Ta critique me donne envie de le lire dis donc ! Merci !

Si ça peut donner envie, je serais trop contente ! ce livre est génial et j'aimerais beaucoup beaucoup en discuter, parce que l'autrice est un personnage clivant dont les écrits provoquent plein de polémiques, alors je suis à peu près certaines qu'il y aurait plein de discussions / débats passionnants à avoir sur ce bouquin !

DC a écrit:

Fini Appia de Paolo Rumiz que je lisais sur ma liseuse. Sur cette tablette, je reste dans les auteurs de Trieste puisque je lis les "Lettres Editoriales" de Roberto Bazlen.

Sinon, je lis enfin (seulement un a deux chapitres par jour car c'est très dur) la seule et unique première traduction française de Stone Butch Blues de Leslie Feinberg, pour laquelle j'ai contribué financièrement... C'est un classique. C'est beau, c'est douloureux.

Autant j'aime les à-côtés de la littérature (correspondances, journaux, chroniques etc), autant les "Lettres éditoriales" de Bazlen, j'ai fait "meh".
J'ai dans la foulée lu son court livre sur "Trieste", une quarantaine de pages sur ses souveniirs et savoirs de Trieste au début du 20e siècle...

Tout autre chose à présent: Sàndor Màrai - Journal. Les années hongroises 1943-1948

Mon planning prévu de lecture:

Format papier:
finir Stone Butch Blues - Leslie Feinberg
Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon - Jean-Paul Dubois
Eden - Monica Sabolo

Format liseuse:
Carnets 1991-2000 - Pierre Bergougnoux
Nouvelles Triestines - Georgio Pressburger
Carnets 2001-2010 - Pierre Bergougnoux

Alors triste j'ai fini Stone Butch Blues... J'ai attaqué Eden de Monica Sabolo et c'est pas mal du tout...

Recueil Sous le genévrier de Nadja Küchenmeister (trad. Natacha Ruedin-Royon).

Sensation générale (autant dire fausse) : des poèmes très serrés qui collent de près les lieux et la lumière des lieux, reformulés patiemment page après page. Comme lecteur, il y a peu d'air dans lequel circuler, on s'agglutine plutôt aux vers comme une image de plus du poème, à pas de fourmis dans une sève. Me rappelle un peu la lecture de Trakl, avec de tout autres couleurs. Les poèmes pourtant pas longs ni narratifs, touchent au temps ralenti du roman ou à la capture trouble du mouvement sur une photo argentique. Et comme dans un album photo, il n'y a pas de relief immédiat très marqué, plutôt une émotion qui se gagne en jaunissant. Je posterai peut-être les poèmes qui me plaisent à l'occasion.

(Roman : enfin lu Tender is the Night, c'est une longue histoire entre ce roman et moi. Les vingt premières pages ptêtre les plus recommencées et abandonnées de ma bibliothèque, au point que j'ai été ébahi de découvrir une histoire et des lieux qui débordent la situation initiale.)

Oh oui, ta description rend trop curieux·se !

Donc Eden terminé. J'ai plutôt bien aimé, il y avait un onirisme un peu bizarre mais c'était sympa... Et loin d'être la caricature de pamphlet féministe comme a pu faire l'edgy boy réac de Louis-Henri de La Rochefoucauld dans sa chronique dans Lire (ou Beigbeder je sais plus où qui disait "Je préférais quand Monica Sabolo racontait des histoires de jetset")... Enfin bref.

Je lis enfin le Goncourt, Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon de Jean-Paul Dubois.

Et sur la tablette j'attaque les Carnets 1991-2000 de Bergounioux

Pasiphae a écrit:

Oh oui, ta description rend trop curieux·se !

Merci ! En voici deux, le premier surtout est assez représentatif du ton de nombreux poèmes du recueil.

*

tenir tous les sens en éveil, la chaleur de l'été jusqu'à plus soif.
l'aile de soie du papillon rôtie en un tournemain, tout comme
une année : une valse de procédures en suspens.
juillet, apogée, pure lumière, depuis la clôture déjà

ce sentiment d'être chez soi : les roses la roue solaire...
à l'arrière on souffle sur les braises. un frisson sirupeux sur
les étendages, parfums de grillades et couleurs crues, le bleu
d'un pantalon de jogging plutôt, au loin tu vois les groseilles

briller. tu inspires la sciure, le bois, tu inspires la poussière.
balayé cet ultime espoir de voir se lever le vent. il y a des
contacts il y a des absents et parfois tu sens palpiter en toi
cette intuition, comme si au fond de la bouteille apparaissait

leur visage : effacé d'un trait, un sanglot sans paroles, plus rien
ne perle à la langue devenue mate. plus de bière, plus de schnaps.
plus d'histoires. le lit doucement tiédi par l'air nocturne, pourtant
aucun d'entre nous ne dort. une fois encore nous brassons notre

rami et luttons sans relâche contre les nuées de moustiques
les yeux rivés sur la braise rouge jusqu'à la clarté des cendres.
le soir part en fumée, un matin neuf commence à poindre sur
les fermes. dans un rêve la chute des oiseaux noirs.

*


ma chère nadja

repasse donc encore une fois ce soir. la pluie
aura sûrement cessé et puis les enfants seront
sans doute endormis. le châtaignier peut-être

frissonnera doucement, tu ne sentiras rien...
tout sera tranquille par ailleurs. reviens donc
et fais le tour des lieux. personne ne saurait te le

garantir, mais avec un peu de chance tu verras
encore une fois les escaliers et la toile cirée...
nous avons laissé la tranchée ouverte, va y jeter

un œil sans hésiter et entre aussi à la cuisine
si tu le veux. mais fais attention s'il-te-plaît à la lampe et puis tu pourras déjà t'asseoir à table.

les œufs sont encore au poulailler. le café est tout
fraîchement moulu. si tu as envie d'une confiture
tu peux aller regarder dans le cellier. ma chère

nadja, ce n'est rien, nous avons tout simplement été
interrompus tout-à-l'heure. dans le cas où tu reviendrais
ce soir, nous repartirions de là si le cœur t'en dit encore.

Nadja Küchenmeister, Sous le genévrier (trad. Natacha Ruedin-Royon).

C'est vraiment joli.

c'est superbe

(par contre vous pouvez préciser le nom du ou de la poéètesse èé)

Pattrice a écrit:

C'est vraiment joli.

Oui et d'autres encore, je les posterai... (mais il y a une malheureuse rayure au beau milieu de l'objectif photo de mon téléphone, qui floute un peu quand je photographie une page entière : il faut que je les écrive au clavier !)

Moïra a écrit:

c'est superbe

(par contre vous pouvez préciser le nom du ou de la poéètesse èé)

Ah oui, Nadja Küchenmeister ; j'ai édité pour remettre les références sous les poèmes.

d'accord avec mes camarades, c'est superbe et vraiment joli ! j'attends d'autres avec impatience (enfin là j'ai carrément envie d'acheter le recueil)

Je viens de finir Moi, Tituba, Sorcière de Maryse Condé.

Bon, faut s'accrocher parce qu'elle en prend plein la tronche, la pauvre.
Mais ça reste très agréable à lire, paradoxalement. Et ça trouve beaucoup de résonnances avec l'actualité.

Par ailleurs, je laisse souvent mes livres traîner sur mon bureau au boulot et les gens les voient quand ils me disent bonjour. C'est assez dingue. Tous les mecs qui ont réagi faisaient une moue sceptique (à part un, Noir, qui connaissait l'image de la couverture). Les filles étaient bien plus intéressées, même si certaines ont dit que lire un roman sur l'esclavage, c'était trop dur.

A titre de comparaison, Electrochoc, de Laurent Garnier, qui raconte la vie de ce dernier et l'émergence de la musique électronique, n'a intéressé aucune fille

C'est marrant ce truc. Je pense que ça va devenir un petit exercice sociologique. "Regarde la couv' de mon livre, je te dirai qui tu es."

C'est intéressant comme analyse, Paulemile.
Mais c'est un peu galère avec une liseuse électronique