Paola s'ennuyait. Franchement.
Pas âme qui vive n'était encore sorti de l'immeuble et elle n'avait donc eu personne sur qui médire.

Elle vivait là depuis toujours. Ou presque. Elle avait changé d'appartement au gré de sa vie pour atterrir dans ce studio où la plupart de ses affaires ne rentrait pas et était toujours stockées dans des cartons, pêle mêle. Elle n'avait sorti que des livres dans sa bibliothèque.
Elle n'avait ni téléphone ni télévision. A son âge tous ses machins marchaient toujours mal.
Il n'y avait qu'un passage entre la minuscule salle de bain, son lit et son fauteuil collé à la lucarne.
Bien mieux qu'un poste de télévision. Avec son télescope elle s'amusait à observer la vie de l'immeuble.
Quand il n'y avait pas d'agitation, comme le petit matin à 5h, elle lisait un peu des pages qu'elle oubliait le jour suivant.
Ou alors son chat Ramsès II s'occupait de la distraire. Elle l'avait appelé ainsi car elle n'était plus fichue de se souvenir d'un nouveau prénom alors il pouvait bien porter celui du dernier chat.

Paola rumina. Mais que foutait les habitants de l'immeuble ? Il était 6h et toujours personne n'était sorti ! Que commence son feuilleton que diable !
Agacée elle frappa le sol avec sa canne. Au moins l'habitant du dessous allait se manifester du manière ou d'une autre.

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Tiens. Ce n'était pas l'heure de la livraison de son repas.
Paola poussa Ramsès II de ses genoux et se saisit de sa canne.
A pas lents elle arriva jusqu'à la porte et regarda à travers le Juda. On ne sait jamais par les temps qui courent...
Henri... Son coeur se serra. Elle afficha un masque de façade et ouvrit la porte. Que voulait il cette fois ? Il ne souvenait jamais d'elle et cela lui pesait.

Bonjour cher monsieur.

Elle ne dit rien et attendit la raison de sa venue au sixième étage tout de même il fallait être motivé.

Henri se retourne. Il reconnait sa voisine. Ni plus ni moins que sa voisine.

— Bonjour Mme. Cortez. Avez-vous entendu parler des chiens que vend la vieille doña ? Je viens seulement pour les chiens. Qu'elle m'ouvre la porte, je vais lui en prendre un. Peut-être deux, si elle me le permet. Vous aimez les chiens ? Oui, vous les aimez. Peut-être qu'elle pourrait vous en garder un pour accompagner Ramsès II. Qu'en pensez-vous ? Demandez-lui donc.