De nos jours, les professionnels ne prennent plus le temps de transmettre et de conseiller. C’est particulièrement vrai dans le domaine de l’écriture (dont la littérature) et de l’édition. Je suis stupéfait par les contenus de ce forum immense. La naïveté la plus pure y côtoie les manquements à la loyauté, sans parler de générosité et de souffle, deux qualités sans lesquelles il est impossible de devenir un écrivain digne de ce nom. Je prends donc le temps de vous dire un mot sur les secrets du comité de lecture tel que nous le concevons chez Le chasseur abstrait.
Notre politique éditoriale n’est pas discutable : nous pratiquons l’impression à la demande, méthode qui a l’avantage de convenir parfaitement aux petits tirages, mais aussi l’inconvénient de soumettre nos commandes à l’imprimeur à une « chartérisation » et donc à des retards ; mais il n’y a pas de petit éditeur sans retard !
PRÉALABLES
1º) Le manuscrit est lu. Sur liseuse. D’où la nécessité de nous faire parvenir un fichier numérique (word, openoffice, epub… sauf pdf). C’est bien, mais cela prend du temps. Quelquefois beaucoup de temps. Il faut nous en excuser d’avance. Les manuscrits rédigés sans aucun soin vont à la poubelle.
2º) La question du contenu : Nous ne publions pas d’ouvrages contenant des atteintes à la dignité humaine. Si le vôtre déroge à cette règle, il part directement à la poubelle.
FICHE DE LECTURE
Exemple : le roman.En dehors du contenu, qui est ce qu’il est et qui aura son influence le moment venu sur la communication, nous examinons ce qu’il convient d’appeler les instances du roman :
INSTANCES - NOTES (0, 1, 2)
ECRITURE - PERSONNAGE - LIEUX - TEMPS
La notation ici s’étend de 0 minimum à 8 maximum.
0 ou 1, poubelle.
Entre 2 et 4, proposition de contrat (A ou B).
Entre 5 et 8, proposition de Contrat A.
Exemple : Un roman peut être mal écrit et manquer d’intrigue, mais il crée un personnage et le situe dans des lieux forts. C’est suffisant pour être publié, surtout si, par exemple, l’instance personnage obtient un 2.
RÉPUTATION DE L’AUTEUR
AUTEUR reconnu - Contrat A
AUTEUR non reconnu - Travaux dans la RAL,M - Si oui Contrat A - Si non Contrat B
Tout cela peut paraître manquer d’humanité, mais nous sommes contraints à discipliner nos attentes. Ensuite, à vous de voir :
- Si l’impression à la demande vous pose un problème d’idéologie ou simplement pratique (par exemple, demande d’aide auprès des autorités qui exigent un tirage initial de 500 exemplaires).
- Si l’achat de livres à la signature du contrat n’est pas dans vos normes.
Quant aux contrats, ils sont rédigés sur le modèle proposé par le Syndicat national de l’édition, modèle en effet éloigné de celui pour l’établissement duquel la Société des gens de Lettres se bat depuis longtemps.
Monsieur Gaillard, l’auteur d’AUDACE, n’ayant rien trouvé à me reprocher sur le plan de l’honnêteté et de la qualité du travail éditorial, a mélangé à sa critique non seulement les sentiments qu’il cultive à mon égard (comme je le comprends !), mais aussi son idéologie certes favorable à l’autorat, mais pas forcément en adéquation avec la réalité du terrain, autrement dit le marché du livre.
La « diffusion » est un concept obsolète. Aujourd’hui, nous communiquons. Et nous faisons cela très bien nous-mêmes, avec des aides extérieures, certes, mais sous notre direction exclusive.
A lire attentivement :
lechasseurabstrait.com/chasseur/spip.php?page=manuscrits
Patrick Cintas.