Bonjour tout le monde !

Je me tourne vers vous pour discuter d'un problème soulevé sur divers réseaux littéraires : certains auteurs disent regretter d'avoir publié leur premier roman.

Ce qui revient, c'est qu'ils ont du mal à assumer leurs écrits avec le temps, que ce soit au niveau des thèmes, des personnages ou du style. Ils ont le sentiment que ce premier roman est un boulet au pied qu'ils n'arrivent plus à dissocier de leur image actuelle.

Avec le recul, ils semblerait qu'ils auraient préféré l'écrire, mais ne pas le soumettre en maison d'édition. Puis, en écrire un second, voire un troisième, jusqu'à être certains d'avoir acquis la maturité nécessaire.

Je suis assez partagée à ce sujet. D'un côté, je comprends et partage aussi cette crainte.
D'un autre côté, il faut bien commencer quelque part. Un premier roman n'est jamais parfait mais il a le mérite d'être un premier pas dans le milieu.

Est-ce que certains d'entre vous eu des regrets similaires ?
Sinon, quel est votre regard sur votre premier roman paru ?

Je ne peux pas trop me prononcer, n'ayant pas encore publié, mais pour alimenter le débat je voulais juste ajouter que Dany La Ferrière a écrit qu'une bibliothèque idéale serait une bibliothèque composée uniquement de premiers romans, car ils ont une force qu'on ne retrouve plus par la suite. (Je paraphrase hein). Je trouve ça intéressant comme vision des choses.

Voilà un point de vue qui contre balance les craintes que j'ai évoquées ! Très intéressant oui, et poétique aussi !

En ce qui me concerne j’ai deux « premier romans ». Le premier que j’ai écrit, qui a été le cinquième publié ; et le premier que j’ai publié, qui a été le deuxième que j’ai écrit.

J’aime ces deux premiers malgré leurs maladresses.

Il y en a un qui est difficile à assumer parce qu’il est très érotique, ça fait un peu bizarre à pitcher à mémé ; mais je l’aime bien. 

Mes regrets portent davantage sur les conditions d’édition, car ils ont été négligés par leurs propres ME.

Mais en tous cas, je les regarde toujours avec tendresse.

Un peu pareil ici, j'ai deux premiers romans, le "vrai " premier que j'ai écrit sciemment comme un exercice à l'écriture longue lors d'un nanowrimo et qui est paru finalement en troisième, celui-ci même après réécriture souffre de mon manque de "culture et technique littéraire". Mon second roman écrit a lui été publié en premier. Pour celui-là, je m'étais "fait plaisir", il est bourré de références, de descriptions interminables, de réflexions philo, il marche très bien mais n' a pas eu de travail édito et je le regrette profondément. Enlever cinquante pages et fermer les arcs narratifs aurait été une bonne idée ! Ceci dit, ces deux romans sont vraiment moi, bien que purement fictionnels, je m'y retrouve beaucoup. A présent, ce que j'écris est plus construit, plus tourné vers les lecteurices et parfois, j'ai peur de m'y perdre. Bref, même très imparfaits littérairement, j'ai une tendresse spéciale pour mes premiers romans.

Tous mes premiers ont été auto-édités, parce que j'ai géré l'écriture et la recherche de ME comme un débutant : précipité, aveuglé par l'enthousiasme d'avoir posé un point final.

Les dernières fois que j'ai tenu un stand en marchés ou en salons, j'avais du mal à les présenter, à en parler. En particulier le tout premier, qui a un style très naïf, qui est très différent des autres, plus sombres. J'ai l'impression qu'il a été écrit par quelqu'un d'autre, je ne me reconnais plus dedans. Pourtant, du point de vue de certains lecteurs qui ont lu plusieurs de mes textes, ce premier serait "un de mes meilleurs" (question de goût... il est surtout différent). Moi, ils me font le même effet que quand je regarde des photos du lycée, quand je relis des "journaux intimes" de cette époque : "putain mais c'était moi, ça ?". (commentaire auquel mes proches ajouteraient "ah oui, à l'époque t'avais des cheveux et pas de barbe, ça change la gueule !")

Je les vois pas pour autant comme des boulets, pas plus que je ne regrette leur parcours éditorial (avec le recul, je me dis qu'ils ne valaient probablement pas 'mieux'). Je m'en suis un peu détaché, en assumant qu'ils correspondaient à un moi du passé. Et surtout, je trouve qu'ils représentent un beau témoignage des progrès que j'ai l'impression d'avoir accomplis. Donc plutôt que de ressentir de la honte en les relisant, j'éprouve plutôt de la fierté au regard du chemin parcouru

Super intéressant comme question !!
On les aime nos premiers textes, et on voudrait leur rendre justice mais sans les jeter dans la fosse aux lions pour autant.

Je partage l'idée partagée par Maxine, nos premiers romans ont quelque chose de plus fort ; quand on écrit pour la première fois un livre long et qu'on veut y mettre du sens, on a derrière soi toutes les réserves encore inemployées, toutes les pensées, les forces, de nos années sans écriture. Ça se condense et le premier livre porte des choses fortes. Ça dépasse largement, à mes yeux, les maladresses et les manques.
Néanmoins le propos ici n'est pas : "Faut-il avoir honte de ses premiers romans" mais "Faut-il les publier".

Et c'est différent, puisque publier un livre, c'est le juger apte à transmettre, à lui tout seul et sans aucune explication de notre part, ce qu'on a voulu y mettre. Donc, un 1er roman qui est bouleversant pour son auteur (ou pour ceux qui connaissent son auteur), mais qui ne touchera aucunement ses lecteurs tant il est maladroit et incompréhensible, ne devrait pas, je trouve, être publié. Pas parce qu'on en a honte, mais parce qu'il n'est pas prêt à être ce qu'il devra être.
Le tout est de l'avoir assez travaillé pour qu'il atteigne un point où le fond, la force du roman sont intacts, et gardent bien la fougue des débuts ; mais où sa qualité formelle est suffisante pour tenir bon et pour bien soutenir la fougue. Ce qui n'est pas le cas, quand on écrit depuis deux ans.

Au final, j'ai l'impression qu'il FAUT aimer nos premiers romans, mais les garder de côté, les préserver ; commencer par publier un 4e, un 5e livre, qui sera plus "fade" qu'eux peut-être (pas forcément). Puis, quand on aura acquis de la rigueur par l'exercice et le travail, genre au bout de 10 ans, on peut remettre son 1er roman sur l'établi, et, restant fidèle à ce qu'il porte en lui, ajuster quelques points, le rendre lisible, le fortifier. Et publier.
Mais il est à peu près impossible d'écrire super bien dès le début, faut l'accepter. Tout comme il est impossible d'écrire parfaitement, et ça aussi faut l'accepter. On est au milieu.

Par analogie, un potier, il a beau être hyper fier de sa toute première carafe ; si cette carafe fuit à cause d'un défaut, il ne peut pas la vendre. Cependant, plus tard, il aura acquis le savoir-faire pour combler les petites fissures, et là tout fier hop il la montrera et ça fera la joie d'un buveur ! Même si elle aura gardé quelques bosses et petits défauts de cuisson, qu'il ne sera plus possible de gommer.

Merci à tous pour vos réponses aussi intéressantes les unes que les autres. C'est rassurant de voir que ce qui en ressort, c'est que ces premiers romans ont ce petit en truc en plus. Cette force, comme vous le dites si bien. Et c'est vrai !
La deuxième chose rassurante, c'est que si le premier roman ne trouve pas preneur, ce n'est pas dramatique. J'aime bien cette idée de le retravailler plus tard, à la lumière de ce que tous les suivants peuvent nous apprendre. De lui donner sa chance et de ne pas se précipiter, même si c'est tentant.
On pourrait de toute façon se dire que dans cinq, dix ans, nous aurons peut-être toujours cette même vision en "décalage" avec nos écrits actuels. A ce compte là, on n'envoie jamais rien !
En définitive vous encouragez plutôt à l'envoyer et à lui offrir sa chance, si tant est qu'il est abouti !

Mais... vous les écrivez à quel âge vos premiers romans ? xD
Non parce que, moi, mes premiers romans j'avais 11-12-13 ans et... avec toute l'objectivité du monde, c'était nul et clairement... IMPUBLIABLE

J'ai d'ailleurs fait un récent post Instagram pour dire que "ton premier roman ne sera pas publié et c'est OK"
Souvent, quand un primo-romancier sort un roman on le qualifie de "premier roman"... sauf qu'en réalité, l'auteur a écrit 2-3-4-5 manuscrits avant qui ne verront jamais le jour. C'est le premier roman publié, mais pas le premier roman écrit.

Du coup... pour moi... sauf dans des cas de douance ou des cas d'explosion sur les réseaux sociaux, les premiers romans ne sont pas destinés à être publiés. Ils sont souvent nuls, car l'auteur ne maîtrise pas encore bien les codes du storytelling, de l'édition, etc.

Ah c'est vrai qu'on a pas parlé de ce paramètre de l'âge j'ai écrit des tonnes d'embryons de romans que je ne compte même pas. Mon premier véritable roman a été écrit à 24 ans, mais je l'ai pas terminé à 100%, il dort au fond du PC. Ensuite, celui que j'ai terminé de bout en bout et envoyé en ME, c'était à 28 ans.

BoiséeNoire a écrit:

Mais... vous les écrivez à quel âge vos premiers romans ? xD
Non parce que, moi, mes premiers romans j'avais 11-12-13 ans et... avec toute l'objectivité du monde, c'était nul et clairement... IMPUBLIABLE

Idem. J'ai commencé à écrire en primaire et ai concocté mon premier roman au collège. Clairement, l'idée de le publier ne m'a jamais effleuré ! Même si je n'ai pas honte ce roman, il est plutôt chou.

J'avais 8 ans quand j'ai écrit mon premier... hum... roman. Bon, évidemment, il ne comptait qu'une trentaine de pages, j'étais le héros de l'histoire et rien ne tenait debout. Mais je suis tout de même bien triste qu'il ait disparu dans mes déménagement successifs, parce que j'aurais bien aimé le relire avec mes yeux d'adulte.

Longtemps plus tard, j'ai écrit deux vrais romans, mais c'était de la fan-fiction. Ce qui est, par essence, impubliable ; et ce n'est pas plus mal, parce qu'il y avait quelques maladresses au compteur. Mais l'un dans l'autre, ils n'étaient pas si mauvais, ces romans : si un jour je parviens à publier un texte, je pourrai dire qu'ils ont constitué un bon galop d'essai avant de passer aux choses sérieuses.

Je proteste, il y a des tas de fanfictions publiées !

Jimilie Croquette a écrit:

Je proteste, il y a des tas de fanfictions publiées !

Mea maxima culpa, je croyais que ça n'intéressait aucune ME.

Un sujet super intéressant !

Je vais publié mon premier roman en ME dans à peine plus d'un mois, mais mon premier roman, c'était en AE. Enfin, si on oublie mon premier "vrai roman" que j'ai toujours dans des tiroirs, écrit dans des petits cahiers et que j'aime ressortir de temps en temps pour me rassurer en voyant ma progression !

Si on parle de celui en AE, là, oui, je ne veux plus jamais le voir ni en entendre parler. J'ai eu l'impression qu'il était juste maudit car malgré tous mes efforts et le travail pro (correcteur, artiste pour la couv' et graphiste), j'ai eu droit à une floppée de problèmes (censure à cause d'un mot dans le titre, je ne plaisante pas, entre autres). La dernière fois que je l'ai feuilleté, je me suis demandé si ça venait vraiment de moi.
Je l'ai dépublié depuis à cause des divers problèmes avant d'abandonner entièrement la saga !