Tu parles d'une vision fausse vue de l'extérieur qui amène les dissertations, toussa.
Bref, jeune et naïf, j'ai eu cette vision pendant longtemps, même si je n'écrivais pas trop. Du coup, je me suis un peu forcé et un peu dégoûté.
J'en avais un peu parler ici.

Comment faire pour retrouver la spontanéité dont tu parles sans trop se juger et en avançant ? Et retrouver par la même occasion un peu de plaisir sans se dégoûter ? Comment renouveler la flamme de l'écriture ?

On verra si tu peux répondre à cela.

Question à peu de choses près identique à celle de Rek : comment conserver la spontanéité dans un écrit aussi long qu'un roman ? Comment ne pas se retrouver, comme c'est trop souvent le cas chez moi, avec des phrases simples, parfois creuses, sans saveur ?

Ah ! Et accessoirement, par où commencer le travail de correction ? Tu conseilles de recopier puis de corriger, ou de profiter du tapage à l'ordi pour supprimer les coquilles dès qu'on les voit ?

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S'entraîner à improviser, c'est un peu un comble ! Mais je vois l'idée. L'ennui, c'est de savoir où improviser, j'ai l'impression qu'on a partout un délai de réponse, comme avec les forums, qui permet de choisir ses paroles.

Alors je dois dire que je n’écris qu'en écriture automatique, et je ne comprends même pas comment on peut écrire autrement.

Ne faites pas de plan, ne faite pas de fiches de personnages, pas de schéma pré écriture. Ça sclérose la plume.

Toujours à la première personne. Les autres focalisations n'ont pour moi pas d’intérêt.

Essayez d'écrire une nouvelle comme ça :

D'abord une phrase, une phrase qui va définir au delà d'un style, une ambiance, essayez de faire ça en écriture automatique, juste lancer des mots, une phrase longue, sans réfléchir, avec des trucs qui doivent venir tout seuls, avec le plus de sens possible, ne pas hésiter à faire un rythme basique, avec le moins de pronoms possibles.

Citation :

" Et par là j'ai vu que les escaliers s'enfonçaient vers le son qui m'avait projeté tant de fois vers mon enfance. "

De cette phrase, vous allez construire un personnage. C'est facile, la phrase est remplie de choses, vous y avez comme je vous l'ai dit été lourd sur les mots. Continuez la phrase comme si c'était la première de la nouvelle, avec comme but la définition d'un personnage. Ça ne veut pas dire une description physique, ça veut dire donner une voix. Ne pensez à rien, essayez.

Citation :

" Et par là j'ai vu que les escaliers s'enfonçaient vers le son qui m'avait projeté tant de fois vers mon enfance. Les moments où j'avais pu sentir mon père se rapprocher et hurler et vomir, juste à coté de moi. Les moments où j'avais entendu mon frère fondre, je n'avais jamais su comment, même si j'avais toujours eu la conviction que c'était ça, mon frère couler en flaques et en floc floc gluants. etc "

De ce personnage va naître votre intrigue, il va vivre des choses et c'est ce qu'il est qui va créer des évènements, et pas le contraire.

Ensuite, il n'y a plus qu'à écrire. Si vous êtes suffisamment expérimenté vous allez voir de vous même des thèmes se détacher, en relisant ou si vous y arrivez en écrivant vous pouvez les tisser dans le récit.

J'écris toujours comme ça, même un roman, ça part d'une phrase et roulez jeunesse.


Sinon, la solution la plus simple pour retrouver une spontanéité, j'ai même envie de dire une sincérité. C'est d'écrire ivre.

Dans ce que tu dis, tu n'as pas d'idée préalable d'intrigue, d'ambiance ou de personnage ; tu pars d'aucune réflexion intérieure, tu te jettes sur la page. Mais dans le cas où on aurait justement une idée d'un concept, d'une intrigue, d'un personnage, etc (pas forcément de tous hein), tu considères que ta méthode s'adapte également ? J'aurai tendance à dire qu'une fois le récit lancé, oui, dans l'optique d'être spontané, etc. Mais qu'en est-il lors du commencement, du démarrage ?

Je pense que la spontanéité et comme je l'ai dit on devrait dire sincérité, se trouve dans l'ambiance générale qu'on veut transmettre plutôt que dans un style un personnage ou un concept. C'est l'espace entre les mots qui la crée et pas la personnalité d'un personnage ou le réussi d'une intrigue. Ça joue de la vraisemblance ou de l’intérêt divertitif (on s'en fout on invente des mots) divertissementiel (fuck la police), pas de la sincérité. C'est un état d'esprit et pas une technique. Bien sûr que tous ces éléments d'un roman vont faire partie de cette ambiance, mais c'est dans la façon d'écrire brute qu'on peut trouver son essence.

Alors comment faire ? Ma méthode est cool, mais je suis limité par mes expériences, par ce qui marche pour moi.

Bonjour à tous.

Globalement, je rejoins l'avis de Ma. Me concernant, j'écris très spontanément, avec un minimum de cadre et d'intrigue sur le départ (un minimum, car j'ai un univers déjà construit que j'exploite). C'est - de mon point de vue - la seule façon d'être authentique dans le rendu, de ne flouer ni le lecteur, ni mon plaisir d'auteur.
Une écriture spontanée ne dispense ceci dit d'aucun travail amont. Ca ne doit pas empêcher les travaux préparatoire type recherche... Mais ce genre de "boulot", il se fait généralement seul, voire même sans rapport avec la littérature.

Après Grégor je suis du genre nazi moi, aucune recherche rien, ça bride je trouve. Mais je n'écris pas du tout pour être proche d'une réalité physique.

Chacun sa méthode.

Faut arrêter le mode binaire du d'un coup vs artisan.

Quand Ma corrige son roman, c'est plus du premier jet.

Je suis content qu'il mentionne qu'il s'agit uniquement de SA vision, parce qu'être "expert" en écriture c'est légèrement absurde sans commenter les autres.

Là base d'un professeur d'art c'est de confronter l'élève à son travail.

Je suis d'accord avec Fabre.
Oui, à chacun de trouver sa voie, sa vision et des méthodes adaptées, même si ça se rapproche d'un écrivain à un autre, d'un artisan à un autre. Il y forcément du travail derrière. Dans toutes créations, on retrouve forcément le travail de l'artisan donc voilà, même si c'est plus le conscient ou l'inconscient qui oeuvre. Et en plus, tu n'as pas fini ton roman au premier jet.

Merci pour ta réponse Ma, je vais essayer, ça va peut-être m'aider à débloquer et à repartir.

Citation :

Quand Ma corrige son roman, c'est plus du premier jet.

Justement, comment t'y prends-tu lorsque tu retravailles ton premier jet ?

archangel a écrit:

par où commencer le travail de correction ? Tu conseilles de recopier puis de corriger, ou de profiter du tapage à l'ordi pour supprimer les coquilles dès qu'on les voit ?

Les dernières réponses sont assez intéressantes ; j'ai bien cerné le parti prit de Ma, ainsi que les avis des autres, mais là je me joins à Rek pour interroger la correction : est-ce que travailler sur une première version astreint à ne pas être spontané et sincère ? Faut-il adopter une autre posture, et passer d'une forme de "re-création" à une simple "correction" pour ne pas dénaturer le premier jet ?

Le résumé c'est que je pense que le premier jet apporte le matériel et que tous le reste n'est que le travail effectué dessus. Peu importe à quel point vous êtes doué en sculpture, il faut que le premier jet soit réussi, ou sincère dans notre cas. C'est l'avantage de l'écriture sur tous les arts, il est assez immédiat pour ne pas être d'abord parasité.

Ok je vois.