Je n'arrête pas de le voir en librairie et de me dire que je meurs d'envie de le lire !
Ces derniers mois j'ai lu beaucoup de BDs, parce que ma copine m'en a offert / parce que je travaille dans une bibliothèque municipale dont le fond BD est très chouette. Donc je vais parler ici de mes coups de cœurs des derniers mois !
Tout commence avec
Le Petit Frère de Jean-Louis Tripp, une BD autobio vraiment dure – l'histoire d'un drame familial (décès accidentel d'un petit garçon), d'un chagrin familial, et d'un deuil familial. Infiniment touchée par la manière dont le bédéaste montre la dimension collective du chagrin – et dessine le chagrin, en prenant le temps de le dépeindre dans sa durée, sa répétition et sa violence (longues scènes de pleurs, de corps qui se serrent les uns contre les autres). Formellement, c'est très beau – il y a des choses très justes pour représenter le fonctionnement de la mémoire traumatique, la répétition, le ressassement de l'instant où tout se fend en deux, avec un travail des couleurs et des superpositions / répétitions d'images.
- Extraits:
Ensuite, il y a eu
Tout seul, de Chabouté, grâce à ma copine qui l'avait téléchargé sur ma liseuse – je précise qu'avec les liseuses noir et blanc, peu de BDs fonctionnent, mais les grands aplats / contrastes noirs et blancs de Chabouté le font très bien. J'ai été envoûtée pendant la lecture, peut-être au détriment de la narration, tant c'était beau, bien construit, tant les pages fonctionnaient par ellipses et allusions, dessins tranchés au couteau d'une solitude maritime.
- Extraits:
Ensuite,
Adieu triste amour de Mirion Malle, conseillée par une amie et qui résonnait très fort avec mon passé proche, je crois que ça m'a fait du bien, tout simplement, qu'existe une représentation d'une partie de ce que j'avais vécu. J'ai suivi longtemps Mirion Malle en ligne, et retrouver la manière si particulière dont elle portraiture les personnages a eu sur moi un effet cocon. Le côté douce utopie de la communauté de filles, à la fin, m'a beaucoup plu (les fins heureeeeuses - ref au livre merveilleux de Coline Pierré,
Éloge des fins heureuses) !
- Extraits:
Après,
Le Secret de la force surhumaine, d'Alison Bechdel. Je ne la connaissais pas du tout ! c'est une bédéaste américaine lesbienne qui publie des pavés autobios, passionnants et intellos. Ici, c'est son rapport au sport au fil des années – un rapport quasi d'addiction, au prisme duquel elle lit ses relations amoureuses et sa culture lettrée notamment transcendantaliste. Il y a aussi beaucoup de belles pages sur ce que c'est, un corps qui vieillit, un corps de sportive qui vieillit. J'ai retrouvé ce que j'aime dans les littératures diaristiques d'autrices contemporaines (Maggie Nelson, Siri Hustdvest, Deborah Levy, Nancy Huston et cie) : cet entrelacement du souvenir aux références rêvées, de l'expérience individuelle à celle d'autres écrivain·es, d'autres lieux et d'autres temps. Point bonus, c'est très drôle, plein d'auto-dérision.
- Extraits:
Ensuite,
Symptômes, de Catherine Ocelot, une bédéaste québécoise que je ne connaissais pas. C'est tellement tendre, doux et réconfortant, comme un bonbon fait de couleurs pastels et de traits qui rassurent. La réunion des fragiles et des tendres.
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Enfin il y a S., de Gipi, un cadeau de mon amoureuse. C'est tout simplement splendide, des couleurs diluées à l'aquarelle sur des dessins impressionnistes, pour évoquer ce que produit, comme onde de choc dans une vie, les traumatismes de guerre. Évidemment, ça fait cruellement écho avec d'autres humain·es qu'on bombarde en ce moment-même.
- Extraits:
Comme je suis flemmarde je n'évoquerai qu'en passant
La Synagogue de Joann Sfar, dont la sensibilité me prend aux tripes – et le dessin, toujours maladroit toujours émouvant, et
Au cœur de la tempête du bédéaste américain classique Will Eisner, dont j'aime tant les personnages (ici, histoire autobio de son enfance de jeune garçon fils d'immigrés juifs new-yorkais, au moment de l'émergence du nazisme en Europe).