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 Des complexes liés à la domination du genre romanesque

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Seb
   
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Seb  /  Effleure du mal


En partant de quelques considérations sur le roman, je voulais parler de l'influence que peut avoir la reconnaissance d'un genre sur nos rapports à l'écriture.

Pendant mes études, on m'a appris que le roman était auparavant un genre mineur, qu'il a dû batailler pour se donner une légitimité et finir par s'imposer comme la forme dominante du champ de la littérature contemporaine. C'est une trajectoire classique pour une pratique culturelle. Il est assez naturel que chaque société ait des préférences, favorisant tel ou tel genre littéraire. Selon les lieux et les époques, la poésie a dominé, le théâtre a eu la préférence de certains siècles, l’écriture épistolaire en a passionné d'autres, etc.

Pourtant, lorsque je parle de cette domination du roman autour de moi, beaucoup de personnes font la moue. On me rétorque que seuls certains genres de romans dominent, laissant peu de place aux autres genres (d'ailleurs, ne parle-t-on pas de "sous-genre" ?) On avance des chiffres de vente, des statistiques, des études sur le rapport des jeunes à la lecture, à la bande-dessinée, etc. Néanmoins, la figure du romancier reste très populaire et les foules se passionnent pour les produits dérivés de grandes sagas. Force est de constater qu'indépendamment des ventes et des succès, le roman bénéficie d'une aura particulière. Même si notre époque se targue parfois de décloisonner les genres en les mettant à pied d'égalité, des hiérarchies silencieuses s'affrontent dans l'ombre.

Or, je rencontre parfois, dans des interviews, des articles ou en discutant avec des personnes qui écrivent, l'expression d'un certain malaise, une forme de complexe d'infériorité, d'inhibition face au roman. J'ai lu par exemple des essayistes raconter comment ils ont pu s'imposer l'écriture romanesque pendant des années, avant de comprendre que cela n'était pas fait pour eux. Nombreuses sont les personnes écrivant avec talent qui parlent d'un hypothétique roman à venir, dont l'écriture ne semble pourtant pas emporter leur enthousiasme. Que cela soit conscientisé ou non, qu'on le veuille ou pas, j'ai le sentiment que la forme littéraire dominante influence notre rapport à l'écriture et l'appréciation que l'on peut avoir de notre propre travail.

Je voulais donc savoir si vous vivez ou ressentez des choses similaires ? Avez-vous déjà-eu le sentiment que vous vous imposez une forme, un genre littéraire qui ne vous correspond peut-être pas ? Est-ce que vous avez des complexes sur des genres ou des sous-genres qui vous semblent plus valorisés, bien que vous soyez vous-mêmes persuadés qu'il n'y a pas de hiérarchie en littérature ? Cherchez-vous à vous libérer de tels complexes, inhibant potentiellement votre créativité, et comment vous y prenez-vous ? Si vous avez réussi à vous en libérer, comment avez-vous fait ? Qu'avez-vous ressenti ? Est-ce que cela a eu des conséquences sur votre écriture et votre rapport aux autres genres littéraires ? Est-ce qu'il y a des choses que vous aimeriez partager sur le forum qui pourrait vous aider à aller vers plus de liberté de ce côté là ?
 
Jimilie Croquette
   
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Jimilie Croquette  /  De l'Importance d'être Constamment Là


Mais est-ce que cette question que tu poses n'est pas tout simplement celle de la lutte des classes / de la hiérarchie des classes ?

L'élite intellectuelle vs la plèbe ?

Je suis à peu près sûre qu'on a déjà discuté de ça cent fois, dans les topics sur le genre de la SF vs la romance, de la fantasy, etc... scratch
(je ne dis pas qu'il n'est pas pertinent de poser de nouveau la question ; je me demande si tu cherches une nouvelle réponse à une question déjà posée et maintes fois débattue - mais du coup je ne suis pas sûre d'en avoir une)
https://linktr.ee/emilie_goudin.lopez
 
Seb
   
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Seb  /  Effleure du mal


Je ne lance pas de débat, je ne m’intéresse pas aux idées. Je m’intéresse au vécu intime, au témoignage de l'expérience personnelle de l'écriture :

Citation :
Je voulais donc savoir si vous vivez ou ressentez des choses similaires ? Avez-vous déjà-eu le sentiment que vous vous imposez une forme, un genre littéraire qui ne vous correspond peut-être pas ? Est-ce que vous avez des complexes sur des genres ou des sous-genres qui vous semblent plus valorisés, bien que vous soyez vous-mêmes persuadés qu'il n'y a pas de hiérarchie en littérature ? Cherchez-vous à vous libérer de tels complexes, inhibant potentiellement votre créativité, et comment vous y prenez-vous ? Si vous avez réussi à vous en libérer, comment avez-vous fait ? Qu'avez-vous ressenti ? Est-ce que cela a eu des conséquences sur votre écriture et votre rapport aux autres genres littéraires ? Est-ce qu'il y a des choses que vous aimeriez partager sur le forum qui pourrait vous aider à aller vers plus de liberté de ce côté là ?

Il me semble que les complexes, cela ne se débat pas, on se débat avec et on peut en parler.
Je peux éditer mon premier post et garder seulement les questions si c'est plus clair ?
 
Jimilie Croquette
   
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Jimilie Croquette  /  De l'Importance d'être Constamment Là


AH ok. Merci d'avoir spécifié.
L'expérience personnelle, c'est plus facile à narrer que les lois universelles. Smile

Je vais réfléchir à ma réponse dans ce sens. Al bibak.
https://linktr.ee/emilie_goudin.lopez
 
Seb
   
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Seb  /  Effleure du mal


Oui, même si j'ai parfois l'impression inverse que pour beaucoup de gens, il est plus facile de donner son opinion que de mettre des mots sur son vécu.

Je sais que j'ai du mal à lancer les sujets, j'ai tendance à vouloir expliquer le contexte et souvent ça réagit plus au contexte qu'au sujet. C'est frustrant ! Laughing

Pour ça que cette fois j'avais spécifié au départ :
Citation :
En partant de quelques considérations sur le roman, je voulais parler de l'influence que peut avoir la reconnaissance d'un genre sur nos rapports à l'écriture.

Je devrais peut-être lancé le sujet cash, façon animateur, quitte à revenir ensuite sur ce qui me l'a inspiré. scratch
 
josephcurwan
   
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josephcurwan  /  Effleure du mal


seb a écrit:
LA DOMINATION DU GENRE ROMANESQUE

je ne vois pas de quoi tu parles.
 
Pasiphae
   
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Pasiphae  /  Truquage geniphasien


C'est marrant parce que, sur le forum, j'ai souvent pu voir s'exprimer un complexe inverse (complexe des praticien·nes du roman par rapport à celleux de la poésie). J'imagine que c'est aussi parce que le canon scolaire est très centré sur des siècles où la hiérarchie des genres différait, et où la poésie était LE genre ultime.

Dans mon expérience personnelle je dirais qu'au-delà de toute considération symbolique, c'est le critère économique qui infléchit ma pratique. J'aimerais bien, à terme, pouvoir mener une vie combinant écriture et emploi salarié minimal (qui me prend peu de temps), et donc dégager une partie de mes revenus de l'écriture. Je sais qu'avec la poésie, c'est à peu près impossible (il me semble que les poètes·ses qui vivent de leur poésie sont ceux qui vont vers la performance, la scène vivante, ou qui parviennent à dégager des partenariats toujours instables avec des institutions culturelles). Donc je sais qu'à terme j'écrirai aussi un / des romans. Mais ce n'est pas une obligation "désagréable" cela dit, j'ai beaucoup aimé écrire les débuts de roman qui parsèment mon existence forumique, en particulier le roman jeunesse commencé il y a quelques années et que j'aimerais bientôt reprendre.
 
fabiend
   
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fabiend  /  Effleure du mal


Seb a écrit:
On me rétorque que seuls certains genres de romans dominent, laissant peu de place aux autres genres (d'ailleurs, ne parle-t-on pas de "sous-genre" ?)

"Sous-genre" ce n'est pas un jugement de valeur, c'est juste un genre à l'intérieur d'un autre genre (par exemple, dans le genre "policier", il y a plusieurs sous-genres, les romans cosy, les romans noirs, les policiers historiques, etc.).

Et sinon, le roman domine clairement la littérature de fiction, c'est indéniable. Quand je vois les chiffres de vente de mes nouvelles et celui de mes romans, il n'y a pas photo. Idem en librairie, va dans un rayon littérature quelconque (littérature de genre ou générale), prends 20 livres au hasard, et compte le nombre de romans, de pièces de théâtre, de novellas et de recueils de nouvelles. C'est ce qui se vend, parce que c'est ce que les lecteurs modernes veulent (ça n'a pas toujours été le cas).

Mais peu importe : j'écris ce que j'ai envie d'écrire. Si mon seul et unique objectif est d'amasser des pépettes, il y a d'autres activités bien plus lucratives que l'écriture de fiction.

Et sinon, les bandes dessinées c'est autre chose, c'est une autre forme de narration. Mais si on les intègre, ta remarque ne tient plus : les BD sont très, très populaires, elles ont le vent en poupe, à tel point que les conservateurs voudraient les exclure du champ du passe culturel ou je ne sais quoi, auquel ont droit les jeunes.

Pareil pour les essais, livres de cuisine et autres guides pratiques : le support reste le même mais on n'est plus du tout dans la fiction, l'objectif n'est pas de raconter des histoires. On ne peut pas comparer.
https://fabiendelorme.fr
 
CLe
   
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CLe  /  Barge de Radetzky


Je viens de la nouvelle et, effectivement, je comprends très bien cette notion de complexe par rapport au genre du roman sur lequel je me suis longtemps cassée les dents. La nouvelle, c'est souvent vu comme "un exercice de préparation" au roman. Alors que pas du tout, c'est un genre à part entière. J'avais même honte de ne pas réussir à écrire un roman. Depuis que je fréquente plus d'auteurs, je me rends compte qu'il y en a qui écrivent des romans fleuves facilement mais sont gênés de ne pas savoir rédiger de nouvelles. Comme quoi, on a souvent des complexes sur ce que d'autres arrivent à faire par rapport à nous et on ne voit pas ses propres qualités 😅 Mais clairement, financièrement parlant, il vaut mieux écrire des romans que des nouvelles.
Et je rejoins Pasiphae quant au genre de la poésie qui semble réservé à une élite. J'ai participé à un atelier de poésie et était très mal-à-l'aise malgré ma pratique régulière de l'écriture jusqu'à ce que le poète-animateur réussisse à me débloquer. Je lui en suis reconnaissante, mais je me lancerai pas pour autant dans des AT de poésies 🙈
 
Seb
   
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Seb  /  Effleure du mal


Merci CLe d'avoir partagé ton expérience. C'est très intéressant Smile
 
questiondepointure
   
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questiondepointure  /  Autostoppeur galactique


Je trouve la domination actuelle du roman extrêmement étouffante pour ma part. Toutes les époques ont certes leur genre dominant, mais c'est actuellement un quasi-monopole qui dessèche tous les autres genres ou presque. Mais c'est à mon sens avant tout un signe de faiblesse de la littérature actuelle en général.

Dans ma pratique de l'écriture en revanche, je m'en fiche éperdument et je n'éprouve aucun complexe. J'ai toujours préféré écrire et lire des histoires courtes, de la poésie, des livres d'histoire. je n'ai pas lu de roman depuis des lustres et ça ne me dérange aucunement.
https://www.wattpad.com/user/questiondepointure
 
Mika
   
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Mika  /  Tentatrice chauve


J'avais pour ma part l'impression que la poésie revenait sur le devant de la scène avec le rap ?

Sinon, c'est vrai que le genre épistolaire est devenu désuet, peut-être parce qu'on n'écrit plus de lettres ? Faudrait tenter avec mails/SMS etc ?

Le théâtre est davantage réservé à l'élite, surtout le théâtre moderne. Je connais peu de gens qui vont voir ce genre de pièces. J'ai l'impression que les gens préfèrent les pièces classiques remises au goût du jour ?
 
MCJ
   
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MCJ  /  Pour qui sonne Lestat


En ce qui me concerne je rejoins assez questiondepointure:

En effet concernant ma pratique de l'écriture essaye de ne pas être influencé par une domination d'un genre précis (j'écris plus facilement de la poésie) .
Par contre dans le fond, dans le style je dois bien me rapprocher de quelqu'un ...

Alors oui surement c'est une question de fond, et de l'influence que l'on subit ou de la trace que l'on veut laisser...

Lorsque tu demande :

"Avez-vous déjà-eu le sentiment que vous vous imposez une forme, un genre littéraire qui ne vous correspond peut-être pas ?"
J'ai en effet le sentiment de vouloir que tout le monde aime la poésie pour ce que je lui trouve de beau moi.

"Une hiérarchie en littérature ?" :
Oui en fin pour moi que ce soit lors du système scolaire ou de manière générale j'ai toujours le sentiment que certain nous sont placé en haut de l'affiche et ceux parce que leur vente d'hier était bonne et est-ce forcément qu'au fond ce qui raconte est excellent pas sur..

Alors en effet et sur ce forum comme ailleurs il faut voir que nous essayons tous de partagé nos écrits et à mon sens si nous les partageons c'est que nous les trouvons beau d'abord nous-même.
Pour ce qui est de les commenter comme ici par exemple il faut encore essayer également de le faire de manière positive ou du moins afin qu'elle ne soit pas interprété d'une autre façon.

MCJ

 
Pasiphae
   
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Pasiphae  /  Truquage geniphasien


Pas qu'avec le rap, Mika, la poésie bénéficie d'un grand retour grâce aux réseaux sociaux, aux scènes slam / lecture de poésie, et même à la vitalité de l'édition indépendante de poésie
 
Mika
   
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Mika  /  Tentatrice chauve


Pasiphae a écrit:
Pas qu'avec le rap, Mika, la poésie bénéficie d'un grand retour grâce aux réseaux sociaux, aux scènes slam / lecture de poésie, et même à la vitalité de l'édition indépendante de poésie

Je pense en effet que la poésie n'est pas mal vu du tout et a pris un gros coup de jeune.

Je dirais que le genre théâtral a été remplacé par les films et de nos jours par les séries qui ont totalement le vent en poupe, à l'instar des théâtres anciens. Être scénariste pour Netflix par exemple n'est pas mal vu du tout, au contraire, ou alors je me trompe ? Idem pour la BD.

Pour ce qui est essais etc, j'en achète parfois. Notamment des récits scientifiques de sociologie, de philosophie ou d'histoire. Idem, c'est pas du tout mal vu d'écrire ça par rapport aux romans. Je dirais même que c'est l'inverse. Ce sont des scientifiques de métier qui écrivent ces travaux. Ils sont pointus. Je lisais encore un bouquin sur les conditions de travail dans le jeu vidéo ou un autre sur la droite française. Et il y a un an ou deux, y a eu ce bouquin de vulgarisation sur les intestins qui a été un best-seller (je le recommande, il est très bien). Je ne vois vraiment pas où se situe le déclassement par rapport au roman ?

Quant aux "sous-genres", je rejoins fabiend plus haut : cette appellation n'a rien de négatif. C'est comme des boîtes pour classer : les sous-genres du roman par exemple sont la fantasy, la romance, le policier.
 

 Des complexes liés à la domination du genre romanesque

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