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| L'écriture sans la lecture ? | |
| | Nombre de messages : 240 Âge : 46 Date d'inscription : 03/09/2023 | Chofienette / Autostoppeur galactique Mar 5 Mar 2024 - 22:30 | |
| Dans le fil qui parle d'écriture et de choix de vie il y a plusieurs témoignages de personnes qui disent ne plus lire "pour ne pas être influencées dans leur écriture" et j'avoue que j'ai énormément de mal à comprendre cette démarche.
Si en guise de comparaison je regarde ma pratique professionnelle, i.e. la recherche scientifique, il est absolument indispensable dans ce domaine de se tenir au courant de ce que font les collègues en lisant leurs articles. D'une part parce que nos propres travaux s'appuient sur ce qui a été fait jusqu'ici (la génération spontanée, ça n'existe pas plus en science que dans le vivant) et d'autre part parce qu'il faut toujours s'assurer qu'on n'est pas en train de réinventer l'eau chaude en refaisant ce qui a déjà été fait ailleurs.
Donc pour en revenir à l'écriture créative, j'ai l'impression que le risque de raconter une histoire déjà vue ailleurs est plus important si l'on s'empêche de lire ce qui se fait (parce que certaines idées sont dans l'air du temps, et on y sera toujours exposé d'une manière ou d'une autre), que si l'on se tient au courant de ce qui sort, a minima dans le domaine où l'on écrit soi même (bien sur on ne peut pas suivre la production éditoriale dans tous les domaines). |
| | Nombre de messages : 333 Âge : 53 Date d'inscription : 08/08/2023 | Sanelle / Tapage au bout de la nuit Mar 5 Mar 2024 - 22:36 | |
| Peut-être certains veulent-ils dire par là qu'ils craignent être influencés dans leur style (et non pas dans leurs idées ?). Personnellement, c'est ce qui m'est arrivé. Et il a fallu la n-ième réécriture pour que je me dégage du style du livre que je lisais au moment où j'ai le plus écrit mon premier jet. Quant aux idées, je te rejoins, si elles sont dans l'air du temps, on sera forcément influencés, et ce n'est pas grave pour autant, si ? |
| | Nombre de messages : 7616 Âge : 36 Date d'inscription : 10/04/2008 | Flora / Serial Constance killer Mar 5 Mar 2024 - 22:38 | |
| | Nombre de messages : 240 Âge : 46 Date d'inscription : 03/09/2023 | Chofienette / Autostoppeur galactique Mer 6 Mar 2024 - 13:00 | |
| Ah toute mes excuses ! J'avoue que je n'avais pas remonté les archives des discussions assez loin ! (le dernier post de ces sujets date d'il y a plus de 6 ans)
Du coup je me trouve un peu entre deux injonctions contradictoires. Si je veux relancer la discussion (à laquelle des personnes qui fréquentent aujourd'hui le forum n'ont pas encore participé et pourraient vouloir prendre part), est ce que je dois opter pour l'archéologie (en faisant remonter un ancien sujet) ou un pour nouveau sujet redondant avec les anciens ? |
| | Nombre de messages : 3710 Âge : 39 Pensée du jour : /kick lundi Date d'inscription : 19/03/2018 | Mardi / Panda de Bibliothèque Mer 6 Mar 2024 - 13:23 | |
| Je suis à peu près sûre qu'il y a eu d'autres discussions plus récentes, mais peut-être au détour d'autres conversations et pas dans des topics dédiés ? ça fait un certain temps que la question n'a pas été soulevée cela dit x) ça ne me choque pas d'en relancer une, pour les raisons que tu cites ^^ Mais je pense que tu trouveras pas mal de témoignages intéressants dans les topics que liste Flora, puisqu'au final, on revient souvent un peu aux mêmes idées, et au deux "écoles", aka "pour savoir écrire il faut lire" et "je ne veux pas lire parce que je ne veux pas dénaturer mes écrits". On au aussi les personnes qui n'aiment tout simplement pas lire, mais j'avoue perso que je ne comprends pas trop comment on peut avoir eu envie d'écrire (et surtout de partager ses textes voire de les éditer) sans avoir été emportée par la lecture avant. Et, sans que ce soit quelque chose d'universel mais tout de même, ça se vérifie souvent, je trouve qu'une personne qui ne lit pas, ça se voit tout de suite dans ses écrits, ne serait-ce que par la mise en forme, en premier lieu (je parle ici de la partie qui me concerne personnellement, à savoir les romans). Bref, je suis plutôt de l'école "pour savoir écrire il faut lire" ^^ (après, c'est pas non plus un gage absolu de qualité. Je lis énormément et je ne me considère pas pour autant comme une bonne écrivaine )
| Ta gueule, c'est cosmique. |
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| | | Invité / Invité Mer 6 Mar 2024 - 14:48 | |
| Je crois qu'on est réduit à conjecturer. La vraie question, c'est pourquoi ça nous dérange ?
C'est difficile de n'avoir rien lu, vraiment rien, au cours de sa vie.
Le roman n'est pas le seul support pour raconter des histoires. Il y a les JV, les BD, les films, les réseaux sociaux, les journaux, le baratin des copains, etc.
Là-dessus, il est illusoire de croire qu'on peut se faire tout seul au milieu de la société. Il y a plein de sources indirectes. |
| | Nombre de messages : 5389 Âge : 57 Localisation : Paris Pensée du jour : Three blinds rabbits. Date d'inscription : 05/11/2017 | Jdoo / Maîtrise en tropes Mer 6 Mar 2024 - 14:55 | |
| Et c'est tout de même se priver d'une sacrés source d'inspiration. |
| | Nombre de messages : 1250 Âge : 42 Localisation : La Paz Bolivie Date d'inscription : 21/01/2022 | CalédoniaRob / Tentatrice chauve Mer 6 Mar 2024 - 16:03 | |
| Bonjour à tous, moi je ne lis pas quand je suis en train d’écrire une histoire longue type roman, pour ne pas être influencé par le style, la trame, etc… J’irais même plus loin, je ne ne regarde pas non plus de séries pour les mêmes raisons et je ne joue pas non plus à des jeux vidéos narratifs pour les mêmes raisons quand je suis en train d’écrire une histoire longue type roman. Du coup parfois ça me fait qq mois de tortures où j’achètes compulsivement des jeux vidéos ( sans pouvoir y jouer ) juste pour soulager ma frustration, et des livres, mais sans les lire |
| | Nombre de messages : 346 Âge : 50 Date d'inscription : 18/09/2022 | Maxine / Tapage au bout de la nuit Mer 6 Mar 2024 - 16:43 | |
| Bonjour, Je crois effectivement qu'il y a deux écoles ! Et c'est très bien la diversité de comportements et de besoins. J'adore lire et je lis énormément, mais quand je suis en phase d'écriture, j'ai moins de temps et j'essaie de nourrir mon texte, donc je lis ce qui se rapporte au thème que j'explore, de s livres proches... je n'ai pas la peur de me faire influencer , je crois que sur un roman notre "patte" sortira toujours. Je lis davantage avec un oeil critique- pourquoi ça fonctionne, le registre de langue, le vocabulaire, la structure, le s thèmes et sous thèmes... alors que d'habitude c'est de la lecture plaisir. Bref, finir un roman est un soulagement d'écriture et de lecture ! |
| | Nombre de messages : 3131 Âge : 76 Localisation : Paris Pensée du jour : "Là où l'on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes." Heinrich Heine (écrivain allemand du XIXᵉ siècle) Date d'inscription : 27/01/2020 | Profsamedi / Didon de la farce Mer 6 Mar 2024 - 17:06 | |
| - Sanelle a écrit:
- Peut-être certains veulent-ils dire par là qu'ils craignent être influencés dans leur style (et non pas dans leurs idées ?). .../...
Exactement !!
Dernière édition par Profsamedi le Mer 6 Mar 2024 - 21:06, édité 1 fois (Raison : Corrections de fautes d'orthographe. Honte à moi. Il en reste sûrement.) |
| | Nombre de messages : 5389 Âge : 57 Localisation : Paris Pensée du jour : Three blinds rabbits. Date d'inscription : 05/11/2017 | Jdoo / Maîtrise en tropes Mer 6 Mar 2024 - 19:02 | |
| même pour le style, c'est aussi une source d'inspiration sur la forme de lire les autres. Comme disait Renoir, on peint parce qu'on a vu les peintures des autres, et pas parce qu'on a vu un paysage. |
| | Nombre de messages : 4620 Âge : 27 Localisation : Bureau Pensée du jour : Pétit coucou Date d'inscription : 12/05/2012 | Radischat / Dr. Danielle Jackson Mer 6 Mar 2024 - 21:20 | |
| J'ai été des deux côtés de l'argument.
J’ai été l’ado qui lisait rien et qui ne voulait pas copier. J’ai aussi été l’adulte hurlait : va lire ! à des jeunes hooligans de la plume, parce qu’il faut lire des livres, si on veut écrire et publier des livres. Pendant longtemps, plus jeune, c'était un peu mon secret : j'avais beau être une Littéraire, je lisais très peu, et je n'ai jamais eu un goût très prononcé pour la lecture, comme d'autres peuvent l'avoir. J'ai toujours été plus attirée par les séries que par les livres. J'étais une éponge, mais à mes périodes les plus productives, je ne lisais pas de romans en dehors du corpus obligatoire de l'année scolaire, ou presque. Enfant, et ado, je ne me suis jamais perdue dans une saga fantasy et je suis passée à côté des Hunger Games, etc. Je regrette de pas avoir connu cette magie. Je n'ai jamais poncé les classiques littéraires non plus. Et j'ai quand même écrit plein de trucs cool, en ce temps-là. Je trouvais ça super frustrant qu'on m'ordonne de lire alors que je voulais déjà écrire des trucs : s'arrêter dans mon élan n'aurait servi à rien, c'est nul. MAIS. Mais j'avais mes limites, orthographiques, syntaxiques, scénaristiques, plein de mots en -ique ; j'avais pas de vocabulaire, tout simplement parce que je ne lisais pas. Et j'ai pas lu pendant longtemps, parce que moi aussi, j'avais peur d'être influencée. Le mot est grand, et le mot a bon dos quand on écrit tout le temps et que, donc, on ne lit jamais : tada, le glitch parfait. Je ne pense pas qu'il faille lire extensivement pour commencer à écrire. Parce qu'instiller une obligation de lecture à ce stade, ça ne sert pas à grand-chose, ça rebute. Il faut commencer par envie. Par contre, je trouve qu'on a tendance à se cacher derrière l'idée d'être influencer par nos lectures, pour ne pas lire. Comme quoi ce serait toujours une mauvaise chose, une dénaturation ou un risque à ne pas courir : je trouve ça dommage. C'est bien, de lire et d'apprendre de ses lectures, de se confronter à ce qui se fait, et ça peut être très fun...dès qu'on ne prend pas ça pour une corvée. Lisez des trucs cools, qui vous inspirent, pas la brique de papi. J'ai côtoyé des communautés (anglophones) qui ne juraient que par la lecture ; qui mettaient la lecture sur le même plan que l'écriture, et qui prônaient des régimes, 50/50, 60/40, pour garder sa plume en forme (et surtout compétitive). Leur premier conseil, c'était de lire, lire, lire. Il n'y avait pas d'autre solution pour bien écrire. Un peu trop intense à mon goût, super intimidant. Mais ça m'a quand même motivé à lire plus. Une phrase m'a marquée : écrire sans lire, c'est comme un cuisinier qui ne mange rien. J'ajouterais à ça qu'écrire sans rien lire, c'est écrire à l'aveugle, au risque d'être vachement surpris après coup.
Je trouve que la lecture démystifie pas mal la chose (l'écriture) : on se rend compte, à force, qu'il faut peu de choses pour qu'un roman marche et nous impacte (ou pas) et qu'on peut faire la même chose facilement, et que nos histoires ne jamais très loin de la ”concurrence”
Chacune de mes lectures me laisse un petit ou un gros quelque chose que je garde pour la suite. Je ne lis pas tout le temps, je ne lis même pas traditionnellement : j'ai découvert les audio-books et ça me permet de lire beaucoup, quand j'en ai envie. J'ai toujours pas lu les classiques, ni les sagas connues, et je vis très bien. Mais je lis des trucs cools qui me donnent envie de rendre mes trucs encore plus cools.
Dernière édition par Radischat le Jeu 7 Mar 2024 - 2:09, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 3992 Âge : 43 Localisation : Région Parisienne Date d'inscription : 11/01/2019 | Jimilie Croquette / De l'Importance d'être Constamment Là Mer 6 Mar 2024 - 21:36 | |
| Je débute un Victor Hugo en ce moment et j’ai noté au bout de quelques pages le mot « affable ». J’en ai pris note sur un carnet. C’est un mot que je connaissais, que je comprends sans dictionnaire, mais auquel je n’aurais jamais pensé lors d’une phase d’écriture. Voilà, je l’ai lu, il est remonté des fins fonds de ma culture, et la prochaine fois que je dois présenter un personnage « très sympathique », peut-être sera-t-il affable.
Je pense que lire est important, personne n’a la science (ni la langue) infuse. Ça s’entretient, ça se travaille, et ça se cultive. Nos romans ne peuvent qu’en être meilleurs. |
| | Nombre de messages : 240 Âge : 46 Date d'inscription : 03/09/2023 | Chofienette / Autostoppeur galactique Mer 6 Mar 2024 - 22:53 | |
| Tiens hier j'écoutais un podcast sur l'écriture et dans le cadre d'un entretien avec une jeune autrice, elle expliquait que la lecture était plus compliquée depuis qu'elle écrit, parce qu'on a tendance à analyser le style au lieu de juste se faire plaisir, une remarque que j'ai déjà vu passer sur le forum.
Et du coup pour y remédier elle s'est mise à la lecture de romans en anglais, où là elle n'analyse plus rien du tout et elle est juste dans le plaisir de la lecture. Et je me suis dit que c'était intéressant comme démarche (oui bon, ça implique d'avoir une deuxième langue où l'on peut lire, mais c'est intéressant) |
| | Nombre de messages : 230 Âge : 35 Date d'inscription : 14/10/2023 | Calathea / Autostoppeur galactique Jeu 7 Mar 2024 - 0:13 | |
| Je pense que c'est important d'avoir au moins une base. En général, plus on lit, plus on va avoir la notion de ce qui se fait, de la langue, de la façon dont on la manie, etc. Ça ouvre de nouveaux horizons. Vous parlez d'influence, je parle d'inspiration. Sans ça, on risque de plus facilement tourner en rond, ne serait-ce qu'à ce niveau-là. Sans faire la même chose, on peut rebondir sur quelque chose qu'on a aimé ou détesté, imaginer comment l'histoire aurait pu tourner autrement, etc. J'ai l'impression que quand on lit ou se cultive peu, on peut parfois avoir l'impression d'avoir inventé la roue, alors que souvent ça n'est pas le cas. À côté de ça, je pense que l'influence inconsciente peut assez facilement se corriger à la relecture. Il y a aussi la question de la narration en particulier, mais ça, je crois qu'on peut l'apprendre aussi via d'autres vecteurs, comme le cinéma. Pendant quelques années, j'ai très peu lu, et regardé des centaines de films. Je crois que ça m'a finalement plus aidé de ce point de vue-là, parce qu'un film, ça se finit vite, et que la trame ressort d'autant plus facilement. - Citation :
- J'ai côtoyé des communautés (anglophones) qui ne juraient que par la lecture ; qui mettaient la lecture sur le même plan que l'écriture, et qui prônaient des régimes, 50/50, 60/40, pour garder sa plume en forme (et surtout compétitive). Leur premier conseil, c'était de lire, lire, lire. Il n'y avait pas d'autre solution pour bien écrire. Un peu trop intense à mon goût, super intimidant. Mais ça m'a quand même motivé à lire plus. Une phrase m'a marquée : écrire sans lire, c'est comme un cuisinier qui ne mange rien. J'ajouterais à ça qu'écrire sans rien lire, c'est écrire à l'aveugle, au risque d'être vachement surpris après coup.
Sans côtoyer ça de près, j'ai pu l'observer, en traînant un peu sur Reddit dernièrement. Quand quelqu'un demande un conseil, y en a toujours un pour répondre une banalité du genre "Read, read, read" et se prendre des centaines d'upvotes (je caricature à peine). Autant lire me paraît utile voire nécessaire, autant leur approche me laisse assez perplexe : on aurait dit que pour eux, c'est tout bonnement la formule magique pour savoir écrire. Et ça me paraît être une approche assez paresseuse (tout en étant sans doute rassurante pour certains), car il est évident que c'est loin d'être aussi automatique. Tout ça pour lire en parallèle des âneries du type "les récits à la première personne, ça fait trop young adult" (après, je ne sais pas si c'est les mêmes qui disent ça). - Citation :
- Tiens hier j'écoutais un podcast sur l'écriture et dans le cadre d'un entretien avec une jeune autrice, elle expliquait que la lecture était plus compliquée depuis qu'elle écrit, parce qu'on a tendance à analyser le style au lieu de juste se faire plaisir, une remarque que j'ai déjà vu passer sur le forum.
Ça me rappelle ma prof de français en prépa qui avait dit quelque chose du genre sur le fait de prendre moins de plaisir à lire quand c'est pour l'analyse. Mais je crois que ça peut être très formateur. En général, je ne me force pas, mais depuis que je me mets dans la perspective d'écrire, il y a des choses qui me sautent davantage aux yeux, en bien ou en mal. |
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