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 [L'Immeuble - Ancienne loge du Concierge] Coronel Rasgado

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Ma loge est un espace privé. Merci de ne pas l'oublier et déposer vos demandes dans la petite boîte aux lettres située dans le hall, ou bien, si impérieuse nécessité, toquer à ma porte.

Umberto Carballar, Concierge de l'Immeuble


Dernière édition par Le Concierge le Jeu 9 Nov 2023 - 17:24, édité 1 fois
 
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[L'Immeuble - Ancienne loge du Concierge] Coronel Rasgado Dalle_12
 
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17.10.23



Cet imbécile d’Imanuel Davis Ferreira, pourquoi fallait-il que je le laisse s’installer dans mon immeuble. Lui et son insupportable instrument qui réveillent toute la maisonnée à une heure du matin. Ces types-là sont incapables de se retenir, je les connais. Je les connais depuis toujours. A une époque où il faut absolument savoir se taire ! Que pense-t-il ? Que je suis un vieil homme ignare, un crétin, comme tous les autres d’ailleurs, ces parasites ! Quand je pense qu’il a osé me dire que ce n’était pas lui alors que le son venait très évidemment de sa fenêtre. Ne sait-il pas que je connais les murs de cet endroit comme le fond de ma propre poche. Mieux même ! Rien n’est invisible pour moi aussi, qu’il le sache, qu’il le comprenne bien, qu’il le garde bien à l’esprit ce Davis Ferreira.
 
Sinon, la journée a été harassante et je n’en peux plus de ce jeu de dupe dans lequel je me suis lancé. Et pour quoi encore ? Comme je hais Luis Montes et toute sa clique. Un jour, il le saura, lui et tous les autres, ce que je pouvais faire, ce dont j’étais capable, jusqu’où un vieil homme en colère peut aller et quels routes il peut emprunter. Toute cette eau, c’est la meilleure chose qui pouvait arriver à cette ville.
 
Manuela m’a dit tout à l’heure que San Pepegua était sur le point de faire sécession. Si c’est vrai, c’est terrible et formidable. Mais peuvent-ils seulement le comprendre, tous autant qu’ils sont, ces bourrins, ces fumeurs, ces buveurs. Et je ne parle pas de doña Auxilio et de Frances, comme je les méprise, et Esperanza plus encore que toutes les autres, comme je suis heureux qu’elle vive bien recluse sous les toits.

 
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18.10.23


 
Encore une nuit à ne pas pouvoir dormir à cause du remue-ménage, de la chienlit, du carnaval des costauds, des crapules, des sales types. Vingt ans que j’habite ici, dans ma loge, vingt ans aux premières loges des règlements de compte ridicules. Avec leurs gros bras et leurs armes cachées sous le matelas, toujours la même histoire, ça tire, ça frappe, ça ne fait que ça et c’est heureux encore, ça crache par terre COMME UN HOMME et COMME UN HOMME ça fait des Révolutions. Abrutis. Balourds. Mais faciles à surveiller, c’est au moins ça. Ç a se déplace en faisant du bruit, ça grogne, ce n’est pas difficile à suivre.
 
Non. C’est pas d’eux qu’il faut se méfier. Pas d’eux.
 
Moi je regarde du côté de la Auxilio, ça c’est difficile parce que ça avance dans le feutré, discrètement, ça fait ses petites affaires et c’est plus compliqué à pister, ça c’est sûr. Si elle venait me voir dans ma loge maintenant et que je pouvais dire à voix haute ce que j’ai dans la tête, je lui dirais : on se connait hein doña Auxilio, on est de la même trempe, tu le sais bien toi que je ne suis pas ce que je suis, tu le sais bien qu’on se cache tous les deux hein, tu le sais bien, ne crois pas que je me fais avoir moi par ton petite numéro, tes petites boules de cristal hein, ta petite animalerie hein, je te connais toi avec tes petites sœurs timides, hein, je suis comme vous, va pas croire ce qu’on te raconte, hein, va pas croire, et fais bien attention, je t’ai à l’œil comme toi tu m’as à l’œil hein, parce que tu m’as à l’œil aussi hein, c’est pareil qu’on est hein, c’est pareil.
 
Et la doña elle dirait plus rien alors, peut-être elle clignerait des yeux, qui peut savoir ce qui se passe quand ce genre de choses arrive, mais ça serait dit et bien dit. Ma foi. Et maintenant Manuela qu’on va faire pareil que l’autre Grand Crétin de San Pepegua, que Luna est bien décidée à passer à l’action aussi. Est-ce qu’elle sait seulement ce que le Grand Crétin a préparé pour elle ? Aussi bien, elle s’en moque. Oui, ça doit être ça. Elle s’en moque comme la petite Esperanza qui croit que je ne la vois pas se rire de moi, quelle tristesse ! Et comme Téofano qui me prend pour le plus grand des imbéciles à ne pas voir ce qu’il trame sous mon toits.
 
Comment nous débarrasser de cette odeur putride ? La fontaine est sèche depuis ce matin, personne ne le remarque on dirait.
 
Vivement que tout cela se termine.


 
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18.10.23 - soir



La locataire de la 202, l’un des plus beaux appartements de notre Immeuble, réclame je-ne-sais-quel appartement pour raison sentimentale. Est-il pertinent, à l’époque où nous vivons, de penser à nos « raisons sentimentales ».


 
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19.10.23

Je l'aime bien ce gamin, le petit Luz. Toute la matinée il est venu réviser sa géographie avec moi, il a même gribouillé la vieille carte médiévale de Don Michel et je le soupçonne d'avoir encore envie de le faire : va falloir le tenir à l’œil le petit furieux.

Pendant qu'il regardait les cartes du bouquin, je lui racontais la légende d'Aguacope et de la sorcière Araceli. Il disait : "c'est la mère Emiliano Zapata Salazar ! Emiliano Zapata Salazar ! Emiliano Zapata Salazar! ", je ne sais pas d'où il tirait cette idée absurde, mais bon, les gosses sont comme ça. Ils sont purs eux au moins, ils ont pas la fourberie dans le cœur comme les autres, pas des cloportes eux, ça non et j'espère que  doña Auxilio va bien le protéger, le pauvre enfant, vivre à une époque pareille, alors que la guerre civile est aux portes et peut-être même la peste où je-ne-sais-quoi encore.


Comme je déteste Luis Monte et l'autre Grand Crétin, sa marionnette en somme, si seulement je pouvais les écraser comme j'écrase les cafards de la cage d'escalier...
 
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Il est 17h, Umberto Carballar lit, à son bureau, une très longue lettre qu’il avait cachée entre de correspondance entre Lucia Saelices et Xavier Curbelo. La lettre, froissée, maculée de tâches, a été lue de nombreuses fois et portent les traces de ces lectures répétées. En lisant, des larmes perlent au coin des yeux du vieil homme.

[début de la lettre]

02.01.22 (un an et demi avant l'effondrement du barrage)

Très cher Umberto, très cher père,

Il me semblait nécessaire vous écrire cette lettre testamentaire, cette lettre de deuil, cette dernière lettre, avant de rompre définitivement nos relations. Je parle de « relation » puisqu’il est certain que nous avons, d’une manière ou d’une autre, eu une « relation » et même une relation père-fille, puisque vous avez eu la gentillesse de m’adopter alors que je n’étais qu’une orpheline égarée, une enfant « perdue », ce que vous aimiez dire souvent, d’ailleurs, pour vous justifier auprès du monde de votre manière d’agir avec moi – façon, j’imagine, de minimiser votre rudesse à mon endroit, votre méchanceté parfois, votre indifférence aussi.

Si je parle de lettre testamentaire, ne croyez pas qu’il s’agit-là simplement d’une formule en l’air, d’une de ces formules dont vous aviez vous-même le secret quand vous hurliez sur les occupant.es de votre immeuble miteux, mais bien d’un testament et même, d’un testament politique, puisque c’est sur ce point que nos désaccords familiaux se sont définitivement cristallisés et, je le crois, que notre rupture a été consommé.

Je vais m’engager, papa, dans quelque chose d’important et de dangereux. Je veux dire que je vais faire ce que je crois être important pour notre ville, notre pays et même peut-être au-delà. Vous pouvez bien vous moquer de ma grandiloquence, mais contrairement à vous je ne suis pas une fervente adepte de l’abandon et de l’abattement.

Aguacope est une ville que j’aime du plus profond de mon cœur, mais c’est une ville gangrénée par la tristesse et par la violence. Les hommes qui nous gouvernent sont, vous le savez bien, stupides, violents, certains de leur pouvoir et de leur puissance et votre ami, vous savez bien de qui je parle, ne fait pas exception malgré ce que vous voulez croire et malgré ce que vous me répétez depuis des années. Je vous imagine, me lisant, avec votre sourire serré et vos mauvaises rides plissées, riant de moi, vous disant « ma pauvre Luna, ma pauvre Luna », méditant déjà sur ma naïveté et mon orgueil.

Sachez, d’abord, que si je suis orgueilleuse c’est de votre faute, et uniquement de votre faute, puisqu’il n’existe pas à Aguacope, et même dans toute l’Amérique du Sud, de concierge plus orgueilleux que vous, vous qui estimez depuis toujours que vous « valez mieux que ça », vous qui ne laissez jamais passer une conversation sans rappeler vos « amitiés », vos « relations particulières ». Cet orgueil, je le dis encore, est la meilleure chose que vous pouviez donner à une fille comme moi, perdue, comme vous dites, dans une ville comme celle-ci, dans un monde comme celui-ci, une orpheline, une condamnée. De naïveté, en revanche, je n’en ai pas, simplement l’assurance que le monde doit changer et qu’il changera, avec ou sans vous.

Vous savez bien, de toute façon, qu’une femme dans ma condition, je veux dire, une femme qui a une compagne comme la mienne, ne peut pas rester inactive ici, sous peine d’être tout simplement exécutée par la vie. Cela, vous le savez si bien que vous avez passé les trois dernières années à essayer de me faire taire, à trembler à la simple évocation de son prénom, à exiger de moi non seulement le bannissement de mes sentiments les plus profonds mais de ma personne toute entière, de mon existence toute entière et même, et pour cela je vous hais au-delà de tout ce que je hais dans cette cité putride, de son existence à elle, de sa personne, de ses sentiments. Et ne pensez pas ce que vous osez penser maintenant, lisant mes mots fiévreux, que je suis non seulement dangereusement naïve, mais même inconsciente du danger et que tout cela est une sorte de crise, ne pensez pas non plus que c’est parce que je suis cette fille « définitivement perdue », cette « orpheline sans cadre », que j’ai nourri ces sentiments-là, cette existence-là, cet amour-là.

Peut-être commencez-vous à comprendre la nature testamentaire de ma lettre. Je ne vais pas, comme vous le désirez, cacher ce qui doit l’être, mais je vais le montrer et même je vais le clamer, et même je vais le hurler à toutes les oreilles d’hommes de ce pays, jusqu’à ce que les tympans de nos compatriotes soient emplis d’une clameur absolument impossible à oublier. Je ne vais pas aborder la vie comme vous l’espérez et comme vous l’avez-vous-même fait. Je déteste votre prudence irascible, votre vie parcimonieuse, votre petite vie timide de vieil homme maladivement attaché aux limites de son univers, de sa loge étriquée. Je vais monter à la tribune, devenir maire d’Aguacolpe, puis présidente d’Aguacolpe, puis je siègerai dans d’autres instances, de plus en plus hautes, négociant avec tous férocement et je vais parler de plus en plus fort, de plus en plus fort en même temps que je grimperai cette échelle de cordes que j’ai choisi pour ma vie. Et quand je serai tout en haut, sur la crête, quelque part où le pouvoir réel se trouve, je vais tout changer d’un coup, je vais tout détruire et tout réédifier d’un coup et il ne faudra pas vous étonner si cela implique aussi pour vous la destruction de ce que vous connaissiez et de ce que vous chérissiez comme les cancrelats chérissent les détritus sur lesquels ils baisent, se nourrissent et reproduisent l’horreur.

[suite à venir]
 
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Dans la nuit du 19 au 20, Le Concierge fait un cauchemar :

 
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20.10.23

Resté pendant trois heures devant le tableau que je-ne-sais-qui à posé devant le dattier (comme si mon patio était un lieu d'exposition !). Personne n'est venu me parler, personne n'est venu me voir. L'ingratitude des habitants de cet immeuble est terrible et je pourrais être blessé, profondément, si je ne les estimais pas tous si idiots, si profondément stupides.

Avant de partir, j'ai découpé, dans le coin inférieur du tableau, les chaussures de la femme au cygne. Heureusement que personne ne m'a vu. Je ne comprends pas pourquoi j'ai fait cela. Aujourd'hui était une journée bizarre. Je n'avais pas fait de rêve depuis des années, pas fait de cauchemar. Pourquoi maintenant ?

Je n'ai parlé à personne des images, bien sûr. Je pensais, en refaisant l'étiquette d'Ola, je songeais à doña Auxilio, je ne doute pas qu'elle est responsable, que c'est elle qui a mis un tableau dans le patio, un tableau d'Esperanza Covarrubias qui plus est, avec tout ce que je sais, moi, sur Esperanza Covarrubias, tout ce que je sais et que je ne dis pas, comme toujours, et qu'elle a non seulement placé ce tableau-là, mais qu'elle l'a placée pour moi, pour me provoquer, comme toujours, et qu'elle est même peut-être responsable de mon rêve, avec ses mauvais sorts, ses encens et je ne sais quelle magie d'un autre temps.

Peut-être que je devrais lui écrire un mot pour éclaircir cette histoire.

Et surtout ne plus jamais relire cette lettre. Plus jamais.
 
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[suite et fin de la lettre]

Je ne veux pas simplement, vous écrivant, clore définitivement notre relation, mais je veux vous expliquer précisément ce qui va se passer, les étapes successives qui vont me mener jusqu’à ce que vous autres vous nommez le pouvoir et que je nomme simplement liberté. Notre ville est malade jusqu’à l’os, vous le savez, et je ne parle pas seulement des Montes, des Cortés, des Barrios, des Feijoo qui se la partagent comme des hyènes se partagent une carcasse, mais je parle de notre ville elle-même et des idéaux qui la travaillent de l’intérieur. Il va se passer quelque chose, bientôt, peut-être pas tout de suite, mais bientôt et cet évènement-là, que vous reconnaitrez vous-même comme étant l’évènement dont je vous parle maintenant, sera l’occasion attendue par nous autres pour enfin laver Aguacope de ses souillures et de ses crasses anciennes.

Moi, je serai prête. Dans la catastrophe je trouverai un trou de souris, le chas d’une aiguille où je passer mon invisible fil et j’agirai alors comme doit agir une femme comme moi. Je veux que vous sachiez reconnaître les signes de cette première étape vers l’annihilation du monde que vous avez connu et des instruments que ce monde a forgé pour nous détruire, nous, qui n’entrons pas dans le domaine réservé de votre pouvoir, de votre vision, de votre structure. « Mais que raconte-t-elle » pensez-vous maintenant alors que je vous écris cette lettre fiévreuse, « elle est devenue folle définitivement » vous dites-vous et « qu’ai-je avoir là-dedans » ajoutez-vous, en votre for intérieur. Vous avez le droit à ce programme, cette apologétique anticipée, cette eschatologie politique, parce que vous êtes mon père et que vous avez voulu abattre ce qui en moi était le plus puissant, en même temps que, sans le vouloir, malgré vous, vous avez été à la source de cette ambition.

Maintenant, vous êtes dans le secret. Ce secret, bien sûr, est bien trouble, mais il va vous miner et quand les choses arriveront, quand le moment sera venu, ce secret vous rongera plus fort encore, mais vous ne direz rien, car vous êtes mon père malgré tout, et que malgré tout vous m’aimez. Et moi, c’est sur cet amour que je compte et c’est pour cela, malgré tout, que je vous écris cela : à la fois comme vengeance, car je veux que vous souffriez demain d’une chape de plomb aussi lourde que celle qui a pesée sur ma tête pendant les vingt premières années de ma vie, et en même temps comme confidence impossible, comme aveu que je n’aurais pu faire qu’à vous, finalement, car moi aussi je vous aime, d’une certaine manière, autant que je vous déteste et autant que vous m’êtes indifférent.

Votre fille, Luna
 
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22.10.23

Des cauchemars, des cauchemars, des cauchemars.

Dehors et dedans. Dedans le crâne et dehors, partout. Mais quelle fatigue ! Et tous les jours je pense à elle – mais pourquoi je ne m’empêche pas de lire cette satanée lettre, cette lettre infernale.

Diaz, El Flaco, Riviera, je les soupçonne tous de préparer des mauvais coups. Même la Auxilio, silencieuse ces derniers jours, trop silencieuse d’ailleurs, je la soupçonne encore.

Et Manuela qui me parle de cette fumeuse idée de Comités Spéciaux… est-ce que je vais vraiment devoir jouer ce jeu de rôle ridicule ? Comment peut-elle penser que tout ça marchera ?
 
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31.10.23

Qui peut encore souffrir de cette ville maudite ! Je me lève chaque matin avec l'espoir qu'elle disparaisse, et nous avec, toute entière, cette sacré maudite ville, engloutie entièrement dans la merde boueuse où elle n'en finit plus de se noyer.

Tous ont le souffle coupé après l'explosion et rient de la mort de Miranda, se moquent de sa mort, se réjouissent de sa mort, comme si sa mort allait changer une ligne à notre insupportable destination, comme si sauver ce pauvre vieux de Riviera était lui faire une fleur. Depuis ma fenêtre j'aurais pu hurler : "mais laisser-le creuver ce pauvre fou, laisser-le creuver et qu'on en finisse : vous ne savez donc pas la chance qu'il a de creuver comme ça, à l'air libre, laisser-le donc !". Même le chat beuglait comme si tout cela était une tragédie alors que ce n'était qu'une farce grotesque, comme tout ce qui se passe ici. Et s'il survit, qu'est-ce qu'il se passera : sera-t-il achevé par la peste ou par le couteau d'un milicien ?

Quand je pense que le petit Luz a été mêlé à tout ça ! Mais où est donc la vieille ? Elle ne s'occupera donc jamais de ce gosse ? Me faire des sermonts, elle sait faire, oui, mais élever correctement le petit, impossible, plus personne !

Moi je m'en occupais de ma Luna. Moi je faisais ce qu'il y avait à faire ! Mais quelle tristesse, est-ce qu'elle sait où elle a été se fourrer elle aussi ? Ma pauvre petite imbécile de fille, pauvre petite imbécile ! Pauvre petite idéaliste imbécile ! Combien de fois je lui ai dit : arrête de faire des vagues, fais-toi discrète, fais ton trou patiemment, on te laissera tranquille.

Inutile !
 
   
    
                         
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