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| Quelle est l'importance d'un "beau" style ? | |
| | Nombre de messages : 192 Âge : 36 Localisation : Paris Pensée du jour : Ou pas ? Date d'inscription : 31/10/2021 | Hortense / Tycho l'homoncule Sam 31 Aoû 2024 - 12:00 | |
| Bonjour,
Thème vaste... Je vais essayer de ne pas trop m'étendre.
D'abord, je privilégie comme lecteur⋅rice les romans avec un style convenable et une histoire intéressante. S'il n'y a que du style et pas d'histoire, ou une histoire mais un style atroce, je viens rarement au bout de ma lecture, et j'en veux à l'auteur⋅e de m'avoir imposé une telle souffrance. (Oui, les deux me sont arrivés.) Les romans que je préfère ont en général un bon style et une bonne histoire. C'est plutôt rare que les deux soient bons, et très peu de romans m'ont mis des étoiles dans les yeux avec un style et une histoire extraordinaire.
Ensuite, pour la question sur le style efficace vs. esthétique, eh bien je dirais les deux mon ami ! En réalité, ce que j'aime le plus, c'est un style qui s'accorde à l'histoire. On voit mal un polar avoir un style esthétique avec des métaphores filées. En revanche, si le style est sec, factuel, froid, ça marche bien. C'est d'ailleurs ce qui me désole le plus dans de nombreux textes : on essaie de faire de l'esthétisme – et parfois on y arrive –, mais avec une histoire qui n'y est pas du tout adaptée, ou à l'inverse, l'histoire se prêterait à une forme d'esthétisme, et l'auteur nous sort un style journalistique. C'est un peu comme si vous mettiez une musique de romance dans un film d'horreur, ou l'inverse : ça sonne inévitablement faux.
Il y a une dernière question que j'aimerais à mon tour poser : qui définit ce qui est esthétique et selon quels critères ? Parce que j'ai l'impression que c'est aussi une façon de dénigrer d'autres styles. L'esthétisme au sens où il semble être entendu ici, ne peut s'appliquer qu'à de la littérature blanche, poétique et donc centrée non sur une histoire, mais sur des réflexions, analyse de soi, etc. Viser cette forme d'esthétisme comme aboutissement littéraire, c'est mettre la blanche au sommet de la culture littéraire. Il y a donc une échelle de valeurs où le polar serait tout en bas (style sec) et la blanche tout en haut (style esthétique). Mais c'est dénigrant pour les autres auteur⋅e⋅s et lecteur⋅rice⋅s, surtout dans un monde où les romans de blanche, s'ils gagnent la plupart des prix prestigieux, n'en restent pas moins réservés à une certaine élite parisienne et exclusive des autres. (Et ça n'est pas compatible avec ma vision de la culture au XXIe siècle.) |
| | Nombre de messages : 325 Âge : 30 Localisation : France Pensée du jour : Écrire est un travail Date d'inscription : 01/12/2020 | Sasha Dahanramsar / Tapage au bout de la nuit Dim 1 Sep 2024 - 17:49 | |
| Si la question est « doit-on utiliser un maximum ou un minimum de figures de style », je me permettrais de paraphraser un créateur de contenu que j’apprécie en répondant : quel est le but ? À quoi ça sert ? Est-ce que ça sert le récit et le lectorat ? Si la figure de style est pertinente, jolie, qu’elle sert le récit, les personnes, l’intrigue et qu’elle n’entrave pas la lecture, utilise-là. Sinon, ne l’utilise pas. Je fais au cas par cas. Je ne cherche ni à en utiliser le plus possible, ni le moins possible. Je cherche à en utiliser quand c’est pertinent et à m’abstenir quand c’est pertinent. |
| | Nombre de messages : 32 Âge : 30 Localisation : Pays d'Ys. Pensée du jour : "(...) perseverare diabolicum." Date d'inscription : 27/08/2024 | CalimeroBis / Petit chose Dim 1 Sep 2024 - 23:08 | |
| Avec le temps je remarque que je peux tout à fait m’intéresser à une histoire passable si le style est excellent. L’inverse en revanche ne fonctionne pas : dès que le style est médiocre (ça me sidère toujours pour des auteurs publiés mais ça arrive régulièrement) le livre me tombe vite des mains, même si l’histoire est passionnante ou le concept dément.
Donc pour la question qui nous intéresse, je choisirai toujours le style sur l’histoire mais évidemment le Graal du lecteur c’est l’équilibre des deux pôles (un bon livre serait donc un savant numéro d’équilibriste ? ) |
| | Nombre de messages : 1262 Âge : 37 Date d'inscription : 11/07/2022 | Mika / Tentatrice chauve Lun 2 Sep 2024 - 6:40 | |
| Avoir un bon style ne signifie pas démultiplier les figures de style. Tu risques juste de noyer l'histoire dans un style pompeux et emmerder le lecteur qui doit démêler le tout, au lieu de lire.
Pour moi, un bon style arrive à immerger le lecteur dans l'histoire, réussit à créer un décor intérieur dans lequel se jouent des actions et des dialogues. Ceux qui arrivent bien à le faire se comptent sur les doigts de la main. Aller au plus simple - trouver les bonnes images et instiller une sorte de musicalité intérieure à la lecture - est souvent l'exercice le plus difficile à mon sens. C'est ce qui définit un bon style pour moi. |
| | Nombre de messages : 4068 Âge : 43 Localisation : Région Parisienne Date d'inscription : 11/01/2019 | Jimilie Croquette / De l'Importance d'être Constamment Là Lun 2 Sep 2024 - 8:21 | |
| Une chose à laquelle je suis sensible, et qui me fait dire « cet·te autaire sait écrire », c’est la précision du vocabulaire. Comme expliqué dans « le cercle des poètes disparus », « TRÈS » est un mot paresseux. Il est très beau / il est splendide. Il est très heureux/ il est radieux. Il est très triste/ il est malheureux. (À adapter au contexte évidemment). Je suis admirative des autaires qui parviennent à placer des mots avec un sens très fin dans leurs textes ; j’ai relevé « un homme affable » chez Victor Hugo par exemple (et je me suis dit qu’il fallait que je retienne ce mot.) Une autre phrase que j’admire : « ma transpiration se découvrait des ongles » (Yasmina Khadra, ce que le jour doit à la nuit). J’ai trouvé la phrase parfaite. Je comprends immédiatement l’image, en peu de mots je saisis parfaitement la sensation. Je trouve alors que c’est bien écrit. À mon sens, c’est là que réside l’habileté des écrivain·es. À l’inverse, je trouve mal écrit : la formule « ce que machin faisait, c’est.. » (oui je l’ai utilisé en première phrase de ce post). Ainsi que souvent, les formules passives qui, je trouve, alourdissent la lecture. Exemple : « La lecture est alourdie par les formules passives. » Encore une fois, tout dépend du contexte, de la fréquence, etc. Mais quand je beta-lis un texte et que je trouve une formule passive, je vais tenter de la retourner pour voir si ça ne serait pas plus joli dans l’autre sens. - Spoiler:
Enfin, les « m’écrié-je » bousillent n’importe quel texte (y compris les miens.) un texte qui contient la conjugaison é-je a 99% de chances de me déplaire.
EDIT : et je réalise que ça n'est pas la question posée. La question étant : "quelle est l'importance" ? Eh bien... ça dépend ? Les pièces montées, c'est technique, c'est cher, c'est gastronomique et c'est remarquable ; mais des fois on a envie d'une fraise tagada. |
| | Nombre de messages : 1262 Âge : 37 Date d'inscription : 11/07/2022 | Mika / Tentatrice chauve Mar 3 Sep 2024 - 3:39 | |
| - Jimilie Croquette a écrit:
- Une chose à laquelle je suis sensible, et qui me fait dire « cet·te autaire sait écrire », c’est la précision du vocabulaire.
Je suis d'accord. Avoir une richesse dans son vocabulaire est un plus en tant qu'auteur... quand on sait bien l'utiliser. Parfois il vaut aussi mieux aller vers ce qui parle le plus aux lecteurs. Pour ma part, je n'ai rien contre les "très". Au contraire, Ils apportent une nuance particulière voire un coté oral au texte. Je suis en revanche hyper contre les "un peu", "semble". Ceux à qui j'ai BL le texte le savent Ces "un peu" etc rendent l'idée moins précise voire la contredise carrément. "Il est un peu inquiet" > c'est à dire ? Il est inquiet ou non ? Ça me hérisse le poil cette imprécision. Mon coté scientifique me fait aimer les termes précis, quitte à les répéter. Et là se situe parfois mon problème : un mot désigne quelque chose et pas son synonyme. C'est un dur équilibre à trouver pour moi entre précision et répétition. En science, on crée une abréviation pour ne pas répéter un terme à tout va, solution qui ne s'applique pas du tout en littérature ! |
| | Nombre de messages : 1126 Âge : 51 Localisation : Paris 20 Date d'inscription : 04/08/2022 | josephcurwan / Effleure du mal Mar 3 Sep 2024 - 9:31 | |
| - Jdoo a écrit:
- Beau, c'est un jugement de valeur, donc en fin de compte ça n'a aucune importance.
qu'est-ce qui a de l'importance, alors ? |
| | Nombre de messages : 1262 Âge : 37 Date d'inscription : 11/07/2022 | Mika / Tentatrice chauve Mer 11 Sep 2024 - 2:17 | |
| Pour moi, ce qui a de l'importance, c'est que les mots s'effacent à la lecture, que seuls restent les images, les sons, les odeurs, les émotions. |
| | Nombre de messages : 2380 Âge : 23 Localisation : Québec Date d'inscription : 22/02/2020 | BoiséeNoire / Guère épais Dim 29 Sep 2024 - 0:19 | |
| Ça dépend des genres.
Dans un livre qui s'appuie seulement sur la langue et peu sur l'histoire, le style fera tout.
Dans une romance... si y'a des figures de style à toutes les phrases, des mots compliqués que je ne comprends pas, des phrases longues, des métaphores à gogo... franchement, je vais me faire ch*er. Je suis pas là pour ça. Je préfère un style simple qui va droit au but, dont je n'ai pas besoin d'und dictionnaire pour comprendre. Amenez-moi des personnages marquants, des joutes verbales saignantes et faites-moi vivre des émotions! |
| | Nombre de messages : 1782 Âge : 30 Date d'inscription : 30/03/2023 | Docal / Fiancée roide Dim 29 Sep 2024 - 9:27 | |
| Pour ma part, je ne suis pas sensible au "beau" à l'écrit.
Quoi que j'ai pu lire, je n'ai jamais vraiment trouvé un texte "beau", que ce soit en prose, en poésie ou ailleurs.
La sensation que j'ai qui puisse le plus s'en rapprocher, c'est de trouver une idée, une tournure, ingénieuse. C'est me dire "c'est vraiment pas con" ou "elle est bien trouvée celle là" ou même tout simplement trouver une formule drôle ou originale.
En soi, les figures de style pour le style, les adjectifs ronflants et les tournures poétiques, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre.
C'est d'ailleurs pour ça que j'ai tendance à préférer la fiction spéculative, j'y trouve souvent plus de ces choses que j'aime.
Mais pour en revenir à la question de base : un style que j'apprécie (à défaut de le trouver beau) va me permettre de ne pas passer un mauvais moment en lisant une œuvre qui m'aurait autrement fait royalement chier mais ne me fera pas pour autant ressortir avec une bonne appréciation de l’œuvre en question. (ma dernière lecture dans ce genre c'est "Gagner la guerre", narrativement vide mais joliment dit) En revanche, un style que j'apprécie au service d'idées intéressantes saura les sublimer. ( ce qui fait que j'apprécie énormément Terry Pratchett qui propose des "Et si... ?" fascinant et les présente avec un style qui s'y prête très bien) |
| | Nombre de messages : 21 Âge : 39 Localisation : Alsace Date d'inscription : 23/09/2024 | L.L.Ebel / Homme invisible Dim 29 Sep 2024 - 10:28 | |
| - Ali Chamyl a écrit:
- En fait, ce que je demande, c'est ce que vous privilégiez entre un style qui est efficace et très fluide et un style esthétique avec notamment des figures de style.
En tant que lectrice, j'ai une préférence pour la fluidité. Mais selon moi, ça dépend de l'intention du récit, du genre, du public visé, etc. "L'esthétique" d'un style peut aussi prendre 1000 formes, et dépend complètement de la maîtrise l'auteurice ! J'ai déjà dévoré des récits au style très complexe et travaillé, et abandonné des trucs de la même veine que j'ai trouvé ultra pompeux et incompréhensibles… En tant qu'autrice de drames/romances contemporaines, écrire de belles phrases n'est pas du tout quelque chose d'important, lors du premier jet du moins. Je concentre mon attention sur l'histoire et les émotions. En revanche, je consacre une grande partie de la partie réécriture à l'amélioration esthétique de mon texte. Je fais des jolies phrases, j'enrichis mon vocabulaire. Mais pour le genre d'histoire que je raconte, je privilégie effectivement la fluidité. |
| | Nombre de messages : 225 Âge : 46 Localisation : Wenzhou - Chine Pensée du jour : À vérifier demain Date d'inscription : 18/02/2024 | Valatha / Autostoppeur galactique Dim 29 Sep 2024 - 12:26 | |
| Bonjour, J’ai hésité à l’écrire (par expérience, j’ai une petite idée de comment les gens vont le voir), mais bon, considérant que je ne dis de mal de personne (d’après moi, en tout cas). J’irais sous cet angle. Et, comme à mon habitude, nous allons imaginer une situation fictive (si vous jouez le jeu, c’est encore mieux) . Nous venons de finir d’écrire notre livre et notre livre va gagner un prix. Mais lequel ? On ne peut gagner qu’un seul prix. On va supposer deux prix de disponibles (mais on peut en avoir autant qu’il y a d’être humains sur la planète Terre) et l’un comme l’autre donnent exactement la même somme d’argent et la même notoriété. Sauf que les critères ne sont pas les mêmes. Donc ainsi, pas de jaloux. 1 – Le prix de la littérature : seulement des professionnelles, des académiciens, des personnes de référence dans le milieu de l’écriture le donnent. 2 – Le prix du public : seuls les lecteurs en tout genre, mais nullement des professionnels de l’écriture, peuvent le donner. L a seule question importante serait : lequel de ces deux prix aimeriez-vous recevoir ? Parce qu’au fond, si un livre est publié, il doit quand même posséder une écriture et une histoire correctes, non ? Par d’exemple, en considérant mon écrit (si jamais il voit le jour et ne pourra pas exister sans plusieurs auteurs. Une obligation. Un problème pour demain), le genre de prix qui auront de la valeur à mes yeux : prix des créatures vivantes (humains et animaux) ou prix de la créativité. Les deux choses qui m’ont guidé me guident et me guideront. Mais il y aussi qui donne ce prix. Si je dois considérer le prix des créatures vivantes. Venant des personnes qui ont souffert dans notre passé (et souffrent encore), cela aurait bien plus de valeur pour moi. Et si, en plus, les animaux pouvaient aussi voter, moi, je vais danser encore et encore de joie. Pour le prix de la créativité, sa valeur est augmentée si remit par des individus qui ont changé notre monde (de préférence en bien) en faisant preuve d’originalité, d’audace. Ceux qui font que ça change et non ceux qui jouent aux moutons. On peut imaginer tous les genres de prix : prix des dialogues, prix de l’humour, prix du pire antagoniste, prix de l’amour, prix de l’insulte, prix de la France, prix de la stupidité, etc. Conclusion : quelle est la chose que nous voyons comme la plus importante quand nous écrivons cette histoire précise ? Et qui nous considérons comme le meilleur juge ? Cela n’appartient qu’à nous. En espérant donner une information pertinente sans insulte ou préjugés. Merci beaucoup. |
| | Nombre de messages : 45 Âge : 23 Date d'inscription : 23/01/2024 | Nakyh / Petit chose Lun 14 Oct 2024 - 14:02 | |
| Salut,
Je suis plutôt de ton avis : le style, c’est un peu comme un couteau à double tranchant. Perso, j’ai longtemps cru qu’il fallait que tout soit « beau » et sophistiqué pour que mon texte ait de la valeur. Du coup, je bourrais mes phrases de métaphores et de mots que personne n’utilise dans la vraie vie. Ça rendait l’ensemble trop lourd, et je m’y perdais.
Aujourd’hui, je privilégie la fluidité. Si mes lecteurs peuvent entrer facilement dans l’histoire et ne sont pas bloqués par des tournures trop complexes, c’est déjà une victoire pour moi. Après, ça ne veut pas dire que j’évite totalement les belles phrases, mais je les garde pour les moments clés, où ça peut vraiment avoir un impact.
Pour moi, la « beauté » du style doit servir le récit, pas l’inverse. Et comme tu dis, c’est avec l’expérience qu’on apprend à trouver le juste milieu. Chaque étape est importante dans notre évolution d’auteur ! |
| | Nombre de messages : 1782 Âge : 30 Date d'inscription : 30/03/2023 | Docal / Fiancée roide Lun 14 Oct 2024 - 14:19 | |
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