1.
Bourbe ou terre sainte
Tu supportes nos carcasses
Extirpées de ton sein
Pour qu'on te fracasse
Mais in fine c'est toujours nous les concassés brisés ramassés les alchimistes
Toi tu couves l'or
Comme le dragon son trésor
Nous délaissés du ciel
Loin de ses merveilles
On cherche le miel délicieux dans tes amas fumants, ramassis et autres bouillis
On cherche mal aux mauvais endroits
On regarde le doigt
Jamais la lune
Riche de rien si ce n'est quelques prunes
Fruits trop murs fruits inutiles sans noyau fruits décadents comme une pomme d'Adam ou d'Eve j'oublie tout le temps
J'oublie parce que je faibli
Jetée dans la maladie
Son poison me fait frémir
La caresse de la mort fait plaisir
Et après tous les tourments que je t'ai infligé alors que je t'ai méprisé opposant nature culture je reviens l'air de rien
Même la vase et la fange
Deviennent substances douceâtres
Voluptueuses un peu étranges
Quand mon âme cherche son dernier refuge un âtre fumifuge
2.
Champêtre allant
Les deux pieds dans la boue
le nez au firmament
je butine debout
au calice le bout
ton étamine.
J'explorerai tout
et plus encore
braye ta corolle
en perles de nectar
pourleche les contours
réceptacle pistil
où éclosent
intimes et crasses
nos envies.
Je bous, me délecte,
déguste un à un
grains de plaisirs
ocre pollen âcre
bourbe au goût de miel
teintes crurent
éclaboussures.
3.
Traversant pieds nus
La Bièvre en son mou
Car il naît des eaux mues
Des torrents de boue
Vers la ruche je vais
Soigner toujours les mêmes plaies
Qui de la boue, qui du miel
Cicatrisera mes maux
Ah ! Qui de la boue, qui du miel
Suturera les prochains mots.
C'est une affaire de voyelles,
Quoi du ciel, quoi du sol.
Un oeil en bas et l'autre fol
Tend pour la bouche la main
Mais la vase emprisonne
Et le dard empoisonne.
4.
Gloire aux Bzzz Bzzz
Ô Ruche invincible ! Eclaire nos chemins,
sur cette plage d’or, sous la page endormie,
que la paix réponde en poursuivant nos cris,
dissipant les ombres dans un conte divin !
Ô Reine des couleurs ! Dévorant les espoirs
Dans la matrice féconde, sans lueur, sans bruit,
La naissance à la mort se mêle, et sourient
Les chocs du monde de nos plis sans gloire !
Ô Abeilles Suprêmes ! Aux hymnes de lumière,
Où l’âme trébuche et se glace, tout se rigidifie...
Soyez cette caresse ou cet abîme quand l’impie
Murmure à voix crasse ses blasphèmes sincères !
Ô Guide Sucrée ! Ô Créature sortie des ténèbres !
Puisque ton empreinte féline apaise les conflits,
Fais cette danse d’or si résonne l’harmonie
D’une vérité d’alvéoles sur les noces funèbres !
5.
Miel et boue
Boue et miel
Scrutez la boue sous mes oreilles Le miel et la boue |
Le miel | | 82% | [ 14 ] | La boue | | 18% | [ 3 ] |
|
Total des votes : 17 |
|
Sondage clos |
Qui fait la boue ?
Que fait le miel ?
De la boue sous vos arcs-en-ciel
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]6.
Le miel et la boue
Méli-mélo sucre et acre
comme le raffiné du fumé un matin de massacre.
les godasses dans la gadoue
jusqu’au genoux
la morve au nez, le sourire élargi d’éraflure
les fringues foutues, le pardessus détrempé.
Me voilà princesse des sous bois quadrillées
cheffe de la butte de boue du bout de la rue.
Et je marche parmis les braves,
Confuse à cause des dernières heures
épuisée, je pousse, la porte :
Tout est là, sur le plateau délavé
l’kestei, l’nahrnahr, le miel pour le sucrer
Beurre breton, des remontrances, une brosse
Un vague parfum de quand j’étais gosse.
7.
Hommage
Si nous sommes fait de terre et d’eau
Si nous sommes fait de boue
Alors les enfants
Qui grandissent avec un handicap
Sont fait de miel.
La boue peut être modelée
Elle peut durcir et s’assécher
Mais le miel, lui
Liquide
Prend mille formes
Et brille au soleil
De la pureté
De l’alvéole de laquelle il est né.
8.
Incertitude poétique
Je n'ai pas mis de poème à
Votre coeur
Je n'ai pas mis d'inclinaison à
Mon amour
Je n'ai pas, je n'ai rien à
Je n'ai pas le sommeil à
Je n'ai pas plus à ce miel à
Où vous n'existiez pas
Dans ce miel où
Vous n'existiez pas
Dans la boue où
Vous n'existiez pas
Je n'avais plus à où
Mon coeur
De poème
Mon amour
D'inclinaison
Où je n'ai plus à
Rien
De sommeil
Où vous n'existez pas
Dans le miel dans la boue
Mon amour votre coeur
Dans ce poème où
Plus à moins miel boue
Vous n'existez pas.