot déesse, et l'usage de divinité vient d'un souci purement rythmique. Ce qui dérangeait mon amie dans l'attitude de sa condisciple, en fin de compte, était une forme d'escroquerie intellectuelle : l'idéologue cherche de l'eau à apporter à son moulin, le chercheur honnête est en quête du moulin. Cette forme de rejet n'est pas, sans doute, très répandue dans la société.

Une cinquième forme de rejet tient à la lassitude éprouvée par une partie du public devant un féminisme intrusif, voire inquisiteur, qui vient scruter les pensées et les arrières-pensées, les catalogue et les criminalise, entend donner des leçons de conduite en matière de tâches ménagères, de vie de couple et de pratiques sexuelles. Le rejet du féminisme est aussi fondé sur l'inquiétude de la traque, qui poursuit la domination masculine en s'introduisant dans la maison, dans la cuisine, dans la chambre, dans la tête et les mentalités. J'ai même entendu, sur ce point-là, une assimilation du féminisme au totalitarisme, en tant qu'il réduit la sphère privée et se comporte comme un nouveau mode d'expression du bio-pouvoir (Foucault). Je pense que ce rejet-là doit susciter une véritable interrogation de la part des féministes sur leur méthode. Il y a une charge psychologique à ne pas nier d'un coup de menton. Je suis féministe et je ne veux pas que l'on m'impose une représentation de l'homme, de la femme, de leur rapport, ni de quoi que ce soit. Changer la mentalité d'un autre est un objectif louable en certaines circonstances, mais si l'on ne prend pas garde à la frontière avec le bourrage de crâne, on n'est pas féministe, en tout cas à mes yeux. Où se trouve la frontière ? Il s'agit d'une vraie question.

Une sixième forme de rejet tient au refus de la discrimination positive et de la parité. Certains se figurent le féminisme comme une défense acharnée de la discrimination positive et de la parité. Il n'en est rien, d'après moi : je suis féministe et je suis opposée à ces deux injonctions. Je comprends l'idée de la visibilité du féminin dans l'espace public, mais l'idée de choisir, par exemple en vue d'occuper un poste gouvernemental, une femme parce qu'elle est une femme et non seulement pour sa compétence m'a toujours semblé tout à la fois stupide et insultante. Ce n'est pas parce que je suis féministe que j'ai voté Nathalie Artaud ou Marine Le Pen : d'autres critères semblaient plus importants, qui m'ont dirigée vers d'autres candidats. Que l'on me choisisse en raison de mon sexe afin de me donner un quelconque poste, et je me fais un devoir de le refuser, parce que je ne crois pas que le sens de l'honneur doive être réservé aux hommes, et qu'il faille ainsi mendier sa place en brandissant son identité sexuelle en étendard. Ce rejet prend donc pour objet des aspects d'un certain féminisme, mais si l'on considère la diversité du mouvement féministe, il devient une généralisation abusive.

Enfin, la dernière forme de rejet que je souhaite évoquer réside dans un tréfonds psychologique : il s'agit de la constitution de l'anima au sens de Jung, qui compense la psyché masculine en introduisant un ensemble de tendances, se cristallisant sans doute dans une figure de la féminité, dans un idéal féminin. Je pense qu'il peut s'agir d'une chose précieuse et qui inspire les poètes. Toutefois, si l'idéal féminin n'est pas viable, en tant qu'idéal, il reste un étalon de la féminité en chaque homme, de la même manière que l'idéal masculin demeure un étalon de la virilité en chaque femme. Il se peut, si cette formation psychique est, qu'elle entre en contradiction frontale avec la redistribution féministe des rôles sociaux, qui impacte l'univers mental, d'où une forme de rejet, viscéral et intellectuel, comme si la figure idéale, empreinte de rêve et de beauté, se trouvait tout d'un coup menacée de dissolution.

Je ne sais pas si j'ai bien cerné toutes les causes du rejet du féminisme. S'il y a des contempteurs du féminisme et qu'ils ne craignent pas de participer, peut-être pourront-ils s'atteler à nuancer mon exercice de ventriloquie, même si j'avoue y avoir mis toute ma concentration.

Désolée du pavé.


Dernière édition par Judie le Dim 14 Mai 2017 - 0:54, édité 1 fois
 
Joyo
   
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Joyo  /  Hé ! Makarénine


@FABRE. La discrimination ou les inéquités envers un groupe sont une chose.
Ça ne fait pas des autres groupes des privilégiés, tout au plus des non discriminés.
Le plus souvent, il s'agit de groupes avantagés en moyenne. Le terme "privilégiés" est très accusatif.
Je remarque que tu as omis la situation sociale. Est-ce qu'une personne logée doit être considérée comme privilégiée par rapport à un SDF ?
Tu auras sans doute parmi ces SDF des hommes blancs hétéros valides et cisgenres (ce sont tes termes). Va leur expliquer qu'ils sont privilégiés. Tu pourras notamment leur parler des émirs de l'Arabie Saoudite ou des milliardaires chinois, forcément discriminés  puisque non européens.
Je suis sévère, excuse-moi, mais j'assiste à des mouvements réactionnaires de plus en plus populaires qui se basent sur les excès culpabilisants du politiquement correct. De plus, je suis beaucoup plus critique envers l'humanité qu'envers un groupe, notamment ethnique comme tu l'as fait.

LO.MEL. Je comprends ton agacement, mais tu parles ici d'un journaliste parisianiste qui chercher à forcer ta conscience électorale. Quid d'un journaliste à l'écoute de tes problèmes, même s'il ne les connait pas au quotidien ?
Sommes-nous toujours les mieux à même pour parler de nos problèmes ? Ne risque-t-on pas de manquer de recul ? J'apprécie parfois certains reportages sur la France faits par des étrangers.

SILENCE. Tu as les sources ? Je suis sceptique. Et attention au paradoxe de Simpson.
En quoi le fait que table soit féminin et tabouret masculin rend sexiste ? Surtout qu'en anglais ce sont les choses qui sont neutres. Ils n'existent pas de pronom mixte pour désigner un individu qqs son sexe, l'anglais dans ce cas-là utilise le masculin neutre he. De plus, sans être expert, j'ai entendu que la majorité des langues n'étaient pas genrées, en particulier dans des zones très "traditionnelles" au sens machiste du terme, et dont beaucoup parlent anglais. Le lien de cause à effet me semble bizarre. Existe-t-il une différence entre le Québec et le Canada anglophone ? L'Amérique Latine a la réputation d'être plus machiste, mais est-ce dû à la langue ? On pourrait dire aussi que dans les régions où on parle russe il fait plus froid et que cette langue est donc glaciale. Le genre des mots est un débat intéressant. Je doute toutefois que ce soit la panacée. Les langues sont sexistes car les sociétés sont sexistes, mais je ne crois pas qu'elles aient fait le sexisme.

Je vous souhaite à toutes et tous un excellent dimanche.
 
Mâra
   
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Joyo, je ne pense pas que le terme de "privilégié" soit si incorrect. Mécaniquement, lorsqu'un élément est désavantagé, l'autre est avantagé par rapport à lui. Les avantages, les privilèges, c'est la même chose. Lorsqu'on écarte un candidat, on en privilégie un autre. D'un point de vue sémantique, ce vocabulaire me semble correct.
Néanmoins je te rejoins sur une culpabilisation assez néfaste. Même si ce n'est pas le propos théorique du féminisme (on enjoint plutôt les hommes à se rendre compte de leur situation privilégiée, ce qui ne signifie pas automatiquement s'en vouloir de), dans les faits le discours sonne facilement accusatif et engendre, de façon épidermique, des réactions négatives.
https://www.stopennui.net
 
Joyo
   
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@MÂRA. Même si je vois où tu veux en venir, je distingue les avantages des privilèges.

@JUDIE. Franchement, j'ai lu ton pavé avec plaisir. Tu as souvent exprimé ce que j'avais en tête alors que j'avais du mal à trouver les mots adéquats. On pourrait bien sûr ajouter une huitième forme que serait le rejet pur et simple par les hommes sexistes et par certaines femmes qui se complaisent dans un rôle de dominées protégées.

Cette fois, je vous souhaite pour de bon un excellent dimanche à toutes et à tous.
 
Kid
   
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Franchement le système est créé pour avantager les hommes parce qu'ils sont des hommes, ça fait d'eux des privilégiés, pas des avantagés. Leurs avantages ne sont pas fortuits.
http://jackspirou.wordpress.com/
 
Don Rumata
   
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Don Rumata  /  Fiancée roide


Judie a écrit:
Bonjour !

C'est toujours intéressant de s'interroger sur les motivations du rejet d'un corpus d'idées que l'on défend de bon cœur. Soit tout n'est pas à jeter dans les critiques, si bien que l'on peut perfectionner notre approche, en réfléchissant sur les failles, soit l'on met le doigt sur le blocage de l'autre, et l'on découvre, en adoptant son point de vue un bref instant, pourquoi ce qui va de soi pour nous semble en contradiction avec les valeurs de l'autre.

Je passe en revue les formes prises par le rejet du féminisme, en me basant sur ma propre expérience. La première est un sentiment de répulsion, de l'ordre de l'instinctif, ressenti devant les spectacles de l'excès, joués au nom du féminisme. En février 2013, quand huit militantes féministes s'étaient écrié Plus de pape ! et Nous croyons en l'homosexualité ! dans Notre-Dame en découvrant leurs seins, cet instinct de rejet s'est exprimé. Certains se sont montrés solidaires des vigiles, qui furent condamnés pour leur intervention, d'autres se scandalisaient de la dégradation des dorures d'une cloche et du choix du lieu. Dans l'esprit des moindres connaisseurs du féminisme, en considérant les spectacles semblables à celui-ci, la réduction du féminisme à un seul mouvement sectaire, exhibitionniste et intolérant se fait sans doute assez vite.

J'ai aussi entendu une dénonciation de l'hypocrisie féministe, en lien avec le thème de la concurrence victimaire. On dresse un portrait de l'oppresseur, le mâle blanc, riche et beau, qui incarne le patriarcat colonialiste, et voilà qu'un homme dont la peau n'est pas blanche est l'auteur d'une agression contre une femme, et qu'il n'est pas dénoncé comme un agresseur ! Ce rejet-là s'est bien vu lors des agressions sexuelles du Nouvel An 2016, à Cologne et dans onze autres villes d'Allemagne. Des voix ont dit que l'on tentait de minimiser les faits, pour ne pas sembler remettre en question le portrait du méchant, qu'il y avait là une tolérance impardonnable. Je me souviens du tweet de Clémentine Autain : entre avril et sept 1945, environ 2 millions d'Allemandes ont été violées par des soldats. la faute à l'islam ? Le féminisme est apparu comme un mouvement idéologique en faveur de la destruction du mâle blanc, riche et beau, mais pas sans doute en faveur de la femme, et prêt à toutes les compromissions, tous les aveuglements sur la réalité, pour retenir la distribution des rôles susdite.

Un troisième rejet tient dans le refus de l'échange doctrinal, les conversations sur le terrain de la doctrine entraînant de la brouille et de l'agressivité. Je me souviens, à la faculté, d'avoir rencontré des gens qui fuyaient devant tout échange sur les sujets dits sociétaux, parmi lesquels le féminisme et le mariage pour tous. Je me souviens d'avoir fui moi-même, à l'occasion. Il faut avoir vraiment confiance en son cercle de discussion, pour penser que l'on pourra aborder le sujet tranquillement, développer son argumentaire et sa démonstration, écouter le discours de l'autre et tirer de tout cela un bienfait, pour finalement se dire, en rentrant chez soi, cela n'a pas été du temps perdu ! Si les gens se refusent à en parler, parce qu'ils craignent, peut-être à raison, de voir leur discours simplifié, caricaturé, sinon criminalisé, ils n'en forment pas pour cela un gang de frotteurs du métro ; on trouve un tel rejet chez les hommes, mais aussi chez les femmes.

Dans un certain milieu, une quatrième forme de rejet du féminisme est dépendante d'une vision des sciences humaines. J'ai une amie historienne : elle m'expliquait qu'il y avait une désapprobation devant l'évolution des gender studies. Michelle Perrot, une pionnière dans l'écriture de l'histoire des femmes, se désole ainsi devant le militantisme empreignant le travail de l'historien, la culture de l'entre-soi des historiennes se faisant dénonciatrices, sur un mode anachronique. Mon amie, qui avait tenté de m'apprendre le grec, malheureusement sans succès, m'avait rapporté qu'une étudiante entendait faire un mémoire sur l'usage du mot grec signifiant divinité, au lieu de déesse, dans la poésie homérique, afin d'en tirer la conséquence d'une neutralisation du féminin. En réalité, l'hexamètre dactylique est inadapté pour porter l'alternance de brèves et de longues du mot déesse, et l'usage de divinité vient d'un souci purement rythmique. Ce qui dérangeait mon amie dans l'attitude de sa condisciple, en fin de compte, était une forme d'escroquerie intellectuelle : l'idéologue cherche de l'eau à apporter à son moulin, le chercheur honnête est en quête du moulin. Cette forme de rejet n'est pas, sans doute, très répandue dans la société.

Une cinquième forme de rejet tient à la lassitude éprouvée par une partie du public devant un féminisme intrusif, voire inquisiteur, qui vient scruter les pensées et les arrières-pensées, les catalogue et les criminalise, entend donner des leçons de conduite en matière de tâches ménagères, de vie de couple et de pratiques sexuelles. Le rejet du féminisme est aussi fondé sur l'inquiétude de la traque, qui poursuit la domination masculine en s'introduisant dans la maison, dans la cuisine, dans la chambre, dans la tête et les mentalités. J'ai même entendu, sur ce point-là, une assimilation du féminisme au totalitarisme, en tant qu'il réduit la sphère privée et se comporte comme un nouveau mode d'expression du bio-pouvoir (Foucault). Je pense que ce rejet-là doit susciter une véritable interrogation de la part des féministes sur leur méthode. Il y a une charge psychologique à ne pas nier d'un coup de menton. Je suis féministe et je ne veux pas que l'on m'impose une représentation de l'homme, de la femme, de leur rapport, ni de quoi que ce soit. Changer la mentalité d'un autre est un objectif louable en certaines circonstances, mais si l'on ne prend pas garde à la frontière avec le bourrage de crâne, on n'est pas féministe, en tout cas à mes yeux. Où se trouve la frontière ? Il s'agit d'une vraie question.

Une sixième forme de rejet tient au refus de la discrimination positive et de la parité. Certains se figurent le féminisme comme une défense acharnée de la discrimination positive et de la parité. Il n'en est rien, d'après moi : je suis féministe et je suis opposée à ces deux injonctions. Je comprends l'idée de la visibilité du féminin dans l'espace public, mais l'idée de choisir, par exemple en vue d'occuper un poste gouvernemental, une femme parce qu'elle est une femme et non seulement pour sa compétence m'a toujours semblé tout à la fois stupide et insultante. Ce n'est pas parce que je suis féministe que j'ai voté Nathalie Artaud ou Marine Le Pen : d'autres critères semblaient plus importants, qui m'ont dirigée vers d'autres candidats. Que l'on me choisisse en raison de mon sexe afin de me donner un quelconque poste, et je me fais un devoir de le refuser, parce que je ne crois pas que le sens de l'honneur doive être réservé aux hommes, et qu'il faille ainsi mendier sa place en brandissant son identité sexuelle en étendard. Ce rejet prend donc pour objet des aspects d'un certain féminisme, mais si l'on considère la diversité du mouvement féministe, il devient une généralisation abusive.

Enfin, la dernière forme de rejet que je souhaite évoquer réside dans un tréfonds psychologique : il s'agit de la constitution de l'anima au sens de Jung, qui compense la psyché masculine en introduisant un ensemble de tendances, se cristallisant sans doute dans une figure de la féminité, dans un idéal féminin. Je pense qu'il peut s'agir d'une chose précieuse et qui inspire les poètes. Toutefois, si l'idéal féminin n'est pas viable, en tant qu'idéal, il reste un étalon de la féminité en chaque homme, de la même manière que l'idéal masculin demeure un étalon de la virilité en chaque femme. Il se peut, si cette formation psychique est, qu'elle entre en contradiction frontale avec la redistribution féministe des rôles sociaux, qui impacte l'univers mental, d'où une forme de rejet, viscéral et intellectuel, comme si la figure idéale, empreinte de rêve et de beauté, se trouvait tout d'un coup menacée de dissolution.

Je ne sais pas si j'ai bien cerné toutes les causes du rejet du féminisme. S'il y a des contempteurs du féminisme et qu'ils ne craignent pas de participer, peut-être pourront-ils s'atteler à nuancer mon exercice de ventriloquie, même si j'avoue y avoir mis toute ma concentration.

Désolée du pavé.

Ce thread est hallucinant merci JE pour ce moment
 
Séléné.C
   
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Séléné.C  /  La femme qui tomba amoureuse de la lune


Tout comme Joyo, je me retrouve tout à fait dans tes explications.
Tout cela n'est pas évident à formuler clairement, mais tu y arrives très bien.
Smile


Je me considère comme féministe, bien que j'aie horreur des mouvements féministes qu'on voit à la télé ou ailleurs.
Le fameux "partage des tâches" était, à mes yeux, bien plus équitable quand l'homme aidait au ménage en déplaçant les meubles, sortant la poubelle, réparant l'évier et éventuellement, allait à la boulangerie pour combler le quart d'heure avant heure du repas.
En allant voir une amie mère célibataire, un jour, j'ai vu son fils aîné refuser de sortir la poubelle pendant qu'elle s'occupait du petit frère. Parce que "j'suis pas une femme". Elle travaille à plein temps, et encore en rentrant chez elle.
Au collège, j'ai eu des cours d'Education Manuelle et Technique. Moitié de l'année pour apprendre la cuisine et la couture. Autre moitié pour le travail du bois et du métal. Ces cours étaient autrefois répartis par sexe. Au temps où les écoles n'étaient pas mixtes (pour raison de morale), nous n'aurions eu qu'une moitié du programme. Cependant nos profs étaient un homme ET une femme. OK, c'était il y a 30 ans. Il n'en reste pas moins qu'en 2 heures par semaines, nous n'avons pas beaucoup approfondi tout cela, et que nous n'avions pas tous un complément à la maison (loin de là). Autrefois, chacun recevait ce qui avait le plus de chances de lui servir plus tard. C'était sexiste, mais cela offrait plus qu'une vague initiation. De nos jours, le secteur tertiaire s'étant développé, ainsi que la mécanisation, la force est utile pour beaucoup moins de professions, et les ouvre aux femmes. C'est un progrès féministe, mais cela ouvre aussi la voie aux doubles journées de travail.
Et ce n'est même pas toujours de la mauvaise volonté de la part des hommes. Je connais un gars célibataire qui ne sait pas cuisiner (enfin... il le fait de façon très spéciale), et n'a appris qu'à 38 ans que le poisson surgelé ne se range pas à côté des sardines sur l'étagère. C'est un cas extrême, je le reconnais, et on ne peut pas l'accuser de laisser la cuisine à sa femme mais sa double journée ne comporte pas les enfants, c'est déjà ça.
Dans les divorces, c'est souvent la femme qui reçoit la garde, et l'homme les visites le WE, moment où il ne travaille pas. L'expression autrefois employé pour dire qu'un homme se mariait "se mettre la corde au cou", n'est pas périmée. La différence c'est qu'il peut s'en libérer aisément. Surtout dans le cas de couples libres (non mariés).
La "libération de la femme" n'est finalement qu'un leurre. Elle s'est exécutée plus dans les faits que dans les esprits.
Je déteste me faire belle, et encore plus me conformer à la mode, mais ce n'est pas par féminisme. Plutôt par paresse ou parce que je ne vois pas l'intérêt de nier ce que je suis "en vrai", juste pour être plus féminine. Et les hommes ? Qu'on ne me dise pas qu'ils cherchent jamais, à s'habiller à la mode ou se faire des muscles ou épater les filles. C'est pareil... Je peux trouver cela beau à regarder, je déteste que ce soit fait dans le but d'avoir l'air plus viril.
Voilà... Je n'ai pas l'habileté de Judie, mais voilà pourquoi j'approuve son speach. Smile
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Mahendra Singh Dhoni
   
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Ce qui est bien avec les gens comme Judie c'est qu'ils ne questionnent pas du tout leur ressenti. Qu'ils n'inscrivent pas du tout dans un cadre plus général ce qu'ils abhorrent. Qu'ils choisissent des faits, les purifient de ce qui dérange, et vous les ressortent tout fidèle à l'intention originelle. Genre on appelle ça l'idéologie. Exemple frappant ? "Le féminisme est apparu comme un mouvement idéologique en faveur de la destruction du mâle blanc, riche et beau, mais pas sans doute en faveur de la femme, et prêt à toutes les compromissions, tous les aveuglements sur la réalité, pour retenir la distribution des rôles susdite. " Parce qu'à ça lol. Juste "lol". A quel moment cette affirmation est démontrée ? Jamais. On se contente de prélever dans l'actualité un fait et son traitement politico-médiatique POUR DISQUALIFIER TOUT UN COURANT AVEC SA DIVERSITE SES TENSIONS SES CHANGEMENTS. Mais lol. Ca le fait, toujours, sous l'air de la démonstration. Mais un connecteur logique ne fait pas la logique.
CE sont les mêmes qui disaient "que la gay pride quand même". Qui ne comprennent finalement rien à une lutte politique, avec ses excès, ses ratés mais aussi sa nécessité. 


De la même façon, l'exemple en passant concernant les sciences sociales qui se mâtineraient "d'idéologie féministe". Et réveille toi, ça a toujours été le cas. Et toujours été dénoncé de la même façon par des personnes extérieurs à l'Université (ou par les vieux, marqués par un autre idéologie et ne comprennent pas la survenance d'une nouvelle, bah oui LANCIENNE IDEOLOGIE CETAIT LA SCIENCE). L'Université parce qu'elle est une institution fait place à des idéologies rivales, toujours l'une triomphe. Le paradigme marxiste a conditionné les sciences sociales en France, il n'était pas plus vrai qu'un autre, il a gagné politiquement. La science est une idéologie est une comme une autre (relativisation de notre relativisme comme le dirait Latour) ; il y a toujours un aspect politique à la recherche ; ce n'est pas parce qu'il y a des procédures que ce sera moins le cas (tu vois on arrête de dire "ethno-sciences" aujourd'hui pour les sociétés différentes des nôtres ; et de la même façon que le scientifique pense le neutrinos par abduction ; l'autre loin là-bas pense Gaïa de la même manière). 

Idéologique la science ? Masculine la science ?  Enfin ! Bizarre que longtemps, le clitoris fut l'objet de si peu d'investigations scientifiques. Mais ce n'est pas politique, hein. Ce n'est pas parce que le modèle dominant était celui de l'homme. On cherchait le moulin anatomique sûrement et il n'avait pas sa place sur un vagin. Faut pas déconner.

Et tu éviteras d'utiliser Foucault n'importe comment. 


Tu ne poses de questions que rhétoriques, en fait tout ton pavé est rhétorique, insidueux, dégueulasse. Avec l'air de la rigueur scientifique, tu balances un ramassis d'idéologie pas pensée. D'un truc "après-coup". Putain mais ramener OKLM le bio-pouvoir de Foucault ici c'est incroyable. 



La dernière forme de rejet on pourrait l'appeler le "rejet WTF" ou essentialiste. 



Pour en finir très vite. Les luttes sociales ne se passent pas à l'heure du thé, en se passant le sucre. Il y a des moments de violence qui sont les préalables à la discussion. Que vous le vouliez ou non, on ne devient un interlocuteur du pouvoir (celui qui exerce le bio-pouvoir mobilisé n'importe comment tout à l'heure ; parce que oui pour qu'il y ait bio-pouvoir il faut d'abord qu'il y ait pouvoir) que lorsqu'on est capable d'instaurer un rapport de force. A l'heure du thé, c'est mignon, on hochera la tête et on se saluera d'une poignée de main bien sincère. Puis...rien. Pour subvertir l'ordre institué, PARCE QUIL SAGIT DUN ORDRE, il faut bien donner toute son étendue à ce mot là : subvertir. Alors désolé, si parfois ça décoiffe un peu. Désolé si Rosa Parks a refusé de céder sa place à un blanc et que ce refus a conduit à des violences. Alors qu'il y avait l'heure du thé.


 

En amont le partage se situe entre ceux qui sont prêts à froidement remettre en cause leurs préjugés et ceux qui ne le sont pas. Les seconds produisent des justifications a posteriori "il n'y a qu'une humanité" "vos termes de cis machin chouette sont réducteurs" "d'ailleurs si vous pouviez vous révolter un peu sagement". Ceux qui ne comprennent pas ce que signifie le terme de "privilégié" qui est justement la jouissance sans contrepartie, sans formulation, d'un avantage non-justifié. Comme le disait Figaro de la seule peine que l'on s'est donné à naître.


Dernière édition par Mahendra Singh Dhoni le Dim 14 Mai 2017 - 13:49, édité 2 fois
 
Pasiphae
   
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edit : je réponds à un post de Joyo page précédente

Il y a une grosse confusion si on croit que le féminisme a pour but de défendre le steak des femmes. La non-mixité, le fait qu'une femme soit plus légitime à parler de son vécu... ne renvoient pas à ça, ce sont des méthodes de lutte (qu'on peut approuver ou non).

Quant aux féminismes universalistes, je m'en méfie ; ils sont trop héritiers des Lumières et de leur volonté de colonisation des pensées. L'horizon des féminismes qui me parlent est en effet ce que tu appelles individualisme (la possibilité pour un individu de s'auto-déterminer, de faire ses choix, quelles que soient ses appartenances genrées, ethniques, sociales...), mais pour renverser des dynamiques d'oppression / d'inégalité, on est bien obligé d'abord de se reconnaître dans le groupe des opprimés. Pour donner un exemple outrancier, et que j'avais déjà utilisé, j'aurai beau jeu de dire que je ne me reconnais pas dans un genre, aussi longtemps que les gens dans la rue me mettront des mains aux fesses ; je suis obligée de lutter en tant que femme, si je veux renverser les choses.

Pour la question des auteurs : il existe suffisamment d'autrices de qualité pour qu'on fasse un tout petit peu de discrimination positive.
Et si tu as le luxe de ne pas te demander le sexe de l'auteur d'un article, Joyo, c'est parce que tu es un homme. Je te renvoie à la BD de Mirion Malle que j'ai postée. Même mes élèves (filles) de 6e se rendent très bien compte du fait qu'on étudie plus d'auteurs que d'autrices (et pourtant je fais des efforts) (évidemment les garçons ne s'en rendent pas compte, il est plus difficile de s'apercevoir d'un privilège que d'une injustice)

double edit : quant à l'Histoire, si elle contient plus de noms d'hommes, ce n'est pas parce qu'objectivement ils auraient eu plus d'importance, mais bien parce qu'elle a été écrite par des hommes, avec leurs valeurs. Dans une société matriarcale, on pourrait très bien imaginer d'écrire une histoire via les progrès liés à l'accouchement, à la cuisine ou à la couture. Si ces choses nous semblent dérisoires et peu dignes de figurer dans un livre d'histoire (je caricature puisque la micro-histoire et l'histoire des idées se sont attelées à des sujets "peu nobles" depuis un certain temps), c'est bien parce qu'on a toujours survalorisé la guerre / le pouvoir (etc) qui étaient les pôles masculins de la société. Pourtant, on ne peut pas nier que les femmes vivaient, créaient, expérimentaient autour de leur pôle, peu médiatisé, peu valorisé, mais qu'on pourrait très bien considérer comme ayant plus d'importance que l'histoire des guerres

triple edit : j'avais écouté sur France Culture une historienne de l'accouchement, justement. Et l'écouter m'a enlevé pas mal d'oeillères. L'accouchement est structurant de la société, aussi bien que le pouvoir en place. Et je n'ose imaginer le nombre de sujets qu'aujourd'hui des historiennes (et quelques historiens) débroussaillent pour nous faire comprendre des sociétés autrement que par l'Histoire-événement planplan qu'on apprenait à l'école, sur nos jolies frises bien masculines


Dernière édition par Pasiphae le Dim 14 Mai 2017 - 13:49, édité 2 fois
 
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Bon je devrais pas utiliser ce compte pour ça mais tant pis: je voulais juste dire que j'ai beaucoup d'admiration pour l'intervention très fine et intelligente de Judie qui répond merveilleusement bien à la question initiale de ce sujet.

Le seul point sur lequel je serais en désaccord est peut être la question de la parité que tu ressens comme forcée (à juste titre d'ailleurs). Mais je pense qu'un passage par une phase de parité à marche forcée est nécessaire pour qu'on observe d'ici plusieurs année un véritable changement des mentalités.

Et Séléné: en fait ce que tu décris ressemble de loin à ce que les féministes appellent la charge mentale, en fait même quand les tâches ménagères sont reparties dans le couple, on observe que c'est encore à la femme de gérer l'organisation de celles ci, sans quoi l'homme se contente bien souvent de faire bêtement des actions simples sans chercher à voir plus loin que ça, de fait l'inégalité reste constante et la répartition des taches n'est qu'une façade. Si la femme demande à l'homme de s'occuper de la lessive il va faire une lessive et laisser le linge moisir dans le tambour... Le fait que les bacs à linge sale débordent ne semblant pas le préoccuper plus que ça parce qu'il 's'en bat les couilles'. Du coup son aide aura été d'une utilité discutable parce que du coup la responsabilité d'évaluer le nombre de lessives à faire, la nécessité de les organiser dans la semaine, reste à la charge de la femme, ce qui est lourd car elle a le sentiment de penser pour deux. Et d'ailleurs ce n'est pas un sentiment: c'est un fait, elle pense pour tout le monde dans le logis.
 
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Judie, j'ai l'impression que mise à part la première cause que tu analyses et qui est très répandue (sur-médiatisation des mouvements les plus extrêmes, et qui vivent justement de et pour cette sur-médiatisation), tu ne parles au fond que de détails, très peu représentatifs des causes profondes du rejet, mis à part dans de tout petits cercles universitaires (et j'ai même l'impression que tu parles des justifications a posteriori que se donnent les gens qui rejettent le féminisme dans ces milieux, plus que des causes réelles, inavouables). (enfin, peut-être que ton dernier point est intéressant aussi, même si je l'aurais formulé sans passer par la psychanalyse : même les féministes ont des habitudes de pensée, des représentations, dont il est douloureux de s'extirper)
 

 Rejet du féminisme : causes ?

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