Vous savez, parfois, on dévore des livres en mode page-turner, on a envie de savoir la suite, on ne peut plus s'arrêter de le lire, et pourtant, on se dit qu'il est moarf bibof quoi. Ca vous est déjà arrivé ?
Genre, sur le moment, vous adorez votre lecture mais une fois fini, vous êtes juste déçu.es. Vous vous dites que le scénario était bancal et cliché, etc...

C'est ce qui m'est arrivé avec Marche ou crève de Stephen King, j'ai adoré le lire, vraiment, je l'ai dévoré en quelques jours. Je ne pouvais simplement plus m'arrêter de continuer les chapitres. Mais plus les chapitres passaient et plus je me disais que le scénario était pas du tout ma came. Pourtant, je l'ai dévoré jusqu'à la fin hein. Mais une fois fini, je me suis dit : "tout ça pour ça ?!" genre ?? Je ne l'ai pas aimé. Vraiment, si j'y réfléchis, je ne l'ai pas aimé.
C'est comme si mon cerveau me disait qu'il était nul mais mon cœur avait adoré. Trop bizarre.

Et vous ? Quel livre vous a donné cet effet ?

Ca m'est arrivée pour le roman SF "des fleurs pour Algernon" de Daniel keyes au début je me demandais si j'allais aimer puis au final j'ai bien accroché.
Finalement à la fin je me suis dit c'était plutôt bien parti je suis déçue

J’ai une relation comme ça avec l’ensemble de l’œuvre de Ken Follett. À la fois je les lis tous d’une traite malgré leurs 1000 pages, à la fois je trouve que c’est toujours la même chose et ultra réchauffé. Puis je leur flanque deux étoiles sur goodreads, et j’achète le suivant.

Moi c'est plutôt l'inverse...
Quand je lis, je ne vois que l'histoire qui s'enchaîne mal, le style d'écriture qui est lourd, le plot twist bof, je me dis que je ne passe pas vraiment un bon moment et que je continue juste parce qu'il faut bien que je termine le bouquin. Et puis quelques semaines plus tard, j'y repense et j'oublie l'expérience de lecture et je ne retiens que le principe du livre, la théorie du récit en question et je me dis que finalement c'est pas si terrible, j'ai vécu pire, cet élément-là était innovant, ce genre de choses.
J'ai vécu ça avec "Tress de la Mer Emeraude" de Brandon Sanderson qui m'a fait souffler tout du long mais à la réfléxion, c'était pas non plus un calvaire à lire et j'ai vu pire.

Par contre, j'ai peut-être effectivement eu un engouement surexagéré pour "L'Ultime Rivage" de Ursula Le Guin parce que j'avais absolument pas aimé le tome précédent (Les Tombeaux d'Athuan) et du coup, pour ce tome 3 que j'appréhendait j'ai été positivement surpris et je me disais qu'il était génial ! Et puis après avoir terminé, l'excitation de ne pas être tombé sur un récit déplaisant, comme ce à quoi je m'attendais, s'est essouflée. Là, j'ai réalisé que je ne trouvais pas l'histoire si incroyable que ça en fait et que s'il n'y avait pas eu ce tome 2 qui ne m'avait pas satisfait, j'aurais sûrement pas lu ce tome 3 avec autant d'entrain.

Vous allez rire, mais c'est précisément ce genre de livres qui m'ont donné envie d'écrire. Tu dévores le livre, c'est un page turner et à la fin tu te dis que le roman est bof, l'histoire pas ouf, les persos ne te plaisent pas, le monde peu développé.

Je me pose souvent la question de comment l'auteur a pu nous tenir en haleine à ce point sur une histoire naze. Du coup j'ai tendance à examiner le style de ces oeuvres de plus près, car avec un roman, j'ai tendance à rechercher cette "expérience d'immersion", du genre tu lis sans réaliser que tu lis. Et c'est ce que j'ai envie de faire en tant qu'écrivain, c'est ce qui me fait marrer. Ces oeuvres sont très intéressantes car on peut effectuer une dissociation de la forme et du fond, ce que j'ai du mal à faire si à la fois l'histoire et le style sont bons.

Bah, les "Bridget Jones", c'est un peu ça : on a adoré, on a bien rigolé, on a tourné les pages... mais au final, c'est quand même vachement vide.

Je les garde malgré tout parce que je les aime bien, et c'est toute une époque, mine de rien !

Sinon, un thriller qui m'avait bien déçue aussi :  "Tel Aviv suspect", typiquement le genre de livre "page turner", dont tu peines à te souvenir de l'histoire tant c'était décevant, sans être mauvais, mais décevant.

Au passage, une autre bonne daube également : "La mère coupable" ; à lire le résumé, ça semblait sympa, mais que l'histoire était creuse. J'ai tourné bêtement les pages uniquement pour savoir si elle allait bien rester avec son mari. En refermant le livre, je me suis dit : "Non mais tout ça pour ça !"

Spoiler:

La liste est trop longue, en fait. Ce sont ceux qui me sont venus en tête, spontanément.

J'aime beaucoup la réponse de Mika ! En vrai, ce sont des bonnes œuvres à analyser pour remarquer ce qui marche ou pas pour nous en tant que lecteur, et par extension, ce qu'on voudrait utiliser dans notre écriture.

Pour ma part, j'ai souvent cette impression avec les gros block-buster fantasy sortis des US, du type "Il était une fois un coeur brisé" de Stéphanie Garber (l'héroïne qui perd la mémoire m'a vraiment fait rouler des yeux). J’appelle ça mes "lecture mcDo". On sait que dans le fond c'est pas bon ... Mais ça fait quand même vachement plaisir !

Pour moi, les lectures mcdo c'est souvent : une intrigue que je trouve un peu bancale, des clichés à foison et des personnages assez creux / énervants. Et leur rédemption se trouve régulièrement dans les histoires d'amour, les dialogues avec des joutes verbales et des systèmes de magie high-concept (souvent mal exploités mais quand même)

Je suis en train de lire le tome 1 de La passeuse de mots. Bah voilà, ça recommence. Objectivement, c'est pas terrible parce que les tropes voilà quoi (genre le trope de l'élue sortie de nulle part, alors que le livre est sorti en 2021 !!!). C'est que des clichés, y a aucune intrigue (ou du moins, elle est posée mais elle est totalement oubliée). Y a aucun rebondissement, c'est pas du tout un page-turner.
Mais pourtant, je prends du plaisir à le lire je sais pas, les perso sont attachants et intéressants donc on a envie de rester avec eux, de continuer de les suivre.
C'est typique le livre du "on critique mais on kiffe"

J'ai jamais pu le terminer... Je n'ai lu que 150 pages et ça a été insupportable

Vos réflexions sont très pertinentes, de la même façon on on se dit qu'on va regarder un film qu'on sait moyen mais reposant, on peut aussi lire un livre sachant qu'il va nous reposer l'esprit parce qu'il est simple.

On a tendance à croire que ça vient du livre : un ouvrage très bien écrit avec un fond banal, ça peut faire un bon moment de lecture.

Mais tout ne vient peut-être pas du livre, ça vient peut-être aussi du lecteur... parfois on lit avec notre mental, et parfois avec notre coeur. Parfois avec les 2 (là c'est bingo)...

A partir du moment où on prend plaisir, je crois que c'est ça qui compte.

Citation :

J'ai jamais pu le terminer... Je n'ai lu que 150 pages et ça a été insupportable Laughing

Je comprends, le début est catastrophique. Je l'ai continué parce qu'il m'a coûté 20€ et que j'avais acheté aussi le tome 2 à 25€ avant de commencer à le lire en vrai, passé les 200 premières pages, ça vaaaa. Bon, ça reste toujours aussi cliché et sans intrigue mais je pense que je continue la lecture juste pour le personnage de Killian (J'en suis à la moitié du roman, 350p).

Mais je ne comprends pas comment ça a pu être publié par Hachette quand même, même publié tout court en ME

[troll]Hâte d'ajouter Scandale, le roman à paraître de Marlène Schiappa, à cette liste. [/troll]

Marrant ce topic!!

Le plus mémorable, je dirais un Joël Dicker récent (j'ai plus le titre)

Je pouvais littéralement pas le lâcher (genre j'essuyais la vaisselle à une main pour continuer à lire) et en le posant je me suis dit WHAT comment j'ai pu me faire rouler dans la farine à ce point par juste des manipulations "page turner"... Parce que vraiment, objectivement, tout était creux, même le style pas terrible mais j'étais prise dans le tourbillon..

J'ai adoré le lire sur le moment, hyper déçue ensuite, par contre pas sûre que je craque pas devant un autre méga portant Joël Dicker en librairie...

j'ai lu Dune 4 fois et je déteste ce livre, et je le lirais encore pour mieux le détester et me moquer de son style bavard et ampoulé. Je remercie Herbert de m'avoir donné autant de motif à alimenter mon seum.

Et ça recommence avec La passeuse de mots tome 2
J'ai les mêmes critiques qu'au tome 1 mais pareil je suis prise dedans, j'enchaîne les pages, j'ai qu'une hâte : lire la suite. Alors que c'est nul objectivement c'est ça le pire