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| Ecriture, liberté, procrastination et perfectionnisme | |
| | Nombre de messages : 6963 Âge : 37 Date d'inscription : 03/01/2010 | Lo.mel / Troll hunter un jour, troll hunter toujours Lun 6 Sep 2010 - 11:27 | |
| Combien sommes-nous ici, à aimer écrire, à avoir entamé des projets qui nous emballent - je pense notamment aux romans - sans jamais les avoir achevé ? Les raisons sont multiples, mais je pense que j'ai ma petite théorie, qui doit concerner une partie des découragés chroniques. Je suis procrastinateur. C'est assez grave, dans mon cas. Je veux dire par là que, à 23 ans par exemple, je n'ai toujours pas mon permis de conduire : A vrai dire, je trouve toujours de bonnes raisons pour repousser l'échéance (peur de l'echec ?) du genre : "mon stage me prends trop de temps", où "j'ai d'autres priorités"... De même, pour trouver un stage, je suis toujours le dernier. Je mets du temps à m'y mettre. Bref c'est assez handicapant. Une théorie associe la procrastination au perfectionnisme. Généralement les procrastinateurs sont des perfectionnistes, et n'acceptent pas de faire quelque chose qui ne soit pas plus ou moins "parfait". Donc généralement, ils ne font rien, où le font au pied du mur, en gardant pour eux l'excuse du temps qui manquait, en cas de mauvais résultat. "Oui, le résultat n'est pas parfait, maus c'est parce que j'ai fais ça en dernière minute, mais je suis capable de bien mieux". Vous voyez le genre ? http://fr.wikipedia.org/wiki/Procrastination Quand j'écris, c'est pareil, j'adore ça, mais j'ai du mal à m'y mettre. Mon excuse favorite c'est "je suis fatigué, je vais au lit". En général c'est vrai, mais je m'épargne surtout l'effort de plancher. Voici où tout commence (ou justement, où rien ne commence, et en tout cas, où rien ne termine) : La liberté : La page blanche. En face de ta feuille, tu es seul au monde, tu ne pars de RIEN. Aucun repère, un objectif flou. Une liberté totale, plus aucun repère : l'angoisse devant le vide. Quand bien même j'ai des idées, je suis tellement perfectionniste que j'ai l'impression qu'il n'y a qu'une seule solution pour l'exploiter. Du coup, trois possibilités: * Je vais faire un premier jet, le retravailler très peu, puis le soumettre (je fais ça pour mes nouvelles). On me dira souvent que c'est bien, mais qu'il y a des points à retravailler. Alors moi je balance "oui tu as raison, c'est un premier jet" mais je ne le retravaillerai jamais. Non, car si je le retravaille, il FAUT que ce soit parfait. Or, ça le sera jamais. * Je vais esquiver et ne rien écrire du tout. * Je vais beaucoup travailler, souvent finir par tout jeter, et parfois achever quelque chose que je juge satisfaisant (Je fais ça pour les poèmes. Je pense qu'il doit y avoir une correlation entre mon perfectionnisme et mon obstination à faire dans le vers régulier). Forcément, c'est jamais parfait. Mais je m'en contente, et je classe tel poème comme "exercice de style" et donc m'affranchis du fond, tel autre comme "tentative de création d'ambiance", tel autre comme "travail sur tel point..." en gros, je me planque derrière l'excuse que, sur un critère précis, qui varie d'un poème à l'autre, mon oeuvre approche un peu de la perfection. L'angoisse de la liberté et mon caractère perfectionniste engendre la procrastination. C'est terrible. J'admire donc ceux qui terminent tous leurs romans en disant "C'est un bon entraînement, j'en sortirai pas forcément publié, mais un meilleur auteur" Moi c'est pas possible. Je n'accepte pas que ce ne soit pas parfait. Et donc souvent, je finis par abandonner, ou par ne rien faire. Le débat est ouvert. Vous reconnaissez vous là dedans, vous qui aimez écrire mais n'achevez jamais rien ? |
| | Nombre de messages : 2486 Âge : 49 Localisation : Comté Franche. Pensée du jour : Go Rimbaud! Go Rimbaud! And go, Johnny go! Date d'inscription : 06/09/2007 | grandjoe / Guère épais Lun 6 Sep 2010 - 14:44 | |
| Ma sœur m'avait dit, il y a peu, "nous, quoiqu'il en soit, nous sommes des dilettantes". Dans le sens que nous n'avons jamais eu de plans de carrière, qu'on a mené nos vies jusqu'à maintenant en mettant des valeurs au plus haut plan qui ne sont pas celles qui se définissent par la possession d'un écran plasma ou de cartes postales envoyées de la baie d'Halong.
Peut-être que cette sensibilité particulière fait qu'à mon âge je n'ai pas le permis non plus. Le fait de savoir que j'ai un pouce à la main droite qui a déjà bien servit ou que je sache que j'ai pu profiter des cars qui partent de la gare du Nord, pour rien du tout, à n'importe quelle destination a fait que...
Je crois que ce qui caractérise un "littéraire" est le fait que lorsqu'il sait que quelque chose fait partie du champ du possible et qu'il l'a expérimenté, ça reste à côté. Même sans conduire, en tant que passager, tu as assez vite compris en temps réel que tu ne ressentiras jamais cette virilité par défaut du centaure lancé sur les autoroutes jusqu'à risquer sa vie.
Mais tu auras conceptualiser. Donc tu n'auras plus à expérimenter.
"Sur la route" a été écrit par un conducteur catastrophique, c'est dire.
On pourrait multiplier les exemples d'écrivains, notamment du vingtième siècle, qui n'ont pas eu leur permis ou qui conduisaient tellement mal que ça en revenait au même.
Je crois réellement qu'un artiste est, par définition, un anti-utilitariste.
Et ce n'est pas, exclusivement, une question de nature, de "professeur Nimbus, parce que ça se travaille aussi. Lorsque tu te questionnes - et questionnes les autres - en permanence, tu ne peux plus être seulement dans l'action.
Donc, je pense que l'immobilisme, la "peur de l'échec" est certainement une bonne chose. Parce que tu sais, au plus profond de toi, qu'écrire ton premier roman est vouloir révolutionner la vie de tes contemporains. Leur expliquer pourquoi ils se marient, divorcent, ont un boulot qu'ils n'aiment pas, pourquoi ils veulent être virils alors qu'ils haïssent toute forme de violence. Pourquoi ils possèdent un écran plasma hyper polluant alors qu'ils sont écolos.
Être dans leur lit, leur caleçon, leur penderie, les yeux qui les regarde, les mains qui les touche. Etc, etc...
Même en fantasy. N'oublions pas que Tolkien voulait écrire une nouvelle mythologie. Ce qui induit de connaître par cœur le passé (c'était son boulot), mais aussi ses contemporains. Intimement.
Par rapport au perfectionnisme, donc, c'est plutôt une bonne chose. Parce que, je pense, si tu es bloqué, c'est que tu sais que tu n'es pas à la hauteur de la tâche en ce moment.
Autant tu peux sculpter ou peindre une œuvre qui pourra être appréhendée instinctivement, avec quelques émotions simples, parce que la vue est le sens par lequel elle est, en premier lieu, perçue.
Autant la littérature se perçoit sur d'autres plans.
La volonté d'exigence, voir même des décennies passées sur le métier, valent mieux que l'achèvement de bouquins à deux balles dont tu auras honte.
(On est donc ici sur le paufinement d'une œuvre, le temps n'est plus à la même échelle. Ce n'est pas un boulot à finir à terme.) |
| | Nombre de messages : 927 Âge : 36 Localisation : Paris Pensée du jour : C'est vrai, je suis responsable de ça Date d'inscription : 27/07/2010 | Hoegaarden / Bile au trésor Lun 6 Sep 2010 - 17:19 | |
| Pour répondre vite fait, je trouve qu'associer procrastinateur et perfectionnisme c'est quand même abuser. On ne laisse pas sous entendre à un fainéant qu'il est peut être un génie. Cela dit si l'on accepte cette définition, c'est le terme de perfectionnisme alors que l'on dévalue. Le génie c'est du travail. Beaucoup de travail. C'est la première chose que j'ai comprise de Nietzsche. (qui était à bien des égards génial, et qui ne remettait rien au lendemain. "Il faut se lever tôt et point alors de repos")
Voila, désolé si mon post est un peu HS. |
| | Nombre de messages : 6963 Âge : 37 Date d'inscription : 03/01/2010 | Lo.mel / Troll hunter un jour, troll hunter toujours Lun 6 Sep 2010 - 17:37 | |
| En fait Novalis, c'est toi qui fait un amalgame "procrastinateur / fainéant" L'article de Wikipédia se base vraisemnblablement sur des études, je n'ai rien inventé de ce côté là.
Je suis procrastinateur, donc je me fous parfois dans la merde, où alors j'agis au pied du mur. Ca ne m'empêche pas d'abattre une quantité de travail au pied du mur.
Mais ça n'est pas le sujet.
En tout cas, je suis procrastinateur et perfectionniste. Personne ne parle de génie dans ce poste.
Et on est d'accord : pour réussir en littérature, il faut travailler.
Sinon, je me reconnais assez dans le poste de grandjoe. En le relisant, je dirais même que je m'y reconnais tout à fait
Comme quoi il y a une reflexion à mener de ce côté là. |
| | Nombre de messages : 869 Date d'inscription : 31/08/2010 | Arcturus / Double assassiné dans la rue Morgue Lun 6 Sep 2010 - 18:17 | |
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Dernière édition par Arcturus le Lun 21 Jan 2013 - 15:26, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 927 Âge : 36 Localisation : Paris Pensée du jour : C'est vrai, je suis responsable de ça Date d'inscription : 27/07/2010 | Hoegaarden / Bile au trésor Lun 6 Sep 2010 - 18:23 | |
| - pblegion a écrit:
- Chez moi, procrastination est un terme clinique qui désigne une forme de paresse maladive, souvent associée à la dépression
Chez moi aussi. Ah, Deleuze quand tu me tiens... Concernant le post de GrandJoe (que j'ai parcouru rapidement mea culpa), je citerais juste une phrase lu chez je ne sais plus quel journaliste et que j'ai trouvé forte à propos : il ne suffit pas de peter à tabler pour être Celine. |
| | | Invité / Invité Lun 6 Sep 2010 - 18:37 | |
| - Citation :
- L'angoisse de la liberté et mon caractère perfectionniste engendre la procrastination. C'est terrible.
J'admire donc ceux qui terminent tous leurs romans en disant "C'est un bon entraînement, j'en sortirai pas forcément publié, mais un meilleur auteur" Moi c'est pas possible. Je n'accepte pas que ce ne soit pas parfait. Et donc souvent, je finis par abandonner, ou par ne rien faire. J'étais un peu comme ça avant... pas tout à fait, mais un peu. Et puis, j'ai appris grâce au boulot à écrire quand je suis crevée, quand je suis pas motivée, quand j'ai trois heures de sommeil dans les pieds... et je n'ai plus ce problème. L'écriture, c'est un muscle. si tu l'utilises pas régulièrement, il s'affaiblit; il disparait pas, mais il devient moins efficace. J'y croyais pas à ce que je suis entrain d'écrire là, qu'en écrivant souvent, ben on écrivait plus facilement. Force est de constater que c'est vrai. Quand je suis une longue période sans rien écrire ( au niveau professionnel ou personnel) c'est difficile au départ... Même si on écrit des trucs moisis, même si quand on est naze et qu'on relit son texte, y'a plus de rouge que d'encre noire sur le papier... Ca implique de savoir se relire, ce qui est loin d 'etre simple. j'ai été incapable de le faire durant des années; ca ne fait que quelque mois que j'y parviens. |
| | Nombre de messages : 6963 Âge : 37 Date d'inscription : 03/01/2010 | Lo.mel / Troll hunter un jour, troll hunter toujours Lun 6 Sep 2010 - 18:46 | |
| - arwen a écrit:
- L'écriture, c'est un muscle. si tu l'utilises pas régulièrement, il s'affaiblit; il disparait pas, mais il devient moins efficace.
J'y croyais pas à ce que je suis entrain d'écrire là, qu'en écrivant souvent, ben on écrivait plus facilement. Force est de constater que c'est vrai. Quand je suis une longue période sans rien écrire ( au niveau professionnel ou personnel) c'est difficile au départ... Même si on écrit des trucs moisis, même si quand on est naze et qu'on relit son texte, y'a plus de rouge que d'encre noire sur le papier... Ca implique de savoir se relire, ce qui est loin d 'etre simple. j'ai été incapable de le faire durant des années; ca ne fait que quelque mois que j'y parviens.
Je suis assez d'accord avec ça, arwen. Il y a ça, mais aussi le fait qu'écrire souvent te donne confiance en ce que tu écris. Il faut amorcer la pompe, quoi. Au bout d'un moment, à force d'avoir ramé pour sortir des textes dont tu es fier, tu te rends compte que, oui, tu es capable d'écrire a un rythme correct des trucs bien. S'estompe alors l'angoisse de la page blanche, etc... C'est d'ailleurs pour ça que je ne considère pas l'écriture comme un combat perdu d'avance, et force est de constater que j'écris de plus en plus. Il y a l'émulation du forum d'une part, et d'autre part, je pense que j'ai un potentiel honorable. Aucune prétention en disant "potentiel honorable", attention. Donc j'ai moins peur de prendre la plume . Je compte sur ça pour écrire toujours un peu plus ! |
| | Nombre de messages : 4933 Âge : 32 Pensée du jour : Pas avant mon café. Date d'inscription : 16/10/2008 | Nyra / Celle qui roxait du caribou Lun 6 Sep 2010 - 22:12 | |
| - Lo.mel a écrit:
- Le débat est ouvert. Vous reconnaissez vous là dedans, vous qui aimez écrire mais n'achevez jamais rien ?
Je m'y reconnais. De A à Z. Ça me fait presque peur. Rien à ajouter. |
| | | Invité / Invité Lun 6 Sep 2010 - 22:37 | |
| - Citation :
- Lo.mel a écrit:
Le débat est ouvert. Vous reconnaissez vous là dedans, vous qui aimez écrire mais n'achevez jamais rien ?
Je m'y reconnais. De A à Z. Ça me fait presque peur.
Rien à ajouter.
Le Long silence qui suit cette définition fait mal. j'ai l'impression de me regarder en face. J'ai peur. Tu me motives à terminer un projet pour l'avoir fait. Un artiste satisfait n'en est plus un, aussi je suis toujours insatisfait de ce que je fais, il manque toujours un petit éclair, une poussière que je n'atteindrai jamais mais je ne peux pas m'empêcher d'essayer. |
| | Nombre de messages : 927 Âge : 36 Localisation : Paris Pensée du jour : C'est vrai, je suis responsable de ça Date d'inscription : 27/07/2010 | Hoegaarden / Bile au trésor Lun 6 Sep 2010 - 22:46 | |
| Je voudrais juste préciser une chose, je n'ai pas lu l'article de Wiki associé mais la procrastination est un terme clinique, de psychanalyse, je crois que se dire "procrastinateur" sans être passé sur un divan c'est de la présomption (attention je n'ai pas dit prétention, on les confond souvent ces deux là.. |
| | Nombre de messages : 931 Âge : 35 Localisation : Paris Banlieue, là où ça brûle. Date d'inscription : 29/07/2007 | Pravda / Bile au trésor Lun 6 Sep 2010 - 23:07 | |
| Mais je comprends pas... Tu parles de toi et de tes problèmes ou de ceux des autres ? - Citation :
- La liberté : La page blanche. En face de ta feuille, tu es seul au monde, tu ne pars de RIEN. Aucun repère, un objectif flou. Une liberté totale, plus aucun repère : l'angoisse devant le vide. Quand bien même j'ai des idées, je suis tellement perfectionniste que j'ai l'impression qu'il n'y a qu'une seule solution pour l'exploiter.
Tu ne pars de rien ? Tu crois ? Il y a ton stylo. L'encre. Ton imagination, tes souvenirs. Ce qui me fais penser que pour avoir de la liberté il doit y avoir contrainte. Pour avoir de l'imagination, il doit y avoir de la matière. Pour être perfectionniste, il doit y avoir un peu de je-men-foutiste. Mais la dernière proposition est de mon opinion. |
| | Nombre de messages : 3872 Âge : 119 Pensée du jour : ;gloireàmay; Date d'inscription : 24/01/2009 | Le Condor des Andes / Rapace du monde Mar 7 Sep 2010 - 0:36 | |
| Le terme "procrastination" désigne un trait de caractère. Qu'il soit également un terme clinique n'empêche pas qu'il ait une signification commune. Un peu comme "démence", "maniaque" ou beaucoup d'autres termes du même domaine. Ce genre de "cumul des mandats" est courant.
Pour le reste, c'est bien quelque chose qui me concerne aussi. C'est relativement répandu, je pense. Le fait que tu arrives à mettre des mots là-dessus, de façon aussi précise, est intéressant.
Ceci dit, le perfectionnisme n'est pas la seule raison pour laquelle je me refuse à faire certaines choses. C'est aussi tout simplement par fainéantise ou parce que la chose en question me déplait. J'imagine que c'est pareil pour tout le monde. Ce serait un peu trop facile de prendre systématiquement cette excuse.
Mettre le point final à une chose, quelle qu'elle soit, c'est un acte terrible, quand on y pense... |
| | Nombre de messages : 6963 Âge : 37 Date d'inscription : 03/01/2010 | Lo.mel / Troll hunter un jour, troll hunter toujours Mar 7 Sep 2010 - 5:52 | |
| - Le Condor a écrit:
Ceci dit, le perfectionnisme n'est pas la seule raison pour laquelle je me refuse à faire certaines choses. C'est aussi tout simplement par fainéantise ou parce que la chose en question me déplait. J'imagine que c'est pareil pour tout le monde. Ce serait un peu trop facile de prendre systématiquement cette excuse.
Mettre le point final à une chose, quelle qu'elle soit, c'est un acte terrible, quand on y pense... Tout à fait, souvent ce qui me fait refuser de faire certaines choses, c'est qu'au bout, il y a une décision à prendre ou dont on va vous faire prendre connaissance. Du genre, le coup de fil important à passer car il est décisif (que ce soit le premier coup de fil à une future conquête ou une relance pour un stage) et bien, je retarde le plus longtemps possible, histoire de pas me manger en face ce que je ne veux pas. Mais ça se rejoint : quand tout reste à faire, au final, je préfère ne rien faire, de peur de mal faire. Ou plutôt de faire pas assez bien. Au contraire, quelque chose qui me déplaît et qui n'a pas d'enjeu, je vais le faire facilement. |
| | Nombre de messages : 1008 Âge : 34 Pensée du jour : SORRY I AIN'T SORRY Date d'inscription : 22/08/2009 | Nemesis / Incoercible envie de bo bun Mar 7 Sep 2010 - 12:09 | |
| - Lo.mel a écrit:
- Au contraire, quelque chose qui me déplaît et qui n'a pas d'enjeu, je vais le faire facilement.
Je proteste, ranger ma chambre n'a pas d'enjeu et pourtant je repousse l'échéance systématiquement. (On pourrait psychologiser au comptoir et dire que c'est une négation de la soumission à un ordre préétabli, mais ça a des relents tellement adolescents que je vais m'abstenir.) Ceci pour dire que, même si j'ai très probablement tous les symptômes que tu décris, Lo, je n'adhère que moyennement au diagnostic. Oui, se mettre à écrire pour de bon, sans se prémunir d'excuses à ressortir en cas de médiocrité, c'est difficile (il n'y a qu'à voir comment 90% des gens ici, moi la première, répondent aux critiques construites reçues en commentaires "oui, mais l'intention c'était...") ; ça c'est le perfectionnisme qui tache les doigts, la fameuse page blanche, etc. Mais repousser le fait même de se mettre en situation d'écriture (ie, avec un crayon et un cahier), ce n'est pas du perfectionnisme, c'est de la paresse, ou peut-être bien un syndrome à la mode. La raison pour laquelle je remets sans cesse au lendemain de continuer ce texte-ci ou ce poème-là, c'est un manque d'envie, un baobab qui pousse dans la main comme on dit chez moi. Je ne veux ni réfléchir, ni me soumettre volontairement à des problèmes que je connais d'avance, c'est une affaire de paresse. Je n'envisage même pas que le résultat soit bon ou mauvais, puisque je m'arrête à l'effort à fournir pour avoir un résultat.Peut-être qu'il y a une peur inconsciente de l'échec, mais elle ne signifie pas forcément qu'on veuille la perfection et rien d'autre. Je vois le perfectionnisme davantage comme un moteur qui va stimuler les relectures, corrections (ça ne veut pas dire que ce n'est pas handicapant, souvent ça entrave la spontanéité du premier jet, mais ça c'est un autre problème). J'ai tendance à penser que cette angoisse-là est salutaire, elle tire vers le haut, elle pousse à chercher sans cesse, à arrêter de dormir jusqu'à ce que ce soit vraiment bien, conforme à l'intention première, suffisamment pour pouvoir, peut-être, peut-être, prendre le premier quidam venu aux tripes. |
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