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| | Nombre de messages : 1733 Âge : 39 Localisation : Quelque part dans la belle province Date d'inscription : 11/03/2018 | Lanya / Fiancée roide Ven 15 Avr 2022 - 1:25 | |
| - Emsi a écrit:
Il est amusant de savoir qu'au début du XXè siècle, des femmes auteurs avaient voulu instituer le terme d'autoresse, et que ce sont d'autres femmes écrivains, et majoritaires, qui ont refusé ce terme, le jugeant infériorisant. La roue tourne... Quel hasard! En lisant un article dans le journal le Devoir datant de 2019 cet après-midi au sujet de l'emploi de «auteur ou autrice» au Québec, le journaliste mentionnait justement ce therme «autoresse» (il y avait aussi la mention de «authoresse»). Ça surprend au départ, puis comme vous dites, on se dit: Pourquoi pas! Qui sait, si un jour ce therme ne reviendra pas! Après tout, la langue est vivante et change. D'ailleurs, il y a d'autres mots en «eur» qui se terminent avec «resse» au féminin, mais qu'on entend un peu moins comme «chasseresse», «charmeresse». Ces mots ont un autre féminin: «chasseuse» ou «charmeuse». - Emsi a écrit:
- Le mot auteure, lui, comme tous les féminins en eure (qui je crois sont la règle au Québec) m'agace un peu car vu qu'il ne s'entend pas à l'oral, on a d'une part l'impression qu'on a voulu justement ne pas se distinguer des hommes, que ça sonne "bien sérieux comme leur nom à eux", mais surtout (et c'est plutôt là que ça m'agace),voilà ce que ça donne à la radio dans les interviews :
- Alors je reçois aujourd'hui Machine, qui est auteure - avec un e elle y tient - chez Machin A tous les coups on y a droit. Parce que vu que le e est muet, il faut bien qu'on signale sa présence. Alors ça donne ce truc "avec un e j'y tiens" ou "avec un e elle y tient" . Ben si "elle y tient" tellement la dame à ce qu'on entende son féminin, autant opter pour un féminin... qui s'entende. Alors, en France, je ne sais pas, mais au Québec, je n'ai jamais entendue pendant une entrevue avec une auteure, l'intervieweuse préciser à ses auditeurs que la dame en question tenait au «e» à la fin, je vous rassure. J'ai souris en vous lisant, puisque j'ai aussitôt pensé au personnage d'Anne Shirley de Lucy Maud Montgomery dans «Anne of green gables» qui insiste pour dire qu'elle s'appelle «Anne avec un E». Et je vous rassure aussi, tous les mots en «eure» au Québec ne se transforment pas tous petit à petit en «eure». On dit encore «médiatrice», «institutrice», «procureuse», «inspectrice», «productrice» etc. Et pleins d'autres! En tout cas, comme l'a mentionné Cygfa, c'est intéressant de voir les différences de la langue. |
| | Nombre de messages : 841 Âge : 71 Localisation : Entre Bretagne et Sarthe Date d'inscription : 16/02/2020 | Emsi / Double assassiné dans la rue Morgue Ven 15 Avr 2022 - 8:30 | |
| - Cygfa a écrit:
- J'aime beaucoup cette diversité du français
Oui moi aussi, et sa capacité à "digérer" des mots étrangers (bon ne nous voilons pas la face : de l'anglais essentiellement) pour construire des verbes "à la française", comme "swinger", "zoomer" (au sens de faire un gros plan. Sauf que maintenant il y a Zoom, qui fausse un peu le sens ) et plein d'autres plus actuels que mes exemples. Cette francisation est un vrai processus de langue, différent de simplement "prendre" les mots comme on l fait par exemple avec"cranberries" qui m'énerve prodigieusement. Personne ne va acheter des strawberries ou des blackcurrants, donc pourquoi ne pas avoir pris les jolis mots d'airelles ou de canneberges comme nos amis québecois ? Pour les féminins oui vive la diversité, et c'est pourquoi j'ai précisé que de cette histoire de féminins je ne fais pas un combat. J'ai juste exposé mes arguments (et un peu mon agacement ), qui sont de langue plus que "d'idéologie". |
| | Nombre de messages : 2858 Âge : 40 Localisation : Antichambre de Louis XIV Pensée du jour : CI-GÎT TENGAAR QUI SUCCOMBA À UNE SURDOSE DE FANFICTION Elle ne l'a pas volé, on l'avait prévenue, déjà que la fantasy c'est pas de la littérature, alors la FF, bon... enfin, c'est triste quand même Date d'inscription : 21/04/2017 | Tengaar / (de Dunkerque) Ven 15 Avr 2022 - 10:30 | |
| - Emsi a écrit:
- Personnellement, "procureuse" ou "inspectrice" ne me gênent pas (ou "médiatrice" pour reprendre l'exemple qui vient d'être donné) alors que je trouve que procureure et inspecteure (ou médiateure) sont assez hypocrites : à l'oral ça sonne mec (sous-entendu sérieux).
Alors je suis inspectrice en France. J'ai toujours signé "L'inspectrice" et tout le monde dit "inspectrice". Je n'ai jamais vu ni entendu nulle part la version "inspecteure". |
| | Nombre de messages : 841 Âge : 71 Localisation : Entre Bretagne et Sarthe Date d'inscription : 16/02/2020 | Emsi / Double assassiné dans la rue Morgue Ven 15 Avr 2022 - 10:52 | |
| - Tengaar a écrit:
- Alors je suis inspectrice en France. J'ai toujours signé "L'inspectrice" et tout le monde dit "inspectrice". Je n'ai jamais vu ni entendu nulle part la version "inspecteure".
J'ai vu "inspecteure" (d'administrations diverses) plusieurs fois en sous-titre à la télévision pour désigner la personne qui parlait. Je suis certaine que cette forme va s'étendre, tout comme ce "modérateure" dont on parlait plus haut et qu'on voit de plus en plus (avec cette forme sur laquelle je ne reviens pas ) |
| | Nombre de messages : 858 Âge : 60 Pensée du jour : 1022 ! Date d'inscription : 25/08/2021 | Le rosier / Double assassiné dans la rue Morgue Ven 15 Avr 2022 - 17:35 | |
| Je vous invite à écouter cet enregistrement de 2001 de France Culture. Tout y est ! Avec entre autre une interview de Benoîte Groult.
https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/doctrice-ou-doctoresse-histoire-de-la-langue-francaise-au |
| | Nombre de messages : 1733 Âge : 39 Localisation : Quelque part dans la belle province Date d'inscription : 11/03/2018 | Lanya / Fiancée roide Ven 15 Avr 2022 - 19:29 | |
| - Emsi a écrit:
- Cygfa a écrit:
- J'aime beaucoup cette diversité du français
Oui moi aussi, et sa capacité à "digérer" des mots étrangers (bon ne nous voilons pas la face : de l'anglais essentiellement) pour construire des verbes "à la française", comme "swinger", "zoomer" (au sens de faire un gros plan. Sauf que maintenant il y a Zoom, qui fausse un peu le sens ) et plein d'autres plus actuels que mes exemples. Cette francisation est un vrai processus de langue, différent de simplement "prendre" les mots comme on l fait par exemple avec"cranberries" qui m'énerve prodigieusement. Personne ne va acheter des strawberries ou des blackcurrants, donc pourquoi ne pas avoir pris les jolis mots d'airelles ou de canneberges comme nos amis québecois ?
Pour les féminins oui vive la diversité, et c'est pourquoi j'ai précisé que de cette histoire de féminins je ne fais pas un combat. J'ai juste exposé mes arguments (et un peu mon agacement ), qui sont de langue plus que "d'idéologie". Ah ça c'est certain! Il y a beaucoup d'échanges de mots d'une langue à l'autre. Il faut dire que ça ne date pas d'hier! D'ailleurs, c'est amusant, quand on regarde l'anglais, de voir combien de mots dans leur langue viennent de l'ancien français avec des légères déformations au fil du temps (comme le «h» qui a disparu du mot). Par exemple: car/char, candle/chandelle. C'est une roue qui tourne. Pour ce qui est des canneberges, on utilise souvent aussi le mot «Ataca» ou «Atoca» emprunter à l'Huron. On a juste changé de langue d'emprunt. Sinon, pour en revenir, à la féminisation, merci Le Rosier pour ce lien d'émission sur la féminisation. C'est intéressant. |
| | Nombre de messages : 59 Âge : 35 Date d'inscription : 05/04/2022 | tokidoki / Clochard céleste Sam 16 Avr 2022 - 11:12 | |
| Ce passionnant sujet sur la féminisation des mots me fait penser à un problème auquel je suis confronté dans un projet qui n'a rien à voir avec la littérature. Je vais bientôt faire le montage d'une sorte de documentaire que j'ai tourné l'année dernière, et l'une des personnes interviewées, directrice d'un orchestre, se présente en se définissant "directeur" de l'orchestre. Un choix bien curieux étant donné que je n'avais jamais entendu personne nier de cette manière l'existence d'un féminin pour cette profession, mais ça reste son choix et je vais de toute façons garder sa présentation orale dans mon montage, en revanche, dans le petit bandeau avec son nom et sa profession que je vais devoir mettre par moment pour rappeler de qui il s'agit, est-ce un manque de respect de son choix que d'y écrire "directrice de l'orchestre" ? Je me vois mal reproduire à l'écrit "directeur de l'orchestre", mais j'ai peur qu'elle puisse être froissée par ce choix, elle qui a systématiquement utilisé le terme de "directeur" pour parler de son rôle, pas seulement devant la caméra mais également en dehors. Désolé si c'est un peu hors sujet, mais si vous avez des avis là-dessus je suis preneur ! |
| | Nombre de messages : 2075 Âge : 33 Localisation : Entre deux eaux. Pensée du jour : ♫ Date d'inscription : 08/01/2011 | @now@n / @n, bête @lph@ Sam 16 Avr 2022 - 11:23 | |
| Tu écris "directeur de l'orchestre", parce que tu as un morceau de film où elle se présente en disant "Bonjour, je suis X, directeur de l'orchestre". Et oui, il y a des chances pour qu'elle se froisse si, après l'avoir entendu plusieurs fois explicitement se décrire comme "directeur de l'orchestre", elle regarde le documentaire et constate que ses propos ont été déformés. C'est pas un personnage de roman là, c'est une vraie personne qui s'est montrée claire. Il est possible également que ce soit le milieu qui veuille ça, je ne connais pas celui de la musique mais par exemple à l'Académie Française le secrétaire perpétuel insiste pour qu'on ne l'appelle jamais la secrétaire perpétuelle.
Je tiens un blog d'écriture |
| | | Invité / Invité Sam 16 Avr 2022 - 11:53 | |
| En fait, des femmes cheffe d'orchestre, il y en a très peu, c'était un milieu très masculin pendant longtemps (alors qu'aujourd'hui aux conservatoires il y a autant d'étudiants filles que garçons). Du coup, en fonction aussi de sa génération, sans doute choisit-elle "directeur" pour bien signifier qu'elle vaut autant qu'un homme, qu'elle a le même poste.
Quelle que soit sa raison, respecter son choix est important, et je dirais même primordial. |
| | Nombre de messages : 59 Âge : 35 Date d'inscription : 05/04/2022 | tokidoki / Clochard céleste Sam 16 Avr 2022 - 23:22 | |
| Merci pour vos avis, vous avez raison, je garderai le masculin, j'ai toujours du mal à comprendre qu'il soit nécessaire d'en passer par là pour qu'une femme ne soit pas jugée moins légitime à un poste qu'un homme, que le féminin d'une profession puisse être dévalorisant de quelque manière que ce soit, mais j'imagine que ça n'est que la preuve que certaines mentalités ont encore besoin d'évoluer de manière drastique... |
| | Nombre de messages : 2402 Âge : 23 Localisation : Québec Date d'inscription : 22/02/2020 | BoiséeNoire / Guère épais Dim 17 Avr 2022 - 1:03 | |
| Je sais pas quel âge a la personne que tu as interrogée... mais moi... je pense que c'est pas forcément une question de légitimité homme/femme... je pense juste qu'elle est pas au courant ou qu'elle a pas conscience qu'il existe un mot féminin, que ça se dit et que c'est correct, qu'elle n'y pense juste pas, surtout si personne ne l'a jamais appelée comme ça ou qu'elle n'a pas été élevée comme ça. |
| | | Invité / Invité Dim 17 Avr 2022 - 7:58 | |
| - BoiséeNoire a écrit:
- je pense juste qu'elle est pas au courant ou qu'elle a pas conscience qu'il existe un mot féminin, que ça se dit et que c'est correct, qu'elle n'y pense juste pas
Je pense qu'il est un peu "dangereux" de partir du principe que les gens sont bêtes. Un mot, c'est hautement politique. Des femmes cheffe d'orchestre, il y en a peu, mais c'est un petit monde, la musique, et je ne pense pas prendre trop de risques en disant que tout le monde se connaît : donc elle doit connaître d'autres femmes, homologues, qui disent "directrice". Sans compter que sans doute des gens s'adressent à elles en partant sur "bonjour, madame la directrice". Et par-dessus ça le milieu de la musique classique est plutôt un milieu très cultivé, donc elle connaît le mot, sans aucun doute. Elle fait donc le choix (politique) de dire "directeur". Pour une question de légitimité ; parce que devenir cheffe d'orchestre a pas été simple (c'est notamment le cas de Rut Schereiner, qui en a bavé : elle avait tous ses diplômes, mais personne voulait lui faire confiance) ; parce qu'elle trouve que féminiser le mot la rapprocherait des féministes radicale, à tord ou a raison, peu importe ; parce qu'elle n'aime pas la sonorité du mot ; parce que, comme quand on utilise "madame" pour se vieillir devant un pédant, elle préfère "directeur". Peu importe sa raison : pour moi elle sait très bien que le mot "directrice" existe et elle a fait le choix de ne pas l'employer. D'une manière générale, je trouve que quand on part du principe que les gens sont bêtes plutôt que d'essayer de comprendre les raisons, on s'éloigne de la compréhension des gens, de leurs motivations, et donc de l'empathie. |
| | Nombre de messages : 2402 Âge : 23 Localisation : Québec Date d'inscription : 22/02/2020 | BoiséeNoire / Guère épais Dim 17 Avr 2022 - 15:01 | |
| De toute manière... on ne connait pas cette femme, donc ça ne sert pas à grand-chose d'en débattre davantage... nous n'aurons probablement pas la réponse à moins que Tokidoki lui demande franchement.
Pis qui sait, elle voit peut-être directeure dans sa tête ? (comme auteure) |
| | Nombre de messages : 841 Âge : 71 Localisation : Entre Bretagne et Sarthe Date d'inscription : 16/02/2020 | Emsi / Double assassiné dans la rue Morgue Mar 19 Avr 2022 - 10:41 | |
| Moi ce qui me fait bizarre, c'est la féminisation de "chef". J'ai le même raisonnement que pour les féminins en "eure" : ça ne s'entend pas, donc les intervieweurs (où les intéressées elles-mêmes), si ils ou elles veulent qu'on l'entende, doivent en passer par cette fameuse précision "avec un e j'y tiens" ou "avec un e elle y tient".. De ce que j'en sais, les mots en f font leur féminin en "ve" (bref brève, neuf neuve, définitif définitive...) donc dans ce cas je comprendrais Chève d'orchestre, mais Cheffe me fait le même effet un peu hypocrite (qui se veut "mec" donc "sérieux" - ? - à l'oral). Si on veut que le féminin s'entende (ce que je peux tout à fait comprendre même si moi ce n'est pas mon truc), alors pourquoi ne pas se servir dans ce qui existe déjà dans la langue française qui est riche de possibilités (je dis ça sans amour fou pour cette langue car j'ai dans ma famille des gens qui ont souffert de ce français qu'on les a obligés à parler en leur faisant honte de leur propre langue et qui leur en a fait voir, mais c'est une autre histoire). |
| | Nombre de messages : 48 Âge : 52 Localisation : Nord Gironde Pensée du jour : Choisir, c'est renoncer. Date d'inscription : 14/10/2021 | CatNoy / Petit chose Mar 19 Avr 2022 - 13:59 | |
| - Enirtourenef a écrit:
- Du coup, en fonction aussi de sa génération, sans doute choisit-elle "directeur" pour bien signifier qu'elle vaut autant qu'un homme, qu'elle a le même poste.
Étant moi même de la vieille génération, je dis que je suis auteur... (je vais en choquer là !). Sûrement pour signifier que femme ou pas, je vaux autant qu'un homme... vieux réflexe ! La nouvelle génération préférera autrice ou auteure mais peu importe... |
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