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 Du dolorisme des écrivains

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Jimilie Croquette
   
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Jimilie Croquette  /  De l'Importance d'être Constamment Là


Baptiste Beaulieu sur twitter ce jour.

Du dolorisme des écrivains IMG-7609

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Jdoo
   
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"... la vraie inspiratrice c'est la mort. Si vous ne mettez pas votre peau sur la table, vous n'avez rien. Il faut payer."
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Hortense
   
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Hortense  /  Tycho l'homoncule


Bah au fond... je suis assez d'accord.

A moins d'être complètement masochiste, personne ne passe des centaines d'heures à se torturer devant son écran, pour dans le meilleur des cas récupérer une misérable aumône en droits d'auteur ou en à-valoir.
Si on n'y prenait pas un plaisir orgasmique, on n'écrirait pas.

Ce serait mentir que de prétendre que je souffre le martyr à écrire.
Il y a certes des moments où je suis en peine, où c'est difficile et où je rame, mais la plupart du temps, j'ai plus l'impression de planer que de sombrer.
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Jimilie Croquette
   
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Jimilie Croquette  /  De l'Importance d'être Constamment Là


Il dit en réponse à son message Twitter :

« Oui enfin il existe mille métiers véritablement douloureux, l’écriture n’en n’est pas un. » et encore « Ouais mais on n’est pas à l’usine quoi ! 😉(je vois des travailleurs au cab, j’imagine qu’ils échangeraient mille fois leurs places avec la nôtre !) »

Le lien vers le twitt initial est là : https://twitter.com/beaulieubap/status/1653408466285875203?s=46&t=zXK_j7ttNah6_SMR2-wnrw 
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Séléné.C
   
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Séléné.C  /  La femme qui tomba amoureuse de la lune


Ça dépend de beaucoup de choses !
Ça peut être douloureux tout comme ça peut être apaisant...
Mais en fait, quand c'est douloureux, je pense que c'est un premier pas vers un résultat apaisant, donc est-ce que ça compte quand même ?

A titre personnel, j'ai expérience des deux formes, avec même des variantes.
Certains passages de mes textes exorcisent des choses et sont douloureux. D'autres sont des purs délires et valent un bol de vitamines.

Sur un texte "indolore", il y a un truc qui est douloureux : le peaufinage qui fait passer d'un brouillon 1° jet à un texte digne de ce nom. La correction finale aussi, est douloureuse.
Mais ça n'est pas autre chose que la douleur d'un athlète en plein effort. Est-ce qu'un footballeur raconte à quel point c'est douloureux de changer un ballon en boulet de canon ?

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Chimère
   
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Chimère  /  Constamment Fabulous


Tout comme il est complètement con de faire valoir son point de vue comme Absolue Vérité.

Il existe autant de manières d’écrire, et de vivre l’écriture, que d'auteurices, on ne peut pas résumer chaque expérience en une seule. Certains souffrent, un peu, beaucoup, d’autres pas. On remarquera aussi que M. Beaulieu est en train de nier nombre de grandes plumes qui l'ont précédé, voire de se foutre de leur gueule. Et niveau plumes contemporaines, il y en a un paquet qui écrivent avec leurs tripes, donc ça ne peut pas toujours être rose.

Écrire peut être douloureux, oui, mais ça n'est qu'une facette de l'activité. Évidemment qu'on ne passe pas chaque heure allouée à l'écriture à souffrir ou du moins, ça ne va pas jusqu'à l'activité de martyr à plein temps.
Et s’il veut juste titiller ceux qui s'érigent en martyrs, soit, mais ça a quand même l'air très général.

Bref. Encore un qui ouvre sa bouche pour pas grand-chose, mais ça va, on est habitués. Ça vient de Twitter, après tout.

En plus, je bois pas de café. Suis-je donc une fausse écrivaine ?


Dernière édition par Chimère le Mer 3 Mai 2023 - 3:21, édité 1 fois
 
Fred Dee
   
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Fred Dee  /  Hé ! Makarénine


Jdoo a écrit:
"... la vraie inspiratrice c'est la mort. Si vous ne mettez pas votre peau sur la table, vous n'avez rien. Il faut payer."
Louis-Ferdinand Céline
Pour le coup, je suis plus d'accord avec cette citation (et celle de Beaulieu ne rentrera surement pas dans les grands dictionnaires de citations).

La douleur est relative, elle dépend de chaque individu, du motif derrière l'oeuvre, du travail qu'elle représente.

La mort, elle, est un absolu. Elle touche tout le monde, donc tous les créatifs. C'est elle qui vous inspire quand vous vous levez le matin pour écrire, parce que votre temps est compté. Vous ne pensez pas forcément que vous allez mourir dans la journée mais pourquoi pas l'année prochaine, quoi qu'il en soit trop tôt, donc vous devez finir cette œuvre. Et la prochaine ! Et la suivante ! Ne pas attendre que l'idée vous échappe à cause de la mort de quelques neurones. Ne pas attendre de vous être tué au travail avant de se dire qu'il faudrait donner de la place à l'écriture.

Ça a l'air morbide et sombre (et nécessiterait que j'écrive tout ça avec du doom metal dans les oreilles) mais croire que je devais connaître de grandes souffrances, de grandes passions, pour écrire m'a plus freiné, mis en attente, dans l'incertitude d'être un vrai créatif sans cela. A contrario, la certitude d'approcher de ma propre fin m'a fait accélérer dans ma création.

Et en plus, on gratte sur les heures de sommeil pour écrire la nuit et on contrebalance avec des litres de café pour tenir la journée, ce qui nous fait grignoter notre espérance de vie. Oui, clairement, on le paie de notre peau. Et je le dis avec le sourire. Smile
 
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Je pratique un métier qui m'a fait vieillir de 30 ans en 12 ans. Je commence à souffrir d'arthrite, j'ai des cicatrices par-dessus cicatrices aux doigts et aux mains. Mes genoux mangent la claque aussi. Je laisse parfois mon sang comme la signature de ¨travail accompli¨. Ça peut sonner horrible, mais c'est ma réalité. Je l'ai accepté depuis longtemps et je m'y suis endurci. Il y a des jours pires que d'autres, oui. Mais en général, j'aime mon métier. Ceux et celles qui souffrent sont ceux, je crois, qui n'aiment pas leur métier.

Écrire n'est pas douloureux. C'est plutôt un plaisir. Et je pense qu'écrire lorsqu'on souffre mentalement est une délivrance. Un exorcisme comme cité plus haut, qui couche le démon sur le papier.
 
tasse à café
   
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Dans mon cas c'est plutôt de l'ordre du plaisir (la plupart du temps) mais je trouve réducteur, et pas hyper pertinent ni constructif de faire de son cas une généralité. Ceux qui ne vivent pas l'écriture comme lui seraient moins légitimes? Comment comparer souffrances physiques, morales, psychologiques? Doit-on, peut-on, vraiment les comparer?

Son avis sur la question manque cruellement de finesse et de nuance...

Fred a écrit:
C'est elle qui vous inspire quand vous vous levez le matin pour écrire, parce que votre temps est compté.

Vraiment d'accord avec ça.
 
Hortense
   
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Je ne vois pas le rapport entre "écrire avec ses tripes" et le fait d'y prendre du plaisir.

On peut tout à fait y mettre des choses personnelles, de l'émotion, voire même parler de choses traumatisantes qu'on a vécues et qui sont douloureuses, et aimer écrire.

Sinon, la majorité (totalité ?) des écrivains auraient jeté l'éponge depuis longtemps.

Les seules raisons pour lesquelles on accepte de faire des activités réellement pénibles c'est qu'on n'a pas le choix. Soit ça fait partie des tâches indispensables (faire le ménage, tondre la pelouse, changer les couches des bébés), soit on est payé pour ça (ce qui revient au même).

Je ne crois pas qu'un seul écrivain écrive parce qu'il n'a pas eu le choix d'un autre emploi : la plupart travaillent à côté. Et je ne vois pas en quoi ça pourrait être une contrainte de la vie quotidienne puisqu'on pourrait individuellement décider de ne pas écrire : le monde n'en cesserait pas de tourner.

Donc on écrit parce qu'on a le choix d'écrire, et la plupart d'entre nous en sacrifiant volontairement d'autres loisirs voire même des tâches obligatoires (qui n'a jamais repoussé le ménage de deux jours pour maintenir une session d'écriture ?).

J'aurai du mal à croire qu'on le fasse sans en retirer au minimum une forme de bien-être.

Je ne dis pas non plus que c'est toujours agréable. Qu'on ne passe jamais par des passages sur lesquels on bute pendant deux semaines (ou deux mois), qu'on ne fait que se marrer, qu'on ne parle jamais de sujets qui pour nous (ou pour d'autres) sont sensibles.

Mais si ces passages-là étaient majoritaires, on n'écrirait pas.
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Nuage-Rouge
   
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Plutôt très d'accord avec le dernier message d'Hortense

Citation :
On remarquera aussi que M. Beaulieu est en train de nier nombre de grandes plumes qui l'ont précédé, voire de se foutre de leur gueule. Et niveau plumes contemporaines, il y en a un paquet qui écrivent avec leurs tripes, donc ça ne peut pas toujours être rose.
En fait il y a ici à mon avis une confusion entre "la vie fait souffrir et je vais m'en servir de matière à l'écriture", et "c'est l'écriture qui me fait souffrir"...
Pouvoir capitaliser sur sa souffrance et ses états d'âme c'est même plutôt un avantage de l'écrivain reconnu par rapport à une personne anonyme qui n'a pas moins de raisons de souffrir dans sa vie, mais qui par dessus n'a pas de moyens de l'exprimer, de capitaliser dessus et est forcée à un travail qu'elle n'a pas forcément choisi, qui s'ajoute à son fardeau plutôt que permet de le relativiser, de le soulager ou le mettre à distance.
Par ailleurs il y a des tas de personnes qui écrivent de manière non professionnelle, que se soit pour exprimer des souffrance, ou que ce soit en "s'acharnant" à la tâche, et qui ne capitaliseront jamais sur leur écriture.


Après force aux ouvriers de l'écriture dépossédés de leur autonomie et moyen de production si ça existe, j'en sais trop rien...
 
Jdoo
   
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et pi des fois on se blesse avec le taille crayon, ça fait hyper mal aussi.
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K.Holmes
   
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"Oui enfin il existe mille métiers véritablement douloureux, l’écriture n’en n’est pas un. » et encore « Ouais mais on n’est pas à l’usine quoi ! 😉(je vois des travailleurs au cab, j’imagine qu’ils échangeraient mille fois leurs places avec la nôtre !)"

Combien de gens vivent du métier d'écriture seul ?
Oui c'est bien ce que je pensais.

À partir du moment où il voit l'écriture comme un métier il m'a perdu, mais ça n'engage que moi.
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tasse à café
   
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tasse à café  /  Autostoppeur galactique


Jme demande quand même un truc: ce cliché de l'écrivain torturé, est ce que vraiment ya tant de gens que ça qui l'ont en tête? Jsuis pas sûre. Et vous connaissez beaucoup d'auteurs qui en font publiquement un "gimmick"? Après, je connais pas tout, je serai curieuse d'avoir des exemples.

Oui, yen a qui mettent "leurs tripes sur la table" quand ils écrivent (J'ai relu la métamorphose la semaine dernière, j'suis pas sûre que le type l'ait écrit en toute tranquillité) et dans ces cas là je n'y vois pas de plaisir, mais peut être plutôt une nécessité, une bouée pour survivre?
L'activité de création passe pour certains par la douleur, comme inspiration, comme exutoire de choses douloureuses, mais ça ne fait pas de ces personnes des "doloristes" (qui, rappelons le, signifie se complaire dans sa douleur, y attribuer de la valeur)

Pour moi il y a une différence entre la douleur comme inspiration/moyen pour créer et le résultat de cette création.
 
fabiend
   
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fabiend  /  Effleure du mal


Plutôt d'accord avec ce tweet.

J'ai l'impression que, parmi les personnes qui écrivent, beaucoup entretiennent effectivement le cliché romantique de l'écrivain maudit, torturé, pour qui cette activité n'est que souffrance, où l'on attend d'être visité par les muses.

Personnellement, comme beaucoup de gens qui écrivent, je me contente d'inventer des histoires et de les raconter pour que les lecteurs puissent en profiter. C'est tout. Il n'y a rien de douloureux là-dedans. Au contraire.

Exception faite de quelques personnes (une minorité) pour qui l'écriture est avant tout thérapeutique, la plupart des gens écrivent parce que c'est une activité créative particulièrement épanouissante. Sinon, on ne le ferait tout simplement pas.
https://fabiendelorme.fr
 

 Du dolorisme des écrivains

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