J’ai passé des années à attendre l’inspiration pour écrire, résultat mes trois premiers romans ont mis plus de 10 ans à se finir… Maintenant, j’écris de façon routinière, inspiration ou pas. Est-ce que j’écris moins bien ? Je ne pense pas. Est-ce que j’écris plus vite ? Oh que oui.
Je pense que l’inspiration existe. C’est elle qui me saisit d’un eurêka fulgurant, d’un feu d’artifice d’images quand j’ai une idée. Mais ce n’est pas elle qui me fait écrire. Elle me donne la première impulsion. Mais pour le reste, elle n’a que peu de poids. Elle est un peu le porte-drapeau du régiment : celui qu’on remarque le plus, mais qui combat le moins…
Effectivement, quand je n’arrive pas à écrire, c’est moins un problème d’inspiration que de fatigue, de moral ou de temps. Mais ladite fatigue (ou le moral) joue sur mon inspiration.
L’inspiration me vient par vagues, sur des idées ponctuelles, souvent au début. Pour la suite, de la méthode, oui, mais surtout de la discipline. Un peu comme une séance de sport en fait : j’ai l’inspiration de faire du sport pour me tailler ce corps dont je rêve, mais ensuite j’ai mal et faut que je me force à continuer jusqu’à suer et m’essouffler un peu. N’empêche que pendant, l’inspiration va revenir me rappeler pourquoi je fais ça.
Je dirais plutôt que si on bloque sur un histoire, c’est bien un manque d’inspiration, mais la question, c’est qu’est-ce qui bloque l’inspiration ? Et là, effectivement, la réponse peut être : la fatigue, mes conditions matérielles, un roman mal construit… Finalement, l’inspiration existe bien, elle n’a juste pas forcément l’importance qu’on lui prête.
Effectivement, l’inspiration étant une idée, elle va apporter un lot considérable d’images dans un laps de temps très court ; quand je vais devoir traduire ça en mots, je vais devoir dérouler les images dans un laps de temps beaucoup plus long ! Donc, oui, quand je me mets devant mon ordi, je ne peux pas me dire « j’suis trop inspirae ! » parce que y a un gouffre entre les images clés d’une histoire données en moins d’une seconde par l’inspiration et les heures à coucher des mots pour relier ces images entre elles et les compléter par les images nécessaires que l’inspiration ne m’aura pas montrées. Je ne sais pas pour vous, mais mon inspiration fonctionne un peu comme une bande-annonce : elle ne me donne que les images fortes de l’histoire, à moi de meubler ensuite entre elles pour faire le film complet. Si la bande-annonce ne dure que quelques secondes, le film dure plusieurs heures. Et ma méthode d’écriture ne consiste pas à coucher d’abord les scènes fortes puis à remplir les trous, mais très banalement à écrire mon histoire dans l’ordre, scène par scène, du début à la fin. Donc certaines séances, je vais écrire une scène qui était dans la bande-annonce. D’autres séances, je vais devoir en rédiger une qui n’y était pas. Si je n’écrivais qu’à l’inspiration, je n’écrirais que des résumés (j’en ai des carnets pleins).
Pour moi, l’inspiration est un ingrédient essentiel, mais certainement pas l’essentiel du plat.