Nombre de messages : 4068 Âge : 43 Localisation : Région Parisienne Date d'inscription : 11/01/2019 | Jimilie Croquette / De l'Importance d'être Constamment Là Mer 24 Avr 2024 - 16:39 | |
| Je viens de commencer le recueil de nouvelles de SF de Greg Egan : "Océanique". Voici le début de la première. Il s'agit d'un match de football quantique, whatever that means. - Spoiler:
La fonction d'onde apparaissait comme une vive lueur aurorale, un plasma mercurial suffisamment brillant pour être bien visible au soleil de l'après-midi sans être éblouissant et sans occulter les joueurs qui le traver-saient. Des bandes de couleurs représentant la phase complexe balayaient le terrain, s'écartant pour passer au-dessus de différents lobes de probabilité en croissance avant de heurter la limite et de rebondir, inversées, vers l'intérieur. Le match se disputait selon les règles les plus anciennes et les plus simples : semi-conventio-nelles, non relativistes. Le ballon était maintenu dans le périmètre du terrain par une barrière d'une hauteur infinie, de sorte qu'il était hors de question qu'il puisse s'échapper progressivement par effet tunnel au fur et à mesure de l'avancement du jeu. Les joueurs étaient pris en compte de façon classique : leurs mouvements faisaient passer de l'énergie dans l'onde, amorçant des transitions depuis l'état initial du début de la partie avec le ballon étalé en couche mince sur l'ensemble du terrain - vers la zone des modes de plus haute énergie nécessaires pour le localiser. Mais l'état localisé était éphémère; il ne servait à rien de former un joli paquet d'ondes bien net au milieu du terrain avec l'espoir de taper dedans comme si c'était un objet habituel. Il fallait modeler l'onde de telle manière que tous ses modes dont la fréquence des cycles et la vitesse de déplacement différaient - entrent en phase pendant une fraction de seconde, à l'intérieur même du but. Y arriver était une affaire de niveaux énergétiques et de minutage. [...]
Chaque joueur était responsable d'une série de modes, des harmoniques particulières de l'onde qu'ils devaient compléter, protéger ou réduire en fonction des besoins. Les douze modes de Jamil avaient des cycles dont la fréquence variait de 1 000 à 1 250 millihertz. Selon les règles du jeu, son corps avait été doté d'une énergie potentielle fixe et minimale qui écartait légèrement le ballon et permettait à différents modes de s'attirer ou de se repousser à travers lui, mais, s'il restait sur place alors qu'ils poursuivaient leurs cycles, toutes les influences qu'il exerçait finiraient par être remplacées par leurs contraires et l'effet s'annulerait tout simplement. Pour propulser l'onde d'un mode à un autre, il fallait bouger, et pour la diriger avec efficacité il était nécessaire d'exploiter la façon dont ils entraient ou non en phase les uns avec les autres : pour soustraire à un mode de 1 000 millihertz et ajouter à un autre de 1 250, il fallait agir en synchronie avec le battement d'un quart de hertz qui les séparait. C'était comme de pousser une balançoire à sa frequence naturelle, mais plutôt que de mettre un seul enfant en mouvement, on était debout entre deux sièges et on se comportait plus comme un intermédiaire, essayant de calculer ses actions de manière à accélérer l'un aux dépens de l'autre. On n'avait pas la moindre maîtrise sur la façon dont on agissait sur l'onde à un endroit et à un moment donnés, mais en changeant de lieu juste comme il le fallait on pouvait contrôler l'interaction. Une relation spatiale régulière définissait chaque paire de modes - comme le motif moiré formé par deux feuilles d'une matière tissée quand on les lève en superposition vers une source lumineuse et que l'ensemble passe du transparent à l'opaque selon que les interstices entre les fils s'alignent ou non. Tailler à travers ce paysage cyclique offrait un moyen parfait de suivre le rythme temporel qui l'accompagnait. Jamil s'élança sur le terrain à une vitesse et à un angle calculés pour mener deux transitions favorables en même temps. Il avait évalué le spectre actuel de l'onde de manière instinctive, en l'observant à partir de la ligne de touche, et il savait, des modes dont il était responsable, lesquels contribueraient à un but ou en réduiraient la probabilité. Alors qu'il taillait son chemin à travers les chatoyantes bandes de couleurs, l'arbitre lui fournissait des informations tactiles pour compléter ses estimations et ses calculs visuels, lui permettant de percevoir la différence entre un tiraillement cyclique, un aller-retour qui n'aboutissait à rien, et la force douce mais continuelle qui indiquait qu'il chevauchait le rythme avec succès.
S'il quelqu'un·e a compris quelque chose, faites moi signe. Je ne sais pas ce que j'espère avec ce topic, qui suis-je où vais-je dans quel état j'erre ? Je me dis qu'un peu de jargon technologisant pour faire science-fiction c'est bien. Trop, c'est perdre des gens en route (moi). Sinon, j'ai déjà lu un recueil de nouvelles de Greg Egan (Axiomatique) et tout était compréhensible. C'est vraiment juste cette nouvelle-ci qui me plonge dans des abîmes de perplexité quantique. Bref, je venais partager mon désarroi. |
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Nombre de messages : 1256 Âge : 47 Date d'inscription : 14/08/2022 | Cath / Tentatrice chauve Mer 24 Avr 2024 - 17:02 | |
| Tiens, c'est assez amusant, comme exercice de style : ça fait remonter plein de souvenirs de mes cours d'optique et de mécanique quantique de mes années en école d'ingénieur... Mais bon, en tant que nouvelle, je partage ton point de vue : je trouve que c'est totalement indigeste à lire. J'espère pour toi que les suivantes ne sont pas toutes dans la même veine ! |
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Nombre de messages : 264 Âge : 46 Date d'inscription : 03/09/2023 | Chofienette / Autostoppeur galactique Mer 24 Avr 2024 - 22:36 | |
| Alors cette semaine il se trouve que je bouffe des présentations de chimie quantique tous les jours pour le boulot, et comparé au gloubi-boulga pseudo scientifique qu'il m'arrive parfois de rencontrer, ce texte est étonnamment bien foutu.
En gros l'idée de base du foot quantique c'est que tu remplaces le ballon particule par une onde, et après l'auteur tire le fil de ce postulat initial tout du long du texte. C'est pas rigoureux bien sûr, mais ça marche plutôt pas mal.
Après on peut bien sur questionner l'intérêt d'un texte qui reste illisible pour l'écrasante majorité de la population. |
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Nombre de messages : 4068 Âge : 43 Localisation : Région Parisienne Date d'inscription : 11/01/2019 | Jimilie Croquette / De l'Importance d'être Constamment Là Jeu 25 Avr 2024 - 8:17 | |
| J’ai zappé cette nouvelle (60 pages) et la suivante (60 pages aussi) qui parlait de mathématiques de la même manière que la précédente parlait d’ondes (??). Bref, du jargon inintelligible pour une teubé comme moi.
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