Les camarades ont proposé beaucoup de pistes que j'avais en tête et que je rejoins donc. Côtoyer ses semblables et leur pratique en tête de liste, car un artiste, peu importe sa discipline, écrivain, peintre ou combattant martial, peut difficilement progresser dans sa pratique s'il ne s'ouvre pas aux multitudes de sensibilités existantes. Je n'ai jamais autant progressé qu'en faisant des commentaires chez les camarades. On connaît tant nos textes qu'à force de repasser dessus, c'est parfois difficile de repérer les ajustements à apporter. Mais apprendre à le faire chez les camarades, ça permet d'avoir un détachement tout en étant impliqué, développer des schémas de pensée qui aident et ancrent la bonne manière d'apporter des correctifs et ajustements une fois de retour sur notre texte. Ma pratique du show don't tell s'en est trouvée grandement améliorée à partir du moment où j'ai appris à l'appliquer sur les textes des camarades ici !

Ensuite, je pense que tu as des atouts indéniables : du concret et des contacts. Tu sais quels sont tes points forts et ce qui fonctionne, et ce qu'il te faut travailler. C'est une information importante, tu ne te lances pas à l'aveugle, tu vois ? Mais aussi et surtout, le lien avec ces deux éditrices. Je rejoins les camarades, c'est un peu un privilège qu'aucun n'a ici. Mais est-ce que te rabâcher que tu as trop de chance et qu'on est envieux va t'aider ? Je ne pense pas, même si c'est le cas, je pense qu'on aimerait tous avoir cette opportunité.

Ma suggestion est celle-ci : tires-en de la force. Tu veux charbonner, mais ça épuise, oui. Mais tu possèdes de quoi tenir sur la durée : quel meilleur carburant que de savoir qu'une éditrice s'engage pour toi ? Certes, ce ne sont que des mots. Mais tu as la preuve de ne pas avoir laissé indifférent les personnes même que tu dois convaincre en premier lieu pour être édité. C'est une force. Tu peux tout donner puisque tu as plus de certitudes que bien d'entre nous ici. Tous les efforts que tu fourniras ne seront pas vain car ils seront à minima sérieusement étudiés par ces deux éditrices. C'est énorme comme opportunité ! Alors il ne te reste qu'à en profiter ! Aussi simple à dire que difficile à appliquer, j'en conviens. Mais c'est pour souligner l'état d'esprit que je te suggère d'avoir.

Pour les axes de progression, difficile à dire... Parce que je crois que je suis l'inverse de toi ? Lol perso, c'est ma narration, ce que raconte mon récit, qui est au top chez moi. Mais la plume, le style, c'est un travail d'arrache pied, long et difficile, d'apprendre à devenir un écrivain pour moi... Toi, ça ressemblait à l'inverse, comme si tu étais une plume haut niveau en l'état mais devait plus apprendre à être un artiste narratif.

Je n'ai jamais donné dans les ouvrages types du genre pour acquérir l'ensemble de mes connaissances sur la narration, je me suis basé sur mon recul et mon interprétation des oeuvres que j'ai vu ou lu, alors je ne sais pas si mon savoir-faire est transmissible dans une forme résumée. Car c'est toute une discipline qu'il te faut réaborder, oui. Donc ma suggestion serait d'interagir avec tes semblables, apprendre et observer comment ils fonctionnent, comment ils abordent leur narration. Passer par des phases où tu auras des éclairs en mode "ah ouais, j'avais jamais réfléchi sous cet angle, top !" Emprunter dans l'idée, remanier à ta sauce, appliquer, garder si ça prend, mettre de côté dans le cas contraire. Et plus généralement... Trouver des conflits singuliers à tes personnages, par exemple ? Miser sur la nuance et les paradoxes, qui font le sel sans vouloir dire incohérence ? Ce genre de chose, mais ça fait un peu concepts abstraits je pense...

Force à toi en tout cas !

Oui Save the cat est super rigide, je suis d’accord ; je pense qu’il ne faut pas le prendre au mot, mais qu’il donne par contre une bonne introduction à ce qui est considéré comme une structure possible (et majoritaire).

Lavandier je l’ai trouvé illisible tellement surintellectualisé qu’il en était inapplicable haha

Faut que je lise Orson Scott Card !

Je trouve que de toute façon faut en essayer plusieurs, et voir ceux qui vont le plus parler à notre façon de faire.

Merci Blackmanba pour ce message. Vraiment, c'était la meilleure chose que je pouvais aujourd'hui que de poster ici.
Tu as tout à fait raison sur la chance que j'ai d'avoir cette éditrice à mes côtés. Comme tu le dis, rien n'est fait, mais mon travail sera, pour sûr, étudié par elle, et sa connaissance dans le domaine me fait pâlir. Je réalise la chance que j'ai. Mon message a dû sembler un peu acerbe, et ce n'est pas ce que je voulais faire passer comme émotion. J'étais vraiment perturbé, et c'était là une affaire idiote d'égo. Mais vos messages m'ont vraiment aidé à relativiser, et je prends tous vos conseils comme une bénédiction.

"Toi, ça ressemblait à l'inverse, comme si tu étais une plume haut niveau en l'état mais devait plus apprendre à être un artiste narratif."

Plume à haut niveau, je ne sais pas dans quelle mesure je pourrais répondre à ça, mais j'ai beaucoup (trop ?) travaillé le style, et j'ai souvent délaissé le reste. Mieux vaut tard que jamais pour réaliser qu'on s'est fourvoyé. Je te souhaite bon courage de l'avancement de ton apprentissage, tu sembles sur la bonne voie, de ce que laisse entendre ton message !

Je plussoie les ouvrages de K M Weiland ! Abordables financièrement et faciles à comprendre !

Oh ? Tu as trouvé McKee plus accessible que Lavandier ? Comme quoi, ça dépend des personnes parce que McKee, j'ai vraiment du mal alors que Lavandier passe tout seul (même si je regrette ses digressions et le manque de structure (c'est un comble) de ses livres). McKee, j'avoue qu'il me tombe des mains, mais vu comme son livre sur les dialogues est bon, sans doute est-il très intéressant dès lors qu'on arrive à le comprendre. Je l'ai lu en VF, peut-être est-il plus accessible en VO ?

Dans le doute, peut-être se procurer seulement un des deux livres de Lavandier ? Ou alors, je crois que des extraits sont dispo sur le net. Il a aussi une vieille chaine youtube avec quelques vidéos de techniques (l'ironie dramatique, la triade AAA'...), pour voir avant si ce qu'il dit peut nous correspondre.

Orson Scott Card, j'ai détesté "Comment écrire de la fiction" mais adoré "Personnage et Point de vue", si tu dois en choisir un...

(et rien à voir, mais je t'écoutais justement sur le récit à la première personne ce matin ^^ (je crois que c'est toi)  et c'est très intéressant)

Connait pas de Blackmanba moi... Lol

Affaire idiote d'ego, pas forcément ? Et tu as le droit d'être acerbe aussi. Je pense que c'est parce que tu as toujours vécu l'écriture comme ce qu'elle est, résolument solitaire. Côtoyer ses semblables, au delà de certains attraits, permet d'aborder les choses différemment, de voir que tu n'es pas le seul à ressentir certaines choses. La plupart des camarades, moi y compris, ayant soumis des récits à des maisons d'édition nous sommes mangé des refus. Par exemple, soit j'ai eu des refus de lettre type très impersonnelles ou soit de l'absence de réponse. Ça piqouille...

Mais je ne suis pas le seul dans ce cas, bien d'autres auteurs talentueux ici sont passés par là. Ça ne change pas ce qu'il s'est passé, mais ça atténue un peu ? Et on garde le droit d'être dégoûté quand on voit notre univers chamboulé par une piqûre extérieure. C'est comme en sport de combat, les coups qui ont le plus de chance de te mettre KO sont ceux que tu ne vois pas venir, tu vois ? Il faut le temps d'encaisser, comme tout le monde, mais la manière dont tu choisis de rebondir elle t'est propre et peut-être changer ton parcours.

J'ai dit haut niveau comme j'aurai pu utiliser une autre formule, mais il reste que cette qualité soulignée par deux éditrices, ce n'est pas anodin je trouve. Et fourvoyé, peut-être pas ? Car tout ton travail sur le style, il ne semble pas à jeter, non ? C'est juste qu'il te reste encore tout un pan de ta discipline à explorer et travailler. Et merci pour tes encouragements !

Je n'ai pas lu ce que les autres ont écrit sur le topic, peut-être que je vais donc faire des redîtes mais je trouve que tu exagère, surtout au niveau du titre. La plupart du temps un auteur n'a aucune réponse s'il n'est pas retenu, rien de plus normal, éditeur est un travail et il n'ont pas à perdre leur temps avec quelques auteurs dont la plume ne les aurait pas conquis. D'autres ont le droit, il me semble que ça a été dit à un message générique qui est envoyé à chaque écrivain qui n'a pas été retenu et souvent elle est plus déprimante à lire qu'autre chose. Mais toi, tu as eut le droit à un mail personnalisé, disant ce qu'il n'allait pas dans ton écriture, on t'a même complimenter pour ta plume et encore mieux on t'a dit afin que tu ne fasses plus la même erreur le pas qui blesse dans tes écrits. Alors certes le fait que tes mots soit beaux mais que tu n'arrive à créer ni une histoire prenante ni des personnages intéressants est vraiment très problématique, surtout pour un auteur qui veut publier, les mots ne font pas tout, seul quelques profs littéraires s'intéresseront à la forme plutôt qu'au fond. Mais de ce que j'ai compris, ce n'est pas impossible à corriger, il faut que tu travaille tes personnages, les gens ne sont pas des figures de bien ou de mal et surtout, à part dans quelques mythes grecs, rares sont ceux qui souhaite voir une histoire aussi basique, ce qu'il faut creuser d'ailleurs, il me semble qu'une des éditrices te l'a dit ce sont les motivations des personnages, ce qui les a fait devenir comme ça, c'est comme ça que l'on créer des personnages qui marqueront tes lecteurs, en leur faisant prendre des choix et en montrant l'impact de leur choix sur les autres mais aussi sur eux, plus encore pour ton intrigue, je t'invite à lire et lire encore, non pas pour t'imprégner du style de l'auteur, c'est inutile, d'après ces éditrices, ta plume est assez aiguisé, mais pour voir les types de schéma narratifs, comment ils se construisent, analyse les et écrit sur un thème auquel tu tient. Cela paraît fou tout ce que je te dis là, ça peut paraître être long, certaines personnes mettent quelques mois avant de l'assimiler, et quelques années avant d'écrire de l'excellence, d'autres des décennies, d'autres toute leur vie selon leur investissement. Alors je pense que ce qu'il faut que tu fasse, c'est recommencer un nouveau roman même si c'est dur, comme on dit, si les fondations sont bancals, le reste le sera aussi, après avoir appris tout cela et même si tu as l'impression que tu n'y arriveras jamais, que c'est trop haut pour toi, rappelle toi que d'autres sont passés par là et que si eux ont été capable de telles prouesses alors pourquoi pas toi. Ne baisse pas les bras, ne baisse jamais les bras et tu y arriveras.

Merci Thomas de ta réponse. Si je peux revenir sur un point de mon message, c'est effectivement que j'exagère. Mais, pour ma défense, j'étais encore sous le coup de l'émotion. Je n'avais pas le recul nécessaire pour me dire que je faisais encore partie des chanceux qui se faisaient lire et conseiller. A ce titre, je m'excuse de mon message.
Mais merci pour ton message, en effet il va falloir travailler. Je me suis remis sur l'écriture d'un nouveau roman, et je le travaille armé de livres théorique sur l'écriture de récit, ainsi qu'en lisant les classiques.
Merci de tes conseils.

Heureux que cette lettre ne t'ait pas démotivé, et que tu te soit remis à l'écriture de ton roman. J'espère que tu arriveras à aller à bout de ce projet et que tu arriveras à publier.

Lilia a écrit:

Oh ? Tu as trouvé McKee plus accessible que Lavandier ? Comme quoi, ça dépend des personnes parce que McKee, j'ai vraiment du mal alors que Lavandier passe tout seul (même si je regrette ses digressions et le manque de structure (c'est un comble) de ses livres). McKee, j'avoue qu'il me tombe des mains, mais vu comme son livre sur les dialogues est bon, sans doute est-il très intéressant dès lors qu'on arrive à le comprendre. Je l'ai lu en VF, peut-être est-il plus accessible en VO ?

Je ne sais pas pour la VF, mais oui je l'ai lu en VO. Je pense que la manière d'aborder la théorie de McKee me parle plus que Lavandier, et là c'est peut-être très subjectif effectivement. Après, je ne dis pas qu'il est très accessible je me souviens avoir relu une partie récemment, avec quand même plus de bagage théorique que la première fois où je l'avais lu, et réaliser que je comprenais bien mieux, et que j'étais passé à côté de pas mal de trucs haha.

Lilia a écrit:

Orson Scott Card, j'ai détesté "Comment écrire de la fiction" mais adoré "Personnage et Point de vue", si tu dois en choisir un...

Okay je note, je prendrai le bon alors

Lilia a écrit:

(et rien à voir, mais je t'écoutais justement sur le récit à la première personne ce matin ^^ (je crois que c'est toi)  et c'est très intéressant)

Ohhhh oui c'est moi (si tu parles bien du podcast de Nina Gorlier ^^) ! Contente si tu trouves ça intéressant !

J'ai lu, un peu, les commentaires en retour au sujet du retour de lecture de la ME.

Ce que j'en retiens, c'est qu'à la lecture, l'éditrice a perçu quelque chose de toi "non engagé dans l'écriture", donc d'artificiel, un peu comme on le fait quand on fait "du scolaire".

J'ai envie de dire : tu trouveras "ta patte" et ton style peu à peu, parfois il faut du temps pour être en phase avec ce qu'on écrit, je parle par expérience.

Quant à la métaphore : oui, c'est délicat à manier et si ce n'est pas "ton style naturel", ça peut vite faire artificiel et en effet, saturer le lecteur.

salut à tous, tiens c’est marrant cette vidéo d’hier parle un peu de ce concept de belle écriture vs histoire :

https://youtu.be/xdaDUS61UPc?si=VITVMPEgcW069ZKA

Bonjour,

Je pense que ces deux avis sont similaires dans le fond, et divergent cependant par la forme, d'où ton ressenti. Personnellement je les trouve très encourageants, car ils attestent tous deux de la qualité de ta plume, et ils ont en plus le mérite d'exister.

Tu as apparemment une bonne base, et à présent des conseils précieux pour t'améliorer :

1. Améliorer la construction de ton texte
2. Atténuer parfois les comparaisons, les belles phrases, au profit de la concision, du réalisme, de l'intrigue et de l'efficacité
3. Mieux travailler tes personnages, et les rendre moins manichéen

A toi de jouer… Le métier s'apprend avec les critiques, et la recherche constante de progression.

Salutation

Les retours te reprochent d'être un littéraire trop peu narrateur. Outre tous les bons conseils qui ont été donnés, j'en propose un autre :

- Lire beaucoup de romans portés sur narration et moins sur le style (ceux dont les critiques disent : "univers captivant, personnages complexes...")

- Comme c'est long de lire, multiplier les sources d'apprentissage en visionnant des tonnes de films et de séries. Perso quand je regarde des films ou des séries je dis toujours pour plaisanter "Je travaille." Mais c'est vrai au fond : ces schémas narratifs courts nous exposent aux fondamentaux des structures propres à captiver le spectateur et le tenir en haleine. Les films et les séries nous entraînent à aller à l'essentiel de l'intrigue car ils n'ont pas le loisir de passer 10 min de temps d'écran en travelling pour la description d'un paysage ou en flashback sur la couleur préférée du personnage quand il était bébé. Tout cela aide beaucoup à rythmer ton propre récit, à décider de structures engageantes, à élaguer le superflu dans les informations que tu prodigues.

En règle générale, dès que tu as fait passer l'information essentielle dans ton paragraphe et que tu commences un peu à t'ennuyer, à éprouver le besoin soliloquer ou de te regarder écrire de beaux mots, dis stop et passe à la suite. Pour une narration dynamique, j'aime écrire comme si ma vie en dépendait et qu'en tant qu'auteur j'étais chronométrée (comme si j'écrivais finement un épisode de série à faire tenir en 40 min publicités comprises, avec l'exigence d'ailleurs de caler une mise en haleine avant chaque coupure publicitaire). J'estime la capacité moyenne d'attention de mon lectorat en fonction du public visé (souvent, quelques secondes de lecture à peine) et je cherche à m'y plier.  

Voilà, d'après mon expérience, rien de mieux que le télévisuel pour s'améliorer en tant que narrateur,
Bon courage !