Je n'ai pas réussi à m'endormir cette nuit, c'était prévisible avec l'effervescence des derniers jours qui me fait sentir comme un cachet d'aspirine dans un verre de coca. Entre 1h et 2h du matin, j'en ai profité pour découvrir un peu l'Immeuble.
Je suis d'abord descendue au rez-de-chaussée pour prendre connaissance des informations partagées par notre cher Concierge. Je découvre les noms des locataires de chaque étage sur un panneau à droite du hall principal, certains m'intriguent. Je remarque rapidement que la majorité portent une paire de testicules, mais rien n'est moins sûr dans cette ville… car comme se plait à dire mon oncle brésilien Armando :
"Les patronymes ne font pas les gonades". Pour jouer, j'essaie de trouver les personnalités qui se rattachent à tous ces noms, j'imagine qu'une certaine mixité sociale est de rigueur ici, en effet le quartier de San Joado est connu pour abriter des gens de la classe moyenne, même si elle se paupérise de plus en plus depuis l'arrivée au pouvoir de Felix Miralles. Je ramasse El Correo posé sur un guéridon devant la loge d'Umberto, je le feuillette rapidement. Les dernières nouvelles ne sont pas réjouissantes, je comprends qu'une sécession se profile avec San Pepegua. Une escalade d'émeutes est à craindre, surtout si les
collinards accaparent plus facilement les vivres qui seront distribués dans les jours à venir. Cette situation me fout trop les boules, j'ai juste de quoi me nourrir pour deux jours maxi, après il faudra que j'aille taxer à un voisin généreux. Je repose ce journal de l'angoisse et je remonte.
J'en profite pour aller visiter les étages supérieurs, j'aimerais découvrir des coins sympas pour exposer quelques-unes de mes œuvres et éventuellement faire connaissance. Arrivée au 4ᵉ étage, je sens une odeur étrange qui envahit la cage d'escalier. Je m'approche de l'appartement 401, une fumée glauque et prégnante s'en échappe, elle me prend à la gorge, ce n'est pas désagréable... je me sens plus légère, un peu étourdie, puis sans raison, je décide de frapper à la porte trois fois. Personne ne répond. Je reste plantée dans les vapeurs herbacées deux longues minutes de plus. Je reprends un peu mes esprits et poursuis mon chemin. Après le 6ᵉ étage, il y a une petite échelle de service qui doit mener au toit, j'essaie de m'y rendre pour profiter du panorama sur Aguacope. En vain, un cadenas verrouille l'accès. Il est tard, la fatigue prend le pas sur mes envies de forcer le passage, je décide rentrer me coucher.
En redescendant, j'aperçois une ribambelle de post-it colorés qu'on a parsemés dans le couloir du 5ᵉ étage. Je suis pourtant certaine qu'elle n'y était pas en montant. Je remarque que ce fil multicolore part de la chambre 501, je le suis dans l'escalier en descendant, et je constate qu'il me conduit jusqu'à mon entrée. Troublée, je ramasse quelques papiers. Une lettre est inscrite en capitale sur chaque verso avec toujours les mêmes occurrences : 'H', 'E', 'C', 'R'. Je ne comprends plus rien. Qu'est-ce qui m'arrive ? Le passage à la 401 ne m'a pas fait vraiment du bien, semble-t-il... j'éteins ma lampe de chevet, on fera le point demain.
- Spoiler:
Vous pouvez interagir ici directement si vous me croisez en dehors mon appart'