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 [Réflexions] Féminiser les noms de métier

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Séléné.C
   
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Ossuar Doultrecieulx a écrit:
Citation :
Putain c’est tellement pas drôle et bavard. On dirait un sketch de Stéphane Guillon
Défendre l'écriture dite inclusive et utiliser dans le même temps une interjection qui véhicule une image aussi avilissante de la femme me fait glousser sous mon bonnet à grelots.
+ 1

Ossuar Doultrecieulx a écrit:
Salutations d'un conservateur ( donc, un "E"220 ou autres, mais un"e" tout de même, c'est un comble...)
Laughing
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mumtaz
   
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KAVANAUGH a écrit:
En gros, tu reconnais toi-même que la langue française est sexiste, que la changer contribuera à faire lentement évoluer les choses mais tu as la flemme et finalement, tu ne trouves pas que ce soit si important.
Difficile d'adhérer à ton raisonnement.
Je reconnais que la langue française est sexiste, que la société française est sexiste (et raciste et tout un tas de rimes en "iste"). Quel scoop. Mais je reconnais aussi que la langue reflète la société dans laquelle elle s'insère, non l'inverse. La théorie d'Orwell dans 1994 - en réformant la langue on réforme la société - a été débunkée par nombre de linguistes, Alors écrire en écriture inclusive (ce qui est bien différent de féminiser certains mots) pour lutter contre les rapports de domination, c'est comme pisser sur un kangourou pour éteindre l'incendie du bush australien. Le jours où la majorité écrira en écriture inclusive, on écrira en écriture inclusive, est-ce qu'alors la valeur d'une femme sera égale à celle d'un homme? Je ne crois pas, tout comme la valeur d'un noir face à celle d'un blanc.
Mon argument est parfaitement rationnel en fait :
- l'écriture inclusive n'apporte peu ou pas de résultat (en terme d'égalité)
vs
- l'écriture inclusive complexifie la langue, je dois réformer ma manière d'écrire
=
- je n'écris pas en écriture inclusive.

Aussi, bien que l'égalité soit mon idéal, je considère le féminisme (au même titre que l'anarchisme) comme un combat vain (ce qui m'aide pas à accorder du crédit à l'écriture inclusive). Il y aura toujours des oppresseurs et des opprimés, des dominants et des dominés, si ce n'est plus les femmes ce sera d'autres. Les gens ne veulent pas être égaux, c'est bien plus gratifiant d'être supérieurs. On est des animaux sociaux au fond, et la hiérarchie harmonise les rapports de groupe.
 
Mâra
   
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Ça me déprime toujours quand des gens expliquent que la cause à laquelle je consacre tant d'énergie dans l’espoir de mieux vivre est en fait vaine pour x raison.
La vie est vaine mais c’est pas très sympa de le rappeler à des gens qui luttent pour survivre. Rien ne sert à rien, etc. Suicide collectif ?

[edit : je dis ça mais n’y voyez en aucun cas une injonction à être positif, sympa ou révolutionnaire]
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Jdoo
   
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Je suis bien sûr que le mouvement féministe n'est pas vain. Je suis bien certain aussi que si les femmes ne vont pas chercher leurs droits, personne ne leur donnera. Après est-ce que ça va ce cacher dans la féminisation des métiers ? j'aurais tendance à penser que ça se voit plutôt dans l’inégalité des salaires, les réflexions sexistes et dégradantes, le non accès de certain métier et poste à haute responsabilité aux femmes etc. Mais peut être qu'inconsciemment ne pas féminiser les noms de métiers construit défavorablement les esprits, donc dans le doute ça peut pas faire de mal. Ce qui est étonnant, du moins moi ce qui m'étonne, c'est la réaction épidermique de certain à un procédé qui me parait somme toute assez trivial. Et c'est peut être l'indice que ce n'est pas si trivial que ça ?

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Stéphane Ossuar:
Stéphane :

[Réflexions] Féminiser les noms de métier - Page 7 Geapal10
 
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Heureusement les interventions de jdoo me remontent toujours le moral.
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jdoo a écrit:
Ce qui est étonnant, du moins moi ce qui m'étonne, c'est la réaction épidermique de certain à un procédé qui me parait somme toute assez trivial. Et c'est peut être l'indice que ce n'est pas si trivial que ça ?

C’est un panneau publicitaire 3 mètres sur 3 mètres, plus un indice à ce niveau-là...  Shocked


« C’est vain / inutile / moche ... ». Bon bon bon.



Je m’en retourne IRL, pour ne pas sombrer complètement dans la déprime.
 
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1994 c'est la suite de 1984 ?

Blague à part, je rebondis encore sur quelques uns de tes propos, même s'il n'y a absolument aucune chance que nous tombions d'accord.

mumtaz a écrit:
Alors écrire en écriture inclusive (ce qui est bien différent de féminiser certains mots) pour lutter contre les rapports de domination, c'est comme pisser sur un kangourou pour éteindre l'incendie du bush australien.
En tapant la définition de l'écriture inclusive dans un moteur de recherche, tu trouveras, par exemple, celle de Wikipédia : "ensemble de règles et de pratiques qui cherchent à éviter toute discrimination supposée par le langage ou l'écriture". Mettre un féminin à un nom ou appliquer l'accord de proximité, c'est de l'écriture inclusive, il n'y a pas que les tirets ou les points médians qui font partie de cette définition. C'est pourquoi la prochaine fois, avant d'utiliser du présent de vérité générale pour asséner une opinion qui t'es très personnelle, je te propose de t'instruire un minimum sur le sujet et les théories débattues.

mumtaz a écrit:
Aussi, bien que l'égalité soit mon idéal, je considère le féminisme (au même titre que l'anarchisme) comme un combat vain (ce qui m'aide pas à accorder du crédit à l'écriture inclusive). Il y aura toujours des oppresseurs et des opprimés, des dominants et des dominés, si ce n'est plus les femmes ce sera d'autres. Les gens ne veulent pas être égaux, c'est bien plus gratifiant d'être supérieurs. On est des animaux sociaux au fond, et la hiérarchie harmonise les rapports de groupe.
Je trouve ça hallucinant de lire des propos pareils. Je résume ta posture : "Bah c'est comme ça, il y aura toujours des dominants et des dominés, on peut rien y faire". J'imagine (et je peux me tromper) que tu fais partie du camp des dominants et que tu n'as jamais subi d'oppression systémique pour te permettre d'aborder ce sujet avec un tel flegme. Tu excuseras, je pense, ceux qui sont concernés de juger que ce combat en vaut la peine et ne pas se montrer aussi nonchalant que toi.
 
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Il est tard, je vous avoue que j'ai lu un peu en travers, vous me pardonnerez.

Si si, vraiment, en France, ça va globalement bien. Si on regarde les notes internationales posées à partir de données sur plusieurs critères tels que la sécurité, la politique, l'accès à l'emploi, etc. alors on arrive à une note de 0,2 (le mieux étant 0, le moins bien 1 ; aucun pays n'est à 0, aucun pays n'est à 1). Alors certes, il y a plein de problèmes, et étant féministe je fais partie de ceux qui les pointent. Mais si, en France, on n'est quand même chanceux (sur ça et tout un tas d'autres trucs, ce qui ne veut pas dire que l'on ne doive pas chercher à aller vers le mieux).

Je ne vais pas aller plus loin sur changer d'avis ou pas, je crois que beaucoup plus haut j'avais déjà posté un autre message, et on s'éloignerait beaucoup trop du sujet, donc je passe.
Je vais juste me concentrer sur le sujet qui nous occupe (ça sera déjà pas mal).

Est-ce que j'ai un avis construit, raisonné, raisonnable, recevable (qui dit que ce qui est recevable ou pas, d'ailleurs ?) pour dire que je suis contre la féminisation à tout-va et les points-milieux ? Sans doute pas. Est-ce que c'est grave si je suis plus sur un ressenti qu'un argumentaire scientifique ? est-ce que ça a moins de valeur ? Sans doute pas non plus. En fait, qui a tord et qui a raison, ça me dépasse un peu. Plutôt qu'un pour ou qu'un contre je voudrais placer le curseur un peu ailleurs. Sur l'utilité. Personnellement, je ne la vois pas. L'écriture inclusive ne fait pas partie des outils que je vois pour améliorer la condition des femmes en France. Et, par contre, là-dessus, j'ai un avis à peu près construit (qui a sans doute plein de défauts et de failles scientifiques mais quel avis subjectif n'en a pas ?).

Je pense que la langue n'est pas la cause de la pensée mais la conséquence.
Admettons l'espace de 5 min que ça ne soit pas une conception subjective, que ça ne soit pas une vision du monde, mais que ce soit un fait objectif. Où ça nous amènerait ?
Ça nous amènerait à dire que, puisque la langue n'est pas la cause de la pensée, ce n'est pas la langue qui créé le sexisme et que donc ce n'est pas la langue qui fait que les femmes sont moins payées que les hommes à postes et compétences égales, etc. Que l'on m'appelle "directeur" ou "directrice" j'aurais toujours un salaire moindre à celui d'un homme, je serais toujours sifflée dans la rue, j'entendrais toujours des mères dans les magasins dire à leur petit garçon "non, pas celui-là, rouge c'est une couleur de fille", on refusera toujours à des garçons le droit de faire du patinage artistique ou de pleurer. La langue évoluera avec les usages, pas le contraire.

Les "e" rendent visibles les femmes ? Même pas sûre ! On ne peut pas forcer le regard de celui qui ne veut pas voir. Mettre des "e" partout ne changera pas l'avis du monsieur qui commentait régulièrement mon ancien blog et qui un jour m'a laissé ce commentaire dit sans agressivité ni mépris : "si vous voulez être fortes, allez-y, mais n'affaiblissez pas les hommes pour ça" en référence au passage où j'expliquais que les hommes devraient avoir le droit de pleurer sans qu'on les rabaisse.
Celui qui ne veut pas voir ne verra pas.
Je vais prendre un exemple un peu à contre-pied.
Celui des prostituées. Souvent, on emploie ce mot au féminin pluriel. Pourtant, il y a des hommes.
Un prostitué, une prostituée. Les deux termes existent et sont reconnus.
Pourtant, on parle encore moins des hommes que des femmes.
On peut choisir de ne pas voir une personne ou un groupe de personne même lorsque l'on a un mot pour la ou le désigner.
Je ne pense pas que ce soit un mot qui montre la considération qu'une personne a pour une autre. Ce sont les actes (et là, il y a aussi beaucoup à dire, évidemment). Et c'est aussi en ça que je dis que l'écriture inclusive est un problème de riches. Pas seulement en comparaison avec d'autres pays (comparaisons qui, d'ailleurs, je l'admets sans problèmes, ont leurs limites) ; mais aussi au sein même d'un pays. Nous avons cette discussion parce que nous sommes des personnes, femmes comme hommes, éduquées, très loin de la précarité culturelle, universitaires peut-être, lettrées, etc. Je ne suis pas certaines que l'on aurait cette conversation dans des milieux moins favorisés (bien que la précarité financière n'amène pas toujours à la précarité culturelle même si elle est un frein). Je ne dis pas ça en faisant référence à un manque d'intelligence supposée des personnes des milieux défavorisés, pas du tout ! Simplement, cette conversation a pu devenir pointue, avec tout un tas de concepts pas sortis des universités ou pas tellement (comme "personnes racisées" que je n'ai personnellement entendu que dans ma fac et dans les milieux militants).
C'est un problème de riches parce que les "riches" le voient. Mais, encore une fois, est-ce que c'est ce qui fera augmenter le salaire à la fin du mois ? Est-ce que c'est ce qui fera que les filles des quartiers défavorisés resteront moins cloîtrées chez elles quand elles ont leurs règles parce que les protections hygiéniques sont trop chères ? Est-ce que c'est ce qui fera qu'on encouragera davantage les filles à aller dans les filières scientifiques et les garçons dans les littéraires ? Dans le fond, ça me fait une belle jambe qu'on fasse passer crème le mot "ingénieure" si des ingénieures, il n'y en a pas ! (punchline, certes, mais l'idée est là). Le mot ingénieure passera crème sans qu'on l'impose quand il y aura autant de filles que de garçons dans les filières scientifiques et y compris menant des recherches et dirigeant des laboratoires. Or, aujourd'hui, plus on grimpe dans la hiérarchie et plus ça s'étiole.

Du coup, pour résumer, pour moi, et même si c'est une réflexion encore en germes, l'écriture inclusive est une discussion née des universitaires déphasés des questions "pratiques", "matérielles". OK, on dit "ingénieure", c'est super, et maintenant qu'est-ce qu'on fait pour favoriser la venue d'ingénieures ? Pas grand-chose. Avoir ce mot est-il vraiment un pas, du coup ?

La première fois que j'ai rencontré le mot "lecteurices", sans blague, j'ai cru que c'était une fantaisie de l'auteur du blog que je lisais. J'ai pas compris. Et j'ai découvert plusieurs années plus tard la réalité du sens et sa portée. Ce genre de mots, même si on peut s'y habituer (perso c'est pas mon cas) est hermétique à la compréhension des personnes qui ne militent pas (et je distingue "personne qui milite" de "militant", un "militant" étant une "personne qui milite", l'inverse n'étant pas forcément vrai) et ne sont pas dans ce genre de monde. C'est aussi en ça que je dis que c'est un problème de riches et un détail. C'est une discussion "d'entre-soi" déphasé des vraies problématiques, et en ce sens je veux dire "concrètes". Le salaire, c'est concret. La présence des femmes à des postes de décision, c'est concret. Les violences sexuelles, physiques, c'est concret. Empêcher les garçons de pleurer ou de jouer à la poupée, c'est concret (je cite pas mal les hommes parce qu'au contraire de ce qui a pu être dit au cours de cette discussion je pense que les hommes ont a gagner dans le féminisme puisque le féminisme combat le sexisme et donc aussi les clichés à l'encontre des hommes, du moins voilà mon féminisme). Et ce n'est pas un changement de langue qui va changer tous ces problèmes. Donc oui, je persiste et signe : c'est un problème de riches.

Ça ne veut pas dire que ce n'est pas un problème. Ni qu'il ne faut pas en parler. Ça veut juste dire que c'est un problème qui, même une fois solutionné, ne soulagera pas beaucoup de personnes, n'est pas proche des besoins des gens. C'est un épouvantail, un marronnier de militants intellectuels.
 
Bardak
   
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Bardak  /  Barge de Radetzky


Personne, il me semble, n’a dit que nous étions les plus mal loties du monde. Et comme tu le dis, ça ne doit pas nous empêcher d’aller chercher le « mieux » sinon personne n’avance jamais.

Pour moi tu sous-estimes l’impact de la langue en parlant de problème mineur ou problème de riches (même si je comprends l’idée de débats qui peuvent sembler déconnectés du concret et pragmatique). Il me semble, à moi, que c’est un sujet pratique et très loin d’être anodin.

Ce n’est pas seulement se rendre visibles aux yeux des autres ( dont les hommes. Comme tu dis, celui qui a décidé de ne pas voir ne verra pas, aucun doute là dessus...). C’est aussi, pour les filles et les femmes, ne pas s’exclure soi-même, s’auto-censurer (et ça vaut aussi pour les hommes en sens inverse. Je partage à 1000% ta conception du féminisme, qui tend à libérer autant les femmes que les hommes. C’est ce dont on parlait bien plus haut concernant les injonctions très virulentes faites aux petits et grands garçons leur interdisant de s’écarter du modèle archétypal masculin). En ce sens, l’article cité plus haut par Pasiphae  (https://www.bunkerd.fr/ecriture-inclusive) apportait des éclairages  intéressants, notamment ceci :

[Réflexions] Féminiser les noms de métier - Page 7 Cec35c10


Ce tout petit exemple me semble suffisamment concret, et suffisamment clair pour comprendre que non, la langue n’est pas anodine. La volonté de féminiser/ d’inclure n’est pas qu’une question de petits penseurs déconnectés des « véritables problèmes ». Si employer un terme prétendu neutre (masculin) empêche des petites filles de se projeter dans l’exercice d’une profession (elles ne s’estiment pas aptes !), c’est qu’en effet, le langage pose problème. N’es-tu pas d’accord ? ( quant aux garçons, la présence d’un terme féminisé accroît leur confiance / sentiment d’aptitude à exercer le métier).

Tout ça me fait penser à la difficulté que le droit a eu et a encore à reconnaître et condamner la violence verbale. Les mots peuvent être tout autant si ce n’est plus destructeurs que des coups de poing. Un enfant maltraité verbalement, en permanence, par ses parents, n’est pas moins à plaindre qu’un enfant battu. Mais on a une réticence avec ça ; ce ne sont que des mots. Mais les mots ont un pouvoir immense... ils peuvent faire grandir ou détruire.

Tu parles des femmes ingénieures. Et bien oui, moi je pense que ce n’est pas une fois en terminale qu’on dit à une ado : tu pourrais devenir ingénieure. Ça ne peut pas fonctionner. Toute l’éducation, dès la petite enfance, doit ouvrir les portes (y compris à ces métiers considérés comme masculins), en veillant à ce que l’on dit / apprend aux garçons et aux filles. Mais au lieu de revoir notre façon de faire et de nous exprimer, on préfère se dire que les filles, de toute façon, ça n’aime pas les maths (ou n’importe quel domaine majoritairement masculin), voilà tout. Ou alors, on se pointe dans des classes de lycée pour vendre des parcours universitaires manquant de représentation féminine et on s’étonne que ça ne fonctionne pas...

Si nous avons la chance d’avoir des « problèmes de riches », faisons quelque chose de cette opportunité. Nous sommes probablement plus chanceux que d’autres, et avons « le temps » de penser à ça. Tant mieux ? Essayons d’en faire quelque chose.
 
Mokkimy
   
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Bardak, tu parles d'un problème de langue, mais moi j'y vois juste un problème d'éducation.

Il faut apprendre aux hommes qu'ils peuvent être sage-femmes et aux femmes qu'elles peuvent être docteurs.

Et pas expliquer aux hommes qu'ils peuvent être sage-hommes et aux femmes qu'elles peuvent être doctoresses.

Et je n'ai jamais entendu la moindre féministe balancer un militant "bonjour doctoresse, comment allez-vous ?" lors d'un rendez-vous médical. Allez savoir pourquoi, on entend des "bonjour docteur", qui se transforment à la limite en un très neutre "bonjour docteure"... Quel progrès pour la féminisation des noms de métier !

Il existe déjà des féminisations de métier depuis plusieurs siècles qui ont largement été abandonnées. Et quand on les utilise, on paraît ou rétrograde, ou méprisant. En recréer d'autres aujourd'hui, ça n'aura pas plus d'effet à long terme.

Je suis d'accord pour dire qu'il existe des causes féministes ô combien plus grandes et importantes, qui, elles, devraient être une priorité.
https://lamonstrotheque.home.blog/
 
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"N'es-tu pas d'accord ?" Hmm... Oui et non.

Oui, l'auto-censure des filles est un problème. Mais comme on le disait avec le problème des lectures avec héros/héroïne, est-ce un problème de mot ou un problème d'éducation ? Perso, le nom de métier "préparateur mental" ne m'a pas empêché de vouloir le devenir (bon, c'est vrai que j'étais aussi plus vieille). Ce n'est pas tant un problème de langue qu'un problème de représentations, d'éducation, et de stéréotypes. Plus jeune, je voulais être "garde forestier". C'est bien, le mot garde, c'est un super exemple, parce que c'est à la fois "un garde forestier" et "une garde forestier". Donc pas de problème à ce niveau-là. J'ai fait mon stage de Troisième auprès d'un homme qui, à la fin de la journée, m'a dit que c'était un métier de mec. Mais ma prof de techno avait une copine garde forestier. Au final, je n'ai pas suivi cette voie, car d'autres m'intéressait. Mais ici, ce n'est pas la langue qui a posé problème, mais bel et bien les images et les représentations que l'on m'a renvoyé. Encore une fois, ce ne sont pas les mots qui posent problème. Ce sont les actes. On dit aussi bien "patineur artistique" que "patineuse artistique". Or, qu'est-ce que qui décourage les petits garçons ? Pas l'absence de mot mais bel et bien les remarques qu'ils se prennent de leurs amis ou de leurs parents et plus largement de leur entourage. Si je sous-estime le rôle de la langue, vous ici le surestimez d'autant. On ne peut jamais, encore moins sur ces sujets à l'intersection de beaucoup de choses, dire "LA cause, à 100%, est CELLE-LÀ" parce que cette affirmation est rarement vraie.

L'accès des filles à tous les métiers qu'elles veulent, voilà une question concrète, à l'échelle française comme internationale. Et voilà quelque chose qui dépasse largement la langue. Un autre exemple. Il y a longtemps ces messieurs de l'Académie française ont retiré certains noms de métiers féminins, comme "médecine" pour "femme médecin" et "autrice" pour femme auteur (de toute façon les femmes n'avaient pas le droit d'écrire, donc le problème était réglé). Depuis, des femmes sont devenues médecins et d'autres, ou parfois les mêmes, sont devenues autrices. En proportion par rapport aux hommes ? Je ne sais pas, je n'ai pas les chiffres. Mais peut-on affirmer que c'est la langue ? Hmm.... pas sûr, du moins pas à 100%. Pourquoi ? Parce qu'au-delà de l'accès aux métiers, il y a ensuite l'accès à des postes à responsabilité, comme directeur (ou directrice) de laboratoire, ou "de la chirurgie plastique" au sein d'un hôpital. Plus on monte, plus les femmes disparaissent. Pourtant, elles font déjà partie de ces métiers. Donc, elles ne devraient pas s'intéresser à la langue. Et en effet, la langue n'a peut-être qu'un impact infime : ce qui les empêche c'est qu'elles n'ont pas le temps : charge mentale oblige, elles doivent gérer les enfants et tout un tas de trucs ; c'est leur manque de confiance en elle, le sexisme ambiant et lancinant qui fait qu'un homme sera toujours plus compétent qu'une femme. D'ailleurs, ça se remarque particulièrement dans les mangas shojo où, peu importe ce qui arrive, le héros est toujours meilleur à l'école que la fille, même quand la fille est la deuxième du lycée et est donc particulièrement studieuse. D'ailleurs, dans ces mêmes manga, les garçons suivent souvent des voies scientifiques et les filles des voies littéraires. En tout cas dans ce que j'ai vu (donc une infime partie de ce qui existe). Tout ça pour dire qu'il y a énormément de paramètres qui entrent en compte dans le choix d'un métier (vais-je gagner de l'argent ? y a-t-il des débouchés ? je dois travailler pour aider ma famille, etc.) et que la langue n'en est, peut-être – à mon avis c'est infime dans tout ce fatras – l'un des points. Il faut se garder des affirmations comme "voilà avant-après donc c'est une preuve que c'est la langue et seulement la langue". Une prise de décision est tellement complexe ! Quand on a le nez dans quelque chose, on arrive parfois à ne pas prendre de hauteur. Prenons-en ! Prenons-en et regardons à quel point les paramètres sont nombreux dans la construction d'une identité et d'en ressenti face à un mot en particulier !

Citation :
( quant aux garçons, la présence d’un terme féminisé accroît leur confiance / sentiment d’aptitude à exercer le métier)
Je ne comprends pas : ce n'est pas ce que je vois dans le schéma, au contraire les barre vertes des garçons aux "métiers de fille" sont largement plus basses.

Là encore, on peut rattacher ça à la culture, d'une certaine manière, et à l'éducation. Des femmes racontent que jeunes elles se sentaient tellement supérieures aux autres filles parce qu'elles traînaient avec des garçons et vous vendent ça comme 100% expliqué par le patriarcat. C'était surtout peut-être aussi l'expression d'insécurités intérieure dues à l'éducation, sur lesquelles le "patriarcat" a joué, non ? Parce que personne, ni moi, ni ma mère, ni ma soeur, ni les nombreuses filles que je connais n'ont jamais eu ce problème... Regardons les individus en temps que tel avant d'affirmer que c'est "100% telle chose" ou "90% telle chose" qui influence. En réalité, je pense surtout que c'est 2% par-ci, 0,80% par-là, etc. Jusqu'à atteindre 100%.

Par contre, je suis totalement d'accord sur la violence verbale, et on le remarque particulièrement avec le harcèlement scolaire !

Je suis d'accord ici aussi, c'est dès l'enfance qu'il faut dire aux petites filles qu'elles peuvent faire ce qu'elles veulent. Mais vois : ici on parle d'éducation, non de langue. Certes, l'éducation passe par la langue, mais je reprends mon exemple de garde forestier : ça ne s'entend pas, c'est le même mot fille et garçon. Ce n'est donc pas tant une question de mots qui sonnent fille ou garçon qu'une éducation, des encouragement permanent. Et si une petite fille s'interroge sur le féminin d'un mot qu'elle n'a jamais entendu, ne surtout pas lui répondre "parce que c'est un métier d'hommes" mais "parce qu'il n'a pas encore été inventé, mais si tu fais ce métier-là peut-être que tu pourras convaincre les autres d'utiliser ce mot". La langue est un outil, ici, pas la cause de tous les maux et de tous les malheurs, ni la solution  à tout !

100% d'accord avec Mokkimy !
Vieille ado, je refusais les termes d'autrice et écrivaine. Je refuse toujours le second. Pourquoi ? Parce que le premier est une récupération d'un terme abandonné par les Académiciens, je trouve ça pas juste que ce soit une décision d'en haut, je préférerais que ce soit une décision d'usage. Le deuxième n'a jamais eu, à ma connaissance, de féminin, je le trouve très bien comme ça, et je dis donc être "une écrivain". Mais surtout j'ai cette impression que si l'on me dit que je suis écrivaine, alors je ne suis pas placée sur le même plan que les hommes, qu'on va pouvoir faire un classement des meilleurs écrivains (dont je ne ferais pas partie) et un classement des meilleures écrivaines et du coup je ne pourrais jamais être considérée comme "meilleure qu'un homme". Alors, c'est sur un truc très subjectif comme la littérature, mais ça s'applique à des choses plus concrets. J'ai l'impression du coup que si on dit à une petite fille "tu peux être doctoresse" on ne l'amène pas exactement vers le même métier que "tu peux être docteur".
De plus, comme dit Mokkimy, on peut statuer sur l'emploi des mots ou pas, une fois dans le cabinet de son médecin, on dit "bonjour docteur"...
 
Jdoo
   
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Bardak a écrit:
C’est un panneau publicitaire 3 mètres sur 3 mètres, plus un indice à ce niveau-là...

Alors effectivement il me semblait que certaine inégalité était plus frappante, comme l'inégalité des salaires ou la représentation des femmes à l'assemblée ou dans les conseils d'administration. Après on peut effectivement se demander si le fait de ne pas féminiser certain nom de métier n'interdit pas l'accès à ces métiers. Et bizarrement ce sont effectivement les noms de métier à haute responsabilité qui se trouve en déficits de féminisation. Il doit y avoir une sorte de dialectique dans ce phénomène, qui pourrait ressembler à "comme on "interdit" l'accès au métier à haute responsabilité aux femmes , les noms de métiers féminisés correspondant disparaissent du vocabulaire et comme le mot a disparu, les femmes se disent si le mot n'existe pas alors ce n'est pas pour moi." Est-ce à dire qu'il suffit de féminiser les noms de métiers pour qu'elle accède à ces métiers ? peut être, mais je ne suis pas sûr que ce soit suffisant, car parfois le mot féminin existe et pourtant le métier est bizarrement déserté par les femmes. Par exemple on a naturellement Informaticien/informaticienne, alors qu'il y a finallement très peu d'informaticienne (programmeuse de soft j’entends) et ce qui n'est clairement pas normal et ça c'est vraiment déprimant.
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Dans le même genre on a aussi naturellement mécanicien/mécanicienne et pourtant beaucoup plus d'hommes que de femmes ici encore.
 
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En Amérique Latine, où les féminicides sont 10 à 100 fois plus nombreux, où le droit à l'avortement n'est pas reconnu, (et je parle pas de la gestion des violences conjugales et des viols), les féministes se battent aussi sur le champ linguistique, avec l'utilisation du X genre "latinXs" pour inclure les personnes non-binaires ou de l'arobase "latin@s" pour pouvoir dire "latinos (masculin) y latinas (féminin)"...

Donc bon le discours "Les féministes sont des bourgeoises, si elles s'inventent de faux problèmes avec la langue, c'est que la situation n'est pas trop compliquée va"... il est encore plus faux
 

 [Réflexions] Féminiser les noms de métier

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