Bonjour tout le monde,

J'essaye en vain d'écrire mon quatrième roman depuis plusieurs semaines, mais rien se passe. Pourtant, j'ai tout essayé, j'ai écrit d'autres textes, sur des sujets bien différents, j'ai essayé de faire des pauses, mais rien ne sort.
Comme d'habitude, j'ai mon plan, ma chronologie... Mais ce qui me bloque, c'est le nom des personnages. Je n'arrive pas à m'arrêter sur un nom précis, une identité bien définie, là où auparavant, c'était les noms qui guidaient mon récit. Pour mon troisième roman, j'avais les noms avant d'avoir l'histoire. Là c'est l'inverse. J'ai l'histoire, mais pas les noms. Je coince, je bugue. Et ça m'énerve.

Je pense qu'inconsciemment, ça me fait ça depuis que j'ai publié mon premier roman. Maintenant que tout le monde sait que j'écris, que certaines personnes ont des attentes pour lire mes livres, ça m'a mis la pression et ce roman ne sort pas. J'ai pourtant écrit le cinquième déjà, quasiment en totalité. C'est quelque chose qui m'arrive souvent, d'écrire le suivant en premier, je ne sais pas pourquoi.

Ce blocage me fatigue, me perturbe, beaucoup.

Bonjour Kaltag,

Citation :

Mais ce qui me bloque, c'est le nom des personnages.

Pourrais-tu nous en dire plus sur ton roman ? S'agit-il d'un récit de fantasy ? d'un polar ? d'une romance ? Le choix des prénoms dépend le plus souvent du genre littéraire, me semble-t-il.

À quelle époque et dans quel pays se déroule ton histoire ? Tu peux sans doute t'inspirer de certains sites qui recensent les prénoms en fonction du cadre historique et géographique de ton intrigue (Par exemple, n'hésite pas à consulter la liste des prénoms français contemporains si ton intrigue se passe à Paris au XXIe siècle, les prénoms slaves si l'action se situe dans l'Empire russe au XIXe siècle, etc). Personnellement, je mets parfois du temps rien que pour chercher le nom d'un personnage, avant même de planifier le texte ou d'entamer la rédaction. L'un de mes romans prend place dans un univers de fantasy inspiré de la Renaissance italienne, je vais donc orienter mes recherches vers des prénoms italiens.

En ce qui concerne ton blocage sur l'écriture, je vois quand même le positif. Même si tu ne parviens pas à te focaliser sur ce roman en particulier, tu as quand même rédigé d'autres textes. Peut-être n'est-ce tout simplement pas la bonne période, et que si tu réessayes d'ici quelques temps, tu verras les choses différemment. Parfois, mieux vaut laisser reposer un projet plutôt que de s'acharner dessus.

J'espère que ma contribution t'aidera un peu

Bonjour Trôme,

C'est un polar, qui se passe à notre époque, en France. J'aime beaucoup donner des noms de lieux oubliés, abandonnés... Là, rien ne m'attire.
Peut-être as-tu raison, je devrais laisser reposer cette histoire pour le moment.

Yo !

Est-ce que ce serait possible de te lancer sans avoir les noms ? Ou partir pour un nom provisoire, qui pourrait évoluer au fil du récit, à force "d'apprendre à connaître/interagir" avec ton perso ? C'est ce que j'ai pensé de suite, en dépit de ton côté "les noms guident ton récit". Pour cela, retrouver le lien avec cette flamme, c'est difficile de suggérer des choses. Je dirais recréer les conditions qui ont permis un bon flux créatif sur les projets précédents ? Tu sais aller au bout d'un projet, donc tu as déjà arpenté le chemin. Pourquoi donc ce chemin est plus tortueux cette fois ? Identifier le souci en premier lieu, et ne plus le voir comme un souci ?

Désolé, c'est extrêmement général, peut-être peu pertinent, mais c'est difficile de conseiller dit comme ça, pour ce genre de frein. Car ce n'est pas une incapacité, plutôt une inhibition qui s'est installée. Pas évident de prédire ce qui va la faire sauter... Grosse force à toi en tout cas, et oui, du temps à mettre de côté, ça peut fonctionner aussi !

Merci pour ton message Blackmamba, il m'a fait réfléchir. Je pense avoir identifier un élément responsable de cette "panne d'écriture".
Une de mes connaissances était en compétition avec moi pour l'écriture, elle disait partout qu'elle deviendrait une grande écrivaine de best-sellers. Elle a commencé à écrire parce que j'écrivais, mais elle, elle voulait faire plus, toujours plus, toujours mieux. Il y a une dizaine d'années, elle avait plagié une de mes histoires, et quand je le lui avais fait remarqué, elle m'avait fait la gueule en me disant "puisque c'est comme ça, on regardera plus jamais nos écrits".
Je crois que je n'ai jamais été aussi productive que depuis qu'elle ne savait plus ce que j'écrivais. Mais maintenant que mon livre est disponible, elle l'a acheté, elle l'a lu, et elle a recommencé à publier des posts disant que sa "muse" était revenue, et qu'elle pouvait enfin reprendre l'écriture. Et elle recommence avec ses posts quotidiens, ses compteurs de mots... Depuis que j'ai vu ça, mon histoire n'avance plus. Même, je me sens découragée, je crois. Elle veut toujours faire plus loin, plus haut, plus fort, et c'était une grande angoisse pour moi de savoir qu'elle lirait mon livre.
Je crois que c'est la raison principale, même s'il doit y avoir plus en profondeur.

Oh mince, désolé pour cette relation qui a terminé ainsi, c'est triste...

Oui, c'est difficile de poser ce genre de diagnostic. De mon côté de l'extérieur déjà, mais même toi de l'intérieur, pas évident. Tel que tu le décris en tout cas, je trouve que ça fait sens. L'émotion se mêle souvent au processus créatif, là où on le souhaite et on en a besoin, et parfois tout l'inverse malheureusement. Cette présence, voir cette personne et ce qu'elle fait, possiblement solliciter ton attention de manière détournée aussi, rappelle le lien brisé. La fêlure demeurent dans des mauvaises dispositions, et peut-être l'as-tu résorbé avec l'écriture justement ? Mais du coup, l'écriture elle-même semble faire ressurgir tout ça.Ton esprit a peut-être besoin de temps, d'extérioriser des choses à ce sujet. 

Ta flamme créatrice découragée, qui vacille, je pense que ça arrive tôt ou tard, à tous ? Mais ce n'est pas une fin je pense. Les périodes de découragement surviennent quand on s'y attend pas. Et elles peuvent peut-être partir de la même manière ? Est-ce que tes réseaux sociaux sont indispensables pour toi ? Que tu peux les mettre de côté, juste pour un temps au moins ? Peut-être que c'est trop dur pour toi de couper, et qu'une part de toi a besoin de savoir ce qu'elle poste ?

Mais je comprends l'oppression/angoisse que tu peux ressentir. Et au passage, mes MP restent ouverts, si tu veux en parler davantage. Ou quoique ce soit, si le cœur t'en dit, n'hésite vraiment pas, pour casser ce découragement si possible.

Citation :

Je pense qu'inconsciemment, ça me fait ça depuis que j'ai publié mon premier roman. Maintenant que tout le monde sait que j'écris, que certaines personnes ont des attentes pour lire mes livres, ça m'a mis la pression et ce roman ne sort pas.

Ca c’est exactement mon cas.
Je n’ai pas de solution mais en tous cas… bon courage !

Kaltag a écrit:

C'est un polar, qui se passe à notre époque, en France. J'aime beaucoup donner des noms de lieux oubliés, abandonnés... Là, rien ne m'attire.
Peut-être as-tu raison, je devrais laisser reposer cette histoire pour le moment.

Bonjour Kaltag,

je vois beaucoup de bonnes idées dans ces trois lignes. Mais peut-être que la solution te paraît ou trop chaude, ou trop froide pour t'en saisir tout de suite.

Pour des noms de lieux, je suggère une bonne balade. Prendre un peu la route, battre la campagne, saisir des noms de lieux, de hameaux au bord des chemins, voir ce que cela peut déclencher dans ton imaginaire. Avec un ami auteur, on a fait quelques centaines de kilomètres en voiture une fois et on s'est mis à imaginer une histoire juste à partir du nom d'un parking et d'un lieu-dit...

Ensuite, tu peux au moins utiliser un nom provisoire, quelque chose qui correspondrait à un trait de caractère du personnage. Tu prends un synonyme, tu bouges une lettre, tu en fais un anagramme et tu as un nom.

Et si à la fin, tu te rends compte que ce nom ne convient plus mais que tu en trouves un autre qui serait mieux, ce peut être l'occasion encore d'améliorer ton récit en 2e ou 3 phase d'écriture (en laissant peut-être reposer entre chaque). De toute façon, dans 90% des cas, ce nom ne signifiera pas grand-chose pour tes lecteurs. Il aura peut-être du sens pour toi mais le lecteur se concentrera sur l'histoire parce que c'est ce qu'il cherche : une bonne histoire.

Et c'est ce que tu as à raconter, c'est ce que tu dois sortir, tu ne devrais pas l'empêcher d'exister pour ça. Si l'art imite la vie (vieux concept de philo), eh bien dans la vie, les gens qui vivent des aventures n'ont pas toujours des noms qui respirent l'aventure. C'est après qu'il l'ait vécu que ce nom commence à avoir une aura romanesque dans l'esprit des gens. Crée d'abord ton aventure et tu verras que les noms de tes personnages, quels qu'ils soient, auront après une autre sonorité dans la tête des lecteurs.

Il n'y a pas de solution miracle à mon avis.

La seule solution (beaucoup plus facile à dire qu'à faire, je sais bien), c'est d'arrêter d'écrire pour les autres et d'écrire pour soi. Ce quatrième roman plait moins que les trois autres ? La belle affaire ! Le cinquième sera mieux, ou le sixième, peu importe en fait. Ton ancienne pote publie ses compteurs de mots ou je ne sais quoi ? Grand bien lui fasse ! Qu'est-ce que ça change pour toi.

Je sais bien que ce n'est pas facile à faire, c'est un état d'esprit à acquérir. Mais ces blocages, ça arrive quand on se focalise sur autre chose que sur l'histoire en elle-même. Parce que ce n'est pas sur l'histoire ou sur l'écriture que tu bloques : c'est sur la façon dont elle sera perçue par les autres. Ce qui est absurde, quand on y pense.

Je rigole un peu à propos de cette anecdote (blocage d'écriture pour cause de pression) à cause d'une conversation que j'ai eue aujourd'hui :

Citation :

Moi (qui partage le sentiment de Kaltag) : Maintenant que tout le monde sait que j'écris, que certaines personnes ont des attentes pour lire mes livres, ça m'a mis la pression et ce roman ne sort pas. J'essaie de m'affranchir de la pression pour retrouver le plaisir d'écrire naïf et dépourvu d'enjeux.
Copine A : bien sûr ! il faut ! Ecris pour toi avant tout ! emoji coeur, émoji calin.
Copine A (plus tard) : Vous avez vu, Thea Guanzon a sorti son bouquin, il est dans toutes les librairies !
moi : oui c'est cool ! Je l'attends pour noël.
Copine A : Le truc c'est... a-t-elle prévu d'en écrire d'autres ?
Moi... la presssiiiiiooooon

la MEME copine, dans la MEME conversation, dit "pas de pression écris pour toi" ET "ok son livre est sorti mais quid des suivants ?"

cqfd, un peu.

Hé hé, comme quoi, et ça a déjà été bien dit sur ce forum, on attend la publi, mais une fois qu'elle est là le stress continue !
Se soustraire aux attentes des autres me semble être une bonne option :
- mettre de côté certains réseaux sociaux, ne plus participer aux forums/challenge où on compte les mots, etc
- passer plus de temps avec des ami.e.s qui détestent lire et vous parleront de tout autre chose (ça compte, un entourage...)
- se distraire dans d'autres genres ou registres : si on écrit de la fantasy, lire des romances ou des essais, faire du sport au lieu de lire les textes de ses concurrents...
Ceci, pour un temps donné.

Bref, organiser le fait qu'on vous foute la paix, en retirant les sources de pression, au moins temporairement.

Bonjour, merci pour toutes vos réponses !

J'ai avancé dans ma tête sur mon histoire, pas encore en écriture. Je prends un chemin différent, en réalité, je retourne à la première trame de ce livre, que j'avais délaissé en me disant "nan mais personne ne va aimer". Je me suis dis que c'était à moi que ça devait plaire en premier, et tant mis si certains me trouvent perchée, bizarre, ça ne changera pas de d'habitude...

Il est toujours troublant de ne pas réussir à faire ce qu’on a fait moultes fois, peut-être sans difficultés, peut-être avec plaisir, avec succès en tout cas. Attention à ne pas idéaliser les accomplissements précédents, même s’ils sont émérites, sans quoi la difficulté grandit. Il y a des choses qui peuvent se substituer à la production à proprement dit : la pause ou la recherche, la récréation ou l’instruction, "en attendant”