Citation :

Quand je lui demandais où elle en était de mon extrait, ma copine a fini par me dire clairement : "Je lirai quand ce sera terminé, ça ne m'intéresse pas de me plonger dans un truc à moitié écrit."

Mon homme m'a fait exactement la même. Du coup, j'ai terminé le premier jet et lui ai souhaité bon courage pour sa lecture.

(Il tient le coup, il en est au chapitre 9, pour l'instant.)

Mon mari je l attache pour qu il me lise.
Ma fille qui a vingt ans n a pas lu un mot de moi.

Mokkimy a écrit:

Mon homme m'a fait exactement la même. Du coup, j'ai terminé le premier jet et lui ai souhaité bon courage pour sa lecture.

(Il tient le coup, il en est au chapitre 9, pour l'instant.)

Pas mal comme idée, je vais faire pareil en lui disant que le bouquin est déjà terminé

Moi ils savent, et me soutiennent sans forcément être fan de ce que je fais ou me lire. Je leur dis que c'est mon travail, même si ça ne fais pas de sous.

Mon mari me demande régulièrement quand je vais enfin gagner plein de sous pour pouvoir prendre sa retraite anticipée.
Des fois, il prend peur et il me demande si je le quitterai quand je serai aussi riche de JK Rowling...
Bref, même s'il ne me lira probablement jamais, parce que tout ce qui n'est pas BD lui tombe des mains au bout de trois pages, il sait que j'écris, et il est à fond avec moi dans mes projets. Il m'a même proposé de me lire, si je le souhaitais (bon, c'est juste par politesse, mais je sais qu'il le ferait, et ce serait une belle preuve d'amour de sa part).

Les reste de mes proches s'en fichent plus ou moins, certains ne le savent pas, d'autres encore croient que c'est une blague, mais en fait, ce que mon entourage en sait ou en pense ne m'a jamais importé. Je n'ai pas honte de dire que j'écris, mais je ne le dis pas souvent, parce que ce n'est pas quelque chose que j'aime ou ai envie de partager avec des gens qui ne comprennent pas ce que c'est. Jusqu'à ce que j'arrive sur ce forum, je détestais parler écriture. Depuis que je suis là, j'ai compris qu'en fait j'adore ça, c'est juste que je n'avais jamais trouvé les bonnes personnes pour ça. ^^

Je suis d'accord avec le fait que c'est plus dur de partager ses écrits avec ses proches qu'avec d'autres personnes.

Les amis, et surtout la famille, nous connaissent mieux que quiconque, donc il est facile pour eux de faire des liens entre ce que l'on écrit et ce que l'on est. Inconsciemment, si nos proches n'aiment pas notre façon d'écrire, et surtout l'histoire, nous nous sentons attaqués dans notre ego.

Parce que, lorsqu'on écrit, on dévoile nos pensées et nos craintes/espoirs, donc ça peut être blessant. En tout cas ça l'est pour moi. En fait, je pense qu'il faut dissocier l'ego, pour différencier ce qu'on écrit de ce qu'on est. Ce n'est pas parce qu'il nous arrive d'écrire de le m**de qu'on ne vaut rien.

Par exemple, j'avais écrit une nouvelle qui dénonçait les dérives du capitalisme, et mes parents m'ont parlé de marxisme, alors que pour moi ce n'était qu'une pensée que j'ai écrite sur le moment !

Voilà, ça me rassure que d'autres réagissent de la même manière que moi

Perso ils savent que j'écris mais j'ai pas envi qu'ils me lisent... (ils me prendraient pour un taré/pervers/psychopathe)

Beaucoup de gens savent que j'écris, certains m'ont déjà lu ou ont commencé à/essayé de me lire.

Ma relation avec mon père est très centrée autour de notre passion commune pour l'écriture. Il a lui-même écrit plusieurs romans non publiés. Quand j'étais au collège, j'ai écrit une rédaction qu'il a adorée et on a essayé de l'étoffer par la suite. Ça s'est transformé en un projet de 400 pages que je n'ai jamais terminé mais qu'il a reprit pour en faire la suite (modifiée avec mon accord) de son premier livre de science-fiction, parce que j'y avais intégré des éléments de son univers. Il est toujours en train de l'écrire.

Ma mère m'a toujours dit qu'elle lirait ce que j'écris quand je réussirai à terminer un livre.

Les autres (cousins, amis), je les harcèle pour avoir leurs avis généralement, mais ça n'aboutit jamais vraiment.

Certains savent que j'écrive, mon père notamment, mais personne de ma famille ne m'a jamais lu.
Par contre, je suis plus ouverte à ce sujet avec mes amis, et j'ai parmi eux certains qui me relisent pour vérifier mes romans.

Oui. C'est de mon existence qu'ils ne sont pas certains.

Avant, j'étais très pudique à ce sujet. J'avais l'impression que mes textes étaient des livres ouverts sur mon âme, et je préférais partager cette passion avec des inconnus sur des forums. Des forums de fanfictions à l'époque. Petit à petit, ces inconnus sont devenus des amis. ^^

Dans ma famille, on sait que j'écris. Il faut dire que depuis peu, je fais tourner tout un pan de mon quotidien autour de l'écriture. Je commence à oser dire "oui j'écris, j'en ai besoin et donc, je m'amènage du temps pour ca".
On est parfois curieux de savoir ce que j'écris, mais je n'aime pas faire lire mes textes à mes proches, un peu pour les mêmes raisons que vous.
Aussi parce que bien souvent, les proches projettent une attente sur nos écrits. Certains se disent "ah c'est un-e artiste, il-elle a du talent, peut être un-e futur-e J. K. ROWLING, etc", et lorsqu'ils lisent le texte, ils n'y trouvent pas ce qu'ils espéraient. Pas forcément qu'ils trouvent le texte mauvais mais... Ils sont déçus quoi. Ou simplement, le genre, le style et/ou l'histoire ne les intéressent pas. C'est pas leur truc et ils sont déçus. Du coup, ils n'osent pas le dire, ils évitent le sujet, ça colle un malaise.
Ou alors, ils sont dans l'excès. Ils te disent que c'est génial ce que tu fais, que t'as trop de talent, que tu dois publier tout de suite ! Et ça, je n'aime pas non plus. Évidemment, se sont tes proches, ils ne veulent pas te blesser ou alors ils idéalisent ce que tu fais. Dans les deux cas, ça m'angoisse ou ça m'agace. Donc j'évite de leur faire lire.
Si un jour je suis publiée, j'envisagerais les choses autrement.

Pour revenir à la pudeur, c'est vrai qu'elle est toujours présente lorsque je donne à lire un texte à quelqu'un. Mais moins qu'avant.
Dans les premiers messages du topic, un membre se demandait si les auteurs qui écrivent dans un monde totalement inventé rencontraient aussi ce problème de pudeur (parce que moins réaliste donc moins explicite).
Moi j'écris de la fantasy, je construis des mondes. Et ben je peux dire que oui, clairement, le problème reste le même !
Je dirais même qu'il n'y a pas plus subjectif que les genres de l'imaginaire. La façon de construire un monde, de façonner une culture, une religion ou un gouvernement et la façon de faire interagir les personnages avec ce monde en disent long sur un auteur. Vraiment.
La façon de construire un personnage aussi, son rôle et son histoire, ses capacités particulières... Tout a un écho dans l'esprit de l'auteur. Et oui, parfois, certains personnages ou certains événements sont inspirés du vécu, de blessures persos, etc.
Si je prends l'exemple d'un de mes protagonistes issu d'un peuple sauvage, méconnu et méprisé, qui se retrouve propulsé dans un pays d'oppresseurs, une culture qu'il ne connaît pas et qui l'angoisse, je peux rapidement faire le lien avec ma propre anxiété sociale et le fait que des événements difficiles du passé m'ont longtemps fait me sentir différente et incomprise, que l'environnement dans lequel j'évolue actuellement m'oppresse, etc.
Mais ça, il n'y a que moi qui le sais, finalement. Oui je dévoile beaucoup de mes fragilités dans ce perso (et d'autres), dans ce monde inventé, dans l'intrigue, mais personne ne s'en rendra compte. Même ceux qui me connaissent, parce que personne ne peut à ce point décortiquer mon âme au travers d'un texte.
Les proches lisent par curiosité, les inconnus pour s'évader ou réfléchir (par rapport à eux même). Tout le monde lit avec sa projection perso donc il est rare que l'intimité de l'auteur soit véritablement dévoilée aux yeux du monde, même s'il a le sentiment d'être à poil.

Tout ça pour dire que j'ai de moins en moins de mal à exposer mes textes, même si parfois, ça reste encore difficile.

Désolée pour ce pavé ! Oo

Le chat d'Oz a écrit:

Les proches lisent par curiosité, les inconnus pour s'évader ou réfléchir (par rapport à eux même). Tout le monde lit avec sa projection perso donc il est rare que l'intimité de l'auteur soit véritablement dévoilée aux yeux du monde, même s'il a le sentiment d'être à poil.

C'est la meilleure conclusion que j'aie lu depuis longtemps. Magnifique

À l'inverse d'un grand nombre de commentaires sur le topic, je ne partage pas mes écrits avec mes relations proches, que ce soit la famille ou les amis. Ce n'est pas une question de pudeur mais plutôt une approche vieille école : j'admire ces vieux auteurs qui ne laissaient que peu de traces de leur présence. Dernièrement je lisais Chrétien de Troyes, et c'est fascinant à quel point on ne sait absolument rien de lui.

Quelques mots de Philippe d'Alsace, comte de Flandre et Marie de Champagne, ses mécènes, et puis des suppositions. Vagues. Même la gravure le représentant est fictive. Que faisait-il de ses journées ? Je suis persuadé que cette réponse doit être décevante, mais pour autant, il a emporté avec lui ses secrets, ses sources d'inspiration et cela restera ainsi pour toujours.

Vous allez me dire : l'époque a grandement changé et les auteurs se pressent pour se faire connaître du public, et c'est peut-être positif, au moins l'auteur est reconnu et son travail rémunéré à juste titre. Et plus encore, si Chrétien de Troyes avait vécu bien des siècles plus tard, à une époque où on les aurait mis en avant, peut-être n'aurait-il pas dédaigné cet honneur. C'est tout à fait possible. Mais ça manque d'ellipse, je trouve, à moins que...

Non, non, oubliez ce que j'ai dit : c'est de la pudeur ;- )

Faut pas avoir de proches.

Pehache a écrit:

Faut pas avoir de proches.

C'est sûrement ça la solution