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 Ce qui vous empêche d’écrire

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Thomas
   
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Jdoo qui parle de son rapport à l'écriture :

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Jdoo
   
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Cosmos
   
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Cosmos  /  Tapage au bout de la nuit


Pèlerine a écrit:
Mon désir de perfection a progressivement étouffé le plaisir d’écrire. Je peux mettre des mois à écrire une page, la lire et la relire dix fois, me fatiguer, me décourager et revenir à la case départ. Mes moments d’écriture m’apportaient autrefois beaucoup de joie et d’excitation. Aujourd’hui, ils me stressent et deviennent une corvée pour laquelle je procrastine. Cette absence de lâcher-prise me freine énormément, et mes écrits sur une année sont courts et se comptent sur les doigts d’une main.
As tu tenté le Nanowrimo ? un mois pour écrire un roman de 50 000 mots, ça oblige à ne pas trop réfléchir sur la tournure des phrases... + tard viendra la réécriture... (évidemment c'est mieux d'avoir préparé un plan avant je pense, histoire d'être un peu guidée dans l'écriture !)
 
MBG
   
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Franchement, la procrastination.
Si j'ai trop de temps, je n'arrive à rien.
Je suis prof, je me suis dégagé du temps pour écrire cet été. Je n'ai rien fait de productif.
Par contre quand la rentrée arrive, que je dois gérer mes élèves, faire mes deux heures et demi de trajets quotidien, faire les courses, engueuler ma fille, organiser des réunions, faire les trajets taxi-mum, bizarrement ça va mieux.
Quand j'ai une heure devant moi, je me dis qu'il faut y aller à fond car le reste de la journée, ce sera la course...

Bref, plus je suis débordée, mieux ça va. J'ai toujours été comme ça...
Il y a a 10 ans, j'ai passé mon Capes, tout en finissant mon master d'Histoire, en ayant un boulot à temps plein et une fille de 5 ans.
J'aurais pris une année sabbatique, je suis sûre que ça n'aurait pas marché...
 
jln92
   
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jln92  /  Barge de Radetzky


Grand merci à toutes et tous pour ces témoignages qui nous font tout de suite sentir moins seuls.es. Je me retrouve dans beaucoup d'entre vous, à la fois dans vos blocages et dans vos manœuvres pour y remédier.

À ma courte échelle, j'ai parfois l'impression d'avoir “tout essayé” pour libérer ma plume, sans succès, soit en “rusant contre moi-même”, soit en m'obligeant à taire la douleur et serrer les dents. Ça a pris plein de formes : je n'arrive pas à terminer un texte long (c'était ça le blocage névralgique chez moi), alors je vais m'entraîner avec des nouvelles. J'arrive à faire des nouvelles qui me satisfont, alors je retente le roman. Je n'y arrive toujours pas, alors je me gave de dramaturgie et de narratologie. Je me sens en maîtrise des arcanes du récit, je retente le roman. Je n'y arrive toujours pas, alors je change de méthode, c'est la façon d'écrire le roman qui doit changer. Je participe au Nano, je me contrains à coucher ces 1667 mots par jour sans regarder en arrière. J'y arrive. Mais j'ai le sentiment d'y avoir mis si peu d'implication que je ne relis jamais ce manuscrit,  je peine même à considérer avoir effectivement “écrit un roman” (alors que le texte fait bien 200 pages, a un début et une fin). Je me retire en moi, estimant que c'est une inadéquation entre mes sujets d'écriture et mes inclinations profondes qui pose problème. Je reviens avec des idées fraiches, je retente un roman. Je n'y arrive pas. Je lance l'écriture d'un roman directement sur le forum en espérant que cet “engagement public” me motive et/ou m'oblige. Je n'y arrive pas. Je désespère.

Ce que je crois comprendre de tout ça, c'est que le blocage n'est plus tant dans l'écriture ou l'acte d'écrire lui-même, mais dans  la perception que j'imagine qu'autrui a de l'écriture. Je reformule : je crois que ce qui bloque, c'est mon rapport aux regards des autres. Un roman abouti serait comme le prolongement direct de mon être, ses qualités et ses défauts seraient les miens. S'il était questionné et jugé, ce qui est le lot de toute production artistique, ce serait aussi douloureux qu'une critique publique de ma personne entière. C'est pour ça, par exemple, que j'ai du mal à intégrer des personnages vulgaires à mes textes : parce que je n'ai pas envie d'être perçu moi-même comme vulgaire. L'écriture à mon stade n'est plus seulement un hobby ou une passion : c'est une sorte de concours qu'il conviendrait de remporter haut la main. Et comme l'ont souligné beaucoup, l'écriture d'un texte long implique nécessairement de passer par des étapes où nos textes sont informes ; or cette seule vision, et surtout la prémonition qui l'accompagne, c'est-à-dire celle que le texte entier pourrait finir par être raté, suffit à m'épouvanter assez pour que j'abandonne ce texte de peur d'être plus tard exposé à son indiscutable ratage. Comprenez bien : si ce texte long sur lequel j'ai concentré tous mes efforts finissait par être mauvais, alors ce serait l'aveu que je le suis aussi, et que tous les choix de ma vie et les heures que j'ai passées en rapport avec l'écriture étaient des erreurs.

Je force un peu le trait, mais on a connu posture plus sereine, hein. Pour l'instant je n'ai pas de solution à proposer, n'ayant pas surmonté l'obstacle. Mais ma libération passera sans doute par le renouvellement complet de ma perception de l'écriture  et des raisons pour lesquelles je m'y adonne. 2 be continued, comme on dit.


Dernière édition par jln92 le Sam 24 Aoû 2024 - 12:20, édité 3 fois
 
Ed.n
   
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Ed.n  /  Tapage au bout de la nuit


Un frein majeur dans ma volonté d'écrire plus souvent réside dans ce que Noxer a évoqué dans son journal, c'est-à-dire cette incapacité à se dépasser, à enfermer son nombril sous une cloche noire, pour créer ce qu'on appellerait une œuvre qui parlerait au plus grand nombre. Écrire pour se faire plaisir et passer le temps finit par me lasser. Le cortex a besoin de dopamine comme dit Jdoo, et mon écriture ressemble plus à une vieille boulette de shit coupée au plastique, elle ne m'en apporte pas assez Smile
 
Cosmos
   
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Cosmos  /  Tapage au bout de la nuit


jln92 a écrit:
Grand merci à toutes et tous pour ces témoignages qui nous font tout de suite sentir moins seuls.es. Je me retrouve dans beaucoup d'entre vous, à la fois dans vos blocages et dans vos manœuvres pour y remédier.

À ma courte échelle, j'ai parfois l'impression d'avoir “tout essayé” pour libérer ma plume, sans succès, soit en “rusant contre moi-même”, soit en m'obligeant à taire la douleur et serrer les dents. Ça a pris plein de formes : je n'arrive pas à terminer un texte long (c'était ça le blocage névralgique chez moi), alors je vais m'entraîner avec des nouvelles. J'arrive à faire des nouvelles qui me satisfont, alors je retente le roman. Je n'y arrive toujours pas, alors je me gave de dramaturgie et de narratologie. Je me sens en maîtrise des arcanes du récit, je retente le roman. Je n'y arrive toujours pas, alors je change de méthode, c'est la façon d'écrire le roman qui doit changer. Je participe au Nano, je me contrains à coucher ces 1667 mots par jour sans regarder en arrière. J'y arrive. Mais j'ai le sentiment d'y avoir mis si peu d'implication que je ne relis jamais ce manuscrit,  je peine même à considérer avoir effectivement “écrit un roman” (alors que le texte fait bien 200 pages, a un début et une fin). Je me retire en moi, estimant que c'est une inadéquation entre mes sujets d'écriture et mes velléités profondes qui pose problème. Je reviens avec des idées fraiches, je retente un roman. Je n'y arrive pas. Je lance l'écriture d'un roman directement sur le forum en espérant que cet “engagement public” me motive et/ou m'oblige. Je n'y arrive pas. Je désespère.

Ce que je crois comprendre de tout ça, c'est que le blocage n'est plus tant dans l'écriture ou l'acte d'écrire lui-même, mais dans  la perception que j'imagine qu'autrui a de l'écriture. Je reformule : je crois que ce qui bloque, c'est mon rapport aux regards des autres. Un roman abouti serait comme le prolongement direct de mon être, ses qualités et ses défauts seraient les miens. S'il était questionné et jugé, ce qui est le lot de toute production artistique, ce serait aussi douloureux qu'une critique publique de ma personne entière. C'est pour ça, par exemple, que j'ai du mal à intégrer des personnages vulgaires à mes textes : parce que je n'ai pas envie d'être perçu moi-même comme vulgaire. L'écriture à mon stade n'est plus seulement un hobby ou une passion : c'est une sorte de concours qu'il conviendrait de remporter haut la main. Et comme l'ont souligné beaucoup, l'écriture d'un texte long implique nécessairement de passer par des étapes où nos textes sont informes ; or cette seule vision, et surtout la prémonition qui l'accompagne, c'est-à-dire celle que le texte entier pourrait finir par être raté, suffit à m'épouvanter assez pour que j'abandonne ce texte de peur d'être plus tard exposé à son indiscutable ratage. Comprenez bien : si ce texte long sur lequel j'ai concentré tous mes efforts finissait par être mauvais, alors ce serait l'aveu que je le suis aussi, et que tous les choix de ma vie et les heures que j'ai passées en rapport avec l'écriture étaient des erreurs.

Je force un peu le trait, mais on a connu posture plus sereine, hein. Pour l'instant je n'ai pas de solution à proposer, n'ayant pas surmonté l'obstacle. Mais ma libération passera sans doute par le renouvellement complet de ma perception de l'écriture  et des raisons pour lesquelles je m'y adonne. 2 be continued, comme on dit.

Belle analyse de ton cheminement...
Je pense que ça évoluera, quand tu accepteras que 1/ aucun écrit n'est parfait, et qu'on apprend, évolue, se perfectionne au fil du temps et des écrits ; 2/ la vie est courte, si tu veux écrire et être publié va falloir s'y mettre... Parce qu'après on se retrouve vieux et dépité d'avoir perdu du temps... Wink

As tu essayé de faire un plan, puis d'écrire ton roman ? (quitte à dévier un peu du plan, mais au moins tu as une base d'histoire qui te satisfait)
Mais bon, oui, ça se joue dans la tête d'abord, faut lâcher tes inhibitions, ta peur d'être jugé... et te rappeler pourquoi tu écris... Et se dire que tout le monde n'aimera pas ce que tu écris, c'est comme ça, même les plus grands auteurs ne sont pas appréciés de tous...
 
jln92
   
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Cosmos a écrit:
Belle analyse de ton cheminement...
Je pense que ça évoluera, quand tu accepteras que 1/ aucun écrit n'est parfait, et qu'on apprend, évolue, se perfectionne au fil du temps et des écrits ; 2/ la vie est courte, si tu veux écrire et être publié va falloir s'y mettre... Parce qu'après on se retrouve vieux et dépité d'avoir perdu du temps... Wink

As tu essayé de faire un plan, puis d'écrire ton roman ? (quitte à dévier un peu du plan, mais au moins tu as une base d'histoire qui te satisfait)
Mais bon, oui, ça se joue dans la tête d'abord, faut lâcher tes inhibitions, ta peur d'être jugé... et te rappeler pourquoi tu écris... Et se dire que tout le monde n'aimera pas ce que tu écris, c'est comme ça, même les plus grands auteurs ne sont pas appréciés de tous...

Le document préparatoire/plan de mon dernier texte faisait près de 200 pages... :mrgreen: Je m'étais dit cette fois, après avoir échoué avec des plans courts, des plans moyens, des plans longs, et sans aucun plan, chacun pour des histoires similaires ou différentes, qu'en amassant une énorme quantité d'informations, il me suffirait ensuite de tailler dans la brousse pour sculpter le roman... Niet ! En 15 ans d'écriture, quelle que soit la méthode, tous mes romans (sauf un, donc) sont restés à l'état d'ébauche. Non j'insiste, je crois que je suis pas loin d'avoir tout essayé dans la façon d'écrire. La conclusion qui s'impose est que si toutes ces méthodes — éprouvées par ailleurs — ont échouées les unes après les autres c'est que le problème vient nécessairement de moi. Il faut voir le positif là-dedans : j'ai peut-être enfin mis le doigt sur le fondement de mon blocage. Mais oui, cette “perfectionnite”, c'est chez moi la manifestation d'une littérature perçue comme moyen de valorisation, de plaire, ni plus ni moins. C'est de ce même souci qu'émanent tous les symptômes qui viennent ensuite gripper la machine : 1) recherche systématique de sophistication/complexité, soit dans la structure du récit/son fond, soit dans la forme, le style, qui placent d'emblée la barre à des hauteurs intenables sur la longueur, ce qui aboutit à un geste d'écriture contorsionné et douloureux, 2) impossibilité d'accepter un texte imparfait en cours d'écriture et la perspective qu'il puisse le demeurer à la fin. Et je pense que ça a d'autant plus de chances de toucher les plud littéraires d'entre nous, qui ont été exposé à une abondante et exigeante littérature. Comme toute remise en question, c'est très difficile en tant qu'auteur d'admettre que mon approche de l'écriture est viciée, mais je vois dans cet aveu la première étape pour y remédier. :-)
 
Sanelle
   
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jln92 a écrit:
Et je pense que ça a d'autant plus de chances de toucher les plud littéraires d'entre nous, qui ont été exposé à une abondante et exigeante littérature. Comme toute remise en question, c'est très difficile en tant qu'auteur d'admettre que mon approche de l'écriture est viciée, mais je vois dans cet aveu la première étape pour y remédier. :-)
Je suis d'accord avec toi ; je suis une littéraire, j'ai étudié et enseigné de très beaux textes, et il m'a fallu aussi dépasser l'idée que je ne pourrai jamais atteindre la cheville des grands auteurs que j'admire, me dire que mes textes seraient très en deçà de ce que je pourrais idéalement écrire avant de pouvoir finir mon roman. Au début, je me sentais frustrée et déçue de moi-même et j'ai fini par passer outre.
Plein de courage à toi !
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Cosmos
   
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Cosmos  /  Tapage au bout de la nuit


jln92 a écrit:
Le document préparatoire/plan de mon dernier texte faisait près de 200 pages... :mrgreen: Je m'étais dit cette fois, après avoir échoué avec des plans courts, des plans moyens, des plans longs, et sans aucun plan, chacun pour des histoires similaires ou différentes, qu'en amassant une énorme quantité d'informations, il me suffirait ensuite de tailler dans la brousse pour sculpter le roman... Niet ! En 15 ans d'écriture, quelle que soit la méthode, tous mes romans (sauf un, donc) sont restés à l'état d'ébauche. Non j'insiste, je crois que je suis pas loin d'avoir tout essayé dans la façon d'écrire. La conclusion qui s'impose est que si toutes ces méthodes — éprouvées par ailleurs — ont échouées les unes après les autres c'est que le problème vient nécessairement de moi. Il faut voir le positif là-dedans : j'ai peut-être enfin mis le doigt sur le fondement de mon blocage. Mais oui, cette “perfectionnite”, c'est chez moi la manifestation d'une littérature perçue comme moyen de valorisation, de plaire, ni plus ni moins. C'est de ce même souci qu'émanent tous les symptômes qui viennent ensuite gripper la machine : 1) recherche systématique de sophistication/complexité, soit dans la structure du récit/son fond, soit dans la forme, le style, qui placent d'emblée la barre à des hauteurs intenables sur la longueur, ce qui aboutit à un geste d'écriture contorsionné et douloureux, 2) impossibilité d'accepter un texte imparfait en cours d'écriture et la perspective qu'il puisse le demeurer à la fin. Et je pense que ça a d'autant plus de chances de toucher les plud littéraires d'entre nous, qui ont été exposé à une abondante et exigeante littérature. Comme toute remise en question, c'est très difficile en tant qu'auteur d'admettre que mon approche de l'écriture est viciée, mais je vois dans cet aveu la première étape pour y remédier. :-)

200 pages de préparatifs... Laughing
Effectivement faut arrêter de te comparer inconsciemment... (plus facile à dire qu'à faire oui Wink )
Peut-être écrire tous les jours en mode "il faut écrire, peu importe quoi" pendant 15, 30 minutes, des trucs persos, même "vulgaires" comme tu as dit à un moment concernant ton blocage, histoire de dépasser cette peur d'écrire des trucs pas à la hauteur, des trucs que tu ne feras lire à personne, mais dans l'idée de te débloquer ?..
Ecrire, et puis réécrire aussi certains passages que tu auras écrits (mais tjs dans l'idée que tu ne feras lire ça à personne, ça peut être juste des pensées, anecdotes, bouts d'histoire etc, peu importe), pour apprendre et accepter la réécriture...
Enfin je ne sais pas, je jette des idées là comme ça...
Bonne chance Wink
 
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Valatha  /  Autostoppeur galactique


Bonjour,
Peut-être quelque chose qui pourrait vous aider. Si en écrivant avec la tête, il y a un blocage, alors utilisez le cœur.

Pour faire simple, donc évidemment pas parfaitement véridique.
La tête = le savoir, nos lectures, la logique, nos connaissances. Donc énormément de choses qui nous rassurent.
Le cœur = nous, l’incompréhension, rien de logique, nos fragilités. Donc énormément de choses qui nous mettent face à l’inconnu.
 
Posez-vous cette question : Qu’est-ce qui fait que vous considérez la phrase devant vous comme correcte ?
Réponse (pas pour tout le monde et pas toujours) : à force de lire et d’écrire, on finit par accumuler des indices (donc la notion du « comme l’autre »), et cela nous rassure, nous fait dire que ce que nous avons devant nos yeux est bien ou très bien. Et ça, c’est la tête.

jln92 a écrit:
Mais oui, cette “perfectionnite”, c'est chez moi la manifestation d'une littérature perçue comme moyen de valorisation, de plaire, ni plus ni moins.
Et si ton « perfectionnisme » était dans ton cœur, mais que tu as refusé de le voir ? Peut-être que tu avais la chose juste devant tes yeux depuis longtemps.


Conclusion : le savoir est important, mais il ne fera pas tout pour nous. Sinon, autant demander à une AI de faire le travail.



En espérant donner une information pertinente sans insulte ou préjugés. Merci beaucoup.
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Zinzol
   
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Merci Pèlerine pour la création de ce sujet. Il s'agit je pense d'une question fondamentale, encore plus peut-être que celle de savoir "pourquoi" on écrit (si on ressent en soi le besoin, le plaisir, l'obligation d'écrire, à vrai dire la question n'a pas grand sens). Dès que l'on se lance dans l'écriture, surgissent tout un tas d'embuches, qu'elles viennent de soi ou des autres (il est parfois délicat de tracer la frontière d'ailleurs).

Je me retrouve beaucoup dans ce qu'a écrit Uraeus Zahato.
Uraeus Zahato a écrit:

C’est très prosaïque, mais moi j’ai besoin d’un salaire, d’un logement, etc. Tout ça, ça bouffe un max de temps. Or j’ai aussi besoin de temps pour écrire. Donc l’écrire se retrouve en conflit avec mon boulot et mes corvées. C’est ça qui m’empêche le plus d’écrire finalement.

Je n'ai pas (plus) de problème d'estime de moi quand j'écris. En revanche, le prosaïque, le trivial et le vital me prennent 80 à 100% de ma journée, comme presque nous tous ici je présume. A côté de cela, le corps est rarement coopératif.

J'écoutais un jour une émission sur les découvertes scientifiques. L'intervenant a dit quelque chose d'éblouissant : les découvertes ne sont pas réalisées "grâce à", mais le plus souvent "en dépit de".

La transposition à l'écriture est éclairante ce me semble : je pense que l'on écrit moins "grâce à" (l'emploi du temps idéal, les compléments alimentaires, au soutien actif des proches, bref au confort physique et mental) qu'"en dépit de". C'est justement parce que je sais que : je n'ai pas le temps, que je souffre tout le temps de quelque chose, que ce que je fais n’intéresse absolument pas mes proches, que j'ai rodé en conscience mes techniques d'écriture.

Je ne dis pas que ça fonctionne tous les jours ou à tous coups. Néanmoins, j'essaie d'établir mes propres contraintes et je garde celles qui semblent les plus adéquats. Ainsi, quand je passe en mode "pilotage automatique" grâce à mes contraintes et mes méthodes, les freins incontrôlables accèdent au rang de simples conditions objectives d'exercice de l'écriture, comme le chaud, le froid, le jour et la nuit, et ne m'empêchent pas d'avancer petit à petit.
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Ce qui m'empêche d'écrire ? A première vue j'ai envie d'évoquer mon côté perfectionniste. Concrètement je suis toujours insatisfait de ce que j'écris. Dès que j'ai une page ou deux j'éprouve le besoin immédiat de réécrire, plusieurs fois même, et pour un un résultat que je trouve systématiquement illisible.
Mais bon, si je suis un peu plus honnête je vois bien que ça m'empêche d'écrire et donc à la fin ça m'empêche de progresser et mon écriture reste la même d'année en année. Alors pourquoi ? Internet regorge de blogs et de vidéos qui prétendent nous aider à écrire mais il y a une sur-représentation des conseils pour l'édition, ce que je trouve vraiment très étrange. Mais en fait c'est là qu'est le problème, et c'est mon problème. Même si je prétends écrire pour moi, en réalité je fais partie de ces gens (et au doigt mouillé ça doit correspondre à la majorité) qui veulent être publiés ou à défaut d'écrire des textes de cette qualité. Plus ça va et plus il me paraît évident que pour ne pas être bloqué dans l'écriture il faut écrire sans penser à la publication ou le résultat final.
Je suis scientifique, et je remarque qu'on le devient très rarement en se fixant des objectifs de résultat ou de comparaison. Il faut s'y abandonner, longtemps et accepter l'errement, l'erreur, etc.
 
saltedGarlic
   
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jln92 a écrit:
Comprenez bien : si ce texte long sur lequel j'ai concentré tous mes efforts finissait par être mauvais, alors ce serait l'aveu que je le suis aussi, et que tous les choix de ma vie et les heures que j'ai passées en rapport avec l'écriture étaient des erreurs.

Ce que tu dis est très révélateur et je m'y reconnais. Ce qui est assez amusant c'est que l'écriture peut être mise en parallèle avec mon activité principale : je ferais le même constat que toi à propos de l'écriture alors que je n'ai aucun problème à considérer que pour mon activité principale je suis 'mauvais' et que je dois m'améliorer (depuis mes débuts !) mais que ça ne remet pas en question le temps que j'y ai passé parce que j'ai beaucoup appris et que j'ai vraiment aimé le faire.
 
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Je vous partage l'extrait d'un roman de John Fante, grand auteur que j'adore, au sujet de ces/ses angoisses :

“Il [NB : son chien] m’a fait du bien. Un mois après son arrivé, j’ai commencé un roman. Rien d’extraordinaire à cela. J’entamais tout le temps des romans, qui me permettaient de combler les temps morts entre deux scénarios. Mais ils tournaient court à cause de mon manque de confiance et de discipline ; je les abandonnais alors avec un sentiment de soulagement.
Écrire des scénarios était plus facile et rapportait plus de fric (…) Mais quand j’entamais un roman, ma responsabilité était terrible. J’étais non seulement le scénariste, mais aussi le héros, tous les personnages secondaires, et puis le metteur en scène, le producteur, le chef opérateur. Si votre scénario à un résultat médiocre, vous pouviez vous en prendre à un tas de gens, du metteur en scène au dernier des machinistes. Mais si mon roman faisant un flop, je souffrais seul.”
Mon Chien Stupide - John Fante (P. 69-70)
 

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