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| | Nombre de messages : 373 Âge : 38 Date d'inscription : 15/12/2021 | Mariolo / Tapage au bout de la nuit Mer 26 Juil 2023 - 13:39 | |
| https://www.helloworkplace.fr/enquete-travail-inutile/#:~:text=Le%20sentiment%20d'inutilit%C3%A9%20de,%C3%A9tude%20du%20minist%C3%A8re%20du%20Travail.&text=Votre%20travail%20est%2Dil%20utile,publi%C3%A9e%20le%2027%20mai%202021. Lien d'une étude récente assez révélatrice trouvé pour préparer ce post. https://yougov.co.uk/topics/society/articles-reports/2015/08/12/british-jobs-meaningless Lien d'un sondage cité par Graeber. L'institut schouten nelissen, à effectué la seconde étude sur la sensation de ne rien faire d'utile cité régulièrement par Graeber pour essayer de quantifier un peu le phénomène. En gros, selon ces trois études, ont pourrait supputer que au minimum 30% des gens pensent faire un métier inutile voir néfastes, un bullshitjob. Ça ne comprends pas les gens qui pensent que leur métier est utile, mais parasité par des tâches bullshit (la bullshitisation), comme par ex, bcp exposé par Graeber, des procédures administratives absurde exigé par les directions d'université à leurs enseignants chercheurs pour justifier de leur travail. Par exemple de bullshitisation, à mon échelle d'ouvriers dans la construction navale, relativement peu concerné il faut l'admettre, je perds un peu de temps chaque jour pour consulter la documentation nécessaire sur mes pièces à produire depuis que l'on est passé au numérique. Avant on avait des dossiers papiers sur lesquels toutes les infos étaient présentes, maintenant, on a des tablettes numériques pas pratique du tout. Ça ne prend pas en compte non plus, ou pas forcément, les tafs utile pour faire fonctionner les jobs inutiles. Par exemple agent.e d'entretien dans un bureau d'avocat fiscaliste ou de centre de télé appel, c'est utile, mais au service d'une organisation nuisible. L'idée de Graeber, c'est qu'une très large part de l'économie et de l'activité humaine rémunéré est consacré à des tâches inutiles et dont la disparition ne changerait en rien négativement la surface du monde, voir l'améliorait. Il défend aussi l'idée que ces métiers inutiles et parasite ont une fonction politique : maintenir les gens au travail coûte que coûte, et une fonction philosophique, morale : parce que c'est bien, et que l'oisiveté c'est mal. Un bullshitjob, késako ? Définition de Graeber : " Un bullshitjob est une forme d'emploi rémunéré qui est si totalement inutile, superflu ou néfaste, que même le salarié ne parvient pas à justifier son existence, bien qu'il se sente obligé, pour honorer les termes de son contrat, de faire croire qu'il n'en est rien. " Indices perso pour évaluer le niveau de bullshitude d'un travail ou d'une part d'un travail (une fonction) : - Si un taf devient illégal, pensez vous qu'un marché noir se mettra en place pour y remédier ? (Pensez vous que si on interdit les profs de techno ou de musique au collège par ex, les parents vont payer des gens au black pour donner des cours de flûte ou des tutos de fabrication de porte manteau à leurs enfants ? Même question pour les assistant.es maternelle). -Si un métier (ou une fonction d'un métier), disparaît du jour au lendemain, combien de jours pensais vous que cela va prendre pour s'en apercevoir ou pour qu'il y ait des effets négatifs ? (Par ex, si les avocats spécialisés en évasion fiscale ou les PDG disparaissent, combien de temps avant d'impacter négativement la production ? Même question pour le ramassage des poubelles). Détail et limite épistémologique, un Bullshitjob est définie comme tel par son travailleure. Paul B. Preciado (autobronzant intellectuel force 6) parlerait d'épistémologie subjective, qui est un concept perturbant, mais qui se cantonne à définir la réalité et l'identité de ce qui nous concerne nous, pas les autres. En gros, si un travailleur part du principe que son taf est inutile voir, nuisible, il y a très peu de chance qu'il se trompe (l'argument de " il n'a pas la vue d'ensemble" relève de la pensée magique et de la condescendance). Et je suis plutôt d'accord avec ça. Il manque un truc aussi, c'est le rapport utilité coût, pas vraiment mis en exergue par le concept de Bullshitjob. Certains tâche, sont tellement coûteuse physiquement pour le travailleure, qu'on est en droit de s'interroger sur son intérêt, ou du moins, les conditions de sa réalisation, mais c'est presque un autre sujet. Par contre le gros problème du concept, et Graeber entretien un peu la confusion tout le long du livre, c'est que cette subjectivité, exclu les métiers inutiles ou nuisibles, mais dont leurs travailleurs n'ont pas consciences de cette nuisance. Pour aujourd'hui je m'arrête là, je copierai plus tard les archétypes de Bullshitjob décrit par Graeber. L'objectif de ce fil, c'est de recueillir des témoignages direct ou indirect, sur les tafs bien inutile (à ne pas confondre avec pourri ou merdique ou difficile) ou les fonctions d'un taf qui sont inutiles. Donc quand j'aurai publié les archétypes, si vous avez des exemples et pensez savoir à quoi vous correspondez, vous serez les bienvenus pour attiser ma curiosité. Je met un fil commentaire pour ceux qui veulent critiquer le concept ou juste plus de détails. (Pardon pour les fautes, mon correcteur fait une indigestion) https://www.jeunesecrivains.com/t62855-critiques-et-questions-concept-bullshitjob |
| | Nombre de messages : 3988 Âge : 43 Localisation : Région Parisienne Date d'inscription : 11/01/2019 | Jimilie Croquette / De l'Importance d'être Constamment Là Mer 26 Juil 2023 - 14:25 | |
| je ne comprends pas très bien - où tu veux en venir - pourquoi ouvrir deux topics |
| | Nombre de messages : 373 Âge : 38 Date d'inscription : 15/12/2021 | Mariolo / Tapage au bout de la nuit Mer 26 Juil 2023 - 14:28 | |
| Je cherche des témoignages de gens qui se sentent concernés par le concept. Et le deuxième topic c'est pour poser les questions comme les tiennes, pour que le fil témoignage reste lisible. Tout est décrit dans mon message au dessus. |
| | Nombre de messages : 305 Âge : 33 Date d'inscription : 25/03/2023 | Bluepulp / Tapage au bout de la nuit Mer 26 Juil 2023 - 15:04 | |
| Supprimer un métier et attendre combien de temps on met pour s’en rendre compte, est sans doute un très mauvais critère pour évaluer l’importance dudit métier.
Tous les métiers ne se placent pas sur la même échelle de temps et les même enjeux. Si tu supprimes la boulange tu t’en rendras compte dès demain quand tu iras chercher ton pain, si tu supprimes la recherche tu ne t’en rendras jamais compte car tu ne pourras pas montrer du doigt ce qui n’aura pas été inventé.:. Est ce que la recherche est moins importante que la boulange pour autant, surtout dans un contexte de crise climatique et de pénuries de ressources ? Pareil avec tous les métiers liés à l’enseignement, la culture, et l’innovation en général.
Je tique un peu quand tu qualifies la musique au collège d’inutile. L’idée de ce cours c’est d’initier à la musique des jeunes qui n’ont pas le luxe d’avoir accès à des cours payants ou qui n’auraient jamais découvert ca de par leur milieu social. Et crois le ou non, mais ca marche. Bien sur tout le monde ne se sent pas concerné par ces cours mais si ca convainc 5% de la population de collégiens c’est déjà gagné. |
| | Nombre de messages : 373 Âge : 38 Date d'inscription : 15/12/2021 | Mariolo / Tapage au bout de la nuit Mer 26 Juil 2023 - 15:10 | |
| Je t'invite à supprimer et reposter ton message dans le fil commentaire/critique du concept (surtout que tes questions sont intéressantes) |
| | Nombre de messages : 373 Âge : 38 Date d'inscription : 15/12/2021 | Mariolo / Tapage au bout de la nuit Jeu 27 Juil 2023 - 19:13 | |
| - Précision :
Rappel d'un principe fondamental : on ne désigne pas un bullshitjob, même si c'est tentant (et qu'on le fait tous, souvent pour désigner le travail des autres curieusement, jamais le sien). Dire que untel ou untel est un bullshitjob c'est du populisme et un devoiement du concept. On peut éventuellement se faire une idée du niveau de bullshitude d'un job, mais dans le principe du concept développé par l'auteur, c'est la propre opinion du travailleur qui permet de déterminer si un job est utile ou pas. Il peut se tromper en disant qu'il est utile, mais si il le pense sincèrement, il n'en souffre pas. Par contre l'auteur part du principe qu'il ou elle ne se trompe pas en affirmant qu'il est inutile (et l'auteur ds son livre, évoque les impacts délétères psychologique de faire un taf inutile). La notion d'utilité ou de bénéfice (économique ou social) est trop fuyante, ce sont deux termes trop polysémique, pour être défini objectivement et extérieurement. C'est par une sorte de ressenti empirique, d'épistémologie subjective, qu'un job, un taf, peut être qualifié de BSJ, et par son pratiquant lui même. Et s'il le pense, alors c'est qu'il a raison. Quelque part, la preuve objective qu'un taf est du bullshit, c'est la subjectivité de celui qui le fait.
- Détails :
Une part de l'activité peut être bullshit. Même ponctuel.
C'est un problème qui n'est pas lié spécifiquement au secteur public, bien au contraire (et de toute façon, la distinction économie privé/public n'a pas tellement de pertinence).
Je publierai si vous voulez la lettre de Graeber à l'origine de son livre, qui a suscité tout les témoignages de gens qui lui ont permis d'établir son classement. Il ne part pas d'à priori, il part du témoignage direct de gens.
- Taxonomie bullshitjob :
1- Les larbins.
Job qui consiste à donner de l'importance par leur seul présence, à leur supérieur hiérarchique. Un peu sur le modèle féodal, où des vassaux et serviteur servent d'apparat au prestige de leur supérieur. L'idée est aussi pour le supérieur, de se décharger au max des tâches qu'il pourrait faire lui même, mais il se juge trop important pour le faire. (Témoignage cité : une réceptionniste de maison d'édition parce que une maison d'édition sans réceptionniste ça ne fait pas sérieux, pour l'occuper, une cadre lui file des boîtes de trombone à trier selon les couleurs).
2-Les portes Flingues. (C'est pas le plus évident celui là)
Job existant pour contrecarrer celui d'en face. Comme militaire, lobbyiste, publiciste. Ça paraît curieux, mais se nourrir, se distraire, s'habiller c'est vitale et indispensable, on aura toujours besoin d'effectuer de telle tâche, et toute les sociétés à travers l'histoire les effectue. Lobbyiste et militaire non. On a une armée pour se défendre ou attaquer celle d'en face. Mais c'est pas utile en soi. Y'a d'ailleurs des pays qui n'en on pas, ou juste ce qu'il faut en hommes et matériel pour contrôler sa population. Le Mexique par ex, ses voisins du sud n'ont pas les moyens de l'inquiéter et son voisin du nord, peu importe les moyens que le Mexique mettrait ds l'armement, il n'aurait aucun moyen de lui résister. Ce pays ne dispose que d'une armée d'homme sans matériel type sous-marin. Et d'ailleurs à l'échelle mondiale, la guerre se démilitarise, alors que la vie civile se militarise sous la pression policière. La guerre se passe maintenant principalement contre des civils (migrants, dealer, opposants politiques, quartier populaire, minorité ethnique).
Se qui habite les portes Flingues, c'est le sentiment d'être dans une postures agressive, de manipulation et de mensonges (pub, démarchage commercial).
3- les rafistoleur.
Job utile pour palier les problèmes structurels et organisatiel, aux niveaux informatique par ex. Les occupants de tel poste ont conscience qu'une part de leur activité pourrait facilement être supprimé si les bons logiciels étaient installés ou qu'une meilleure orga était en place. Ils font tenir l'intenable. Il cite le milieu de l'informatique où des startup par exemple profite de logiciels libre mais pas compatible entre eux, pour faire des économies, et y'a des mecs qui doivent se faire chier à trouver des bidouillage pour que ça fonctionne. Moi ça m'évoque le cas de la start-up d'Elizabeth Holmes, qui pendant des années à fait croire à la fiabilité d'un projet de résultat sanguin révolutionnaire, mais qui a surtout escroqué un paquet d'investisseurs crédule et endoctriné. Pour que son escroquerie dure aussi longtemps, elle a sans doute eu besoin d'un paquet de rafistoleur.
4- les cocheurs de case. (Sans doute le plus courant, pour moi en tout cas)
Taf bidon, consistant par sa présence à valider un cahier des charges, une demande, une hiérarchie, une procédure. Si je devais en " désigner", je pense par exemple à la responsable écologie d'une entreprise de construction de bateau de guerre, qui exporte par ex à l'Égypte ou l'Arabie saoudite, et qui comme manifestation notoire de son activité, à proposer des gobelets recyclable pour le site. Il est fort probable que cette perspective ne considère pas son taf comme du bullshit, mais avouons que c'est tentant de dire qu'elle ne sert à rien, c'est du greenwashing. Par contre en témoignage direct, je connais une QSE (qualité sécurité Environnement), qui bossait ds une fonderie où c'était comme au moyen âge. Elle n'avait aucune autorité, aucun budget, la seule raison de sa présence c'était pour valider l'obtention d'une norme, pour permettre à sa boîte d'avoir des contrats. C'est l'exemple même du taf inutile qui te détruit bien comme il faut.
5- les petits chefs
Ils ont comme fonction d'attribuer des tâches à des gens qui n'ont pas besoin qu'on leur dise quoi faire, voir, en ce qui concerne certains managers par ex, ils ne sont même pas capable de parler boulot parce qu'il ne connaisse pas le métier. Leur fonction politique, c'est d'empêcher l'autogestion des travailleurs, de faire croire qu'ils sont nécessaires, et de voler une partie de la richesse par la légitimité du diplôme. Ils remplissent aussi l'activité de leur subordonné de tâches futile pour se donner une légitimité, de l'importance. (Graeber cite le cas d'un manager dont la seule tâche c'est de transmettre des tâches à d'autres qui n'ont pas besoin qu'on leur dise quoi faire, tâche qui pourrait en plus être transmises sans aucun problème sans lui, à des gens qui n'ont besoin d'être ni surveillé, ni motivé). Le petit chef est aussi un élément de contrôle, un rouage important ds la discipline. Son rôle est bien plus politique que productif, et ses occupants ont le sentiment de ne pas mériter leur salaire, d'avoir du mal à justifier ce à quoi ils occupent leur journée.
Ultime précision : Rappel important du but du post : Recueillir des témoignages de personnes occupants des bullshitjob, ou dont une partie de leur activité est inutile selon eux. (Pour rappel, pour les questions et critiques, demande de précisions et désaccords sur le concept, y'a un fil commentaire) |
| | Nombre de messages : 57 Âge : 28 Date d'inscription : 30/05/2022 | levit / Clochard céleste Ven 28 Juil 2023 - 0:04 | |
| Salut Mariolo! C'est intéressant tout ça. Y a quelques temps j'ai eu un petit taff à la con qui, a mes yeux, illustre pas mal le bullshit job. Pourtant je pense que pour les marques concernées, il est d'une grande utilité, même d'une importance vitale. Bref, je sais même pas si ça a un nom ce taff. Il s'agit tout connement de distribuer de la pub pour des marques bien connues genre decathlon, jardiland, etc ,dans les boites aux lettres des quartiers ou on t'envoie. C'est le taff dans son ensemble qui est profondément inutile et même toxique pour l'épanouissement de la plupart puisque il sert juste a nourrir la bête encore un peu plus. Par contre, pour elle, ce genre de taff, c'est la base. Même si je pense que c'est un peu a l'ancienne. Aujourd'hui la pub arrive dans l'intimité bien plus finement et efficacement par d'autres canaux. Je pense que dans quelques temps ce taff sera doublement bullshitable. En tout cas je me suis vite barré. Dans un tout autres registre, et plus délicat de considérer comme bullshit job, j'ai taffé comme ouvrier ostréicole ya pas très longtemps. Pourtant j'ai vraiment eu la sensation de douiller pour rien, ou juste pour quelques un et pas grand chose. Je sais pas si c'est moi qui suis un peu à l'ouest ou pas, mais je considère que le commun des mortels mange des huitres uniquement à noël. Pourtant la j'ai compris que des huitres fallait en sortir tout le temps, et beaucoup. Pourquoi? C'est un taff monstre, pénible de fou, physique à mort, avec des horaires variables selon les marées, par tout les temps, dans la flotte, dans la vase et j'en passe. Donc pourquoi tout ça? Je veux dire que c'est pas du blé, ou des pommes de terres, c'est pas a la base de l'alimentation, pour personne. C'est superflu, c'est un petit caprice, et cher en plus, ça réduit encore plus le nombre de personne qui en profite, et en plus c'est dégueulasse les huitres, c'est comme des gros molard:x . Plus sérieusement je jette pas la pierre aux consommateurs d'huitres, mais j'ai juste eu la sensation de faire beaucoup pour pas grand chose. Dans certaine région c'est une économie entière qui est basée sur cette activité. Je me dis que tout ce travail, il pourrait aller ailleurs, être plus bénéfique, pour plus de monde. Ca me fait rebondir sur un dernier exemple qui rejoins celui ci et qui met l'accent sur le caractère privilégié de certain produit de consommation. Typiquement les vins. Se casser le dos a taller des vignes qui donneront des raisins qui feront des vins qui seront bu par une poignée de gens qui peuvent se le permettre, ça donne un peu la sensation de rien faire de concret. Que ton travail il est aspiré, ou annulé. Bien sur, tout les vins sont pas dans ce style, mais dans mon cas, les quelques châteaux (lol) ou j'ai taffé, c'était le cas. Voila, j'espère que ça t'apporte un peu de matière Mariolo. J'attends vos belles anecdotes de bullshitjobs. A plus |
| | Nombre de messages : 373 Âge : 38 Date d'inscription : 15/12/2021 | Mariolo / Tapage au bout de la nuit Ven 28 Juil 2023 - 14:20 | |
| Ton premier ex est je pense le prototype même du bullshit job de prolo. C'est inutile, personne ou quasiment personne ne consulte les pubs, en tout cas l'effet sur les ventes est sans doute très marginales, et personne ne se plaindra de ne plus en recevoir si dès demain c'était interdit. C'est un mélange de porte-flingue, les boîtes le font parceque les autres boîtes le font, et aussi de cocheurs de cases, genre une boîte qui le fait pas faire, c'est pas sérieux, une boîte respectable fait de la pub. Je sais pas si t'es d'accord. En tout cas ça doit bien être relou.
Tes deux autres exemples sont plus subtile oui, parce que là en fait, c'est plus le degré d'exploitation d'une production somme toute intéressante au niveau gustatif, nutritif et culturel. On a pas attendu la bourgeoisie et l'exploitation capitaliste pour produire du vin ou des huîtres, par contre, cette façon de faire pour cette finalité, c'est typiquement l'exploitation capitaliste et l'alinéation du travail. Est ce que ça rentre ds les BSJ, ah je sais pas, par contre ça rentre sûrement ds des trucs à virer pour des considération écologique, économique et éthique, pour reprendre Sankara : je préfère que tout le monde ait de l'eau, plutôt qu'une poignée ait du champagne.
Je te rejoins aussi sur le ratio utilité/souffrance engendré. J'ai pratiqué une spé de la construction navale, en tant qu'ouvrier, et certaines configurations rendaient le taf particulièrement épuisant et dangereux pour un résultat technique plus que discutable, voir parfois inutile, juste pour correspondre à une norme. La norme c'est un truc débilisant je trouve.
Merci pour ton témoignage en tout cas ! |
| | Nombre de messages : 3707 Âge : 39 Pensée du jour : /kick lundi Date d'inscription : 19/03/2018 | Mardi / Panda de Bibliothèque Ven 28 Juil 2023 - 14:47 | |
| J'ai fait de la distribution de pubs aussi pendant deux-trois semaines quand j'étais étudiante et je plussoie, c'est vraiment un bullshit job par excellence. ça n'apporte rien à personne et je pense même que ça a plutôt un côté nocif que simplement neutre, sur plein d'aspects.
Sinon, j'ai travaillé quelques années dans l'assurance qualité en industrie. Je ne considère pas ça comme un bullshit job parce que c'est un maillon indispensable de la chaîne mais clairement, il y a plein de bullshit tasks dont on pourrait largement se passer, et la plupart sont induites par les obligations de certification CE et ISO. Là encore, certains aspect de ces certifications revêtent un caractère indispensable à la sécurité des travailleurs et des produits finis mais on pourrait enlever un bon trois quarts des exigences de chaque norme ISO sans que ça affecte négativement les process (au contraire, y'a certains chapitres, on voit vraiment qu'ils ont été pondus par des purs bureaucrates qui n'ont jamais mis les pieds dans une usine... ou même dans la vraie vie. Je pense qu'on pourrait aller sérieusement creuser de ce côté pour trouver des bullshit jobs).
| Ta gueule, c'est cosmique. |
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| | Nombre de messages : 357 Âge : 34 Localisation : 00.000.00.0 Pensée du jour : « Il n'y a pas une tête lucide entre deux termes d'un choix. Il y a une nature étrange, en détresse de n'être pas les deux. » Date d'inscription : 22/07/2021 | Nuage-Rouge / Tapage au bout de la nuit Ven 28 Juil 2023 - 18:24 | |
| Perso j'ai déjà eu cette sensation de bullshit job dans plusieurs circonstances. Et je pense que le concept doit permettre de qualifier des situations "bullshit" plus que des jobs en particulier, car ce sentiment peut arriver selon les circonstances et les injonctions liées au fait que pratiquement personne, dans l'économie capitaliste, n'est maitre de son travail, de la manière de le faire et d'en rendre compte, parasité par les employeurs qui décident avant tout des conditions d'exercice.
- Herbes folles:
Donc un de mes premiers boulots a été de tondre un immense terrain vague pour l'entreprise dans laquelle le père d'un pote avait une bonne place. C'était du terrain inutilisé qui jouxtait l'usine de composant, dans laquelle mon pote avait lui aussi un petit boulot d'été.
Il n'y avait aucune raison véritable de tondre cet espace qui était sans usage et en friche. On m'a payé pendant 2 semaines à tondre un espace énorme à la simple débroussailleuse, sous un cagnard de plomb, dans un bruit infernal (j'ai même eu une isolation). J'imagine que payer un ouvrier au smic en utilisant la débroussailleuse de l'entreprise coutait moins cher que de faire intervenir une entreprise spécialisée et/ou louer un tracteur tondeuse qui en aurait eu pour une journée ou 2... Mais se faire chier à la tâche quand tu sais que ton outil est inadapté, que tu compense tout physiquement, et qu'il y aurait beaucoup plus simple, c'est rageant, même si ça te fait des thunes. Tu prends conscience que t'es juste embauché comme un larbin, parce que l'entreprise en a les moyens, et que quelqu'un dans les bureaus s'est levé un matin en se disant, bon, ce terrain ça va plus, il faut que ça fasse "propre". Tu pourrais travailler moins vite, mais comme t'en a marre t'as envie que ça se finisse. J'ai fini par dessiner à la débroussailleuse un cœur géant que personne n'a sans doute jamais vu pour briser un peu la monotonie. Le seul avantage c'est que j'étais tout seul, je m'organisais comme je voulais tant que je faisais des heures et que j'avançais dans la tâche. Heureusement c'était un mini job, mais j'imagine pour des jobs que des gens font pendant des années... A la fin on m'a demandé de répandre du désherbant chimique sur les contours grillagés du terrain. je l'ai fait comme on prend un truc dégelasse voire dangereux du bout des doigts pour le jeter à la poubelle. avec une impression de souillure à chaque fois que je devais enfiler le matériel. J'imagine les agriculteurs obligés de répandre ces merdes à longueur d'années...
bref, du bullshit
- Le café clandestin:
Sinon j'ai fait aussi "gardien d'immeuble" l'été dans un quartier HLM. ça consistait à passer dans les étages des immeubles tous les jours pour vérifier qu'il n'y avait pas d'ampoules grillées, sans avoir pour autant le droit de les changer le cas échéant. Bien évidement il est très peu probable qu'une ampoule, et encore moins plusieurs, grillent d'un jour à l'autre si bien qu'une vérification aussi régulière parait assez vite vide de sens. Aussi c'était laver les poubelles, vite fait, en fait passer de l'eau et balancer une dosette de produit chimique odorant. Normalement c'est une fois par semaine, mais comme on avait vite fait le tour ça arrivait qu'on lave plus que ce que les gardiens titulaires ont l'habitude de faire. D'ailleurs il parait que certains se contentaient de jeter des dosettes. Sinon enfin à laver quelques parties communes et veiller au non encombrement des caves. On en a même profité pour effectuer des tâches de débarrassage d'encombrants qui s'étaient accumulés dans un hangar de stockage pendant plusieurs mois ou années, et désencombrer quelques point d'accumulation dans certaines caves. Certains gardiens laissaient plus que d'autres s'accumuler des trucs dans les caves dont ils ont la responsabilité si je me souviens bien. Les habitants nous disaient parfois que ça faisait bizarre de voir autant les gardiens et que les poubelles sentent bon etc.
Bref, certains gardiens titulaires avaient la réputation de "ne rien faire", mais avec des tâches aussi redondantes, insignifiantes et ingrates, peut on leur reprocher ? Moins il y a à faire, moins il y a de sens à faire, et moins on en fait, surement. Nous on était là ponctuellement, on avait l'énergie de ceux qui découvrent le milieu, qui sont là pour passer, et qui ont encore la foi de bien faire le peu qu'il y a à faire, le peu qui fait sens.
Une fois qu'on avait fait ça on passait plus de temps dans les locaux de gardiens, dans les caves à boire des cafés solubles et discuter de rien. Ca et le fait que chaque journée commençait globalement par 1h de pause café, et finassait souvent en pause café dans une cave (sans oublier auparavant la pause café d'après pause déjeuné), on buvait des cafés de local en local en changeant de cave, puis enfin, on sortait pour attendre au lieu d'embauche et débauche, attendre l'heure pile où on pouvait partir, devant l'horloge. Cette impression d'être prisonnier du temps de travail à rien faire juste pour pouvoir revendiquer une paye, alors qu'on aurait pu passer tout ce temps à faire autre chose, à partir plus tôt ou arriver plus tard, notre travail n'aurait pas été moins bien fait. Absurde. Bullshit pour une grande part donc.
- Projet d'animation : pas moyen mais passion...:
Dans un autre registre, en animation périscolaire j'ai ressenti un peu de bullshit dans les injonctions des directions à justifier formellement les animations qu'on proposait, à justifier le caractère ludique ET pédagogique (MDR), sans jamais vraiment être clair sur comment concilier ces deux aspects plutôt contradictoires. Une manière de se donner des airs d’accueil éducatif dans la continuité de l'école, plutôt que de vulgaire loisir. Aussi à établir des temps de préparations toujours insuffisamment quantifiés, jamais accordés de manière pratique, en amont ou en fin des temps (pour ranger ou préparer par ex), devant se faire sur le lieu de travail mais sans espace dédié au périscolaire dans l'école par exemple, avec aucune flexibilité dans la possibilité d'acheter ou se faire rembourser du matériel, juste en commandant 2 fois dans l'année dans un catalogue, des trucs sur le mode "ça pourrait servir"..., en devant pondre des programmes d'animation pour tout un trimestre en 2h, alors qu'on sait tous et toutes qu'on prépare nos activités chez nous devant l'ordi, souvent d'une semaine à l'autre voire de la veille pour le lendemain, ce qui n’empêche pas que l'activité soit réussie et qu'elle plaise aux enfants. Mais il y a toujours ce truc de flicage qui fait qu'on ne veut pas payer un animateur ou une animatrice à faire du travail chez elle, qu'on veut qu'il justifie l'intérêt de son animation comme si l'animation ne pouvait pas se justifier par elle-même, par le fait qu'elle fonctionne. Non elle doit s'inscrire dans un "projet" d'animation blabla que la mairie vend aux parents pour faire passer la pilule du coût exorbitant de l’accueil, sans que les conditions de mise en oeuvre soient vraiment réunies, ou alors elles reposent sur le bénévolat et le dévouement des animateurs et animatrices, voire sur une forme de loyauté, de devoir qu'ils se font envers les enfants. Alors que ce sont déjà des travailleurs mal considérés, sous payés, contraints au temps partiel complétement éclatés sur l'ensemble de la journée. Il faut être dispo toute la journée mais pour être payé seulement quelques heures. Il faudrait s'investir complètement alors qu'on y est que partiellement. De quoi faire perdre un certains sens du travail, de quoi rentrer en résistance, faire oui oui d'un côté mais s'auto-organiser de l'autre et baisser les attentes.
Bref, pas mal de bullshit dans le périscolaire, pas dans le fait d’accueillir des enfants et de leur proposer des activités, mais dans la manière dont l'encadrement cherche à contraindre, planifier et contrôler le travail d'animation, tout en ne donnant pas de moyens matériels et humains d'exercer dans de bonne condition, et très peu de considération et de rémunération. La précarité à tous les niveaux.
- De mémoire d'étudiant en mémoire d'étudiant, les doss' s'empilent comme les notes dans les archives administratives:
Et enfin, c'est pas du job mais dans les études je trouve qu'il y a énormément de bullshit. Pour avoir été en études et aussi suivi, accompagné plus ou moins par des relectures, des personnes en études, je trouve qu'il y a une part importante de ce qu'on demande à des étudiants qui est du bullshit du point de vue des étudiants, des dossiers encore et encore à pondre, qui seront à peine lu par les profs-évaluateurs, des consignes pas claires ou contradictoires, dont une note sera tirée sans explication ni correction, voire même sans aucun retour. Du travail de recherche, de réflexion et de rédaction très très conséquent qui occupe l'esprit, qui stresse, qui demande parfois beaucoup d'investissement, tout ça pour juste une note sur un bulletin et rien d'autre en fait. Rien qu'un exercice au mieux, sinon juste une épreuve de sélection. Car ces exercices ont parfois peu de rapport avec les tâches des futurs professionnels. En quelque sorte on habitue, même si c'est pas volontaire, les étudiants au bullshit dans les job qui les attendent.
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| | Nombre de messages : 1765 Âge : 30 Date d'inscription : 30/03/2023 | Docal / Fiancée roide Ven 28 Juil 2023 - 20:32 | |
| "dans l'économie capitaliste, n'est maitre de son travail"
S'applique principalement au salariat, du moins aux travaux "alimentaires".
On reste maître de pas mal du travail non alimentaire/salarié qu'on produit (ou ne produit pas d'ailleurs).
Après bon les bullshit job c'est une problématique que je vois surtout de l'extérieur pour le coup. |
| | Nombre de messages : 357 Âge : 34 Localisation : 00.000.00.0 Pensée du jour : « Il n'y a pas une tête lucide entre deux termes d'un choix. Il y a une nature étrange, en détresse de n'être pas les deux. » Date d'inscription : 22/07/2021 | Nuage-Rouge / Tapage au bout de la nuit Ven 28 Juil 2023 - 21:49 | |
| - Citation :
- On reste maître de pas mal du travail non alimentaire/salarié qu'on produit (ou ne produit pas d'ailleurs).
ta réflexion aurait plus sa place dans l'autre fil je pense. Je vois pas trop ce que tu entends par "travail non alimentaire".... Qui a le luxe d'avoir un travail non alimentaire, qui plus est non salarié ? ici on parle de job, on parle pas pare exemple de faire du jardinage entre copains ou du bénévolat pour une asso. ce qui est certes une forme de "travail", mais il était plutôt sous entendu le restreint de "travail", emploi rémunérateur, je précise au cas où. Et dans ces cas, ce type de travail n'est pas capitaliste de toute façon, même si intégré, dominé par un mode de production majoritairement capitaliste (les modes de productions peuvent être multiples dans une société même si un domine) Par ailleurs, les auto entrepreneurs ne sont pas véritablement maitres de leurs travail non plus, ils dépendent souvent de "clients" qui ont plus à voir avec des patrons employant à la tâche qu'avec des clients à qui on peut imposer des conditions. On pourrait dire que les patrons, commerçants et artisans sont plus ou moins maitres, mais leur activité dépend en réalité du climat concurrentiel organisé par le pouvoir et le grand capital, du coût des matières premières etc, du droit du travail, du type de clientèle. par exemple les paysans sont des patrons d'entreprise mais un certain nombre ne sont pas maitres de leur travail car leurs clients sont des multinationales de l'agrobusiness qui peuvent les contraindre. Le reste, ceux qui exercent en équilibre plus ou moins précaire maintenant une forme de liberté, ils sont pas si nombreux, et ceux qui sont les bénéficiaires du capitalisme, évidement qu'ils sont "maitres", puisqu'ils sont ceux qui confisquent l'organisation du travail et exploitent le reste des travailleurs, en imposant leurs conditions de propriétaires lucratifs des moyens de production au reste de la société. |
| | Nombre de messages : 1765 Âge : 30 Date d'inscription : 30/03/2023 | Docal / Fiancée roide Ven 28 Juil 2023 - 22:08 | |
| Bah justement, restreindre le terme de travail à l'alimentaire, c'est ça que je conteste. C'est ce genre de chose qui efface le travail domestique ou associatif.
Et oui un paquet de gens fournissent un travail, pour leur conjoint, leur communauté, leur famille, leur village... qui demanderait un emploi salarié s'il n'était pas pris en charge.
Les bénévoles qui font vivre le club de foot local, qui se tapent la compta des assos, les mères au foyer qui se chargent de tout à la maison, les artistes qui pratiquent juste pour que leur bled ait un peu de vie culturelle, les services civiques qui font l'exact même job que les salariés à coté d'eux... tous ces gens travaillent, et n'en tirent aucune rémunération.
Au final ya un paquet de truc qui dépendent de ce travail "gratuit". Quitte à faire des diatribes, ça coûte pas plus cher d'être précis. Les gens maîtrisent une partie de leur travail non alimentaire, ce qu'ils ne maîtrisent pas c'est leurs sources de revenus.
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| | Nombre de messages : 373 Âge : 38 Date d'inscription : 15/12/2021 | Mariolo / Tapage au bout de la nuit Ven 28 Juil 2023 - 22:27 | |
| Personne ne dit le contraire de toi Docal. Je te renvoie à la définition du terme bullshitjob ds le premier message. Et je te rejoins sur la définition du travail qui est complexe (et qui étymologiquement ne viendrait pas du tripalium, c'est plus le consensus). Et comme dis Nuage Rouge, pour les précisions et critique du concept, j'ai créé un fil secondaire, le lien et ds le premier message. Ici c'est plus pour les témoignages. |
| | Nombre de messages : 357 Âge : 34 Localisation : 00.000.00.0 Pensée du jour : « Il n'y a pas une tête lucide entre deux termes d'un choix. Il y a une nature étrange, en détresse de n'être pas les deux. » Date d'inscription : 22/07/2021 | Nuage-Rouge / Tapage au bout de la nuit Sam 29 Juil 2023 - 13:46 | |
| - Docal, on n'a jamais dit le contraire, mais c'était pas ta remarque de base...:
- Citation :
- Bah justement, restreindre le terme de travail à l'alimentaire, c'est ça que je conteste. C'est ce genre de chose qui efface le travail domestique ou associatif.
Comme je t'ai répondu, ici il est question de "bullshitjob", donc de job. Le travail hors cadres du contrat ou de "l'entreprise" n'est donc pas concerné par la réflexion, et ce travail ne relèverait de toute façon pas à proprement parler du mode de production capitaliste. C'est bien pourquoi ta remarque sur le fait qu'on puisse être "maitre de son travail" dans le mode de production capitaliste ne me convainc toujours pas, je pense que ce que tu dis pour le justifier sur "le travail" n'est pas faux mais est à côté du sujet. D'ailleurs si tu me lis ailleurs, tu verras que je m'intéresse pas mal à la notion de "travail", et que je défends moi aussi l'idée que le "travail" ne se réduit évidement pas à l'emploi, que les sociétés sans marché de l'emploi, sans entreprises ni propriété privée lucratives, ne sont pas des sociétés sans "travail", même si cette notion n'existe pas forcément en tant que telle pour les membres de ces sociétés (par exemple des gens qui chasses et produisent de la nourriture ne conçoivent pas cette activité de production comme du travail). Et donc évidement que les gens "travaillent" en dehors de l'emploi y compris dans les sociétés capitalistes. Mais là on parle de travail dans un sens restreint au travail dans le cadre de "job". - Citation :
- Les bénévoles qui font vivre le club de foot local, qui se tapent la compta des assos, les mères au foyer qui se chargent de tout à la maison, les artistes qui pratiquent juste pour que leur bled ait un peu de vie culturelle, les services civiques qui font l'exact même job que les salariés à coté d'eux... tous ces gens travaillent, et n'en tirent aucune rémunération.
Au final ya un paquet de truc qui dépendent de ce travail "gratuit". Quitte à faire des diatribes, ça coûte pas plus cher d'être précis. Donc tout ça je le sais très bien je te remercie, c'était pas ma question ici, si on veut être "précis"... - Citation :
- Les gens maîtrisent une partie de leur travail non alimentaire, ce qu'ils ne maîtrisent pas c'est leurs sources de revenus.
Enfin, ça c'est à relativiser aussi. dans la mesure où l'immense partie des moyens de production est appropriée par le mode de production capitaliste. Bon courage pour te rendre maitre du travail de production alimentaire quand t'as pas de terres, du mode de production textile, électronique, énergétique etc. Même le travail de soin aux personnes dépendantes de ton entourage, t'es quasiment obligé de le déléguer à des structures professionnelles, car ton "travail alimentaire" ne laisse en général pas la place, le temps, l'énergie, les moyens matériels pour organiser d'autres types de travails de manière autonome. Et le niveau technologique te rend souvent incompétent en la matière, donc division du travail et délégation à des professionnelles. Quant au travail associatif, c'est presque pire, il est à la fois difficile d'en vivre et cependant, il n'est pas libre, il obéit lui aussi à des impératifs et à une hiérarchie. Quand l'asso cherche des financements, elle doit répondre à des missions précises pour obtenir tel ou tel financement etc. Et toute l'organisation associative découle de ça, même si elle peut essayer de louvoyer avec le cadre. Donc sous le mode de production capitaliste dominant, en général, soit ton travail est commandé par les intérêt du Capital (patrons, clients ou donateurs), soit il est conditionné par les attentes et injonctions de l'Etat et ses politiques publiques (financements). Le "travail" qui reste accessible est en général du "travail" (si on peut appeler ça comme ça) non productif, de l'ordre des relations culturelles pas encore marchandisées ou pas marchandisables. Par exemple le sport ce n'est pas une activité économique en soi, et tout le monde peut en pratiquer/profiter gratuitement (pareil pour les arts, la musique etc). Un rituel de match de foot amateur ne demande pas de "travail", même si ça demande des efforts de la part des participants. Le sport devient économique dès lors qu'il est capable de marchandiser des sportifs et des événements à travers l'économie du spectacle et de la publicité, dans un cadre capitaliste. Et quand il y a une volonté de former/encadrer des joueurs jeunes ou adultes et qu'on paye des gens pour ça. Mais c'est pas le sport en soi qui est une activité économique, c'est l'économie dans laquelle on décide ou pas de l'inscrire. Et indirectement quand le sport demande des équipements spécifiques qu'il faut produire par du travail, évidement. Mais là encore, c'est pas l'activité sportive en elle-même, le jeu, qui est économique. Un concert de musique c'est pareil. Dans un village communautaire, certains font de la musique lors de fêtes, pour tout le monde, d'autres dansent, sans se poser la question de considérer chaque activité comme du travail ou pas. La vie culturelle n'est pas du travail. Elle ne produit rien à part du sens. C'est quand ces activités culturelles viennent s'inscrire dans une économie dominée par la marchandisation que la perception des ces activités comme du "travail" peut se manifester, parce que des ressources peuvent être allouée spécifiquement à ces activités dans la division du travail. La question de qui commande à cette division, qui a le choix de sa place au sein de cette division, qui produit quoi et qui consomme quoi reste entière. De toute évidence sous le capitalisme, tout ça est la plupart du temps loin d'être autonome. Et si des artistes estiment qu'ils "travaillent" gratuitement, c'est avant tout parce qu'ils aspirent à une place de spécialistes, considérés comme tels, et donc réclament une part des ressources produites par d'autres (qui eux seront donc dans l'impossibilité d'occuper cette place), en échange de leur "travail" artistique spécialisé. Que ça soit par le biais du marché en commercialisant leur production artistique (en faisant payer pour leurs prestations), ou à travers la redistribution, via des financements publics. Je ne dis pas si c'est légitime ou non. Tout ça pour dire qu'ici on parle pas vraiment de tout ça, mais juste du sentiment d’inutilité dans un "job", donc dans un travail rémunéré. Travails dans lesquels il est plutôt rare d'avoir la maitrise, dans le mode de production capitaliste. Ce qui explique en grande partie qu'on puisse les trouver "bullshits", puisque n'obéissant pas à nos aspirations individuelles et collectives, mais à des intérêts d'Etat ou d'entreprises privées
edit : si les modos passent par ici, p-e que ça peut être utile de déplacer ce bout de discussion dans l'autre sujet, je sais pas si c'est possible, à voir avec mariolo ? |
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