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 Peut-on rester neutre ?

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Joyo
   
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Joyo  /  Hé ! Makarénine


En mathématique, seul le zéro est neutre. Un seul nombre contre une infinité de positifs et de négatifs !

La seule manière de rester neutre est en fait de tout ignorer d'un sujet. Dès que nous en avons un aperçu, les préjugés s'invitent dans nos pensées.

Jouer les arbitres au-dessus du lot entre A et B. Écrire une page Wikipédia, par exemple. Sauf que nous allons sélectionner les propos de A et ceux de B qui nous paraissent les plus importants. Et si nous préférons l'un à l'autre, nous aurons tendance à faire du neutre + pour l'un et du neutre - pour l'autre.

Qu'est-ce que le biais de confirmation ? Donnez un exemple. Très souvent, nous pourrons lire "Un B qui voit des B partout", devinant les tendances A de l'auteur.

Quant au débat neutre, l'équilibre est plus que précaire.

La neutralité est souvent une hypocrisie qui sert de bouclier anti-critiques et nous permet de nous défouler. "Les truc-chouettes sont des idiots, les bidules sont géniaux (en toute neutralité)".

La meilleure façon de connaître l'opinion de quelqu'un est souvent de lui demander de rester neutre. Au début, ce quelqu'un le sera peut-être, puis finira par s'exprimer de plus en plus franchement. Et si d'autres sont de son bord, il se lâchera franchement (mais toujours en toute neutralité).
 
Flora
   
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Flora  /  Serial Constance killer


Je pense que ça dépend à quel point le sujet est sensible et qu'on peut très bien être "sans avis" sur certains sujets (sans doute car ils nous laissent de marbre).

Ça me rappelle un exercice en école d'ingénieurs, notre prof nous avait demandé une liste de sujets polémiques et il nous avait fait voter rapidement à main levée (pour / contre) pour isoler un sujet qui avait des réponses 50/50 et nous faire débattre. En l'occurrence, le sujet, c'était "les fast-food". J'étais ni pour ni contre, je suis toujours ni pour ni contre... Ce n'est pas un sujet qui me touche.

Ou encore le mors dans le monde équestre. Ma jument n'en a pas parce qu'elle a été dressée sans. J'avais décidé que tant que je ne ressentirais pas le besoin d'en mettre un, je n'en mettrais pas : ainsi, elle est plus libre dans sa bouche, elle n'est pas gênée si elle veut brouter et je n'ai pas à laver un mors dégueulasse à l'eau froide en hiver. Pour autant, est-ce que je considère que tous les mors sont démoniaques et que les autres cavaliers devraient les retirer ? Non, clairement pas. Je pense que c'est au cas par cas. Ne pas en mettre, ça présente des avantages et des inconvénients, et vice-versa. Je n'ai d'ailleurs jamais recommandé à un cavalier d'enlever le mors de son cheval ou, au contraire, d'en mettre un si le cheval n'en a pas.
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Seb
   
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Seb  /  Effleure du mal


J'ai le sentiment que ce sujet en recouvre un autre, plus personnel.
C'est un problème formulé dans une langue étrangère.

Neutre.

Le mot me semble en fait assez polysémique.
Neutre c'est le potentiel hydrogène de l'eau pure, qui n'est ni acide ni basique.
Dans une guerre, la neutralité devient plus concrète, mais peut recouvrir d'autres formes d'engagement.
Dans un débat il me semble que cela peut-être un bouclier mais également une lame.

L'ignorance ne me parait pas nécessairement neutre. La neutralité est-elle neutre ? Je ne sais pas.
Ça ne me semble pas certain.
Une personne qui rend explicite son intention n'apparait pas neutre, mais on sait de quel côté elle fera pencher la balance, on peut compenser, elle se positionne et cela rend potentiellement l'échange moins ambigu.

Cependant il existe des moyens spécifiques pour aborder un objet, en diminuant l'influence des biais et en augmentant la possibilité pour autrui de reproduire les étapes du raisonnement. C'est la méthode scientifique. Elle n'est absolument pas neutre, mais sa position est tout à fait identifiée. C'est une enquête infinie qui n'est jamais achevée et qui n'attend qu'un indice ou un témoignage supplémentaire pour relancer toute l'intrigue. Chaque pertinence y est en éternel suspend au dessus d'une abime d'ignorance sur le point de tout engloutir.
 
Mardi
   
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Mardi  /  Panda de Bibliothèque


Je trouve ton exemple intéressant Flora, parce qu'il montre que ton avis est équilibré mais pas vraiment "neutre" au final, puisque tu as tout de même un avis sur les pour et les contre. Le résultat semble neutre mais en vrai, il ne l'est pas tellement, c'est juste que la façon dont tu analyses les faits ne te permet pas de pencher vers l'envie de "militer" pour ou contre le mors.

Du coup, pour répondre à la question, je ne pense effectivement pas qu'on puisse rester neutre sur un sujet dont on n'ignore pas tout (et même là, on peut toujours se débrouiller pour avoir un avis What a Face). Même le zéro mathématique, pour moi, il n'est pas neutre ! Il peut exprimer soit l'inexistence de quelque chose, soit un état d'annulation entre des chiffres positifs et des chiffes négatifs. Dans tous les cas, ce n'est pas neutre, c'est juste dans un certain état d'équilibre.

On peut s'efforcer de chercher l'objectivité, bien que je ne pense pas qu'il soit humainement possible de se débarrasser de tous ses inévitables biais, ou alors la "nuance", mais j'aime de moins en moins ce terme parce qu'il permet beaucoup d'hypocrisie, lui aussi. Mais je ne pense pas que quoi que ce soit puisse être absolument neutre.


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Flora
   
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Flora  /  Serial Constance killer


Comment vous définissez "neutre" si pour vous, ce n'est pas l'équilibre entre les plus et les moins ? (vraie question car pour moi, la neutralité, c'est quand on ne penche pas vers un bord plus qu'un autre, ce n'est pas ne rien savoir du sujet)
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Seb
   
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Seb  /  Effleure du mal


Je pense qu'il y a plusieurs définitions. La tienne c'est celle de la neutralité comme point d'équilibre. La balance donc. C'est une belle définition, mais je pense qu'elle est soumise à l'échelle, car les forces peuvent être équilibrées sur un plan en raison d'un déséquilibre sur un autre plan. Pour faire simple la neutralité serait relative, j'ai envie de dire (même si c'est presque un contresens) au sens Albert Einstein du terme.
 
Mardi
   
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Dans mon cas personnel, être neutre c'est ne pas avoir d'avis, et c'est quasi impossible sur la plupart des sujets. Les seuls sujets sur lesquels je peux vraiment être neutre seront des sujets "triviaux" tels que "papier blanc-blanc ou papier blanc-crème ?" (les deux me conviennent sans que j'aie d'avis sur l'un ou sur l'autre, même qui serait équilibré sur les pour et les contre, je n'ai vraiment aucun pour ou aucun contre pour l'un ou pour l'autre, du moment que c'est du papier qui passe dans mon imprimante) Je sais, mon exemple est con (j'avais du papier de deux blancs différents sous les yeux What a Face), c'est juste pour illustrer la différence entre "ça m'est vraiment égal" et "mon avis comporte des nuances de pour et de contre vers les deux côtés du choix mais au final je n'ai pas de préférence parce que ça s'équilibre". Pour moi, le premier exemple est vraiment neutre, et le second serait plutôt objectif.


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Soliste
   
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Soliste  /  Clochard céleste


Je pense que la notion de neutralité est intimement corrélée à celle de l’intérêt (qu’il soit trivial ou plus profond). Nous avons pour la plupart l’envie d’exister et de le montrer. La neutralité, si elle devait exister, est l’annulation de l’être.
J’ai l’impression que de nos jours, tout le monde a un avis sur tout et veut le partager (et la plupart du temps en étant très ignorant), car nous sommes dans une société où l’envie d’exister s’est substituée au besoin de survivre.
Peut-on être neutre (avant de savoir si on peut le rester) alors que nous sommes le fruit d’une forme de déterminisme avant même d’être mis au monde ?
Surtout, doit-on être neutre ? Dans l’optique d’effleurer du doigt une forme de vérité, la volonté de sortir de nos idéaux/avis (qui apportent une structure à nos existences, mais également un confort intellectuel qui nous rend mous) est un moyen efficace. Du reste, je pense que l’immense majorité des gens préfère avoir une cause pour laquelle se battre, un démon à tuer. Le manichéisme est un mécanisme qui permet une forme de stabilité dont nous avons tous besoin.
Nous sommes tous hypocrites, et nous deviendrions fous de vouloir systématiquement être 100% cohérents avec nos valeurs. Il faut simplement avoir l’humilité de le reconnaitre.
 
Blackmamba
   
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Blackmamba  /  Guère épais


C'est toute l'interrogation sur le postulat de base : qu'est-ce qu'on définit comme la neutralité ? Ça peut correspondre à beaucoup de choses, et n'a pas toujours la même portée selon le sujet et le domaine j'ai l'impression ? S'il s'agit d'avoir un positionnement sur un sujet, je pense que la neutralité n'existe pas vraiment. Par exemple, ce forum ne l'est pas sur le plan idéologique, ce qui peut occasionner des questions de positionnement sur ce qui s'y passe. Mais en même tant, qui ne possède aucun avis qui penche en faveur d'une position ou d'une autre ?

À mon sens, ce n'est pas tant la neutralité qui est le souci ou la question, mais ce que les gens en font : souvent ceux qui se parent des atours de légitimité supérieure, dont font parti les "en toute neutralité/subjectivité/bon sens" et associés que tu poses ici je dirais. À partir de ça, il existe un autre souci, celui de vivre à l'ère de la radicalité, et ça s'aggrave de jour en jour. Pour la plupart des gens, si on n'est pas favorable à tel sujet, on est forcément contre. Ou bien si on ne condamne pas telle chose, on la cautionne et la valorise de fait. C'est au delà du biais, c'est la légitimisation extrême. "Si tu n'es pas avec moi, tu es contre moi et tout est permis". Du coup, la neutralité est souvent prise comme une position tranchée ou méprisable de ce que j'en constate.

Pour ma part, je me définis comme neutre sur le plan politique par exemple. C'est une conviction, et non une posture. À mon échelle, c'est ma manière de ne pas me laisser submerger par la haine,la colère ou la violence, contrairement à la plupart des gens qui me reprochent ma neutralité. Comme elle est perçue, elle est définie soit comme de la lâcheté, soit comme de la faiblesse de ma part. Donc rien que la revendiquer en public consiste déjà en une épreuve puisque ma simple manière d'aborder les choses, sans même prendre position, est apparemment méprisable.

Sous cet angle, je suis neutre, dans le sens non engagé pour un quelconque mouvement, idéologie ou militantisme. Neutre comme le refus de l'offensive. Neutre comme le refus d'une pseudo défensive qui cache un offensisme travesti. Car dans la théorie, je n'ai pas besoin de me défendre, puisque je n'attaque personne, donc je devrais être en paix ? Ce n'est pas aussi simple... Même si on n'attaque personne, il faut constamment se défendre. Mais ma vision de la neutralité est exigeante et éprouvante à appliquer au quotidien...

Et pour rebondir un peu sur les propos de Soliste que je trouve intéressants :
"l’immense majorité des gens préfère avoir une cause pour laquelle se battre, un démon à tuer."
C'est tellement vrai et vérifiable. Quand l'opinion d'en face est un mélange de Sauron et de Voldemort, tout est permis du coup...
"Nous sommes tous hypocrites, et nous deviendrions fous de vouloir systématiquement être 100% cohérents avec nos valeurs. Il faut simplement avoir l’humilité de le reconnaitre."
C'est pour ça que je deviens fou je crois... Après, sans parler de 100% cohérent, mais au moins assumer certains de nos paradoxes ? Même si moi, je suis cohérent dans mon refus de la géométrie variable.
 
Docal
   
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Docal  /  Fiancée roide


Le truc c'est que la neutralité sur un sujet est quasiment toujours en soi une position : le statu-quo me convient assez pour que je ne ressente pas le besoin d'avoir d'avis là dessus.

Les seuls domaines qui échappent à ça sont ceux sans statu-quo, qui relèvent entièrement de l'imaginaire.

On peut être neutre sur "Qui de Superman ou Goku est le plus fort ?", car s'en foutre ne veut pas dire accepter un contexte et statu-quo comme non dérangeant. Dès que le sujet touche au monde réel, il cesse d'exister dans le vide, et la posture de neutralité devient une acceptation de fait de l'état des choses.

Une exception à ce principe pourrait être "Je ne connais pas assez le sujet pour avoir un avis dessus.", quoiqu'on puisse considérer qu'un non avis soit différent d'un avis neutre.

C'est pour ça que je préfère une contextualisation de la position de l'auteur à une façade de neutralité. Un franc "ok, voici ma grille de lecture, voici les pièces que j’analyse et voici le résultat que j'obtiens" qui permet de réagir soi même à chaque étape de la position. C'est une position qui est très répandue en historiographie et qui, vu les résultats qu'elle offre, me parait être honnête à défaut de neutre et me semble le plus proche de ce qu'on aurait communément tendance à entendre par avis dit "neutre".

 
Chofienette
   
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Chofienette  /  Autostoppeur galactique


L'historien américain Howard Zinn (auteur de la très intéressante "Histoire populaire des États-Unis") avait intitulé son autobiographie "You can't be neutral on a moving train", traduit en français sous le titre "L'impossible neutralité" et je pense que ça résume assez bien ma position sur le sujet.

(plutôt que pondre une tartine qui traduirait mal la pensée de Zinn je préfère vous renvoyer directement sur le texte d'origine qui est par ailleurs tout à fait passionnant à lire)
http://www.super-chouette.net/
 
Jimilie Croquette
   
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Jimilie Croquette  /  De l'Importance d'être Constamment Là


J’aime beaucoup ce que dit Docal.
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Jdoo
   
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Jdoo  /  Maîtrise en tropes


Dés que tu es au courant du "truc", tu peux plus être neutre à son propos. Au mieux ce sera de l'indifférence, ce qui est autre chose que d'être neutre.
https://julesallea92.wixsite.com/image
 
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Invité  /  Invité


J'ai l'impression qu'il y a un sous-debat sur le vrai. Que fait-on si un constat, par exemple en sociologie, ne s'avère pas neutre moralement ? Parce que j'ai l'impression qu'il s'agit pour vous surtout d'une posture de valeurs, mais il y a aussi la neutralité comme objectivité, qui s'efforce d'établir la scientificité d'un fait. La sociologie de même que la psychologie expérimentale, quand elle est bien faite, s'efforce de limiter les biais et s'appuie sur les statistiques inferentielles.

Là-dessus, il y a trois principes d'une expérience en labo selon Popper, elle doit être observable, repétable, et refutable. 

Au lieu de vérifier une hypothèse, bah oui on trouve toujours des arguments pour, la communauté scientifique cherche à la réfuter. C'est un travail collectif, c'est pour ça que l'expérience doit être repétable. 

Si elle est réfutée, soit on l'abandonne, soit on trouve un champs restreint où elle reste valable. Si dans ce champs restreint, elle est de nouveau réfutée, on restreint encore.

Certaines choses ne sont pas observables. même avec des outils, en l'état actuel de nos moyens. On ne peut pas affirmer que Dieu ou l'inconscient de Freud n'existe pas, on peut simplement dire que son existence n'est pas testable scientifiquement.
 
Jimilie Croquette
   
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Jimilie Croquette  /  De l'Importance d'être Constamment Là


Je sens qu’on s’éloigne du sujet mais n’y a t’il pas une histoire de « la charge de la preuve » est à celui qui annonce l’hypothèse ? (Exactement l’inverse du coup) avec comme exemple une histoire de théière en orbite.
Untel peut affirmer qu’une théière est en orbite, et c’est impossible à réfuter parce qu’on n’a pas les outils pour prouver que c’est faux. Donc c’est à untel de prouver l’existence de cette théière et pas aux autres de prouver son inexistence. Valable pour Dieu.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9i%C3%A8re_de_Russell

ÉDIT
En lisant l’article je vois que c’est une notion philosophique plutôt que scientifique, ce qui explique la différence d’approche.
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