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| | | Invité / Invité Mar 14 Fév 2017 - 17:18 | |
| - Pandémonium a écrit:
- Amuleto de Bolano. Et ohlala, quel plaisir de retrouver cette écriture é_è Simple, puissante, poétique, viscérale, arrachée à l'instant et tout à la fois déterrée de l'éternité, c'est tout ce que j'aime !
J'ai dernièrement relu, dans 2666 la partie des critiques ainsi que celle d'Amalfitano, quelque chose du tremblement mais à la fois tout assumé. C'est tout de même quelque chose que cette écriture. Des larmes de sourire. - Tim a écrit:
- J'attaque enfin un livre de Rodrigo Fresan, avec Les Jardins de Kensington. Après 100 pages, je serais bien incapable de résumer succinctement de quoi il est question, mais ce qui est sûr c'est que c'est drôlement bien.
Je ne sais pas comment me positionner vis à vis de Fresan. Autant la première partie de Mantra m'avait fortement enthousiasmée pour son côté pop foutraque, autant le bouquin m'est tombé des mains par la suite, sans que je ne sache véritablement pourquoi, comme assommée par une certaine de boucle, d'inertie désagréable. Une trop grande volonté de structurer son roman selon tel ou tel prétexte, que l'on retrouve également chez Vila-Matas, je trouve. Qu'en est il de ses autres écrits ? |
| | Nombre de messages : 6963 Âge : 37 Date d'inscription : 03/01/2010 | Lo.mel / Troll hunter un jour, troll hunter toujours Mar 14 Fév 2017 - 17:27 | |
| - Panique a écrit:
- Qu'en est il de ses autres écrits ?
Pour ceux que j'ai lu. Les jardins de Kensington, bien que très moderne, est beaucoup plus classique dans sa manière de mener le récit. Moins osé donc, mais plus posé, et très noir. J'en garde un excellent souvenir malgré des ficelles et des facilités qui sautent aux yeux. Vies de Saints est très très dense et pas forcément facile à suivre, et morcelé puisque ce sont des nouvelles à cohérence assez vague. Au cœur de chaque nouvelle, le fil est ténu, on digresse très vite et on s'y perd si on ne fait pas un effort d'attention. Mais il reste génial, dans le foisonnement d'idées au moins, et il est moins clivant sur la forme. Il faut quand même fournir un certain effort pour le lire. Comme toi étrangement, Mantra m'a un peu fait chier par moments. Même si l'idée d'un Mexico tumoral et littéraire me plaît beaucoup. Mais la forme du récit fait que je n'ai jamais su m'y immerger, et que j'ai souffert. Pour la partie centrale essentiellement, comme toi. Avec à l'arrivée, un "Ah ok" plus qu'autre chose. Mais ma lecture date déjà de quelques années.
Dernière édition par Lo.mel le Mar 14 Fév 2017 - 18:16, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 3363 Âge : 33 Date d'inscription : 31/10/2008 | Hobbes / Attention : chat méchant Mar 14 Fév 2017 - 18:04 | |
| Je passe une tête rapide après trois mois d'absence ici mais j'aimerais dire du bien de Mantra, à mon avis le meilleur — pas forcément le plus réussi : tout au moins le plus fort et le plus dense, peut-être aussi le moins systématique — bouquin de Fresán. La Vitesse des choses, le seul qui, je pense, puisse lui faire un peu d'ombre en termes d'envergure, manque puissamment de finition même si le geste y est plus fascinant. Je ne sais pas. J'ai peut-être tendance à « croire » davantage en Mantra parce qu'il présente davantage de signes du « grand livre » : une certaine forme de compacité, de tension vers l'exhaustivité, le monument, le texte-monstre et l'encyclopédisme. Le reste de ses romans et/ou de ses recueils — je crois que j'ai plus ou moins tout lu — se développe de manière plus anecdotique et moins délibérément formidable. Quant à savoir si c'est un vrai critère de qualité, no lo sé.
J'essaierai de faire le point sur tous les trucs qui me sont passés entre les mains plus tard, même rapidement, histoire d'avoir une trace si j'y repense un jour et que je veux compulser des notes auxquelles je ne comprends plus grand-chose. Ça m'évitera de ne pas savoir ce que j'ai lu après trois mois, comme d'habitude quand je ne prends pas le temps d'écrire un tant soit peu dessus. |
| | Nombre de messages : 5732 Âge : 35 Localisation : Oxfordshire Pensée du jour : Oui, je connais cette théorie. Date d'inscription : 23/12/2007 | Tim / Morceau de musique survitaminé Mar 14 Fév 2017 - 18:41 | |
| Pour le coup, je n'aurais pas du tout dit des Jardins de Kensington qu'il avait une structure beaucoup plus classique. Au contraire, c'est aussi pour ça que j'aurais du mal à expliquer succinctement selon il est question, après 150 pages et des allers-retours sur des thèmes et des personnages diverses, de la narration et du récit à la 1ère personne, je n'en suis pas encore à dégager distinctement ce qui est le coeur du bouquin. Les thèmes, oui, ils sont évidents ; mais la structure et là où elle veut nous mener directement, nope. Et donc sinon, ça me plaît.
(Ecrire cela me rappelle ma lecture du Dieu des petits rien, d'Arundhati Roy ; qui pour le coup est le bouquin le plus déstructuré temporellement que j'ai pu lire.) |
| | Nombre de messages : 6963 Âge : 37 Date d'inscription : 03/01/2010 | Lo.mel / Troll hunter un jour, troll hunter toujours Mar 14 Fév 2017 - 20:31 | |
| J'ai parlé comparativement à Mantra |
| | Nombre de messages : 1509 Âge : 30 Localisation : entre deux fleuves Pensée du jour : “Dure, afin de pouvoir encore mieux aimer un jour ce que tes mains d'autrefois n'avaient fait qu'effleurer sous l'olivier trop jeune.” Date d'inscription : 01/10/2010 | Roman russe / Roland curieux Mar 14 Fév 2017 - 20:45 | |
| - Tim a écrit:
- (Ecrire cela me rappelle ma lecture du Dieu des petits rien, d'Arundhati Roy ; qui pour le coup est le bouquin le plus déstructuré temporellement que j'ai pu lire.)
Ça vaut le coup, Le Dieu des Petits Riens, tiens, puisque t'en parles et que j'y pense ? Il traîne chez oim depuis deux ans et je sais pas trop s'il faut que je me lance dedans ou pas — je n'aime pas ne pas finir un livre. J'avais emprunté à la bibliothèque pour un projet Tantôt dièse, tantôt bémol (Tagore), Chanter bouche close (Tudor Arghezi), Les quatre murs de ma souffrance (Aleksander Wat), et La lampe de la discorde (Abdo Wazen) chez La Différence... pas du tout pour les lire... ou alors juste quelques extraits. Devinez quoi ? je vais les garder plus longtemps pour les lire tout entier tant tout a l'air superbe. |
| | | Invité / Invité Jeu 16 Fév 2017 - 0:11 | |
| Je relis Gagner la Guerre de Jaworski. - Citation :
- Je suis allergique aux enterrements. Ça peut sembler bizarre, compte tenu de mon fonds de commerce, mais c'est ainsi. J'ai mes raisons. Tuer et inhumer, c'est deux activités très différentes. Buter un quidam, pour un affranchi, c'est gratifiant. Ça demande un minimum de cœur au ventre, ça nécessite un vrais sens du contact, c'est un peu sale, c'est rapide, c'est payant : bref c'est une réelle expérience humaine, directe et sans complications. Enterrer le même quidam, par contre, quelle corvée ! C'est codifié, grégaire, faux cul, interminable. Ça sublime toutes les vicissitudes du banquet de mariage, en noir et sans le pince-fesse. La douleur sincère de quelques naïfs copule d'obscène avec les larmes obligées du plus grand nombre.
- Citation :
- Pour le nettoyage, il n'y a pas mieux que six milliers de beaux soudards en chausses rayées et barbutes d'acier. On vous rafraîchit le pays avec enthousiasme et méthode. Bien sûr, du point de vue du bourgeois qui ne s'est jamais frotté aux dures réalités de l'existence, c'est un peu bruyant. Mais pour le connaisseur, c'est de la belle ouvrage, exécutée avec coeur et sans cruauté inutile. On chauffe un peu les anciens pour les convaincre de cracher le magot, et puis on abrège leur vieillesse et son long cortège de misères. On se délasse avec les filles qui nous tombent sous le gantelet et puis, pour leur épargner les désillusions sur l'inconstance masculine, on les poinçonne vite fait sur leur lit de délices. Pour que la fête soit plus belle, on décore les arbres et les balcons avec leurs frères, leurs fiancés et leurs maris, le cou joliment cravaté de chanvre. On traite les petits enfants comme de gentils chatons : on les noie au fond des puits, histoire que les renfrognés qui auraient ratés le bal finissent empoisonnés par les eaux putrides. Et quand tout est dit, on vous illumine ce banquet de grands feux de joie qui pétillent gaiement sur les horizons.
- Citation :
- De façon très angoissante, je me sentais démasqué : parce qu’elle avait fouiné dans mon passé, mais surtout parce qu’elle avait réussi à réveiller le mioche triste que j’avais essayé d’oublier. Résister à la pression quand vous êtes un cador, c’est une chose ; tenir le choc quand on vous jette à la gueule vos chagrins d’enfance, c’est une autre paire de manches. Elle était en train de me donner l’assaut, la virago, mais pas sur le terrain où je l’attendais. Elle cherchait à fendre l’armure. Elle arrachait la cuirasse pour se frayer une voie au cœur. Elle tentait de briser l’homme pour faire parler le môme.
Bref, on aime ou on aime pas, mais la fantasy, c'est de la littérature. Suffit de chercher. |
| | Nombre de messages : 7925 Âge : 86 Date d'inscription : 21/11/2014 | Pangolin / Très premier degré Jeu 16 Fév 2017 - 1:20 | |
| Le problème à trois corps, Liu Cixin. - Pitch a écrit:
- En pleine Révolution Culturelle, le pouvoir chinois construit une base militaire secrète destinée à abriter un programme de recherche de potentielles civilisations extraterrestres. Ye Wenjie, une jeune astrophysicienne en cours de « rééducation », parvient à envoyer dans l’espace un message contenant des informations sur la civilisation humaine. Le signal est intercepté par les Trisolariens, qui s’apprêtent à abandonner leur planète-mère, située à quatre années-lumière de la Terre et menacée d’un effondrement gravitationnel provoqué par les mouvements chaotiques des trois soleils de son système. En raison de la distance, Ye Wenjie met près de huit ans à recevoir la réponse des Trisolariens. Elle tient désormais entre ses mains rien de moins que le destin de l’espèce humaine.
Trois corps, comme les trois soleils du monde des Trisolariens (difficile d'abréger en Triso pour le coup), d'ailleurs c'est une trilogie et le premier tome a reçu le prix Hugo 2015 du meilleur roman SF. Bon j'ai la flemme d'aller chercher un extrait mais c'est un peu naze, pas tant l'histoire que l'écriture. Dans mon souvenir le dernier prix Hugo que j'avais lu c'était Robert Charles Wilson et je me dis que c'est chaud de passer de Spin aux Trisolariens, mais c'était un cadeau, et puis aussi j'avais besoin de reprendre ma respiration entre deux chapitres d'Ulysse. Je lui mets donc 3/10. |
| | Nombre de messages : 5732 Âge : 35 Localisation : Oxfordshire Pensée du jour : Oui, je connais cette théorie. Date d'inscription : 23/12/2007 | Tim / Morceau de musique survitaminé Jeu 16 Fév 2017 - 1:50 | |
| - Roman russe a écrit:
Ça vaut le coup, Le Dieu des Petits Riens, tiens, puisque t'en parles et que j'y pense ? Il traîne chez oim depuis deux ans et je sais pas trop s'il faut que je me lance dedans ou pas — je n'aime pas ne pas finir un livre. Pour le souvenir que j'en ai, je dirais oui, totalement ; tant d'un point de vue littéraire, donc, pour la structure du récit, que d'un point de vue culturel, pour le récit des castes qui est fait. |
| | Nombre de messages : 2296 Âge : 29 Pensée du jour : Homo Homini Caleportus. Date d'inscription : 28/06/2010 | Raven / ☠ Corps ☠ Beau ☠ Blond ☠ Jeu 16 Fév 2017 - 11:02 | |
| - Pangolin a écrit:
- […] Bon j'ai la flemme d'aller chercher un extrait mais c'est un peu naze, pas tant l'histoire que l'écriture. Dans mon souvenir le dernier prix Hugo que j'avais lu c'était Robert Charles Wilson et je me dis que c'est chaud de passer de Spin aux Trisolariens, […]
Je lui mets donc 3/10. Moyen de faire passer ça sur le compte de la traduction française ? Ça peut pas être si pourri en anglais, s'ils en ont fait un prix Hugo, quand même. Pour le coup, je l'ai qui traîne quelque part, je vais peut-être le feuilleter. |
| | Nombre de messages : 4379 Âge : 30 Pensée du jour : SUR JE DEPUIS 10 ANS C'EST LA FÊTE Date d'inscription : 03/12/2007 | Kid / Un talent FOU Jeu 16 Fév 2017 - 11:09 | |
| La Salle 101 avait un avis assez négatif sur ce livre aussi. Pour ce que ça vaut ! |
| | Nombre de messages : 2166 Âge : 31 Date d'inscription : 29/05/2013 | plouf / Crime et boniment Ven 17 Fév 2017 - 17:40 | |
| liberté sans paroles de Paz. c´est tres beau ! d´ailleurs je prends toute littérature mexicaine que lón me recommendrait |
| | Nombre de messages : 6963 Âge : 37 Date d'inscription : 03/01/2010 | Lo.mel / Troll hunter un jour, troll hunter toujours Ven 24 Fév 2017 - 11:11 | |
| Le mépris était très bien.
On nous offre pour une fois un personnage féminin ciselé au comportement singulier pour un thème aussi classique : un homme qui cherche à conquérir ou reconquérir un amour. On pose la question de la psychologie de la femme qui fuit, on passe plus superficiellement sur celle, maintes fois traitée, de l'homme éperdu. L'homme dévoué fait un récit dévoué.
C'est finalement une longue enquête que mène le narrateur pour comprendre les raisons du mépris que lui voue sa femme, autrefois amoureuse. Il finira par y trouver des débuts de réponses, disons une réponse ouverte, mais on aura touché au but, on aura progressé au fil de cette longue interrogation, de ces tentatives d'extorquer une explication à cette femme qui, finalement, subit une situation qu'elle ne comprend pas tout à fait. Le mépris, d'accord. Mais pourquoi ?
Avant le dénouement, l'explicite, le narrateur nous offre inconsciemment tout ce qu'il faut pour comprendre. C'est en ça que la démarche est policière. Comment a-t-on tué l'amour ?
Les petites références au cinéma, l'illustration de la dépendance, la condition subalterne de l'homme qui crée, à travers ce jeune homme scénariste par contrainte alimentaire, sont les bienvenues. Moravia semble tenté par une forme légère d'autofiction.
Il y a plus flagrant : les références plus ou moins explicites à la mythologie grecque, de l'interprétation partisane de l'Odyssée par un personnage acquis à la psychanalyse, à l'épisode d'une traversée de grotte en barque avec un spectre, un souvenir, une hallucination, clin d’œil très appuyé à Orphée et Eurydice.
C'est habile parce qu'on ne se contente pas de ces clins d'oeil, on les tourne subtilement en dérision, on les met en abîme, on les critique à travers les personnages et leur débat sur la pertinence d'une interprétation psychologique de la mythologie. Il y a du recul dans cette œuvre par ces deux procédés : réponses partielles / ouvertes et autocritique. Au final, le roman est grand et humble.
La fin exprime une volonté de transcendance, où le narrateur admet écrire dans une démarche de dialogue, de justification, de bilan, rendue impossible d'une autre manière par un dénouement en forme d'impasse.
Pour les amateurs du genre au moins. Ce livre devrait vous surprendre. |
| | Nombre de messages : 5732 Âge : 35 Localisation : Oxfordshire Pensée du jour : Oui, je connais cette théorie. Date d'inscription : 23/12/2007 | Tim / Morceau de musique survitaminé Ven 24 Fév 2017 - 23:46 | |
| C'est parti pour La Maison des Feuilles, on se retrouve dans 6 mois. |
| | Nombre de messages : 969 Âge : 31 Pensée du jour : That's all ; I don't even think of you that often. Date d'inscription : 18/04/2009 | About / Aboutd'souffle Dim 26 Fév 2017 - 20:54 | |
| L'Arc-en-ciel de la gravité. Une histoire de pénis turgescent et de bombardements. Heureux comme un petit fou de rouvrir un bouquin de Pynchon, à mes yeux génie sans équivalent. J'avais refermé Fonds perdus (incroyable bouquin) il y a deux ans, depuis plus rien, de crainte d'être mentalement trop pris pour réussir à suivre, sur 1000 pages, un fil narratif que j'imaginais d'avance éparpillé à l'extrême. (Sachez que depuis que j'ai transhumé à Paris, je lisais surtout dans le métro.) Bref, jusqu'ici, pas de déception. Toujours cet univers burlesque, ce foisonnement descriptif, et cette même patte, fabuleuse, entrecoupée d'oralité, d'argot et de toutes sortes de jargons. La grosse éclate. |
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