Autant d'auteurs que je ne connais pas ... Merci à vous deux. QuillQueen, je vais essayer de trouver ce livre. Et Juanito, partage tes poèmes.

Double post, mais juste pour présenter un poète que je viens de découvrir :

Susan Howe.

Poésie fantomatique, et pleine de fantômes.

Faut mettre des échantillons, sinon ça sert à rien, espèce de pomme.

Tu as raison. Quelques extraits:



"Counterforce bring me wild hope Upon the interpreter this ambush
non-connection is itself distinct Theory at war with phenomena
connection numerous surviving Thought or form handsbreadth fair trees wrought with a needle though paper tossed overboard the merest decorative suggestion can have been conversely tossed
in what appears to be sheer white back to background as if woof muslin a tree fair hunted Daphne warp theory the real what is real
Thinking is willing you are wild Night draws the planet tremulous
to the weave not to material itself Tinsel hope I intersect linen silk"


C'est très intellectuel, mais bon ...


" Women and children experience war and its nightmare. Their war-dreams share with dreams of other kinds that they are occurrences full of blown sand seaward foam in which disappearance fields expression.
[… ]
Clouds must have come under the western edge of the old suspension bridge."


Pour l'expression "fields expression".


" The house was a model of harmony.

Children coiled like hedgehogs
or lay on their backs.

A doll uttered mysterious oracles
“Put on the kettle.”
“Get up and go home.”

The clock was alive
I asked what it ate.

“A Cross large enough to crucify us all.”

and so on.

Blankets congealed
into icicles

We practiced
trips, falls, dives into snowdrifts.

With a snowshoe for a shovel
I opened the clock

and we searched for peace in its deep and private present.

Outside, the world swarmed with sorcerers."


Mais je ne sais pas si c'est ce qu'elle a fait de mieux ....

Moncef Ouhaibi

Que toute chose se taise ici, ce vendredi :
le frémissement des oiseaux, à l'aube de la Tunisie verte,
ses cloches qui sonnent depuis un arc-en-ciel,
ses arbres qui chantent.
Que toute chose se taise :
les sons des téléphones, le bruit des pioches.
Que toute chose se taise ce vendredi :
les femmes pleurant notre voisin qui agonise
ce vendredi
les rires des belles filles qui accourent sous la
pluie fine, vers l'école,
ce vendredi

Que la pluie cesse de tomber
ce vendredi
Qu'elle accroche ses cloches de cristal
dans l'air et dans les nuages
Qu'elle attende
que 17h sonne
Après, elle aura droit à tomber avec abondance
Que notre voisin reporte sa mort jusqu'à 17h


Que toute chose se taise
ce vendredi :
cette femme qui appelle tantôt son fils
tantôt son chien
Qu'elle soit comme le chien
Lui qui dresse ses oreilles
Pressentant ce que nous les bergers, ne pressentons jamais


Que toute chose se taise
ce vendredi
le tintement de leurs verres
le chuchotement de leurs bouteilles
dans Al-Mazar
Dis-leur :
vous qui traversez la terrasse du jour
vers un bar qui ouvre le vendredi
un peu de silence
ce n'est rien
et attendez
que 17h sonne


Que toute chose se taise ce vendredi :
les chansons des bergers
l'appel à la prière
dis-leur
ne faites pas la prière
ce vendredi
ne lisez pas la Fatiha
levez-vous comme les Tunisiennes et les Tunisiens
en ce vendredi
Que vous psalmodiez : louange au peuple
notre seigneur à nous tous
Que vous psalmodiez : louange au soleil
que le peuple fait rouler en ses mains
Que vous psalmodiez : louange à la terre
que le peuple entoure
et fait tourner dans ses mains


Que toute chose se taise
ce vendredi :
les élèves
même s'ils chantent :
"Si le peuple veut un jour la vie
le destin se doit de répondre"
Dis-leur
ne saluez pas le drapeau
ce vendredi
il y a une voix qui vient
une voix qui illumine
pour nous apprendre
et apprendre ce crayon


Un peu de silence
toi vent
toi pluie
toi orage
Un peu de silence
vous véhicules et trains
qui partez depuis le matin
Que toute chose ici et là se taise :
Les caravanes de chameaux et de chiens
qui traversent le Sahara de Douz
Les bateaux, allant et venant
en Méditerranée
hissant des voiles
déployant des filets
Les phares qui éclairent
à travers le gypse du brouillard


Que toute chose se taise :
Les pirates
Le piétinement des rames
Le reflux sur la côte tunisienne


Un peu de silence
mes frères
mes camarades que j'aime
Que toute chose ici et là
se taise maintenant
17h sonne
Que nous soyons tout oreille
Ici tout est silencieux
Vous n'entendez rien?
Mais si, écoutez bien
C'est le bruit de ses bottes
Le despote
qui s'enfuit
qui part
en hâte
qui traîne ses pas lourdement
vers l'endroit où
il s'endormira
dans un cadavre vide



Que tout chose se taise, Moncef Ouhaibi. Edition Bruno Doucey

 

J'aime beaucoup Abdellatif Laâbi. C'est à la fois un excellent poète et un homme remarquable.

Quelques extraits :

Si vous voulez vous pencher plus sur son œuvre et sa vie, outre Wikipédia, consultez ce site qui lui est dédié.

En passant : ses quelques pièces de théâtre sont excellentes aussi. J'en ai travaillé trois et joué deux avec une troupe l'an passé : Rimbaud et Shéhérazade (belle pièce, agréable mais sans plus) et Le baptême chacaliste (pièce délirante et explosive, la moitié du public est monté sur scène).

Merci pour la découverte Trikopp, j'ai beaucoup apprécié !

Salah Stétié est un génie éblouissant

@SarahGodart : c'est bien vrai ! Tu nous postes quelque chose de lui ? :-) Merci !

Je ne trouve rien de lui sur Internet

Sauf !

Quelques petites citations :

- Homme : un improbable qui rêve d'un impossible.

- L'impur est pur, --- s'il est fidèle à son excès.

- Les écrivains moindres écrivent face aux autres. Les plus grands contre eux-mêmes.

- Nous surprenons la vie. La mort nous surprend en pleine surprise.

- Chacun de sa larme secrète, arrose une fleur connue de lui seul.

- La vie est le seul médicament puissant contre la mort. Et comme tous les puissants médicaments, par effet secondaire, elle tue.

Citation :

- Nous surprenons la vie. La mort nous surprend en pleine surprise.

C'est magnifique ça.

Je me renseigne un peu, puisque tu m'as déjà parlé de lui sur mon topic. Et je tombe sur de jolies pépites ici et là, et qui me parlent :

"On n'est jamais aussi nombreux que lorsqu'on est seul".

Il a pas un cheveu sur le caillou mais il a de la suite dans les idées