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| Rejet du féminisme : causes ? | |
| | | Invité / Invité Mar 11 Avr 2017 - 22:01 | |
| Le féminisme c'est pour dire les femmes sont égales aux hommes alors il faut leur donner les mêmes droits, mais qu'est-ce qu'on va semmerder, on était bien à s'occuper de nos bébés mignons à l'écart des couloirs de l'hypocrisie, avec le monsieur nigaud qui nous ramenait de l'argent.
En vrai cette société est menée par les femmes, bizarre qu'on ne s'en rende pas compte. Mais il faut LES HONNEURS. C'est important les honneurs, et nos noms sur les panneaux. |
| | Nombre de messages : 69 Âge : 32 Date d'inscription : 10/04/2017 | Vela / Clochard céleste Mar 11 Avr 2017 - 22:23 | |
| Alors, j'ai essayé de rattraper les 3 pages de débats et au final, j'ai trop rien à dire par rapport à ce qui est au dessus. J'éviterai donc d'en rajouter une couche vu qu'au départ, le but n'est pas de dire qui pour moi a raison ou tort et de prendre partie plus pour l'un ou pour l'autre mais d'apporterà mon tour mon vécu, ressenti et ma vision du féminisme (j'espère ne pas avoir compris de travers). Me concernant, je suis une femme de 24 ans, considérée comme chiante et féministe. Pléonasme d'après certains... (je n'extrapole pas, je vais vous raconter plusieurs situations qui dernièrement ont interpellée la féministe qui est en moi) - Gros hors sujet de fou:
Fait n°1 : Cet été, je me suis mariée (Ouais ! Trop cool, félicitations ! Blabla). Je me suis battue pendant les 5 mois de préparatifs pour faire comprendre à mon mari que non, je ne prendrais pas son nom.Mon point de vue ? Il est né avec son nom, je suis née avec le mien. Il ne veut pas porter mon nom, je veux garder le mien. Pourquoi aurait-il le choix et moi non ? Tradition ? Mais... je ne vis pas et je me marie pas pour la tradition ! Monsieur porte le nom de sa mère de base en plus alors la tradition svp... ! Qui m'a très bien comprise, elle, et soutenue dans mon choix d'ailleurs Bon, monsieur a maintenant compris que c'était peine perdu, que si changement de nom il devait y avoir, ce serait fait lorsque j'en aurai fait moi-même la démarche et non par principe ou pour lui faire plaisir. On parle de mon identité, pas de la couleur de mon prochain T-shirt... et les problèmes de paperasse si il me quitte dans quelques années ? Bah... pour Bibi ! Ah non non, le mariage ne doit pas être contraignant, j'ai pas besoin de me noyer sous l'administratif pour l'aimer xD Pour les enfants, aucun problème à ce qu'il porte son nom uniquement, j'ai pas de problème de filiation avec ce qui sortira de mon ventre personnellement donc après, je peux comprendre qu'il veuille créer son lien avec nos bibous, j'ai déjà la chance de les porter (ou pas en fonction de la grossesse... xD) Bon, là, je pars loin dans le développement, je passe au conséquence d'un simple choix légal depuis plus de 10 ans quand même... > La banque a refusé de mettre mon nom sur le compte commun... nous sommes mariés, ils ne veulent qu'un nom, du coup seul celui de monsieur apparaît... > Nos assurances voitures sont au même endroit, nos contrats sont liés pour nous permettre d'avoir les avantages que notre situation matrimoniale entraîne. J'ai du me battre pour que ce soit mon nom qui apparaisse parce que même leur logiciel ne sont pas prévu pour m'en accordé un qui n'est pas celui de mon époux alors que la loi ne date pas d'hier... > Ma DRH s'est permise de changer mon nom sur mon bulletin de salaire en prenant connaissance de mon acte de mariage alors que je n'en avais aucunement fait la demande et que le changement de nom se fait après le mariage par la personne le souhaitant et n'est en rien systématique légalement parlant... J'ai du attendre 2 mois pour retrouver mon nom et il me manque toujours les bulletins corrigés alors que la demande a été faite en même temps... > Ma DRH encore une fois m'a recontactée et m'avait dans un premier temps refusé le RIB du compte commun car... comme ils m'avaient remis sur mon nom de naissance et que la banque n'accepte qu'un nom pour un couple marié bah... pour eux, aucune preuve qu'ils s'agissent d'un compte commun... J'ai du redonner une copie de l'acte de mariage qu'ils avaient eu moins de 6 mois avant... > Un collègue m'entendant pesté un matin après appel de notre chef d'équipe qui m'informait justement que la DRH souhaitait me voir pour le motif précédent, m'a demandé ce qui m'arrivait. Je lui ai expliqué la situation. Réponse : "Mais t'es une puta** de féministe ! T'aimes faire chier ton monde toi en fait ! HAHAHA" Non non, pas hahaha de mon côté :@ Fait n°2 : Je vais dans un hypermarché très connu en France où j'ai l'habitude de flâner... Je m'égare comme d'habitude du côté librairie... Ce coup-là, j'avais très envie de voir si du côté des revus scientifiques, historiques tout le tralala, je pouvais trouver des choses sur les animaux mythiques, les civilisations anciennes etc. comme j'avais la chance de trouver par hasard à la librairie de l'hôpital un mois plus tôt. Et là, surprise ! Je vois les Science et Vie et toutes les autres revues du même genre, je lève la tête et je vois qu'ils classent ces magazines sur un portique intitulé "MASCULIN". Je me dis tiens donc... doit y avoir un truc FEMININ... Intriguée, je regarde plus loin et je tombe bien sur le portique... regroupant la presse féminine en compagnie des revues de presse à scandales, des cancans, des magazines de mode et déco et tout un pan consacré au rêve ultime de toute bonne femme bien éduquée : le mariage ! O.O En gros, la connaissance et les savoirs sont à l'homme ce que les ragots et les chiffons sont aux femmes... XD J'ai appelé le magasin à défaut de trouver un employé... L'employé que j'ai eu au téléphone s'est excusé mais m'a expliqué que les chiffres étaient les chiffres... les femmes achètent ce genre de presse et pas les hommes ! Bah oui, rien avec le fait qu'un homme dans notre société actuelle se sentirait rabaissée à l'idée de choisir ses lectures dans la partie ovaire de la presse... Et pourtant dans mon couple par exemple, je vous laisse deviner qui est le plus au fait des derniers potins de stars J'ai finalement été rappelée par la personne dirigeant le secteur, une femme, nouvellement embauchée qui cherchait une solution à ce problème que j'avais souligné. Nous avons discuté et OH JOIE ! une semaine après, victoire, elle avait fait réagencer le coin librairie et avait fait disparaître le côté masculin. La seule presse restait féminine ne contient plus que les inclassables du fait de leur nom trop marqué mais le coin mode, sciences, people n'appartient plus à aucun genre ! Fait n°3 : La journée consacrée à la lutte pour les droits de la femme qui devient systématiquement la journée de la femme... Ou comment à la base la journée est censée nous sensibiliser au féminisme et aux inégalités de genre de tout type et se transforme en un : "Merci les femmes d'exister et de supporter d'être nos esclaves à l'année en l'échange d'un chocolat, d'un bouquet de fleur et d'un sourire en ce jour béni..." YERK. Non non, ça ne marche pas comme ça, c'est pas bien de détourner le message d'origine ! Et le pire c'est qu'il y a des femmes aussi qui véhiculent ça XD J'ai un ami qui a posté un message sur les réseaux sociaux et à qui j'ai expliqué tout simplement pourquoi j'était mal à l'aise à lire son petit mot fort sympathique au premier abord et ma vision de la chose... J'en suis venue à comparer ça à la journée de la lutte contre les discriminations qui étaient pas longtemps après (21 mars je crois ?) et j'en suis venue à lui demander s'il comptait souhaiter une bonne fête à tous les gens de couleurs dans ses contacts ? Et il en est venu à me demander si il y avait une journée pour les roux, je lui ai fait remarqué qu'il subissait aussi des discriminations en tant que roux. Devinez qui a reçu un joli bonne fête ce jour-là ? Fait n°4 : Un collègue masculin, hétéro, s'est permis de mettre une main au cul à un autre collègue homme qui n'a pas osé en parler de peur d'être regarder de travers parce qu'après tout... y a quoi de mal qu'on irait lui dire, c'est pas la mort ! Je suis remontée à bloc devant cette situation qu'il m'a confiée et je peux vous assurer que depuis je suis ultra vigilante quand ce collègue est dans le coin car si lui ne voit pas le mal, je vais jouer à chat-bite moi aussi et on en reparlera :@ (Non, j'irai pas jusque là, ça se retournerait contre moi --'). Ce qui est sûr c'est que le collègue qui a vécu cette situation et qui est gay, l'a très mal vécu mais dorénavant, il s'est qu'au besoin, je m'interposerais et que si je viens à voir le moindre fait suspect, je me porterai témoin. Le harcèlement sexuel n'est pas uniquement d'un homme sur une femme. Le genre de l'assaillant et de sa victime et leur orientations sexuelles ne devraient pas entrer en ligne de compte. Seuls les faits et les conséquences sur la personne qui subit doivent être considérées à mon sens. Et ceux, que ce soit dans le cadre du harcèlement, de l'agression physique, psychologique et morale.
Je pense que les différents types de réactions ont déjà été mises en avant dans les messages précédents et si je devais en donner une cause concernant tout du moins l'agressivité qu'on retrouve aussi bien chez les hommes et/ou chez les femmes quand il est question de féminisme je la donnais ci dessous : "Je trouve très mal aisé de porter un jugement sur le vécu et le ressenti d'une personne qui partage ou vit une situation de ce genre. Selon moi, personne, qu'il soit homme ou femme, n'a le droit de remettre en cause les propos tenus par une victime qu'il la considère comme tel ou non. Pour moi, c'est comme ça qu'on rajoute du ressentiment entre les interlocuteurs, qu'on crée un traumatisme secondaire et une réaction au premier abord disproportionnée mais en réponse à ce qui est vécu comme une seconde agression/injustice/discrimination. Les "Tu devrais" ou pas, "Tu aurais dû" ou pas, les "il faut" ou pas, les "A ta place, j'aurais" ou pas n'ont pas leur place quand quelqu'un veut tout simplement vous partager une blessure. Et je trouve qu'il y a un beau parallèle à faire avec les discriminations de genre... Ou hommes et femmes passons beaucoup trop de temps à se comparer, à surenchérir et à juger plutôt qu'à écouter et se sensibiliser pour ne pas reproduire simplement ce qui peut porter atteinte à l'autre en tant que personne." ET VOILA, je vous ai assommé avec un pavé, j'ai encore plein de situations mais je m'arrête là. PROMIS. (la suite dans mon prochain bouquin... )
Dernière édition par Vela le Mer 12 Avr 2017 - 16:28, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 3753 Âge : 29 Localisation : New New York Pensée du jour : Good news, everyone ! Date d'inscription : 19/12/2014 | Nillac / Sam Carter Mar 11 Avr 2017 - 22:29 | |
| - Citation :
- En fait j'ai eu l'impression, en voyant ton intervention puis celle de Nillac, qu'on retrouvait ce vieux démon de "la féministe enragée", la "féminazie", la "misandre" ; ces personnes existent mais elles représentent, quoi... 0,1% de l'effectif féministe contemporain
Je tiens à préciser que quand je parlais du "vrai féminisme" et tout ça, il s'agissait pas de mon avis. Il s'agissait d'une supposition de ma part sur la façon dont certains hommes qui se disent anti-féministes justifiaient leur posture. Je ne sens pas capable de dire qu'elle sont les causes légitimes ou non. Je pense d'ailleurs que l'argument "regarde là-bas comment c'est pire" est invalide et ne justifie pas qu'on occulte les problèmes qui existent chez nous. Quand au cliché de la "féministe misandre" je ne jamais pensé qu'il représentait les féministes de quelque manière que ce soit.
Un homme pense pouvoir utiliser le spiritisme pour s'enrichir. Mais ce qui n'était que mise en scène finit par échapper à son contrôle tandis que les morts s'accumulent.
Héraut des esprits [fantasy occulte] - Commentaires
Dragon de l'amicale des commentateurs | |
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| | Nombre de messages : 6963 Âge : 37 Date d'inscription : 03/01/2010 | Lo.mel / Troll hunter un jour, troll hunter toujours Mar 11 Avr 2017 - 22:29 | |
| - VELA a écrit:
- ET VOILA, je vous ai assommé avec un pavé, j'ai encore plein de situations mais je m'arrête là. PROMIS. (la suite dans mon prochain bouquin... Rolling Eyes )
Ouais, surtout que c'est hors-sujet. |
| | | Invité / Invité Mar 11 Avr 2017 - 22:38 | |
| Eh Vela tu sais tu peux donner vos deux noms à vos enfants, pourquoi tu ne veux pas le faire ? |
| | Nombre de messages : 5732 Âge : 35 Localisation : Oxfordshire Pensée du jour : Oui, je connais cette théorie. Date d'inscription : 23/12/2007 | Tim / Morceau de musique survitaminé Mer 12 Avr 2017 - 2:09 | |
| Je ne sais pas si ça a été dit plus haut (ça s'est vu que j'ai lu en diagonale et que je suis fatigué ?), mais j'ai envie d'ajouter quelque chose (qui sait, ça relancera peut-être le débat dans une autre direction): je pense qu'un point important pour aborder le féminisme est de comprendre qu'il n'y a pas UN féminisme. Sans même parler d'intersectionnalité avec les autres sources de privilèges et d'oppression, il suffit de réunir 10 personnes féministes dans une salle et de lancer le sujet du port du voile, de la prostitution ou de la GPA pour que ça puisse tourner au bain de sang.
Et je voudrais également ajouter que tout a commencé à merder le jour où féministe, droit-de-l'hommiste et bien-pensant ont commencé à être utilisé par certains comme des termes péjoratifs. |
| | Nombre de messages : 69 Âge : 32 Date d'inscription : 10/04/2017 | Vela / Clochard céleste Mer 12 Avr 2017 - 9:20 | |
| LO MEL: j'avoue que j'aurai peut être pas du lire les 3 pages et me contenter du titre pour m'éviter de déborder largement en dehors de la demande d'origine maintenant que j'ai une nuit de sommeil entre ma découverte du sujet et mon passage. J'aurai du attendre avant de me lancer dans une réponse, je serai plus vigilante les fois prochaines. GEA : Parce que mon mari n'est pas chaud pour et que je lui laisse carte blanche. Ça m'importe peu dans le sens où ils en seront pas moins ou pas plus mes enfants après j'aurai peut être une surprise dans quelques mois |
| | | Invité / Invité Mer 12 Avr 2017 - 9:26 | |
| - Pasiphae a écrit:
- 2 - la sensation de se sentir attaqué soi, personnellement ; la rhétorique féministe est souvent violente, dure, et ne tient pas compte des situations individuelles, ni des fragilités de caractère des uns et des autres, puisqu'elle vise un système. Je ne dis pas que c'est déplorable, mais que c'est une de ses caractéristiques et qu'elle peut être violente. C'est, lorsqu'on nous présente un système, cette mécanique qui veut que l'on essaie de se positionner à l'intérieur ; le "moi je". On ne se reconnait pas dans l'expérience décrite. J'ai connu cela pour d'autres formes d'oppression ; je n'avais par exemple pas le sentiment d'être raciste, ni de pratiquer des actes racistes, et lorsque des racisé-e-s me renvoient à la face le fait que je suis une oppresseure, j'ai envie de me défendre. C'est naturel ; mais une fois la blessure à l'ego pansée, on interroge le système, on essaie de le démantibuler ; à moins d'être christique, le temps de rejet me paraît presque un préalable à l'acceptation.
Je suis d'accord avec le reste mais je réagis à ça. Tu parles de racisme et je suis d'accord avec ton raisonnement. Mais ça n'a marché que parce que tu voulais bien faire et te remettre en question. Donc, oui, la violence féministe est justifié parce qu'elle pose sur la table et aux yeux de tous une souffrance. Maintenant, parlons des misogynes qui ne veulent pas écouter les féministes : La haine, c'est la peur. Quand on tape sur la haine, on ne fait souvent qu'agrandir la peur et la haine. Du coup, dans ces cas particuliers, il est préférable de s'adresser à la peur et de faire de la pédagogie. À partir du moment où le harcèlement et tous les problèmes dénoncés par les féministes ont comme source l'incompréhension, le malaise, la peur des hommes, alors oui, il me semble pertinent d'aborder les deux sujets. C'est lié. Quand on veut arrêter un conflit, on essayer d'apaiser les deux opposants, non ? |
| | | Invité / Invité Mer 12 Avr 2017 - 9:27 | |
| Pourquoi il veut pas ? C'est chelou. J'avais entendu une anecdote sur une mère qui n'avait pas pu récupérer son enfant à l'aéroport (qui s'était perdu ou que sais-je) parce qu'elle ne portait pas le même nom sa belle-sœur avait eu l'autorisation de le récupérer |
| | Nombre de messages : 3215 Âge : 49 Localisation : Devant le PC Pensée du jour : 50 nuances d'earl grey Date d'inscription : 05/12/2012 | Mikaroman / Jeune et fringant retraité Mer 12 Avr 2017 - 9:59 | |
| Il existe une incohérence formelle assez agaçante dans les débats féministes.
En partant du principe que le féminisme réclame une égalité homme/femme, il devient formellement incohérent de s’interroger sur le sexe de l'interlocuteur pour présumer de la légitimité de son propos.
Or dans un débat féministe si deux femmes, qui se disent féministes, ne sont pas d'accord on convient assez facilement qu'il existe des féminismes et que cela justifie leur désaccord.
À l'inverse quand il s'agit d'un débat entre une femme et un homme qui se disent féministes, la discussion tournera assez rapidement à : "de toute façon t'es un homme, tu ne sais pas de quoi tu parles". Ce qui, factuellement, est une démarche sexiste puisqu'elle présuppose que le sexe de l'interlocuteur le discrédite.
Ensuite, il s'agit d'une incohérence formelle. J'entends par là qu'elle ne tient que si on aborde la problématique en suivant uniquement une analyse de logique "naïve". Dans la réalité, il serait impossible de faire progresser un déséquilibre entre groupes sans bousculer le groupe dominant. (cela a été abordé dans un des posts précédents)
La question de savoir si un homme peut/pourra être ou non féministe me semble importante. Car elle pose une question d'égalité des droit, une question d'égalité de la parole. Or cette question d'égalité est une question centrale dans la problématique féministe.
En tant que personne j'avoue qu'il m'est difficile d'encaisser le fait que ma parole soit régulièrement bafouée, minimisée, niée... En tant que féministe (car je continue à me revendiquer comme tel) j'aime bien que ma parole et celle des autres homme soit remise en question car cela pousse à remettre en question et à réfléchir mes/nos idées et à se demander si elles sont celles qui correspondent à mes valeurs ou celles qu'une éducation systématique m'a appris à considérer comme normales.
Il est arrivé dans des débats féministes que j'aie tort, que je finisse par m'en rendre compte. Et, étant une personne entière, j'avoue ma totale incapacité à dire si j'avais tort parce que j'étais un homme ou parce que j'étais moi. Mais c'est en tant qu'homme qu'on a nié ma parole, et j'ai trouvé ça injuste car c'est une partie de moi que je ne pourrai jamais changer, que je ne veux pas changer. Le fait que ma parole soit niée, m'a poussé à la réfléchir, mais ce fut violent.
J'assume donc ce paradoxe du féminisme masculin qui veut participer au débat mais qui accepte qu'il va en prendre plein la gueule. Mais j'avoue que je le ressens comme du masochisme quand je me l'impose, et de la violence quand on me le fait subir (et humainement, j'ai beaucoup plus de mal avec la violence qu'on m'impose qu'avec celle que je m'impose).
Dans une situation ubuesque où la parole des femmes est niée parce qu'elle sont femme, il y a sans doute une certaine logique à accepter la solution ubuesque que la parole des hommes soit niée parce qu'ils sont des hommes afin que le système ubuesque s'effondre sous sa propre incohérence et qu'il soit possible de bâtir quelque chose de plus cohérent (et je l'espère de plus juste). L'incohérence formelle dont je parlais au début ne tient effectivement que dans la perspective naïve où on estime que le débat a lieu dans un monde gouverné par la logique. Or nous vivons dans un monde qui ne l'est pas.
Il m'a fallu beaucoup de temps pour écrire ce petit bout de texte, j'ai effacé écrit et réécrit chaque paragraphe un grand nombre de fois et j'espère ne pas avoir finalement perdu la cohérence que je voulais lui donner à force de rectifications. |
| | | Invité / Invité Mer 12 Avr 2017 - 11:37 | |
| Pour répondre au sujet, donc à un éventuel rejet du féminisme, pour ma part ce qui peut me gonfler là-dedans c'est de tout ramener constamment à un rapport de forces, et in fine à une guerre des sexes. Est-il plus facile d'être un homme ou une femme en France, en 2017 ? On peut lister des difficultés et des facilités selon le sexe, mais également bon nombre de choses seront communes aux deux genres. On peut alors défendre aussi aisément le féminisme ou le "masculinisme" selon le prisme, mais tout cela est-il bien constructif ? Faites l'amour, pas la guerre. |
| | Nombre de messages : 10122 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Mer 12 Avr 2017 - 12:00 | |
| Le féminisme n'est pas une guerre contre les hommes ; il est une lutte menée dans le but d'obtenir une vie plus facile, moins problématique, plus égalitaire entre les sexes ; une lutte contre le patriarcat, ou contre ce que certaines sociologues nomment le viriarcat (notion plus opérante aujourd'hui : le père tout-puissant a perdu de son aura). Le féminisme n'est donc pas le pendant du masculinisme.
En 2017, en France, à situations sociales égales (neurotypique ou pas, valide ou non, racisé ou non, classe sociale aussi), il est beaucoup plus difficile d'être une femme (le nombre d'études sociologiques qui le prouvent appuiera assez ma sensation) ; ce qui ne veut pas dire qu'il n'existe pas des problèmes spécifiques aux hommes cis. Ta réponse, Kiru, m'a d'abord énervée, et je me suis souvenue que j'en parlais dans mon premier post : la plupart des hommes ignorent simplement tout de l'expérience féminine, et c'est la raison pour laquelle il est si important d'en parler et de la médiatiser.
edit : je trouve ta réponse intéressante et construite, Mikaroman, mais elle m'interpelle. Tu ne parles pas de contexte ; il est évident que la parole des femmes est plus légitime dans une assemblée féministe, ou lorsqu'un sujet de conversation lié à des problèmes féminins est abordé. Mais le reste du temps, on ne demande rien d'autre qu'une attention accrue des hommes sensibilisés au féminisme lorsque l'assemblée est mixte (puisqu'en effet, les hommes ont tendance à couper plus facilement la parole aux femmes et à ne pas les écouter ; et cela découle de mécanismes inconscients, évidemment). Donc la parole n'est niée que dans la mesure où elle voudrait parler à la place de, confisquer la parole. Après si ton impression est plutôt que dans les milieux féministes, la parole masculine est impossible, même lorsqu'elle poserait des questions ou tenterait de réfléchir, je suis plutôt d'accord. C'est une des positions de certains milieux féministes que je trouve problématique, parce que je vois mal comment les hommes peuvent se sensibiliser au féminisme s'ils n'ont pas d'espace de réflexion.
Dernière édition par Pasiphae le Mer 12 Avr 2017 - 12:12, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Mer 12 Avr 2017 - 12:08 | |
| - Citation :
- Est-il plus facile d'être un homme ou une femme en France, en 2017 ?
Il me semble oui ! Penser le combat féministe autrement que comme un "rapport de forces" peut-être, mais on ne peut pas nier la réalité pour autant. Et puis même, en admettant qu'il ne soit pas "plus facile d'être un homme", il n'en reste pas moins que les femmes subissent des injustices et des comportements que nous ne subissons pas. Par ailleurs, je pense que toutes les "pressions" que nous subissons (qui ne sont vraiment rien, au quotidien, par rapport à ce que subissent les femmes) peuvent être déjouées par le féminisme, si ce dernier ce pense bien comme un humanisme (ce qui me semble être le cas le plus souvent). Dans un monde où hommes et femmes sont égaux réellement, on n'exigera pas de moi que je sois "fort", "viril", que "j'assure financièrement" ou je ne sais quel autre stupidité du même genre. Mika, je suis assez d'accord avec toi, surtout sur ce paragraphe : - Citation :
- Il est arrivé dans des débats féministes que j'aie tort, que je finisse par m'en rendre compte. Et, étant une personne entière, j'avoue ma totale incapacité à dire si j'avais tort parce que j'étais un homme ou parce que j'étais moi. Mais c'est en tant qu'homme qu'on a nié ma parole, et j'ai trouvé ça injuste car c'est une partie de moi que je ne pourrai jamais changer, que je ne veux pas changer. Le fait que ma parole soit niée, m'a poussé à la réfléchir, mais ce fut violent.
J'avoue ne pas avoir eu l'occasion d'avoir tort dans un débat féministe, parce que je n'en parle pratiquement jamais, mais cette situation m'angoisse pas mal quand je la vois à l’œuvre. Étrangement, elle n'est que la mise en abime de ce que la gente féminine doit traverser quotidiennement : être ramené à son sexe dans les situations sociales. Même le début du débat, la manière dont il a été posé ici, me semble être un peu symptomatique du problème : - Citation :
- Comment expliquez-vous que les hommes rapportent toujours le débat sur leurs propres misères alors qu'on parle d'un problème spécifique ?
En ramenant la question sur un problème "des hommes" envers le féminisme, on fait comme si "les hommes" étaient un ensemble homogène. Par ailleurs, on rapporte l'attitude "des hommes" au fait qu'il soit "homme", or si je crois qu'évidemment ça explique une partie du problème, ça ne l'épuise pas entièrement (beaucoup de femmes rejettent aujourd'hui le féminisme). Bref, tout ça c'est que j'appelais plus haut "problèmes rhétoriques". Ces problèmes ne discrédite pas du tout le féminisme, déjà parce qu'ils n'existent pas dans tous les discours féministes, mais ils rendent difficile l'échange quand la personne en face n'était pas déjà prête à faire "l'effort critique" nécessaire pour déplacer son point de vue (ça explique peut-être, même si ça ne justifie pas, que certains hommes rapportent le féminisme aux discours radicaux, alors même que ces discours sont minoritaires). |
| | | Invité / Invité Mer 12 Avr 2017 - 12:11 | |
| Mais concrètement, Pasiphae, qu'est-ce qui est plus compliqué pour une femme aujourd'hui en France ? J'ai l'impression d'être dans le déni, à te lire, d'être aveugle.
(Soit dit en passant le pb du féminisme comme le pb de tous les discours défendant des causes en général, c'est que c'est généraliste, pas précis, pas concret, je ne reconnais rien de ma réalité, des mots sont utilisés mais on ne sait pas ce qu'il y a derrière. Comme les discours politiques de manière générale. "Les femmes", "les hommes", "les ouvriers", "les gays", "les patrons"..... Qui se reconnaît dans ces groupes et dans ce qu'on en dit ?? Franchement ??) |
| | Nombre de messages : 10122 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Mer 12 Avr 2017 - 13:47 | |
| Je ne vais pas rédiger tout un essai, et si je pars de mon expérience elle ne reflétera pas du tout ce que vivent la plupart des femmes françaises, puisque je suis socialement très privilégiée (blanche, neurotypique, valide, bourgeoise). Je mettrai en spoiler pour ne pas envahir le débat. - Spoiler:
Je rencontre dans mon quotidien trois grands pans :
- la confiscation de l'espace public : c'est le fait de le vivre à travers des mécaniques liées à la peur et à la gêne ; donc de ne pas pouvoir sortir seule après une certaine heure (dès que la nuit tombe, on commence à croiser 80% d'hommes dans la rue), ou même, la journée, de savoir que si on part en promenade seule, on risque de se faire harceler / accoster / suivre (depuis que le beau temps est revenu, j'ai tenté deux fois d'aller lire seule dans un parc : les deux fois un type est venu se planter sur mon banc pour me draguer, et j'ai fini les deux fois par rentrer chez moi en colère). C'est aussi, plus insidieux, les stratégies élaborées dans les transports pour risquer le moins possible d'être en contact physique avec un homme (s'asseoir à côté d'une femme, ou sur une place seule, ou ne pas s'asseoir plutôt que de risquer de toucher un homme), à cause des multiples expériences liées aux frotteurs, ou aux types qui se masturbent, ou aux mains aux fesses. Donc l'espace public est dangereux pour les femmes. Evidemment ça dépend de nos sensibilités, on ne vit pas toutes de la même façon une main aux fesses / une tentative d'accostage / quelqu'un qui valide ou non notre apparence. Moi je le vis très mal parce que la peur me paralyse, mais je connais des filles qui n'ont plus peur parce que par exemple elles ont pris des cours de self defense, ou parce qu'elles ont une personnalité très affirmée. Mais dans tout les cas ce n'est pas normal qu'il faille avoir telle personnalité pour bien vivre l'espace public.
- les pressions genrées (mais ce pan est valable aussi pour les hommes, qui en subissent simplement des différentes, mais il me semble moins pressantes). Ca c'est tout ce qui vient de la publicité et des injonctions. L'entourage qui vous dit comment vous habiller, vous épiler, vous tenir. Depuis que je suis toute petite ma mère se moque de moi lorsque je choisis des vêtements qu'elle n'aime pas (elle ne l'a jamais fait avec mon frère), me fait des remarques en public quand je me tiens les jambes écartées, commente sans cesse la tenue de mes ongles, de mes cheveux, des trous dans mes vêtements. Cette pression liée à l'apparence est difficile à tenir (mais on peut la mettre à distance en grandissant je trouve, je l'ai vécue avec plus de violence dans mon adolescence, quand je vivais avec des adultes qui pouvaient se permettre d'être injonctifs ; maintenant que je vis avec des gens que j'ai choisis, c'est plus simple, ils ne me feront pas de remarque si mon épilation n'est pas nette lol). Mais beaucoup de femmes subissent ces injonctions de plein fouet avec l'image médiatique, les recommandations des magasines féminins etc., et la pression des collègues et des amis. Il y a aussi tout le pan lié à la maternité, le fait qu'on vous dise et vous répète que vous ne vous accomplirez vraiment que par elle, qu'une femme sans enfant se dessèche à la fin de sa vie, qu'elle l'a ratée. Il me semble que cette pression concerne plus les trentenaires, mais je l'ai subie dans mon adolescence de manière assez violente avec ma mère, quasi-quotidiennement.
- la légitimité dans l'espace intellectuel / artistique, qui se découpe en deux volumes. celui des représentations : depuis notre enfance, on nous éduque à grand renforts de "grands hommes". Dans les corpus des profs, uniquement des hommes, que cela concerne les lettres, la philo, ou toute science humaine (et peut-être toute science tout court). Les femmes font figure d'exception (la seule femme que j'aie étudiée dans le secondaire, c'est Arendt ; aucune en lettres). Cela construit insidieusement une figure d'autorité et de légitimité masculine ; la représentation politique va dans ce sens, et tous les "experts" qui prennent la parole à la télé aussi. Du coup nos représentations sont super cloisonnées, et on est moins enclin à faire confiance à une femme. Même chose pour les médecins. La voix des hommes nous rassure, celle des femmes nous fait douter, d'autant plus lorsque le sujet abordé est intellectuel. Du coup c'est difficile pour beaucoup de petites filles de se projeter dans ces rôles ; on parle souvent de la sous-représentation des femmes dans les filières scientifiques, mais c'est la même chose par exemple dans le champ poétique (peut-être 20 % de femmes, même aujourd'hui !). Donc auto-censure, et problèmes avec soi. J'ai mis beaucoup de temps à me revendiquer poétesse parce que je ne me sentais pas légitime là-dedans ; j'ai même souvent ressenti le besoin d'écrire au masculin, comme si c'était plus neutre ou me donnait plus de légitimité. On voit aussi les réticences à féminiser les noms de métier si ceux-ci sont haut placés (on a moins de réticences à féminiser des métiers moins valorisés socialement) ; ça participe à ce plan insidieux des représentations. En tant que prof, j'essaie d'agir en proposant à mes élèves des corpus d'auteurs mixtes, des personnages intéressants et complexes des deux sexes. Ils doivent tous pouvoir s'identifier ou se sentir valorisés. celui de l'accomplissement : là, c'est le résultat des représentations. C'est plus difficile pour une femme d'être reconnue, écoutée pour sa production intellectuelle / artistique (et on va en plus lui demander d'être belle ; on attend, sans se l'avouer souvent, d'une autrice qu'elle présente bien). Dans les milieux universitaires on le sent bien ; les directeurs prennent plus volontiers pour interlocuteurs des garçons. Mais même dans le milieu amical. Il est parfois malaisé de prendre une place dans la conversation (auto-censure déjà, mais aussi le fait qu'on a tendance à ne pas insister une fois qu'on nous a coupé la parole). Ce sont plein de mécanismes insidieux, dont personne n'est vraiment conscient, mais qu'on gagne à reconnaître et combattre.
- l'absence de reconnaissance de problèmes féminins (comme s'ils étaient mineurs, inintéressants). Par exemple les règles. Dans certains pays, on commence à installer le jour de congé pour règles. Personnellement, j'en aurais besoin. Je ne trouve pas normal qu'on attende de moi que j'aille travailler lorsque je souffre une torture et que je suis à tel point émotive et irritable que je me sens incapable de me tenir normalement devant mes élèves ; la plupart des femmes qui ont des règles difficiles sont obligées de prendre des arrêts de travail, qui ne sont pas du tout prévus pour ça. Donc les règles ne constituent pas une problématique sociale légitime... et c'est dommage.
Je ne parlerai pas des oppressions liées au monde du travail, à la violence dans les couples, etc., et à plein d'autres que j'ignore / que j'oublie, n'étant pas concernée.
edit : uneémission que je trouve très intéressante sur la question de la confiance en soi et de la prise de parole des femmes.
Dernière édition par Pasiphae le Mer 12 Avr 2017 - 20:49, édité 2 fois |
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