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 [Divers] Mon histoire est-elle trop de niche ?

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RubisCube
   
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RubisCube  /  Magicien d'Oz


Bonjour,

C'est probablement une question que beaucoup d'auteurs se posent, et peut-être vous-mêmes vous l'êtes-vous posée. Sauf que voilà, il y a "niche" et "niche".

Comme je ne sais pas trop par quel côté attraper le bébé, je vais directement décrire le truc : l'histoire que j'écris voilà plusieurs années, polie avec un gros souci du détail, est une romance qui raconte les débuts d'un jeune couple, qui découvre notamment les joies de la sexualité. Le contenu se veut à la fois vraisemblable, bienveillant, sans prise de tête, où le sexe tient une place majeure (scènes d'amour décrites parfois de façon détaillée, avec usage de termes tantôt crus, tantôt plus élaborés ou poétiques selon l'humeur des personnages sur le moment et/ou l'intensité de l'action).

Les relations de toutes sortes (amicales, amoureuses et sexuelles) sont saines même s'il peut y avoir de temps en temps une petite ombre au tableau ; je tiens beaucoup à ce point car j'ai l'impression que les rapports entre hommes et femmes aujourd'hui sont assez détériorés, ou tout du moins c'est l'image qui s'en dégage en ligne (et même si "la vraie vie c'est dehors", ce qui est vrai, je pense que le virtuel a quand même une influence à ne pas sous-estimer pour beaucoup de gens).
Je ne veux pas de rapport déséquilibrés entre les personnages, de sensation "domination-soumission" même si ça peut faire vendre (50 nuances par exemple), mais au contraire une histoire globalement très "wholesome", très feel-good (désolé pour les anglicismes, je ne trouve pas de trad qui convienne exactement). Qu'en la lisant, ce soit à la fois excitant dans les moments "chauds", mais aussi qu'on en sorte avec au moins un sourire en coin et un attachement pour les persos avec ce qui se passe en-dehors du lit.
Ce serait peut-être prendre le contre-pied du style érotique/porno ; je reconnais mon crime de bien moins lire qu'écrire, mais de ce que j'ai pu trouver qui a l'air d'avoir de la visibilité, ce sont souvent des femmes malheureuses dans leur couple/mariage qui veulent se dévergonder ou des histoires d'emprise amour-haine, ce qui dans les deux cas ne véhicule pas une image très saine de mon point de vue (que ce soit le côté nocif amour-haine, ou le fait que quelqu'un ne peut se lâcher qu'en étant malheureux).

Par la suite (attention, spoilers), mes personnages veulent s'essayer à l'ouverture sexuelle. Je ne vais peut-être pas parler de polyamour dans leur cas, mais plutôt "monogames de cœur, sans limite de lits". Cette nouvelle voie permet le développement d'autres points de vue, d'autres rapports humains (fussent-ils sexuels ou sociaux). En somme, ils vivent une sexualité de célibataires, dans le confort du couple.

Par conséquent, une question me taraude avec le recul : est-ce que mon histoire conviendrait à un public suffisamment large ? Ou cela ne concerne-t-il que trop une niche spécifique, donc sans intérêt économique pour l'éditeur ? Pour résumer :
- Romance heureuse de bout en bout, même avec certains moments un peu moins bisounours
- Personnages toujours vraisemblables même dans leurs caractérisations parfois un peu fortes
- Érotisme touchant à une forme de "belle pornographie", la sexualité est centrale dans l’œuvre et un sujet très décomplexé chez les personnages mais sans en faire une thèse ou un essai
- Couple au début très standard au moment de découvrir le sexe, puis relation libre
- Personnages jeunes : on les suit de 18 à environ 30 ans
- Ambiance feel-good (pas de "on vit dans une saucisse", ce n'est pas ce genre de roman)
- Histoire en plusieurs tomes courts (< 60 000 mots chacun)

Sans entrer dans le 3615 MAVIE, si je me pose la question, c'est que j'avais envoyé il y a quelques années un brouillon à une de mes anciennes prof de français du collège (oui oui), qui m'a dit grosso-modo : "Je ne suis pas le public, mais le sujet vous appartient et c'est facile à lire. Mais je ne sais pas quel auditoire vous cherchez : le sujet de la découverte de la sexualité peut intéresser des adultes plus aguerris, mais le vocabulaire très familier et les expressions des personnages peuvent leur être un frein. Quant aux plus jeunes, ils pourraient passer à côté des thématiques plus adultes faute de recul." (je paraphrase parce que c'est de tête, mais globalement c'était dans cet esprit).
L'histoire se déroule dans la décennie 2010, donc effectivement avec du vocabulaire et des références de cette époque (pas mal d'allusions à Internet comme des vidéastes ou des memes par exemple).

Je ne sais pas vers quelles éditions me tourner : les maisons spécialisées dans l'éro n'ont pas répondu (il y en a peut-être que je n'ai pas trouvées, mais elles ne sont de toute façon pas nombreuses), quant aux plus généralistes, je ne sais pas si elles sont chaudes pour distribuer des romans à caractère sexuel - et changer ce point retirerait tout son intérêt.

Désolé, ça part un peu dans tous les sens, mais je me pose énormément de questions depuis longtemps. Je suis très attaché à cette histoire, aux personnages, vous savez à quel point c'est important de savoir s'ils peuvent plaire eux aussi à un public, et de préférence conséquent.
Donc en bref : vous pensez que c'est trop de niche ? Ou au contraire trop dans plusieurs cases et pas assez dans une, donc risque de désintérêt pour tout le monde ?
 
Séléné.C
   
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Séléné.C  /  La femme qui tomba amoureuse de la lune


Ce qui définira vraiment que ce soit "de niche" ou pas, c'est le genre dont ça se rapprochera une fois terminé.
Mais en effet, ce projet n'est pas évident à ajuster, et en ceci, on peut le dire "niche", car il y a beaucoup de choses dont il pourra se rapprocher sans pour autant en être.
Beaucoup de risques que les éditeurs trouvent qu'il n'est pas dans leur ligne, et presque autant que d'autres éditeurs demandent de gros remaniements.

Mon conseil n°1 ne vaut que ce qu'il vaut : viser la littérature blanche, en misant tout sur le style.
Conseil n°2, plus réaliste : cibler le public romance.

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BoiséeNoire
   
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BoiséeNoire  /  Guère épais


Je suis assez d'accord sur le conseil ci-haut qui dit soit romance soit blanche.

J'ai publié une trilogie de romance à caractères BDSM chez un très gros éditeur de romance, donc les éditeurs de romance ne sont pas fermés à l'érotisme et au spicy. En revanche, le roman doit quand même coller aux codes (très stricts) de la romance.

Cela pourrait peut-être intéresser des éditeurs érotiques dans le genre La Musardine également.
Si tu dis que tu n'as pas eu de réponse chez ces éditeurs... le problème est peut-être autre (style, longueur, construction...) Il faut garder en tête que la publication d'un premier manuscrit n'est pas quelque chose de facile dans la plupart des cas.
 
sromey
   
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Cela ne concerne pas nécessairement ton texte, que je ne connais évidemment pas, mais à lire ton post, la première chose qui m'est venue à l'esprit est la phrase de Tolstoï qui commence Anna Karénine:

"Les familles heureuses se ressemblent toutes ; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon."

Ce que les lecteurs ont l'habitude/l'envie de lire (et par extension les ME), c'est du conflit, des obstacles (sans nécessairement tomber dans la dark ou le toxique).
Je l'ai vu récemment dans une bêta lecture, l'auteur voulait une longue section de "bonheur" au milieu. Eh bien, le bonheur... c'est (souvent) barbant à lire.

Je fais le lien avec les mémoires de Laura Ingalls (qui ont été la source de la série à succès), on dit que sa fille journaliste dans un tabloïd de l'époque avait lourdement remanié pour y ajouter de l'intérêt.
 
Sarashina
   
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Essaie Le Tripode ! Ils ont l'air de faire dans les romans qui cassent les codes.
https://le-tripode.net/
Visiblement en plus ils n'ont rien contre l'érotisme quand on voit certains romans qu'ils publient : https://le-tripode.net/livre/leo-barthe/de-la-vie-dune-chienne
Ou encore : https://le-tripode.net/livre/remy-disdero/lhomme-au-sexe-usuel

Par contre je pense qu'il faut vraiment travailler la forme autant que le fond, ils ont l'air sélectifs.
En ligne
 
RubisCube
   
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RubisCube  /  Magicien d'Oz


Séléné.C a écrit:
Ce qui définira vraiment que ce soit "de niche" ou pas, c'est le genre dont ça se rapprochera une fois terminé.
Le truc, c'est que techniquement, l'écriture est terminée. Tous les tomes, du début à la fin. C'est pour ça que je me pose beaucoup de questions.

Effectivement, le style s'en rapprochant sans doute le plus serait la romance, plus précisément la romance érotique. S'il y a énormément de scènes de sexe, pour autant il y a des chapitres entiers où les personnages vivent leur vie, avec leurs interactions (les persos ne font vraiment l'amour qu'à partir du chapitre 3). Parfois il peut y avoir des conversations autour de la sexualité, voire plus chaudes, mais on a du développement plus général.
Et quand bien même, les instants câlins sont de durée variable narrativement parlant (survolées, détaillées, mentionnées, ou bien le plan s'arrête au début des préliminaires ou commence à la fin de la bataille). J'ai vraiment tenu à ces variations, vu que la frontière entre "C'est excitant" et "Au secours" est ténue, et peut-être plus encore quand il s'agit de sexe j'ai l'impression.


BoiséeNoire a écrit:
J'ai publié une trilogie de romance à caractères BDSM chez un très gros éditeur de romance, donc les éditeurs de romance ne sont pas fermés à l'érotisme et au spicy. En revanche, le roman doit quand même coller aux codes (très stricts) de la romance.
Comme dit plus haut, je pense que le roman coche l'essentiel (si on veut être très pointilleux sur les détails) des critères de la romance :
- Rencontre entre inconnus, le couple se forme relativement vite en écriture (si cela prend quelques mois en narration, ça vient assez tôt en termes de pages).
- La relation se développe, est saine, on a des moments de complicité (mais en évitant les mièvreries de type "bébou jtm")
- S'ils passent à du couple libre, ils restent toujours ensemble dans un très bon rapport, avec de la communication, toujours des moments uniques à deux... bref, ça se passe bien. Ils font bien la différence entre amour et désir
- Fin heureuse
Spoiler:

Alors à moins qu'il y ait un point que j'ai oublié ou mal compris, ça me paraît dans la bonne catégorie.

Quelle a été ta grosse maison ? Si c'est le BDSM qui fonctionne, je suis mal barré vu que c'est pas du tout ma came, en fiction comme en réalité  Neutral


sromey a écrit:
la première chose qui m'est venue à l'esprit est la phrase de Tolstoï qui commence Anna Karénine:

"Les familles heureuses se ressemblent toutes ; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon."

Ce que les lecteurs ont l'habitude/l'envie de lire (et par extension les ME), c'est du conflit, des obstacles (sans nécessairement tomber dans la dark ou le toxique).
Est-ce vraiment le conflit que veulent les gens, ou des rebondissements ? Dans mon cas, les personnages sont surtout heureux pour pouvoir davantage développer d'autres thématiques, qu'il aurait été trop compliqué de faire dans un cadre moins propice (allongement de l'histoire, risques de hors sujet).  Et faire un couple libre permet aussi d'apporter un peu de variété, des approches différentes, des complicités différentes.
Tolstoï a fait une excellente phrase d'accroche, pour autant je ne pense pas que ce soit la vérité. Quelqu'un qui te raconte comment tel domaine le rend heureux (notamment s'il est passionné) sera plus intéressant que quelqu'un qui s'en plaint. Il y a aussi une différence culturelle entre littérature russe et française (l'âme russe, tout ça). Perso, les histoires où il n'arrive que des tuiles aux héros sans que ce soit dans un cadre comique, c'est tout autant barbant que de l'eau de rose en mode "mon bébé d'amour je t'aime - non, moi je t'aime - non, c'est moi".

Vous direz peut-être que je refuse de me remettre en question et que c'est un autre problème, mais je suis conscient de ces thématiques et j'ai quand même voulu intégrer des rebondissements, des moments de doutes... mais difficile de développer sans raconter tout le livre. C'est peut-être là que le bât blesse : difficile de traiter les subtilités quand on doit faire un synopsis ou un résumé de 10 lignes max.


Sarashina a écrit:
Essaie Le Tripode ! Ils ont l'air de faire dans les romans qui cassent les codes.
Visiblement en plus ils n'ont rien contre l'érotisme quand on voit certains romans qu'ils publient :
Par contre je pense qu'il faut vraiment travailler la forme autant que le fond, ils ont l'air sélectifs.
Merci ! J'irai jeter un oeil. Et étant très à cheval moi aussi au moins sur la forme (français, aération... enfin comme tout le monde ici j'imagine), sur ce point ça devrait aller. Sur le fond... on verra bien.
 
BoiséeNoire
   
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BoiséeNoire  /  Guère épais


Au-delà de la fin heureuse et de la rencontre, la romance est un genre ultra codé au niveau des personnages et de l'intrigue. Il y a une certaine "façon" d'écrire la romance que les éditeurs recherchent en ce moment et sur laquelle j'aurais du mal à mettre des mots. Le plus simple, c'est d'aller lire ce qui fonctionne bien en ce moment. Identifier les tropes peut aussi t'aider : enemies-to-lovers, friends-to-lovers, stepbrother, boss romance, one bed, forced proximity, mariage arrangé, knife-to-throat, etc.

Je suis éditée chez plusieurs éditeurs de romance, mais ma trilogie BDSM est parue chez &H.
 

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