Bonjour,
As-tu fais des demandes d'aides pour ton handicap ? Ça pourrait permettre de rétablir une relation un peu plus équilibrée entre vous. Après pour ta mère je pense qu'il serait bon de lui expliquer en quoi l'écriture est aussi une activité qui te fait du bien et son importance tout en appuyant sur le côté que ce n'est pas quelque chose qu'on peut juste mettre en on-off.

Mawu : oui ça fait maintenant quelques années que je suis handi, donc j'ai bien fait le tour de la question. Le souci c'est que vu mon manque d'autonomie, j'ai besoin de quelqu'un à plein temps avec moi : donc soit un proche, soit un établissement spécialisé (et si tu as entendu parler du scandale des maisons de retraite, dis-toi que c'est pire encore en ce qui concerne ces établissements là) ou alors les appartements médicalisés (qui coûtent un bras, un rein et un œil). L'autonomie des handi, c'est une douce chimère...

Mais sinon oui, je vais essayer de lui expliquer que l'écriture n'est pas un simple divertissement que je peux stopper comme je mets en pause ma partie de solitaire

Hum, beaucoup de bonnes choses déjà dites ici. Et je retiens tout particulièrement le conseil de Verowyn. A appliquer de mon côté aussi à l'occas, je crois. En fait, je crois bien, a posteriori, que c'est ce qui m'avait permis de terminer mon premier roman : j'avais énoncé mes objectifs à ma famille. J'avais bien dit : je me laisse jusqu'à telle date pour finir et si je ne bosse pas une heure par jour au moins dessus (et c'était parfois beaucoup plus), ça durera plus longtemps et donc la période durant laquelle vous devrez faire sans moi pour toutes vos activités sera encore plus étendue.

Enfin, pour répondre à la question initiale, et au cas où cela servirait à d'autres aussi plus tard : il y a la nuit, oui, mais alors pas des séances hyper longues. Si on fait une nuit blanche et qu'on a des imprévus le lendemain par exemple, ça peut être catastrophique. Garder plutôt la nuit pour des séances de relecture par exemple.

En journée, le weekend surtout, je compte sur mon épouse pour jouer le rôle de videur avec les enfants qui voudraient franchir la porte de mon bureau (ma chambre, quoi), quand elles sont à la maison, pour me permettre de bosser au moins une heure. Là encore, je conseille les séances courtes : mieux vaut une petite séance d'une heure par jour, même pour ne pas faire grand chose, que rien du tout. Tant pis si je ne peux pas avoir droit à des séances de quatre heures (en réalité, pendant les grosses séances, je suis le premier à me distraire avec plein de petites choses).

Et puis il y a les jours où on peut rester à la maison, quand les enfants sont à l'école, le conjoint au boulot, alors là, on se met un grand coup de fouet et tant pis pour la vaisselle sale dans l'évier pour une fois.

J'ai finalement parlé à ma mère ce soir, et en fait, elle ne se rendait même pas compte qu'elle me dérangeait si souvent. Elle a admis que quand elle avait besoin de moi (quand elle est sur l'ordinateur par exemple, parce qu'elle galère vraiment en informatique), elle m'appelait sans y réfléchir, par automatisme.

Nous avons donc convenu qu'on allait mettre un emploi du temps, avec des moments bien définis où elle ne doit pas me déranger du tout, et d'autres où elle peut si elle a besoin. Elle m'a même dit de bien lui redire avant de commencer à écrire pour qu'elle sache exactement de quelle heure à quelle heure. Bon ça va sûrement être un peu compliqué au début, pour elle comme pour moi d'ailleurs (je suis le chaos incarné, organiser un emploi du temps risque d'être folklorique !) mais au moins on est lancées toutes les deux dans cette idée qui peut bien fonctionner !

Merci donc à tous pour vos conseils

Cervidé, ton sujet m'a rappelé une fois où j'étais en vacances chez mes parents avec mari et enfants. Je m'étais installée dans le salon, tout le monde m'avait dit "oui OK écris".
J'ai chronométré, j'ai eu 6 minutes max sans être interrompue.
Donc solidarité.

J'ai essayé pas mal de choses. Et je constate qu'au final, ce qui est le plus compliqué, c'est la place que prennent les gens dans ma tête.
Je n'arrive pas vraiment à écrire quand mon mari est dans le bureau d'à côté, même s'il me laisse tranquille 3h de rang. Alors que dans le train avec du bruit je peux y arriver. En fait ce n'est pas le fait d'être dérangé, c'est que la personne me rappelle à ma réalité alors que j'essaye d'aller vers l'imaginaire.

C'est pour ça que j'aime bien prendre le train. Petit sas d'évasion propice à l'écriture.
Dans ton cas, Cervidé, je pense que tu peux aussi expliquer à ta mère ce que ça t'apporte d'écrire. Comment tu te sens quand tu as écrit, comment tu te sens quand tu n'as pas réussi à écrire...
C'est ta mère, elle a envie que tu te sentes bien. Donc ça peut l'aider à te laisser de l'air.

Édit après avoir lu ton dernier message : c'est cool. Vous devrez peut être chercher d'autres techniques mais se comprendre c'est déjà une belle étape!

HilnaMacPhom a écrit:

Cervidé, ton sujet m'a rappelé une fois où j'étais en vacances chez mes parents avec mari et enfants. Je m'étais installée dans le salon, tout le monde m'avait dit "oui OK écris".
J'ai chronométré, j'ai eu 6 minutes max sans être interrompue.
Donc solidarité.

J'ai essayé pas mal de choses. Et je constate qu'au final, ce qui est le plus compliqué, c'est la place que prennent les gens dans ma tête.
Je n'arrive pas vraiment à écrire quand mon mari est dans le bureau d'à côté, même s'il me laisse tranquille 3h de rang. Alors que dans le train avec du bruit je peux y arriver. En fait ce n'est pas le fait d'être dérangé, c'est que la personne me rappelle à ma réalité alors que j'essaye d'aller vers l'imaginaire.

C'est pour ça que j'aime bien prendre le train. Petit sas d'évasion propice à l'écriture.

Je déterre ce sujet car ce dernier message me parle énormément. Avec 3 adoes à la maison et un job à temps plein mon seul créneau d'écriture régulier c'est 22h-minuit (en supposant que j'ai encore le courage de m'y mettre, et c'est pas le cas tous les soirs).

Tout les reste c'est du temps grappillé/volé deci delà : une heure dans un café pendant que n°3 est au sport (qu'est ce qu'on écrit bien dans un café !), un trajet en TGV lors d'un déplacement pro (qu'est ce qu'on est bien dans un TGV !), en bref, n'importe quoi loin de la maison.

Souvent je rêve de planter tout le monde et de me barrer une semaine en Bretagne chez ma mère pour ne rien faire qu'écrire et regarder la mer par la fenêtre...

Chofienette et HilnaMacPhom, je suis de tout coeur avec vous. D'où le fait d'écrire dès que j'ai une pause. Quand ce ne sont pas les enfants qui viennent me déranger, c'est ma femme qui me dit qu'il y a toujours quelque chose à faire. Réparer la porte du four de la cuisinière qui vient de nous laisser tomber, le jardin alors que ce n'est pas encore la période. Des fois, moi aussi j 'ai envie de partir loin et de m'isoler pour écrire, et pourtant j'ai la chance d'être à un kilomètre de l'Océan. Mais la réalité de la vie n'est pas toujours aussi simple.
Et je suis content pour toi Cervidé si tu as réussi à résoudre ton problème. Parfois ce n'est pas si compliqué.

@Chofienette

J'aimerais te dire qu'on écrit mieux en Bretagne. Pour ma part, c'est non.
Que les enfants grandissent. Mais tu n'es sûrement pas pressée de les voir partir.
Que je t'envie d'écrire dans un café, endroit généralement très bruyant — c'est déjà pas si mal, tu vois !

Avoir un créneau, c'est déjà une victoire.
Même si c'est tard, c'est toujours du temps.
Et ça s'échange. Contre d'autres activités, par exemple.

Étant père de famille, je me mets à ta place. Je peux supposer que la gestion du diner est chronophage (à voir comment ton mari et toi vous vous accordez sur la question). As-tu déjà pensé à faire du batch cooking ? Ne pourrais-tu pas te libérer dès 21h sinon avant avec cette charge du quotidien en moins ?

Hello, j'aime bien ce genre de questions !
Et j'adore ce que dit Hilna sur le train et Chofienette sur le TGV.  Je suis complètement d'accord, j'ai d'ailleurs écrit le premier jet d'un livre dans un train (avec des tas de soirées exténuantes à me battre contre la fatigue et Netflix quand les enfants voulaient bien dormir).
La question que Hilna soulève avec les gens qui peuvent te déconnnecter ou non est vraiment intéressante, je n'y avais jamais vraiment réflêchi. Moi, le train m'offre aussi l'avantage du mouvement. J'ai un boulot très sédentaire et me sentir en mouvement, même indirectement, ouvre mon inspiration.

Je suis plus cool sur la question actuellement car j'ai accepté qu'il y a des périodes sans, où c'est bonnement impossible à concilier avec le boulot à temps plein et la famille et où si je veux avancer, je sais que je n'avancerai que de quelques lignes (et c'est déjà ça après des années entières de "sans" quand mes enfants étaient bébés).
En même temps, j'ai aussi évolué sur la question. A mon sens, c'est moins la charge familiale qui est difficile à concilier avec l'ériture, mais surtout le boulot salarié et ses horaires présentiels débilitants. Je n'ai pas trouvé de solution idéale, je fais avec ce que m'offre mon boulot en essayant quand je peux grapiller de grapiller plutôt à ce niveau (écrire pendant ma pause de midi, dehors, par exemple).
C'est finalement une question de philosophie car y réflêchir, ça fait réflêchir sur sa vie, ses rêves, ce qu'on est prêt à faire, les limites auquelles on se heurte.

Ce que Paper Fox propose est une bonne piste aussi : se ménager une plus grande soirée, par semaine ou même par mois, jusqu'à ce que ça devienne une habitude ancrée. Il faut tester selon soi, car, paradoxalement, je sais pour l'avoir testé lors d'une période de chômage que je n'ai rien écrit du tout à ce moment-là alors que j'avais plein de temps - Mais en théorie, car le fait d'avoir justement plus de temps que d'habitude me mettait une presssion et une culpabilité monstreuse, car j'avais le nouveau job à chercher, le ménage à gérer puisque j'étais à la maison, je recherchais les enfants plus tôt pour éviter la garderie, au final j'étais pas du tout ouverte à l'inspiration.

Un bon truc aussi, c'est de se trouver un ou des chouettes partenaires de responsabilité, sur JE ou autres. Des gens qui écrivent aussi, avec qui on partage un projet, et qui vous bottent le derrière quand vous n'avancez pas du tout

Donc... Tout ça pour dire que cette question est un roman en soi. (Une autre pas mal aussi est : comment arriver à garder le plaisir pur de l'écriture - hors pressions, hors jugements des autres et de soi, lorsqu'on découvre le monde de la promotion de son bouquin et les réseaux sociaux )
Bonne recherche d'équilibre à vous tous

Lucille a écrit:

A mon sens, c'est moins la charge familiale qui est difficile à concilier avec l'ériture, mais surtout le boulot salarié et ses horaires présentiels débilitants.

Je plussoie, car on passe plus de temps au boulot qu'à s'occuper de la maison et des enfants de nos jours. J'ai des semaines de 40h qui se transforment parfois en 50. Ce n'est pas les 3h sympas passées le soir avec ma famille que je souhaiterais rogner pour écrire.

Pareil pour le train, on écrit trop bien dans le train ! C'est là où j'ai écrit le premier jet de mon roman de fantasy. À l'époque, j'avais 2h de train le matin et 2h le soir. Je rentrais vers 21h, mais j'avais déjà écrit pas mal. Maintenant que je travaille pas loin de mon travail (c'est mieux !), je reste souvent une demi-heure-une heure de plus au boulot le soir pour écrire, car je sais qu'une fois à la maison, du boulot m'attend. Au moins, j'aurais abattu le premier jet d'un chapitre ou des relectures avant de rentrer.

Sinon, il y a les week-ends pluvieux.

Mika a écrit:

À l'époque, j'avais 2h de train le matin et 2h le soir. Je rentrais vers 21h, mais j'avais déjà écrit pas mal.

C'eût été un crime de ne pas en profiter, effectivement !

Lucille a écrit:

Et j'adore ce que dit Hilna sur le train et Chofienette sur le TGV.  Je suis complètement d'accord, j'ai d'ailleurs écrit le premier jet d'un livre dans un train (avec des tas de soirées exténuantes à me battre contre la fatigue et Netflix quand les enfants voulaient bien dormir).

Mika a écrit:

Pareil pour le train, on écrit trop bien dans le train ! C'est là où j'ai écrit le premier jet de mon roman de fantasy.

Il faudrait fonder une amicale des joyeux auteurs ferroviaires, je suis sure qu'on serait pas mal à adhérer.

@Chofienette L'Amicale des joyeux auteurs ferroviaires, le nom est génial  
Comme j'écris encore souvent dans le train, je fais des posts Instagram sur ce thème et récemment, je parlais justement de fonder un Club des écrivains du rail, c'est marrant.

Présentement dans un train j'adore cette idée d'amicale
A faire sponsoriser par la sncf

HilnaMacPhom a écrit:

Présentement dans un train j'adore cette idée d'amicale
A faire sponsoriser par la sncf

Si on pouvait avoir du café et du thé gratuitement à la voiture bar sur présentation de la carte de l'AJAF ça m'éviterait de me trimballer mon thermos à chaque voyage tiens.