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| Le narrateur subjectif, vous avez expérimenté ? | |
| | Nombre de messages : 54 Âge : 32 Localisation : Aux frontières de l'univers et en son centre Pensée du jour : Quand on cherche trop l'inspiration , on s'étouffe Date d'inscription : 15/05/2019 | Oxxi- / Clochard céleste Ven 18 Oct 2019 - 14:14 | |
| Hello ! Je me demandais si certain(e)s s'étaient amusés à écrire avec un narrateur subjectif, qui interpelle ou non le lecteur, donne son avis. Bref un personnage à part entière qui permet d'avoir un certain recul parfois sur la narration. Perso j'écris actuellement une histoire plutôt SF/Fantastique bien barrée , au point que je me disais que ça allait être difficile d'expliquer autant de dingueries Alors je me suis dit que faire intervenir le narrateur parfois pour remettre en question ce qu'il raconte (ou même dire au lecteur "contente-toi de cette explication pour l'instant") pouvait donner plus de second degré. J'avais terminé y'a quelques temps Jacques le Fataliste et son Maître de Diderot où il y'a ce type de narrateur j'avais trouvé ça assez amusant. Ou si vous avez simplement un avis , ça sera super intéressant d'en discuter ! |
| | Nombre de messages : 5643 Âge : 124 Pensée du jour : Déifier des prunes. Date d'inscription : 12/12/2006 | Mokkimy / Maîtrise en tropes Ven 18 Oct 2019 - 18:14 | |
| A partir du moment où tu écris du point de vue interne à un personnage, le narrateur devient subjectif, il me semble. ^^
Après, je suppose que tu parles du cas de focalisation zéro, avec narrateur anonyme distinct de tes personnages principaux.
Pour les incursions du narrateur dans le récit, j'en utilise parfois avec parcimonie. (dans les deux cas, point de vue interne et focalisation zéro) Ça arrive de temps à autre que mon narrateur donne son avis sur ce qui se passe. Ou bien je balance un truc du style "s'il avait su, le pauvre, il serait resté chez lui à faire des chaises en bois".
J'aime bien aussi les récits où le narrateur commente l'histoire, je trouve ça assez rigolo. Dans les jeux vidéos, tu as l'équivalent avec Fable.
De manière générale, si le narrateur n'a aucun avis ni sur sa situation, ni sur ses objectifs, le récit perd vite de son charme. Par ailleurs, comment parler de désirs et de motivation sans un minimum de subjectivité ? Voilou voilou. =) |
| | Nombre de messages : 752 Âge : 94 Localisation : Perpète-les-Alouettes Date d'inscription : 28/10/2016 | Grise Mine / Blanchisseur de campagnes Ven 18 Oct 2019 - 20:48 | |
| Vous auriez un extrait/un exemple de passage écrit avec ce point de vue ? Je connais pas du tout (du moins là tout de suite je vois pas ce que c'est) |
| | Nombre de messages : 5643 Âge : 124 Pensée du jour : Déifier des prunes. Date d'inscription : 12/12/2006 | Mokkimy / Maîtrise en tropes Ven 18 Oct 2019 - 21:04 | |
| Un extrait de Jacques le Fataliste et son Maître de Diderot, cité au-dessus par Oxxi. - Extrait:
[...] Jacques.
Je crois qu’il est écrit à la suite qu’elles n’écoutent pas longtemps le même, et qu’elles sont tant soit peu sujettes à prêter l’oreille à un autre.
Le maître.
Cela se pourrait.
Et les voilà embarqués dans une querelle interminable sur les femmes ; l’un prétendant qu’elles étaient bonnes, l’autre méchantes : et ils avaient tous deux raison ; l’un sottes, l’autre pleines d’esprit : et ils avaient tous deux raison ; l’un fausses, l’autre vraies : et ils avaient tous deux raison ; l’un avares, l’autre libérales : et ils avaient tous deux raison ; l’un belles, l’autre laides : et ils avaient tous deux raison ; l’un bavardes, l’autre discrètes ; l’un franches, l’autre dissimulées ; l’un ignorantes, l’autre éclairées ; l’un sages, l’autre libertines ; l’un folles, l’autre sensées ; l’un grandes, l’autre petites : et ils avaient tous deux raison.
En suivant cette dispute sur laquelle ils auraient pu faire le tour du globe sans déparler un moment et sans s’accorder, ils furent accueillis par un orage qui les contraignit de s’acheminer… — Où ? — Où ? lecteur, vous êtes d’une curiosité bien incommode ! Et que diable cela vous fait-il ? Quand je vous aurai dit que c’est à Pontoise ou à Saint-Germain, à Notre-Dame de Lorette ou à Saint-Jacques de Compostelle, en serez-vous plus avancé ? Si vous insistez, je vous dirai qu’ils s’acheminèrent vers… oui ; pourquoi pas ?… vers un château immense, au frontispice duquel on lisait : « Je n’appartiens à personne et j’appartiens à tout le monde. Vous y étiez avant que d’y entrer, et vous y serez encore quand vous en sortirez. » — Entrèrent-ils dans ce château ? — Non, car l’inscription était fausse, ou ils y étaient avant que d’y entrer. — Mais du moins ils en sortirent ? — Non, car l’inscription était fausse, ou ils y étaient encore quand ils en furent sortis. — Et que firent-ils là ? — Jacques disait ce qui était écrit là-haut ; son maître, ce qu’il voulut : et ils avaient tous deux raison. — Quelle compagnie y trouvèrent-ils ? — Mêlée. — Qu’y disait-on ? — Quelques vérités, et beaucoup de mensonges. — Y avait-il des gens d’esprit ? — Où n’y en avait-il pas ? et de maudits questionneurs qu’on fuyait comme la peste. Ce qui choqua le plus Jacques et son maître pendant tout le temps qu’ils s’y promenèrent… — On s’y promenait donc ? — On ne faisait que cela, quand on n’était pas assis ou couché… Ce qui choqua le plus Jacques et son maître, ce fut d’y trouver une vingtaine d’audacieux, qui s’étaient emparés des plus superbes appartements, où ils se trouvaient presque toujours à l’endroit ; qui prétendaient, contre le droit commun et le vrai sens de l’inscription, que le château leur avait été légué en toute propriété ; et qui, à l’aide d’un certain nombre de vauriens à leurs gages, l’avaient persuadé à un grand nombre d’autres vauriens à leurs gages, tout prêts pour une petite pièce de monnaie à prendre ou assassiner le premier qui aurait osé les contredire : cependant au temps de Jacques et de son maître, on l’osait quelquefois. — Impunément ? — C’est selon. [...]
Texte complet ici |
| | Nombre de messages : 54 Âge : 32 Localisation : Aux frontières de l'univers et en son centre Pensée du jour : Quand on cherche trop l'inspiration , on s'étouffe Date d'inscription : 15/05/2019 | Oxxi- / Clochard céleste Lun 21 Oct 2019 - 17:17 | |
| - Mokkimy a écrit:
- A partir du moment où tu écris du point de vue interne à un personnage, le narrateur devient subjectif, il me semble. ^^
Après, je suppose que tu parles du cas de focalisation zéro, avec narrateur anonyme distinct de tes personnages principaux.
Pour les incursions du narrateur dans le récit, j'en utilise parfois avec parcimonie. (dans les deux cas, point de vue interne et focalisation zéro) Ça arrive de temps à autre que mon narrateur donne son avis sur ce qui se passe. Ou bien je balance un truc du style "s'il avait su, le pauvre, il serait resté chez lui à faire des chaises en bois".
J'aime bien aussi les récits où le narrateur commente l'histoire, je trouve ça assez rigolo. Dans les jeux vidéos, tu as l'équivalent avec Fable.
De manière générale, si le narrateur n'a aucun avis ni sur sa situation, ni sur ses objectifs, le récit perd vite de son charme. Par ailleurs, comment parler de désirs et de motivation sans un minimum de subjectivité ? Voilou voilou. =) Evidemment, le terme "subjectif" est peut être pas le plus approprié, mais tu sembles m'avoir compris, je parle d'un narrateur qui joue avec le lecteur, juge la situation avec recul. C'est pas forcément le cas quand le narrateur est interne à l'histoire. Il y'a des écrivains qui savent aussi rendre une narration intéressante avec un narrateur très neutre, ils jouent plutôt sur les descriptions, le vocabulaire... Par exemple je peux écrire (suite à une métaphore pour assimiler l'intensité du regard d'un perso à des phares d'une 206 tunée) "bon la métaphore n'est pas des plus poétiques, mais reconnaissez l'effet et l'effort ! " Ca peut aussi être un jeu d'utiliser un narrateur dit anonyme comme tu dis , mais on peut toujours révèler à la fin qu'il est un des persos Sinon merci pour la citation c'est totalement le type de passage chez Diderot auxquels je pense |
| | Nombre de messages : 561 Âge : 34 Date d'inscription : 26/12/2017 | s.tupido / Gloire de son pair Mar 22 Oct 2019 - 7:23 | |
| J'adhère parfaitement à l'idée, d'autant plus si ton récit est un peu barré. Ca ajoute une touche d'humour et ça te permet au passage de tout justifier, que ce soit un point de scénario ou un nom, sans te forcer à de longues explications. |
| | Nombre de messages : 54 Âge : 32 Localisation : Aux frontières de l'univers et en son centre Pensée du jour : Quand on cherche trop l'inspiration , on s'étouffe Date d'inscription : 15/05/2019 | Oxxi- / Clochard céleste Mar 22 Oct 2019 - 12:26 | |
| - s.tupido a écrit:
- J'adhère parfaitement à l'idée, d'autant plus si ton récit est un peu barré. Ca ajoute une touche d'humour et ça te permet au passage de tout justifier, que ce soit un point de scénario ou un nom, sans te forcer à de longues explications.
Clairement ! C'est peut être un aveu de paresse parfois mais ça me permet d'eclipser pas mal de prises de têtes sur le pourquoi du comment parfois ! |
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