Vous & Ma soeur.

Ce que j'écrit est très personnel; je n'ai donc pas envie de balançer ça à tout le monde, et à tout va.
A un moment, j'ai participé à un atelier d'écriture, soutenue par mon professeur qui aimait bien mes rédacs. Mais j'ai vite arrétée, car sachant que j'allais être lu tout de suite après, je ne faisais pas passer d'émotions.

Certaines personnes sont au courant que j'écris, mais je refuse de leur montrer.

C'est qu'il y a un coming out d'écriture, on souffre on souffre en fait !

J'ai toujours eu envie d'écrire des livres dont il me soit ensuite impossible de parler, qui rendent le regard d'autrui insoutenable.

Annie Ernaux

Hélène a écrit:

J'ai toujours eu envie d'écrire des livres dont il me soit ensuite impossible de parler, qui rendent le regard d'autrui insoutenable.

Annie Ernaux

C'est très beau !

Mais Platypus, comment ça fonctionne un atelier d'écriture ?

Serena a écrit:

Mais Platypus, comment ça fonctionne un atelier d'écriture ?

Pour moi, cela se passait autour d'une table. Nous étions une dizaine de personnes - et il y avait une sorte de 'maître du jeu'. C'est lui qui définissait les thèmes de nos écrits. Par exemple, une fois, il est venu avec un sac, et en fermant les yeux, et en plongeant notre main dedans, nous devions ensuite écrire un court texte en rapport avec la sensation que nous avions éprouvés.
Nous écrivons pendant une dizaine-vingtaine de minutes. Puis chacun lit son texte à voix haute, et reçoit les commentaires des autres.

Cela sert juste à stimuler l'écriture sur le vif, à faire en sorte que l'on puisse écrire à tout moment - en tout cas, pour moi. Mais cela n'a pas vraiment marché. Il m'est arrivé de me retrouver avec des gens qui cultivaient la niaiserie, ou de tomber sur des thèmes qui la favorisaient. De plus, les textes crus sont à proscrire, ils peuvent choquer les petites méméres de 70ans - j'en ai fait les frais ...

Ps : Souvent, les bibliothèques organisent ce genre de choses.

Merci pour ton explication !
Dans la ville où j'habite, il y a des cafés très sympa où ils organisent ce genre de rencontres. J'aurais voulu y aller mais je n'ai jamais trouvé le temps, ni même le courage.
Au final, ça n'a pas l'air très plaisant, ni même très instructif.

Je vais en atelier et les contraintes sont quasiment inexistantes pour moi. Juste quelques mots à places, des inventions de définitions...

C'est très stimulant pour la créativité.

Serena a écrit:

Merci pour ton explication !
Dans la ville où j'habite, il y a des cafés très sympa où ils organisent ce genre de rencontres. J'aurais voulu y aller mais je n'ai jamais trouvé le temps, ni même le courage.
Au final, ça n'a pas l'air très plaisant, ni même très instructif.

Pour ceux qui ont expérimenté, c'est plaisant et instructif, ou soit l'un soit l'autre ? Le principe est plutôt attirant je trouve, mais je suis beaucoup trop pudique.

C'est plaisant. Instructif, non, mais on progresse et on développe sa créativité.

Après, perso, je suis spure de ne pas être tombée dans le meilleur atelier;
Et j'aimerais bien retenter un jour l'éxpérience ailleurs.

Qui vous lit ? Ma famille, de rares amis, vous... Peu de monde, en réalité. Et, comme tout le monde le précise, il est difficile d'avoir un avis précis et sincère : nos proches ne diront toujours que du "bien", et trouver un jugement extérieur est difficile, qui voudrait lire le texte d'un inconnu croise dans la rue ?! Je rejoins Serena, sur la toile, c'est plus commode !

C'est étrange, une grande partie des JE semble cacher son écriture à son entourage. Comme si c'était honteux... C'est vrai qu'il est difficile de s'exprimer librement (je veux dire par là : exprimer ses sentiments les plus profonds) et ensuite le montrer, mais si on écrit, c'est pour qui alors ? Seulement pour nous ?

Quand aux ateliers d'écriture, les avis sont tellement partagés, qu'il est difficile de savoir si c'est intéressant pour soi sans y aller.

Mon entourage les lit, que ce soit ma cousine, ma mère, ma soeur, ma demi-soeur, mon ancienne prof de primaire, deux ou trois de mes amis, etc Et des collègues de ma mère, qui m'ont connue depuis toute petite.
Mais aussi des personnes que je rencontre comme ça dans des évènements littéraires et poétiques (au sens large) et quelques personnes du net. C'est par l'internet que j'ai trouvé mon éditeur d'ailleurs.

Dans un premier temps, j'aimerais essayer d'être au salon du livre jeunesse de Namur, mon patelin. C'est le seul de toute la Wallonie dans ce genre-là. J'espère alors toucher un peu plus de monde.


Les ateliers d'écriture ne m'ont jamais ennuyée. Sinon je n'en ferais pas. Ca m'arrondit les fins de mois, et ce n'est pas trop mal sur le CV quand on cherche à bosser dans l'animation jeunesse.
A la différence que je ne les pratique que dans une certaine optique, puisque ce sont des ateliers slam. C'est comme un atelier d'écriture, sauf qu'on doit lire ses écrits à la fin "face au public", donc le texte pondu lors de la partie écrite de l'atelier doit être écrit de façon très orale. Et aussi, on met un point d'honneur à ne pas faire de règles de forme, ni trop complexes. Ca ne cadre pas avec l'idée de diversité et simplicité du mouvement.

Mais je peux tout aussi bien faire des ateliers d'écriture plus classiques, si on me le demande. Juste que pour l'instant en Belgique, il y a vraiment très peu d'animateurs slam proprement dit, alors on me propose toujours de faire ça.

C'est très chouette d'écrire en groupe, tant qu'on n'est pas trop nombreux c'est assez familial et bon enfant, du coup ça nous détend face à l'écriture et on peut créer de belles choses.

Il fut un temps où je brandissant mes écrits devant tous mes amis et toute ma famille pour qu'ils me lisent. Bien sûr, tous me disaient que c'était bien, par politesse et par affection, mes parents aimaient bien car je suis leur fille, et j'étais « l'artiste » de la famille élargie parce que j'écrivais un début de roman à 12 ans qui mettaient en scène de jeunes ados riches et pourris. Horrible et truffé de clichés. Voyez le genre.

Un jour, j'ai eu un commentaire négatif d'un lecture internaute, et j'ai eu comme réflexe, comme réaction impulsive d'animal blessé de cesser toute « diffusion » de mon écriture auprès de mes proches. Se recroqueviller dans un coin sombre pour écrire et avoir peur de son non-talent.

Pourtant, une chance que j'ai eu ce commentaire négatif, parce qu'il m'a poussé à repenser mon récit, mon écriture, mon approche. Pour le mieux, à mon sens.

Aujourd'hui, eh bien, je fais lire mon début de roman à quelques amis proches qui écrivent aussi. Comme ça, j'ai l'impression qu'ils peuvent mieux me critiquer et voir également mes points forts peut-être mieux qu'un non-écrivain qui ne sait pas ce qui est facile ou difficile à écrire. J'ai aussi suivi des cours de création littéraire, qui ont changé un peu ma perception de mes propres textes : je suis plus ouverte à les faire lire et aux commentaires négatifs qui en découleront. J'ai aussi participé une fois à un récital de poésie. Ça aide, je pense, à avoir moins peur de ce qu'on peut penser de nous.

Mais, encore là, je ne fais lire mes textes presque uniquement à des amis en lettres avec moi ou à ceux dont je connais l'intérêt pour la lecture.

Je posterai un jour un texte ici, mais je ne finis tellement jamais mes romans que j'ai l'impression que ça ne serait que du flood.

Bon, je sors.

Malheureusement pour moi, les personnes qui consentent à me lire se font très rares... . Mon chéri n'est pas très axé lecture donc ce n'est même pas la peine de le lui demander, ma mère prétexte toujours quelque chose ("j'ai du boulot",...) donc là encore c'est niet, mon père ce n'est même pas la peine d'en parler, et mon frère a, selon lui, d'autres choses plus intéressantes à faire que de jeter un coup d'oeil sur mes écrits.
Il ne reste que l'option amis, mais bon là c'est une autre paire de manches.

Pour ma part, personne ne lit mes textes. Sauf sur ce forum. En fait, personne ne sait que j'écris. J'imagine que mes parents et mon frère le savent (oui, quand ils me voient trainer sur un site marqué en gros "Jeunes Écrivains, ils ont légitimement des doutes).

J'ai fait lire une de mes toutes première nouvelles à une amie. Le commentaire a été tellement enthousiaste que je n'ai jamais recommencé. Ca aussi c'est étrange.

A une époque, je postais aussi sur la section "récits" d'un forum warhammer. Mais le niveau était moins bon qu'ici, et trop axé "fanfiction" (ou med-fan / SF en général). Du coup j'ai arrêté.

Comme dit Menear, j'ai l'impression qu'il y a un "coming-out" de l'écriture. Pas parce que c'est honteux, mais parce que c'est personnel, intime en quelque sorte.