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| Une grande histoire d'amour au je: l'auteur et le narrateur | |
| | Nombre de messages : 1963 Âge : 35 Date d'inscription : 13/08/2007 | Sam / la Langue Mer 26 Déc 2007 - 14:15 | |
| Je ne suis pas tout à fait sûr d'être dans la bonne rubrique. Mais je préfère mettre ça ici que dans "aide", étant donné que ce dont je vais parler, m'intéresse d'avantage au niveau réflexion que question (quoique). (Si c'est posté au mauvais endroit, veuillez me pardonner ô puissants modos)
Donc que donc, un long titre pour une question affublée d'une réflexion. Ce sujet concerne les écrits (nouvelles ou romans) dont la narration se déroule à la première personne. Et uniquement à la première personne. La solution n'est pas de passer à la troisième. Merci. Le truc, pour ceux qui se retrouvent dans cette situation, est que la question se pose assez rapidement: quelle est la frontière entre moi, auteur, et le personnage, narrateur?
Cette frontière, je la distingue à plusieurs niveaux. Tout d'abord à un niveau "réception". Ce que perçoit le personnage du monde qui l'entoure principalement, des personnages avec lesquels il évolue. Donc la question se pose: "est-ce mon personnage qui ressent ça ainsi, qui possède cette sensibilité?" Posé comme ça, la question paraît simple. Il suffirait de s'interroger continuellement durant toute l'écriture si c'est moi qui réagit ainsi ou mon personnage. Mais, la chose devient plus complexe lorsqu'on désire donner une certaine sensibilité du monde qui entoure le personnage pour faire ressortir le "vivant" du texte. Et ainsi de suite pour ce qui concerne la perception.
Ensuite, la frontière est au niveau des mots. Un personnage qui est un ermite au fin fond de la montagne ne peut pas utiliser les mêmes mots pour décrire les choses qu'un gosse de riche. C'est évidemment lié à la perception. Donc, lorsque j'écris, dois-je m'intégrer au niveau social, intellectuel, culturel du personnage? Ou bien m'éloignerais-je afin d'une meilleure compréhension du lecteur? La question paraît aussi logique. Donc continuons pour compliquer. Si le personnage arrive dans un monde nouveau, comment éviter les discussions vaines et creuses qui consistent à renseigner le personnage sur quelque chose que le lecteur connaît très bien, mais que le personnage ne connaît pas? Et encore plus embarassant: comment décrire un vaisseau spatial du point de vue d'un homme des cavernes? Là est le travail de l'écrivain, ça je n'en doute pas^^. Mais la question serait plutôt : puis-je me retirer du personnage? ou dois-je me retirer du personnage? Existe-il des moyens littéraires pour les restrictions de champ et les élargissements, à la première personne?
On peut également parler de frontière au niveau expérience. Et cette expérience englobe automatiquement le contexte social. Et cela renvoit à la perception et aux mots.
Ensuite, parce que j'ai quand même essayé de répondre à mes propres questions, quand même, j'essaie de jouer entre moi-auteur et mon héros-narrateur. En tant qu'auteur, je suis présent à certains endroits, au côté du personnage ou je l'éclipse carrément, car je désire ne pas m'effacer. Et à d'autres endroits, le personnage prend le dessus et je m'efface. Ceci est un projet, je ne l'ai pas encore réalisé, mais j'en ai les prémices dans mes écrits. Cette réflexion est née du fait que je cherche justement comment réaliser cette idée. Donc s'il y a des suggestions ou des faits déjà réalisés, cela m'intéresserait fortement.
Je ne pense pas avoir fait le tour de la question. De loin pas même. Mais voici déjà mes maigres réflexions, faites à 2h du mat. Je vous laisse confirmer, contester, démonter ou continuer. Répondre aux questions ou en poser d'autres. Pour les intéressés. |
| | | Invité / Invité Mer 26 Déc 2007 - 14:33 | |
| Beaucoup d'auteurs amatteurs se vantent d'écrire avec aisance quand ils passent du il au je. Si l'on connaît ces personnes et qu'on étudie leur narrateur, il s'avère souvent que leur prose n'est rien de plus qu'une longue confession à peine masquée.
Pour ma part, sans dénier le talent qu'ils ont peut-être, je considère que ces auteurs amatteurs devraient plutôt tâter de la poésie.
Je ne jette la pierre à personne : moi-même quand je relis certaines de mes nouvelles écrites à la 1ère personne, je me rends compte qu'à certains endroits je suis sorti du cadre de mon personnage et qu'il me faut réécrire ce passage sous peine de faire de ma nouvelle un mauvais témoignage.
Ecrire à la 1ère personne est tout un art. Pour remédier à ce problème d'identification au narrateur, je mets sur papier avant de me lancer une anlyse caractérielle plus ou moins fouillée selon la portée du texte et j'essaye de m'y tenir en écrivant. Si quelqu'un à d'autres techniques, elles sont les bienvenues ^^
Dernière édition par le Mer 26 Déc 2007 - 15:51, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 5732 Âge : 35 Localisation : Oxfordshire Pensée du jour : Oui, je connais cette théorie. Date d'inscription : 23/12/2007 | Tim / Morceau de musique survitaminé Mer 26 Déc 2007 - 14:50 | |
| Je pense que, même inconsciemment, on crée toujours des personnages qui nous ressemblent, ou qui ressemblent à des personnes que l'on connait. Sinon, comment rendre leurs réactions crédibles? Donc pour moi, il y a toujours une part de l'auteur dans le "je" du narrateur... même si elle ne ressort pas ouvertement à première vue.
Pour ce qui est de l'adaptation au niveau social du narrateur, Muriel Barbery, dans "l'élégance du hérisson", fait ça avec une plume exceptionnelle. L'histoire est racontée en alternance par deux personnages très différents, et on sent la différence dans leur manière de s'exprimer de façon assez bluffante (je trouve).
Autre référence: "SIVA" de philip K. Dick. Là, le narrateur est (soi-disant) Horselover fat. Sauf que ce personnage n'a jamais existé: en fait, le narrateur est schizophrène. Alors qui est le narrateur? Philip K. Dick. Mais est-ce autobiographie, ou se place-t-il dans une fonction? De même, la schizophrénie est-elle seulement inventée pour le livre? Lisez-le, vous verrez que c'est assez déroutant. |
| | Nombre de messages : 2716 Âge : 38 Localisation : Entre les deux. Pensée du jour : Too much skin. Date d'inscription : 27/10/2007 | Menear / Le bruit et la pudeur Mer 26 Déc 2007 - 14:57 | |
| Je ne suis pas sûr que les problèmes que tu poses, Sam, soient forcément dictés par la narration à la première personne. Ecrire au "il" et se focaliser sur un personnage central, c'est aussi "prendre le risque" (en partant du principe que ce soit un risque) de glisser par moment du personnage au "moi", disons, réel.
Mais bon, pour répondre à tes interrogations, je dirais que je me suis posé exactement les mêmes questions il y a peu (et je continue d'ailleurs), puisque depuis un an et demi je me dépatouille comme je peux avec un roman non seulement écrit à la première personne mais qui est également au présent (du coup, au niveau de l'instantanéité des évènements et du ressenti du personnage, c'est parfois un peu galère). Pas de conseils à te donner vraiment, simplement que de mon point de vue, j'estime qu'il "faux" que je m'efface le plus possible de mon écriture : du coup, j'ai choisi délibérément des contextes, des situations, des goûts et même des pathologies qui me sont totalement étrangères, c'est ce qui dicte les agissements et les émotions du personnage, je parviens donc à m'extraire de la chose.
Reste à savoir ce que tu veux toi, réellement ; si c'est de bâtir un personnage complètement étranger à toi-même, bon courage, parce que c'est (quasi ?) impossible, mais axe toi sur des traits de caractères forts et simples qui te permettent de t'appuyer sur du concret (c'est pour ça qu'une névrose ou une pathologie récurente, à ce niveau, c'est pratique). Si tu veux vraiment un personnage pertinent et "vrai", en revanche, il faudra que tu acceptes de faire des concessions, que tu acceptes quelques incurssions de ton "moi" au sein du personnage...
(Pas sûr que ce que je dise t'aide cela dit, mais bon courage quand mêm !) |
| | Nombre de messages : 8765 Âge : 40 Pensée du jour : Another Perfect Day Date d'inscription : 03/08/2007 | Nox / Vacher polyvalent Mer 26 Déc 2007 - 17:18 | |
| Salut! =)
Y a une autre technique, sympa à expérimenter. C'est de décrire son personnage principal par le regard des personnages secondaires (à travers des situations ou des dialogues bien choisis). Quand c'est bien fait, ca rend vraiment bien, je trouve. |
| | | Invité / Invité Mer 26 Déc 2007 - 18:00 | |
| Sympa Nox cette technique et surtout beaucoup moins lourde parce que l'analyse caractérielle à prétention scientifique (avec test Emotivité/ Activité/Polarité) ça sent le Zola et c'est particulièrement lourd...
J'ai cru atteindre le réalisme par ce moyen mais l'omniscience extrême du narrateur donnait au contraire un côté artificiel assez désagréable.
Donc personnellement j'essaierai... sauf si j'ai plus de 10 personnages secondaires ^^ |
| | Nombre de messages : 8765 Âge : 40 Pensée du jour : Another Perfect Day Date d'inscription : 03/08/2007 | Nox / Vacher polyvalent Mer 26 Déc 2007 - 18:08 | |
| Tu peux même avec plus de 10... J'expérimente avec une vingtaine sur mon roman... |
| | | Invité / Invité Mer 26 Déc 2007 - 20:36 | |
| Je suis un ultra de la narration à la 1ère personne, mais, franchement, je vois pas l'intérêt de savoir quelle est la part de l'auteur dans le personnage. A partir du moment où on parle d'un roman, d'une fiction, peu importe, on ne juge que le personnage, pas çui qui se cache derrière.
J'aimerai comprendre l'intérêt de la chose, vraiment, je ne dénigre pas, c'est juste que je ne comprends en quoi chercher la part de Céline dans Bardamu peut influencer notre perception du Voyage, à part à faire de la biographie de comptoir. |
| | Nombre de messages : 5643 Âge : 124 Pensée du jour : Déifier des prunes. Date d'inscription : 12/12/2006 | Mokkimy / Maîtrise en tropes Mer 26 Déc 2007 - 23:23 | |
| Plutôt d'accord avec Sentenza. Je ne suis pas très pudique, pas au point de brayer pour un " Ciel ! Un pan de ma manche trempée dépasse de mon narrateur ! "
Ecrire, c'est aussi se prendre pour un alchimiste, et savoir gérer les deux. On peut avoir des points communs, on peut s'immiscer en tant que narrateur dans le récit. Puis, le plaisir de mentir à ses lecteurs en faisant capter à ces derniers que l'on triche sans le dire expressément, c'est assez chouette. ^o^ ( Orson Welles attitude. )
Bref. Perso, je n'ai pas grand chose à dire, sur tout ça.
" Donc, lorsque j'écris, dois-je m'intégrer au niveau social, intellectuel, culturel du personnage? Ou bien m'éloignerais-je afin d'une meilleure compréhension du lecteur? "
Juste, ça me refait penser à la discussion trouvée dans un topic, il y a peu. " Est-ce que mon personnage baragouine un accent anglais fort prononcé dans un discours direct, ou est-ce que j'insère dans les descriptions cet accent ? "
Les deux peuvent être intéressants. ^^ Après, il faut savoir exploiter la richesse de son choix. |
| | | Invité / Invité Jeu 27 Déc 2007 - 0:30 | |
| Pareil que Sentenza, ça n'a d'intérêt que si Christine Bravo te dit qu'il y a une part d'autobiographie dans le livre et que tu lui réponds va chier. |
| | Nombre de messages : 1963 Âge : 35 Date d'inscription : 13/08/2007 | Sam / la Langue Jeu 27 Déc 2007 - 13:56 | |
| - Sentenza a écrit:
- Je suis un ultra de la narration à la 1ère personne, mais, franchement, je vois pas l'intérêt de savoir quelle est la part de l'auteur dans le personnage. A partir du moment où on parle d'un roman, d'une fiction, peu importe, on ne juge que le personnage, pas çui qui se cache derrière.
J'aimerai comprendre l'intérêt de la chose, vraiment, je ne dénigre pas, c'est juste que je ne comprends en quoi chercher la part de Céline dans Bardamu peut influencer notre perception du Voyage, à part à faire de la biographie de comptoir. Erf, ne pars pas sur Céline. Cette (ces) question(s), très égoïstement, me concerne d'abord. J'ai un certain style qui m'a amené là-dessus. Je ne parle pas du tout d'ouvrages littéraires, applaudis et commentés par les critiques. Il ne faut pas partir là-dessus. Sinon, il est vrai que qu'est-ce qu'on en a à foutre de la part de Céline dans son héros. Et deuxièmement, j'avais dit "pour les intéressés". Donc, non ce n'est pas que ton avis m'irrite^^, mais que ceci concernait ceux qui se posaient ce genre de question. Je suis bien conscient que pour certains, c'est bien égal si l'auteur est présent ou non dans le narrateur. Donc je n'ai pas grand chose à te dire pour justifier ce débat. Simplement que pour moi, c'est important. A cause de mon souci de véracité dans le caractère de mon personnage. A cause de mon désir de faire passer quelque chose, je ne veux pas faire de la littérature pour de la littérature. A cause de ma manie de chercher les détails et de perfection aussi. C'est tout. L'intérêt est présent pour moi. Mais s'il ne l'est pas pour toi, hé bien je n'arriverai guère à t'expliquer ce qui me motive. Par contre, merci pour les conseils. Il y a des bonnes idées. Je n'en suis qu'au début, donc peut-être je fonce tout droit dans un mur. Mais on verra bien. |
| | | Invité / Invité Jeu 27 Déc 2007 - 14:13 | |
| Après, si ça répond à un besoin si personnel et impérieux, faut qu'tu fasses comme tu l'sens pis que t'emmerdes les autres. |
| | Nombre de messages : 1963 Âge : 35 Date d'inscription : 13/08/2007 | Sam / la Langue Jeu 27 Déc 2007 - 16:31 | |
| Dans ce cas-là, je quitte le forum. C'est pas le but, alors j'emmerde oui, mais dans un autre sens. |
| | | Invité / Invité Jeu 27 Déc 2007 - 18:30 | |
| Ca sent la jou(x)te verbale... |
| | | Invité / Invité Jeu 27 Déc 2007 - 18:37 | |
| J'vois pas en quoi ça sent la baston.
J'ai dit juste qu'il pouvait s'asseoir allègrement sur mon avis, puisque ça lui a tient autant à cœur de faire comme il veut. Les avis des autres ça va bien jusqu'à un certain point, après faut faire confiance à son instinct. |
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