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 La prédominance des traductions vs la littérature francophone (surtout en SFFF)

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Page de Bâtons
   
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Salut salut,

Malheureusement, ActuSF a annoncé être entré en liquidation judiciaire aujourd'hui. Ça fait mal au coeur pour l'édition indépendante francophone, et ça a ré-ouvert pas mal de discussions sur les réseaux à propos justement de la difficulté de faire vivre la littérature francophone, quand ce qui domine les étals des librairies (et pas mal les réseaux sociaux), ce sont les traductions anglo-saxonnes.

Surtout que, s'il y a certaines traductions de livres très cool, pour lesquelles je suis contente que ces romans soient disponibles pour les lecteurs qui ne lisent pas l'anglais, il y en... je me pose des questions. (J'en avais fait un TikTok un peu salé sur les choix de trad de Bragelonne YA, qui avait pas mal tourné, si jamais ça intéresse des gens en MP What a Face - j'assume pas de le mettre en lien public, car déjà que je me suis sûrement fait blacklister, on va pas encore plus tirer sur la corde lol)

Ielenna sur Instagram a fait une série de stories sur le sujet aujourd'hui (voir ses stories à la une), bref, je suis super contente : la problématique commence à tourner.

Je voulais ouvrir le sujet ici, pour avoir vos avis et commentaires. Perso, en tant que lectrice, je n'en PEUX PLUS des traductions à foison... mais parce que, aussi, je peux lire en VO. Donc c'est "facile" pour moi de boycotter l'intégralité des traductions et de n'acheter que des romans francophones. Laughing

En tant que bébé autrice, ça me saoule aussi qu'autant d'argent soit investi dans autant de traductions. Et si je suis tout à fait contente qu'on traduise du R.F. Kuang par exemple, est-ce que vraiment Bragelonne a besoin d'aller chercher des autrices auto-publiées américaines, plutôt que d'investir sur leurs autrices francophones (le traitement marketing de Red Stone me fait mal au coeur pour l'autrice), ou de genre rouvrir leurs soumissions ? (je vous parie que par contre ils snobent les auto-édités français Laughing )

Aussi, le problème pour notre pauvre visibilité à nous, c'est que les romans US/UK traduits ici bénéficient du marketing investi par les maisons d'édition américaines, qui ont des budgets qui n'ont RIEN à voir avec les nôtres. On parle de maisons qui investissent parfois + d'un demi MILLION en a-valoir (je vous explique pas le budget marketing après), qui peuvent carrément envoyer à chaque librairie des gâteaux personnalisés sur le thème d'un livre qu'ils veulent mettre en avant... Ce marketing finit par transpirer sur les réseaux français, ce qui donne un "bonus" à chaque traduction, par rapport à un équivalent francophone.

Ajoutez à cela que j'imagine un biais du public : "tiens, une traduction ? c'est que ça doit être bien, sinon ils ne le traduiraient pas !" (ce à quoi je répondrais "lol", mais c'est normal de se dire ça quand on est pas dans le milieu de l'édition !)

Puis, enfin, le cercle vicieux qui fait que, donc, ces livres vont être bien plus poussés en rayons/sur les réseaux par les professionnels du livre, entretenant ce lien entre "traduction" et "bonnes ventes", et mettant encore plus de côté les romans francophones.

En même temps, je sens (j'ai l'impression) un appétit des lecteurs pour les romans écrits en français (enfin, en tout cas, mes vidéos tiktok sur le sujet tournent bien). Mais ces lecteurs, en général, ne savent juste pas ce qui existe : c'est normal, ils ne passent pas des heures comme nous à éplucher les ME (car on doit bien le faire pour soumettre lol), et cf. au-dessus sur le cercle vicieux du marketing qui favorise la visibilité des traductions.

Bref, voilà. Perso, je n'achète que les romans écrits originellement en français.

Qu'en pensez-vous ? rendeer
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Azaby
   
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Azaby  /  Tentatrice chauve


J'en pense que c'est un débat très complexe, mais qu'en effet, il y a une réalité aussi cuisante qu'injuste : les traductions sont plus rentables. Elles ont déjà un public qui l'attend, et sont effectivement auréolées de l'idée que si c'est traduit, c'est que c'est bon.

Beaucoup de ME ont, justement pour éviter le sort d'ActuSF, choisi de se tourner vers la trad au détriment des auteurs et autrices francophones.

Je suis assez dépitée vis à vis de cette situation. Mais la seule solution me semble d'être de donner le même traitement aux bouquins français qu'aux bouquins traduits : ne pas hésiter à mettre le paquet sur la couv, les reliés, le jaspage...

Je ne maîtrise pas assez le marché et l'histoire de l'édition française pour savoir pourquoi on en arrive là, mais c'est clair qu'il y a une belle différence de traitement. Justifiée ou pas, c'est débattable et ça dépend des aspects.
 
Aconitum
   
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Aconitum  /  Tapage au bout de la nuit


Je partage ton indignation, surtout que les thèmes et tropes de SFF imaginées et traitées par quelqu'un ayant grandi en France (ou Europe) ne donnent souvent pas la même chose que quand c'est fait par quelqu'un venant des US. On a pas les mêmes obsessions culturelles, pas le même rapport à la société, ou même aux relations amicales et amoureuses parfois. Donc forcément, en se cantonnant sans le savoir à lire seulement des traductions venant des US, on se prive de plus que ce que l'ont croit. Une originalité familière qui nous plairait, pour commencer.

J'espère de tout cœur qu'un jour la situation va un peu évoluer (en mieux). Mais bon, le monde du livre est constamment en compétition avec tellement d'autres loisirs (Séries, Films, Jeux-Vidéos, scroller sur les réseaux sociaux...). Comme tu le dis, si tu ne débourses pas une fortune en marketing, c'est difficile de sécuriser des ventes...
 
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Azaby a écrit:
Je suis assez dépitée vis à vis de cette situation. Mais la seule solution me semble d'être de donner le même traitement aux bouquins français qu'aux bouquins traduits : ne pas hésiter à mettre le paquet sur la couv, les reliés, le jaspage...
Oui déjà si on arrivait à ça ce serait cool...

Et je comprends tout à fait la question commerciale, et la prise de risque peut-être moins élevée avec un roman traduit (bien que... ils peuvent aussi mal être reçus). MAIS, bien que ce soient des entreprises avec un devoir fiduciaire, elles ont aussi un impact, réel, sur le marché de la culture en France. Choisir, délibérément, de favoriser autant les traductions, c'est impacter en négatif les voix francophones.

Que Bragelonne soit bien content d'avoir le Witcher qui se vend énormément pour stabiliser ses finances, cool. Mais à côté, ça pourrait être l'occasion de développer une offre francophone de qualité (et qui pourrait tout à fait marcher ! Dabos, Bottero, même Damasio... ce sont des auteurices qui vendent énormément ! on a des manuscrits francophones non publiés qui trainent car peu de ME prennent les soumissions, et qui, j'en suis sûre, seraient des succès énormes !). Ils choisissent, volontairement, de ne pas développer cette offre francophone. Pour moi, il y a une responsabilité morale de leur part.

(Je ne parle même pas des "boîtes de trad" à la DeSaxus lol)

Aconitum a écrit:
Je partage ton indignation, surtout que les thèmes et tropes de SFF imaginées et traitées par quelqu'un ayant grandi en France (ou Europe) ne donnent souvent pas la même chose que quand c'est fait par quelqu'un venant des US. On a pas les mêmes obsessions culturelles, pas le même rapport à la société, ou même aux relations amicales et amoureuses parfois.
MAIS OUI EXACTEMENT !!! Et même en dehors de la France et de l'Europe, on a tellement d'autres pays francophones qui auraient aussi des pépites ! J'en peux pluuuus de l'héroïne YA qui est toujours un dérivé de l'adolescente américaine typique. Sad
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Fred Dee
   
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Alors, première réponse que j'ai envie de donner à la problématique, c'est : le monde est plus grand que la France (et que la francophonie). Et donc l'offre littéraire étrangère est logiquement plus grande que l'offre française. Oui, je sais, c'est bête comme 2 + 2 = 4 et je ne voudrais pas avoir l'air de vous prendre pour des gamin.e.s de cours préparatoire.

Et comme on est sur un marché (mondialisé, faut-il le rappeler), avec ce principe simple de l'offre et de la demande, si l'offre (internationale) dépasse déjà la demande (française), alors il ne reste plus vraiment de place pour une offre supplémentaire (francophone).

Et je suis d'accord, c'est ch... sciant ! On nous dégueule de la traduction à tout va et on n'a pas le temps de tout avaler qu'on nous en remet encore. On a droit à des campagnes de promo énormes sur des séries qui ont déjà eu un succès énorme en Amérique et donc on devrait trouver ça énorme de l'avoir en France et donc ça devrait énormément marcher. Et donc les ME se battent pour avoir chacune un petit bout du gâteau des succès internationaux pour en faire leur flotteur financier. Et les auteurs français se retrouveraient donc à devoir les regarder de dessous la table, en attendant qu'on s'aperçoive de leur présence. Et finalement, les seuls qui auraient du temps à leur consacrer, c'est les petites ME qui, de toute façon n'ont pas encore les moyens d'investir dans les droits d'un best-seller US, mais qui auront aussi du mal à soutenir longtemps de nouveaux auteurs.  

Quand je fais mes recherches de ME pour mes manuscrits, je les vois toutes les nouveautés avec tous ces noms à consonance anglophone et je me dis à chaque fois : mais comment ils vont s'intéresser à moi si tout ce qu'ils veulent, c'est publier ces gens-là.

Conclusion, pour ma part : c'est sciant. Mais à la fin je pense toujours que le monde est plus grand que la France et qu'on ne peut pas ignorer ce qui vient d'ailleurs. Parfois c'est pas de grande qualité mais on a aussi nos bouses en France qui remplissent les rayons des Fnac et on trouve aussi qu'on devrait mettre plus en lumière plus de nouveaux auteurs de qualité que les mêmes vieilles têtes de gondole.

Encore faudrait-il que l'offre et la demande changent. Mais comme la demande est parfois produite artificiellement par l'offre, à moins d'un gros changement des habitudes des consommateurs (comme dans tous les secteurs) vers la littérature francophone (et la littérature francophone est-elle tellement en danger ?*), le phénomène peut durer jusqu'à temps que plusieurs ME meurent de cette stratégie. Si c'est vraiment ce qui peut les tuer. Donc, JE, rassemblement ! Ne lisons plus que nos consœurs et confrères francophones jusqu'à ce que le monde change !

* je suis allé voir les meilleures ventes du moment chez Decitre (la Fnac, c'est trop compliqué d'isoler la littérature dans les meilleures ventes) et 12 sur 20 sont français, 5 doivent être des achats liés à la rentrée (Camus, Colette, Maupassant, etc.), et au moins 3 ont été écrits par des autrices à succès (Nothomb, Da Costa) ou des gens connus en dehors de la littérature (Panayotis Pascot). Et puis il y a en un avec une couverture avec du nu dessus. Et Le Petit Prince, mais celui-là, c'est sacré (et peut-être aussi lié à la rentrée).
 
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Fred Dee a écrit:
Et donc l'offre littéraire étrangère est logiquement plus grande que l'offre française.

Et comme on est sur un marché (mondialisé, faut-il le rappeler), avec ce principe simple de l'offre et de la demande, si l'offre (internationale) dépasse déjà la demande (française), alors il ne reste plus vraiment de place pour une offre supplémentaire (francophone).
Et pourtant les trad ce sont 90% de romans américains Laughing
Et la place se ferait s'il y avait moins de traductions, justement.

Fred Dee a écrit:
Quand je fais mes recherches de ME pour mes manuscrits, je les vois toutes les nouveautés avec tous ces noms à consonance anglophone et je me dis à chaque fois : mais comment ils vont s'intéresser à moi si tout ce qu'ils veulent, c'est publier ces gens-là.
Du coup ils s'intéressent effectivement pas à toi (nous) Laughing

Fred Dee a écrit:
Mais à la fin je pense toujours que le monde est plus grand que la France et qu'on ne peut pas ignorer ce qui vient d'ailleurs. Parfois c'est pas de grande qualité mais on a aussi nos bouses en France qui remplissent les rayons des Fnac et on trouve aussi qu'on devrait mettre plus en lumière plus de nouveaux auteurs de qualité que les mêmes vieilles têtes de gondole.
Je suis tout à fait d'accord qu'on ne peut ignorer ce qui vient d'ailleurs, et je n'ai jamais été contre le principe de traduire des œuvres étrangères, au contraire. C'est vraiment cette inflation mélangée à de l'overdose qui me saoule. Quitte à avoir des "bouses" (si vraiment on pouvait qualifier un roman comme ça), je préfère une bouse qui ne soit pas américaine. Laughing

Fred Dee a écrit:
Mais comme la demande est parfois produite artificiellement par l'offre,
Complètement.

Fred Dee a écrit:
Donc, JE, rassemblement ! Ne lisons plus que nos consœurs et confrères francophones jusqu'à ce que le monde change !
Je valide haha. Samantha Shannon avait répondu en story à des néerlandais et norvégiens qui demandaient quand son livre serait traduit dans leur pays, et elle avait répondu que probablement qu'il ne le serait pas, car le public néerlandais/norvégien lisait en anglais, et qu'une traduction n'était donc pas rentable pour les maisons d'édition de ces pays. Faut juste reproduire ça en France et tu tues DeSaxus Laughing

Fred Dee a écrit:
* je suis allé voir les meilleures ventes du moment chez Decitre (la Fnac, c'est trop compliqué d'isoler la littérature dans les meilleures ventes) et 12 sur 20 sont français, 5 doivent être des achats liés à la rentrée (Camus, Colette, Maupassant, etc.), et au moins 3 ont été écrits par des autrices à succès (Nothomb, Da Costa) ou des gens connus en dehors de la littérature (Panayotis Pascot). Et puis il y a en un avec une couverture avec du nu dessus. Et Le Petit Prince, mais celui-là, c'est sacré (et peut-être aussi lié à la rentrée).
C'est pour ça que je voulais surtout parler de la SFFF : c'est une littérature de niche, où il est de base difficile d'exister. Et là, je suis prête à parier que le top 10 des meilleures ventes comprend une majorité d'américains.
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Cervidé Grognon
   
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Page de Bâtons a écrit:
Que Bragelonne soit bien content d'avoir le Witcher qui se vend énormément pour stabiliser ses finances, cool.

Je partage totalement votre indignation, et ça tombe bien que tu cites le Sorceleur parce que c'est le parfait exemple d'une pratique qui m'agace encore plus : les énièmes rééditions ! Cette saga avait une version poche qui était toujours commercialisée, mais l'arrivée de la série Netflix a enclenché un grand n'importe quoi : les tomes ont été réédité à l'identique mais avec des chiffres romains sur la tranche, puis en grande version, puis en grimoire-qui-coute-la-peau-des-rouleaux-vasy-achète, et il y a actuellement une nouvelle version poche avec de nouvelles couvertures. Sincèrement, la version de poche de base était toujours commercialisée, alors je trouve ça totalement con d'en avoir réédité la bagatelle de quatre versions ! Et malheureusement, certaines ME adorent les rééditions de rééditions, et certains auteurs sont particulièrement touché (du genre de Lovecraft, que j'adore mais que je sature de voir ressorti encore et encore).

Après concernant les traductions, c'est clairement un choix économique, pour les raisons que vous avez citées (marketing US, fans qui attendent déjà grâce aux réseaux sociaux...) mais aussi parce que ça ne nécessite qu'une équipe réduite : un traducteur (qui généralement se corrige lui-même, il n'y a pas de correcteur derrière), quelqu'un qui s'occupe de la mise en page, une couverture (quand elle n'est pas fourni par la ME originelle) et zouh, c'est parti ! Ça prend donc beaucoup moins de temps et de personnes que pour éditer un auteur francophone.

Du coup, ça a comme conséquences qu'on se récupère tous les bouquins pourraves qui viennent des USA (et sincèrement, je suis prête à parier qu'une certaines partie d'entre eux seraient impubliables en France tellement ils sont mauvais) et que les auteurs francophones galèrent à se faire une petite place...

Après, je peux comprendre qu'une ME soit une entreprise et qu'opter pour une traduction de temps en temps soit idéal pour renflouer les caisses, mais quand je vois des ME qui ne font QUE de la traduction, ça m'agace. L'idéal serait que les ME acceptent de prendre des risques avec des francophones, avec la possibilité d'une traduction de temps en temps pour équilibrer les comptes. Mais ne soyons pas naïfs, dès que le pognon entre en jeu, il ne faut plus espérer grand chose. Il faudrait donc compter sur les lecteurs, mais la plupart sont tellement biberonnés à la pop culture américaine qu'ils n'ont d'yeux que pour les auteurs américains, au point que certains ont un réel mépris pour les auteurs francophones et sont persuadés que la littérature française est un espèce de truc vieillot et poussiéreux. Il y a donc du chemin à parcourir, au point que je me demande si c'est seulement possible.
 
lula_mae
   
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Cervidé Grognon a écrit:
Après concernant les traductions, c'est clairement un choix économique, pour les raisons que vous avez citées (marketing US, fans qui attendent déjà grâce aux réseaux sociaux...) mais aussi parce que ça ne nécessite qu'une équipe réduite : un traducteur (qui généralement se corrige lui-même, il n'y a pas de correcteur derrière), quelqu'un qui s'occupe de la mise en page, une couverture (quand elle n'est pas fourni par la ME originelle) et zouh, c'est parti ! Ça prend donc beaucoup moins de temps et de personnes que pour éditer un auteur francophone.

Je me permets de mettre mon grain de sel sur la question. Je suis traductrice litteraire et si, je vous assure, une traduction (du moins dans une maison d'édition sérieuse) passe par un(e) relecteurice (qui compare le texte VO à la traduction, fait des remarques en commentaires et suggestions, que le ou la Traducteurice valide ensuite ou non) puis un(e) correctrice. Le travail est bien sûr différent sur une traduction qu'un roman français, plus rapide aussi, mais il s'agirait de ne pas dire n'importe quoi non plus. Shocked Le soucis, c'est aussi que des maisons peu scrupuleuses donnent cette fausse impression, mais ces trois acteurices sont indispensables à la qualité d'une traduction. Quand on traduit, on corrige automatiquement ses coquilles car on connaît le texte, on peut oublier des morceaux de phases... On reste humain et on a besoin du soutien d'une équipe edito sérieuse pour produire ensemble une traduction qualitative.

Je partage complètement les réflexions échangées dans ce topic et sur les réseau aujourd'hui sur l'omniprésence écrasante des traductions et le manque de plumes françaises en rayon, mais il me semblait important de rectifier ce point.

Aussi, une traduction ne coûte pas rien non plus. La cession de droits est coûteuses dans certains cas, et correcteurice, traducteurice et relecteurice, s'ils sont payés dignement, coûtent un certain prix (je peux vous parler de mes tarifs si ça vous intéresse). Mais je suis 100% d'accord sur le fait que le pari est moins risqué avec le succès de certains romans US et la garantie quasi assurée qu'il s'écoulera avec une jolie édition ou seulement une mention qui vante ses ventes à l'étranger.  La prédominance des traductions vs la littérature francophone (surtout en SFFF) 1f614
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Cervidé Grognon a écrit:
et il y a actuellement une nouvelle version poche avec de nouvelles couvertures

Ohlala avec le logo "Netflix" dessus en plus, je crois. Déjà que ma version poche est une nouvelle sortie SUITE aux jeux (vu que c'est la cover avec Geralt in game Embarassed A l'époque je me souciai pas de ce genre de détail). Mais quand je regarde le rayon Leclerc multimédia à côté de chez moi, tu enlèves les rééditions GOT, Lovecraft et Witcher, je crois que y a la moitié du rayon qui s'en va. Rolling Eyes

L'avantage d'une traduction aussi, je pense (à moins que je dise une grosse connerie) c'est que tu as beaucoup moins d'humains à traiter. Le livre est déjà un produit abouti (et marketé, connu des RS, ... comme vous l'avez bien dit) sur lequel il n'y a pas de travail de correction de fond à faire. Juste de la forme, et pas d'auteur "réfractaire" avec qui traiter. Du coup c'est TOUT bénef.

Cervidé Grognon a écrit:
Il faudrait donc compter sur les lecteurs, mais la plupart sont tellement biberonnés à la pop culture américaine qu'ils n'ont d'yeux que pour les auteurs américains

Et vu l'hégémonie de cette culture, c'est dur de leur en vouloir. Regarde les cartons box-office en France, tu verras pas non plus beaucoup de films français (et vu les retours que j'ai eu sur Astérix, ça n'est pas si surprenant). On peut parler de l'hégémonie culturelle américaine, et on peut aussi parler de l'incapacité en France de faire des films/séries sans tourner sur du pathos et des "drames familiaux" ou de l'historique (Trois Mousquetaires).
Où sont nos adaptions de Jules Verne ? Ou d'autres pontes de la SF/fantasy/fantastique ? Nos jeux-vidéos la Horde de Contrevent (projet abandonné, IIRC) ?
Ce n'est pas que le domaine de la lecture qui pâtit de cette hégémonie (et avec un gouvernement pro anglais qui nous sort des "Tech for good" et autres trucs pétés du même acabit, ça va pas changer)

Mais je confirme qu'avant d'écrire, j'avais dans ma bibliothèque QUATRE auteurs français. (de tête, possible que j'en ai oublié un ou deux, mais à comparer aux 100 anglo-saxons)
Jaworski (parce qu'une amie m'avait prêté Gagner la Guerre et que j'avais adoré)
Damasio
Werber (bah voui Rolling Eyes )
Adrien Tomas (mon frère qui m'a offert ça à Noël, aucune idée de comment il l'a trouvé Laughing )

Le reste ? Du Bragelonne ou du pocket, et aucuns noms français. Pas par élitisme, je ne connaissais juste pas DU TOUT la scène française (à part l'Atalante, mais y faisaient plus de la SF et du roman policier, IIRC), et encore moins les ME. Et faut bien avouer qu'à moins d'aller fouiller un peu, pour trouver du Mnémos/Scrineo/Plume Blanche/... Y faut se lever tôt.
Ne lire que (ou plus de) des auteurs fr serait déjà un bon point, mais je ne suis pas sûr que ça suffise à changer quoi que ce soit :/

PS : PDB -> envoie ta story Laughing
 
Fred Dee
   
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Page de Bâtons a écrit:
Et pourtant les trad ce sont 90% de romans américains Laughing

En effet, mais là, c'est aussi le résultat de cent ans d'impérialisme culturel, la démonstration que la puissance économique américaine ne diminue pas en ce domaine, que leur machine promotionnelle est encore à la pointe du système. Mais cela vaut surtout pour un certain type de littérature. Car comme tu l'as fait remarquer :

Citation :
C'est pour ça que je voulais surtout parler de la SFFF : c'est une littérature de niche, où il est de base difficile d'exister. Et là, je suis prête à parier que le top 10 des meilleures ventes comprend une majorité d'américains.

Effectivement, toujours sur Decitre, j'ai 3 français / 20 (dont Damasio et Jaworski pour changer) et un seul auteur non-anglophone (en me basant juste sur le nom) dans le reste du lot. Mais c'est pareil si on va dans les best-sellers BD. Là prédomine le manga (je me plains pas attention, c'est pas marqué Ségolène Royale). Ce qui souligne aussi une sorte de langueur culturelle : on reste dans ce qui a fait notre culture ces dernières décennies. Comme la SFFF (dans la cervelle du consommateur), c'est un truc d'américains / anglophones, le top de la BD, c'est japonais (ou Astérix, aussi présent dans les meilleures ventes). Et après c'est "ha bon, on a de bons auteurs français actuellement ?!"...

Cervidé Grognon a écrit:
L'idéal serait que les ME acceptent de prendre des risques avec des francophones

Eh bien, non, justement, c'est pas une période pour prendre des risques. Et, comme qui disait, si tu veux devenir millionnaire en tant qu'éditeur, il faut être milliardaire à la base. En fait, éditeur, c'est déjà un métier où tu prends des risques 99% du temps. Alors si tu tentes de prendre plus de risques en ce moment, tu peux déjà vendre tes enfants à ton banquier. Malheureusement, on est dans une sorte de période de sélection naturelle et pas sûr que ce soit les ME qui auront misé sur les nouvelles plumes francophones qui seront à la base du prochain palier de l'évolution de l'édition en France. Sad

@Lula_Mae : merci pour ces éclaircissements venus de l'intérieur.
 
Azaby
   
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Azaby  /  Tentatrice chauve


Citation :
Alors, première réponse que j'ai envie de donner à la problématique, c'est : le monde est plus grand que la France (et que la francophonie). Et donc l'offre littéraire étrangère est logiquement plus grande que l'offre française. Oui, je sais, c'est bête comme 2 + 2 = 4 et je ne voudrais pas avoir l'air de vous prendre pour des gamin.e.s de cours préparatoire.

L'argument serait valide s'il y avait dans les rayons une proportion cohérente avec le nombre de locuteur d'une langue, ce qui n'est pas, mais alors pas du tout le cas. On est à écrasante majorité du cas sur de l'anglophone. Certes la langue la plus parlée, mais quid du chinois (le seul "succès" de SFFF chinoise qui me vient d'emblée à l'esprit c'est "Le Problème à 3 corps"), quid de l'espagnol ou de l'hindi ? Quand bien même, le français reste dans le top 10 des langues les plus parlées au monde. Il est surprenant qu'il n'y ait pas une plus grande présence francophone en rayon.


Citation :
Après concernant les traductions, c'est clairement un choix économique, pour les raisons que vous avez citées (marketing US, fans qui attendent déjà grâce aux réseaux sociaux...) mais aussi parce que ça ne nécessite qu'une équipe réduite : un traducteur (qui généralement se corrige lui-même, il n'y a pas de correcteur derrière), quelqu'un qui s'occupe de la mise en page, une couverture (quand elle n'est pas fourni par la ME originelle) et zouh, c'est parti !

Dans toutes les maisons avec lesquelles j'ai travaillé qui faisaient de la trad, il y avait le/la traducteur/ice, mais également un/e éditeur/ice pour assurer la cohérence stylistique, puis un/e correcteur/ice... donc pas forcément moins de travail qu'avec un roman francophone qui passe par les mêmes étapes, moins la traduction. Sans parler des cessions de droit qui vont facilement chercher à plusieurs dizaines de milliers d'euros pour les gros titres (à comparer avec nos 1000, 2000 ou 5000 euros d'à-valoir français, quand on est très chanceux study ). Certes les traductions marchent mieux, mais dans un bon nombre de cas, elles coûtent beaucoup plus cher. Ce sont des succès "avérés", oui, il n'y a pas cette dimension "pari" que l'on a sur un auteur francophone. Mais tout de même. Si les moyens de promotion étaient comparables pour les textes français, je pense que l'écart de ventes entre textes étrangers et français se réduirait un peu. Voire même de façon significative.
 
Lylle
   
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Lylle  /  Barge de Radetzky


Tout comme les films, les séries, la musique, les anglo-saxons sont les "rois" du Divertissement.
Rien ne nous empêche d'aller consommer ailleurs (il n'y a qu'à voir l'engouement pour les anime, manga, drama, qu'ils soient coréens ou japonais, entre autres exemples), mais la vérité est là, la France aime se plier à l'offre américaine/anglaise, parce que cette dernière possède des leviers de vente bien supérieurs.

Quand l'industrie du divertissement en France (livre, film ou autre) tire la sonnette d'alarme parce qu'elle est en perte de vitesse, ne nous voilons pas la face, les français "moyens" (sans être péjoratif, juste la personne médiane qui consomme) s'en foutent complètement. Pour eux, il y a toujours des livres en librairie, il y a toujours des films au cinéma. Il n'y a que les vrais passionnés pour s'émouvoir du désamour des français pour leurs propres cultures.

Boycotter c'est une bonne idée, tant qu'il y a une majorité qui s'y met. Lançons l'alerte sur les réseaux, incitons les influenceurs à promouvoir des auteurs français ! Oui, sauf que ces influenceurs sont pieds et poings liés avec la même glue que les ME... Le pognon.

Prenons George. Il adore les romans d'espionnage et sa page instagram est suivie par presque un million de followers. George aussi est déçu que les éditeurs ne s'emploie qu'à la réédition de vieux textes, qu'ils passent à côté de centaines de livres francophones excellents. Mais George sait ce que ses followers attendent. Son avis sur le dernier John Wookwood, le grand auteur d'espionnage américain, son dernier opus est tout chaud, sorti des presses. Que doit faire George ? Faire un post sur Wookwood pour gagner plus de followers et possiblement un contrat avec un sponsor, parce que son loyer ne va pas se payer tout seul depuis qu'il s'est mis à son compte ? Ou un post qui dénonce l'injuste réalité des auteurs français, en donnant des exemples de livres, avec pour conséquence de se faire boycotter lui-même par les ME parce qu'il aura osé parler ?

Comment éduquer les générations sur ce sujet ? Comment faire passer ce message quand le consumérisme et le capitalisme sont encore et toujours ce qui maintient le monde ?

Bref, j'ai la sensation que beaucoup de JE ici qui n'ont toujours pas eu le bonheur d'être édités finiront un jour ou l'autre par passer par l'AE*, faute de trouver le partenaire professionnel idéal (je me compte largement dedans, je me pose de plus en plus de questions à ce sujet). C'est une bonne chose, dans le sens où le marché verra fleurir plus de livres francophones, mais se faire connaître, c'est un parcours du combattant... un deuxième métier qu'on ne voulait peut-être pas endosser.

* : les US ne sont pas en reste à ce sujet, il n'y a qu'à voir l'énorme succès de KU, Kindle Unlimited, qui a ses qualités mais aussi ses énormes défauts. (C'est encore un autre sujet par contre, je ne m'étends pas là-dessus :p)
 
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Redo a écrit:
Mais je confirme qu'avant d'écrire, j'avais dans ma bibliothèque QUATRE auteurs français. (de tête, possible que j'en ai oublié un ou deux, mais à comparer aux 100 anglo-saxons)
Jaworski (parce qu'une amie m'avait prêté Gagner la Guerre et que j'avais adoré)
Damasio
Werber (bah voui Rolling Eyes )
Adrien Tomas (mon frère qui m'a offert ça à Noël, aucune idée de comment il l'a trouvé Laughing )
Je pense vraiment qu'une partie du problème se trouve là : le public ne connait pas l'offre francophone. Nous, on la connait car on écrit et on ambitionne de soumettre des manuscrits. Mais quand je parle sur Tiktok à des gens "normaux" (lol), en général ils n'ont aucune idée des auteurices francophones, à part genre ouais Dabos en YA et Damasio en adulte.

Et, bien sûr, pourquoi le public ne les connait pas ? Car le marketing se concentre sur les traductions, car les traductions sont ce qui est présenté en rayon en majorité, un cercle vicieux qui pousse les ouvrages français sur le bas côté.

Fred Dee a écrit:
Eh bien, non, justement, c'est pas une période pour prendre des risques. Et, comme qui disait, si tu veux devenir millionnaire en tant qu'éditeur, il faut être milliardaire à la base. En fait, éditeur, c'est déjà un métier où tu prends des risques 99% du temps. Alors si tu tentes de prendre plus de risques en ce moment, tu peux déjà vendre tes enfants à ton banquier. Malheureusement, on est dans une sorte de période de sélection naturelle et pas sûr que ce soit les ME qui auront misé sur les nouvelles plumes francophones qui seront à la base du prochain palier de l'évolution de l'édition en France.
Sauf que la ME qui mise sur les plumes francophones et qui trouve un prochain best seller (parce que aussi elle aura donné l'impulsion suffisante au livre pour qu'il touche son public - faut que j'ouvre un post sur les facteurs corrélés au succès d'un livre haha), c'est le jackpot pour elle aussi ! Gallimard doit se RINCER avec Dabos, bien plus que nos ME avec leurs trads, qui doivent engager de gros coûts initiaux pour obtenir lesdites trad.

Azaby a écrit:
Sans parler des cessions de droit qui vont facilement chercher à plusieurs dizaines de milliers d'euros pour les gros titres (à comparer avec nos 1000, 2000 ou 5000 euros d'à-valoir français, quand on est très chanceux study ). Certes les traductions marchent mieux, mais dans un bon nombre de cas, elles coûtent beaucoup plus cher. Ce sont des succès "avérés", oui, il n'y a pas cette dimension "pari" que l'on a sur un auteur francophone. Mais tout de même. Si les moyens de promotion étaient comparables pour les textes français, je pense que l'écart de ventes entre textes étrangers et français se réduirait un peu. Voire même de façon significative.
Ça mais ça à 200%. Ça me tue. Comme tu dis, s'ils investissaient autant dans un texte français, le texte marcherait mieux ! Les traductions marchent mieux en partie car elles sont plus poussées et qu'il y a de l'investissement, et ensuite on justifie de traduire car elles marchent mieux, alors qu'on a créé justement cet écosystème où elles fonctionnent mieux !
Certains titres écrits en français ont explosé. C'est possible. C'est même pas une question de fatalité "on ne fait de l'argent qu'avec les américains", non. C'est un CHOIX.

Lylle a écrit:
Boycotter c'est une bonne idée, tant qu'il y a une majorité qui s'y met. Lançons l'alerte sur les réseaux, incitons les influenceurs à promouvoir des auteurs français ! Oui, sauf que ces influenceurs sont pieds et poings liés avec la même glue que les ME... Le pognon.

(...) Mais George sait ce que ses followers attendent. Son avis sur le dernier John Wookwood, le grand auteur d'espionnage américain, son dernier opus est tout chaud, sorti des presses. Que doit faire George ? Faire un post sur Wookwood pour gagner plus de followers et possiblement un contrat avec un sponsor, parce que son loyer ne va pas se payer tout seul depuis qu'il s'est mis à son compte ? Ou un post qui dénonce l'injuste réalité des auteurs français, en donnant des exemples de livres, avec pour conséquence de se faire boycotter lui-même par les ME parce qu'il aura osé parler ?
Alors je me permets de réagir là-dessus car, de ma maigre expérience des réseaux sociaux, justement, c'est faux ce que tu présentes. Dans mon cas d'espèce, mes vidéos sur Tiktok qui ont le plus marché ces derniers mois (à mon échelle, genre 20k vues), ce sont justement des vidéos qui 1. dénoncent le problème des traductions en nommant les ME explicitement, 2. proposent des alternatives francophones.
Il y a une appétence du public. Les gens écoutent quand tu parles des titres francophones. Mais les gens en général ne connaissent pas l'existence de cette offre francophone.

(Ensuite, mais c'est un autre débat, je trouve qu'il y a eut un élitisme/snobisme pendant un moment de la fantasy/sf francophone qui a pu freiner sa pénétration dans le grand public - mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, et je pense qu'on a vraiment toutes les cartes pour que ça fonctionne mieux, faut juste réussir à passer ce plafond de verre (lol) de la différence de visibilité entre un titre traduit et un titre originellement en langue française).
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Page de Bâtons a écrit:
Alors je me permets de réagir là-dessus car, de ma maigre expérience des réseaux sociaux, justement, c'est faux ce que tu présentes. Dans mon cas d'espèce, mes vidéos sur Tiktok qui ont le plus marché ces derniers mois (à mon échelle, genre 20k vues), ce sont justement des vidéos qui 1. dénoncent le problème des traductions en nommant les ME explicitement, 2. proposent des alternatives francophones.
Il y a une appétence du public. Les gens écoutent quand tu parles des titres francophones. Mais les gens en général ne connaissent pas l'existence de cette offre francophone.

(Ensuite, mais c'est un autre débat, je trouve qu'il y a eut un élitisme/snobisme pendant un moment de la fantasy/sf francophone qui a pu freiner sa pénétration dans le grand public - mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, et je pense qu'on a vraiment toutes les cartes pour que ça fonctionne mieux, faut juste réussir à passer ce plafond de verre (lol) de la différence de visibilité entre un titre traduit et un titre originellement en langue française).

Je suis parfaitement d'accord avec toi, ton public réagira positivement à tes dénonciations parce que tu attires des gens qui ont la même vision que toi (et c'est tout ce qu'on souhaite quand on est influenceur je suppose ^^).
Mon exemple était peut-être trop capillotracté, trop invraisemblable. J'imaginais plutôt que les followers de George étaient des consommateurs "lambda" (rien de péjoratif non plus ici, rappelons-le :p) qui le suivent parce qu'il présente majoritairement un contenu qui se colle à la tendance (donc beaucoup de livres anglo-saxons). Rappelons que je ne suis pas influenceuse et que je ne suis que très peu de gens dans ce monde-là, peut-être une erreur de ma part mais vu le peu de temps que je passe sur les réseaux (mis à part pour regarder des vidéos de chatons quand j'ai le blues... ça ne compte pas).

J'ai juste cette sensation (rien de scientifique là-dedans) que le modèle économique des influenceurs (qui vivent de leurs réseaux) les poussera toujours à privilégier l'argent plutôt que la dénonciation. Les chaînes youtube qui dénoncent les escrocs des réseaux sont si "petits" face à ceux qu'ils essaient de faire tomber, que j'ai souvent mal au cœur de les voir se démener pour rien finalement, les escrocs continuent toujours leurs affaires.
J'ai transposé cette sensation au milieu artistique/littéraire, parce que le modèle des influenceurs change peu ou presque, même si les domaines sont différents. J'ai certainement été biaisée par cela.

Concernant la Fantasy/SF/HF, je te rejoins, il y a un réel engouement en ce moment. Les gens en sont friands et quand ils ont fini de consommer les titres anglo-saxons (qui ne se valent pas tous entre eux...), ils voient enfin qu'il y a une offre française.
C'est juste ultra étrange d'ailleurs quand je repense au lien de Fabiend sur un autre post où on apprenait les genres préférés des français, la SFFF n'arrivait pas en tête et pourtant c'est elle qui semble faire le plus de bruit.
 
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Je lis à l'heure actuelle peu de SFF, et j'irai jeter un œil tout à l'heure sur ma bibliothèque pour voir les proportions d'auteurs francais et us.
En revanche j'avais fait il y a quelques années le constat que je ne trouvais aucun.e auteur.rice français en romance, un genre que je lis beaucoup. Et au bout d'un moment je trouve ça gavant d'avoir que des réf américaines, d'être bassinee avec new York à longueur de temps (alors que Mulhouse aussi ça peut être un décor de dingue pour une histoire d'amour).
Dans ce genre là en particulier, le rêve américain tourne à plein régime et s'auto alimente.
D'ailleurs même Marc levy et musso plaçaient leurs histoires aux us (et m'ont toujours donné l'impression d'être mal traduits alors qu'ils écrivent en français, mais c’est un autre sujet)
Et pourtant ces 10 dernières années l'arrivée des romans feel good à largement remanié ce constat. Aujourd'hui on trouve énormément de romances estampillées feel good écrites par des français pour des français, et parfois traduits
Mon analyse : le chemin s'est fait en inventant une voie spécifiquement française, justement ni romance ni chick lit ni... je sais pas quoi, qui s'appuie sur notre culture, nos codes, etc.
Dans l'idée ce serait faisable en sff aussi... trouver une patte francaise...
Autre constat : on dégoûte les jeunes lecteurs du français à l'école. Ils n'étudient que des auteurs francophones, et ça alimente un mécanisme de repli vers des auteurs us ou japonais qui, eux, ne vont pas être barbant.
(Je dis ça, moi j'adore les classiques, hein)
 

 La prédominance des traductions vs la littérature francophone (surtout en SFFF)

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