Bonjour à tous,

J'ai reçu aujourd'hui un courrier favorable d'une maison d'édition nommée La Bruyère (visiblement filiale du Sémaphore), ouverte depuis 1979, et qui se définit dans la littérature générale. Notez par ailleurs qu'ils insistent beaucoup sur leurs "45 années d'expérience dans l'édition". S'ils le disent...

Pour être parfaitement honnête, plutôt que de sauter de joie, ça m'a rendu prudent.
Déjà, le colis. Car ils m'ont envoyé un colis comprenant le courrier d'approbation+contrat (plié en deux), tout un tas de marques-page à l'effigie de leurs publications, leur catalogue, une page encyclopédique des débuts de l'imprimerie jusqu'à la fondation de leur maison (papier glacé, bien que plié lui aussi pour entrer dans le colis), une carte de visite et un gros trombone. Jusqu'ici, ça a plutôt de la gueule. Voyez vous-mêmes.



Par contre, le contenant (en haut de l'image), parlons-en... Papier bulle à l'intérieur, tout était bien en place, et je dois admettre que l'enveloppe était impeccablement fermée... mais ça fait très "commande Le bon coin", ils ont clairement recyclé une enveloppe leur étant destinée en écrivant mes nom et adresse à la main avec un bic. Certes, écologiquement c'est bien, mais l'image que ça renvoie fait très amateur. Première impression mitigée, donc.

Je lis le contrat (4 pages), visiblement c'est une édition à compte d'auteur puisqu'ils attendent une contribution de 1700 € (COMBIEN ?!), TVA incluse (5,5%), payable soit en 4x425 (un quart à la signature, aux premières épreuves, aux secondes épreuves/bon à tirer, puis à la réception du livre prêt à la vente), soit en 10x170 mensuels.
Selon le contrat, l'auteur n'a à payer "que" ça : les illustrations (couverture et potentielles images dans le livre, en couleur ou N&B), la mise en page etc. sont aux frais de l'éditeur. Si le côté "transparence" me paraît réglo, je suis toujours sur mes gardes, d'autant que j'avais déjà lu que le compte d'auteur était généralement une arnaque légale.

En conséquence, je me rends dans ma Fnac la plus proche : la grande distribution doit avoir un peu tous les éditeurs, me dis-je. D'autant qu'ils garantissent y être distribués sur leur site. Constat : les seuls livres avec marqué "La Bruyère" dessus sont ceux de l'auteur Jean de la Bruyère. Ah... Pas bon, ça. S'ils n'en ont pas dans la grande distrib, peu de chance d'en trouver chez des libraires. Et pour une maison qui se veut généraliste, ça la fout mal.

Troisièmement, je regarde leur adresse sur maps, et la façade... n'a rien. Déjà le quartier fait pas top, c'est une toute petite porte (taguée) d'immeuble dans le XXe de Paris, aucune plaque. Étrange. Pourtant, il me semblait qu'on se mettait bien, dans l'édition (plus encore avec une telle longévité). Peut-être me trompé-je et qu'on ne devrait pas juger un livre à sa couverture, mais entre ça et le colis qui a la tronche en biais, bon...

Quatrièmement, ont-ils lu le bouquin ? On dit que les MECA sont réputées pour valider tout ce qui est proposé sans regarder. Ils ont corrigé mon titre, qui est une expression, mais où j'avais fait une erreur volontaire dedans (attirer l'attention, tout ça...) C'est un roman de fiction au contenu ouvertement sexuel, comprenant des termes parfois "très clairs", j'ai précisé tout ça au moment d'envoyer le formulaire de manuscrit (oui, car on peut le leur envoyer par la poste ou par un formulaire sur leur site, pas par mail). Pour une ME non spécialisée, je suis un peu surpris de voir le manuscrit accepté sans aucune réflexion.

Précisons que parmi leurs marques-page, beaucoup de titres sont annotés de prix littéraires ou de préfaces écrites par des personnes connues ou se voulant prestigieuses (hommes politiques, Académiciens ou lauréats de l'Académie).

Je ne sais pas si ça se voit bien, mais dans leur lettre, ils me proposent un entretien non obligatoire en présentiel à leurs locaux ou téléphonique pour discuter de l'affaire. Je ne leur ai pas donné suite pour le moment.


Bref, qu'en pensez-vous ? Je suis moyennement convaincu de m'en remettre à eux, parce que je ne peux pas me permettre de jouer presque un smic et demi comme ça, sans garantie d'apparaître ne serait-ce que dans un rayon de grande distribution (détrompez-vous, je préfère qu'on favorise les libraires locaux, mais comme dit plus haut je pars du principe que si on ne trouve pas un éditeur chez les gros qui peuvent se permettre une plus vaste variété, chez les petits c'est même pas la peine, et pire encore pour le registre érotique/porno).

J'ai tout lu, mais mon avis s'était déjà arrêté à "ils attendent une contribution de 1700 €".
Comme tu l'as bien dit, c'est une maison à compte d'auteur. Fuis. Loin.